« J’ai appris la position avant l’action du cheval
et j’ai mis des années avant d’être souple. On m’a mis des enrênements
et j’ai eu longtemps la mains dure. Merci de m’avoir convaincu du
contraire et de m’avoir obligé à sentir pour ressentir mon cheval. Courage a tous. »
Bertrand Agutte (comm fb)
« Les
chevaux sont comme les femmes, comme les hirondelles. Si tu les serre
trop ils étouffent, si tu ne les serre pas assez ils s’échappent. »
Lino Aldani (Quand les racines)
« Il y a un principe qu’il ne faut jamais abandonner, à savoir que le cavalier doit apprendre à se maîtriser avant de pouvoir maîtriser son cheval. C’est le principe le plus important et le plus fondamental de l’équitation. »
Colonel Alois Podhajsky
« Tous
les exercices de compression sont suivis d’un moment de détente et de
relâchement. Un ressort garde son élasticité s’il est toujours capable
de retrouver sa longueur initiale et de restituer l’énergie emmagasinée.
Si
vous prolongez un exercice difficile longtemps, cela n’amène que
souffrance et asphyxie… Le ressort se casse, le cheval ne veut plus
jouer… et la locomotion se détériore. »
« Quand aux vrais chevaux paresseux, ils peuvent pousser leur cavalier au désespoir et même à l’asphyxie. »
Kathy Amos Jacob
« En
imaginant les vastes troupeaux préhistoriques parcourant librement un
monde sans hommes, songer que votre cheval garde en mémoire, enfoui au
plus profond de chacune de ses cellules, le souvenir inaltéré de ces
perpétuelles migrations qui ont forgé son essence, et qu’il en éprouve à
n’en pas douter une inconsolable nostalgie. »
Eric Ancelet
« On dit qu’un cheval est calme lorsqu’il limite
l’emploi de ses forces aux exigences de son cavalier. Tout travail
entreprit sur un cheval irrité, impatient, inquiet, préoccupé de ce qui
l’entoure ou en crainte de son cavalier, ne peut être que mauvais.
Le
calme n’est donc pas comparable à de l’apathie et n’est pas le propre
des chevaux manquant d’influx nerveux. Un cheval endormi n’est pas
nécessairement un cheval calme et la résignation du cheval recherchée
quelques fois par la mise en œuvre de procédures brutales n’est pas non
plus une source de calme.
On a trop tendance à associer le calme à un « manque de vie », voire un obstacle à la performance sportive.
C’est tout le contraire, un cheval calme est vivant, réactif et ordonné.«
Guillaume Antoine
« – L’ami écoutes, t’as déjà vu un cavalier parler à son cheval ?
– Oui.
–
Alors tu es encore un imbécile. Pour parler à un cheval il n’y a pas
besoin de mots, c’est une étreinte charnelle qui alimente nos rêves.
Tiens, regarde un cavalier sans son cheval… Il lui manque la moitié de son sang. »
« Pense
à la caresse qui dénoue ta partenaire […] Ne veux rien qu’elle ne
veuille. A cheval, je ne fais que cela. Je n’impose pas, je propose. En
somme, nous forniquons. Passionnément. »
« Sois déraisonnable, mais ne veux rien que le cheval ne veuille. »
« Je vois parfois dans le regard d’un cheval la beauté inhumaine d’un monde d’avant le passage des hommes. »
« Dresser
un cheval, ce n’est pas lui faire acquérir des automatismes, c’est
d’abord se construire avec lui un vocabulaire commun, puis une grammaire
commune, puis, s’il le veut bien, finir par dire des poèmes ensemble. »
Bartabas
« Au
fond, dans le travail Alexander et dans le travail classique du cheval,
on recherche la même chose : une attitude juste dans le mouvement.
Lorsque
je travaillais mon cheval, en équitation classique, on me disait :
« Donne-lui du dos, fais-lui monter le dos, assouplis-le, garde-le en
équilibre, monte-le en avançant, redresse-le… » bref, beaucoup de
consignes concernant l’attitude de mon cheval et pouvant aussi bien
s’appliquer à la mienne.
En
Alexander, on me disait pratiquement les mêmes choses, mais cette fois
il s’agissait de moi. Cela concernait mon dos, ma tête, mes jambes, mes
bras, mon équilibre, mon calme, mon mental et tout mon être dans son
ensemble. Bref, on s’intéressait à moi, à ma façon de fonctionner et de
fonctionner avec mon cheval. »
« Avant
d’être un cavalier, on est une personne ; un être qui pense, qui
ressent, qui désire et qui vibre : il serait temps de s’y intéresser de
près. Pour que le cheval se sente bien, s’utilise bien, se dresse bien
saute bien, il est indispensable que le cavalier, lui aussi, se sente
bien, s’utilise bien, se dresse bien !
Grâce
à ce travail de prise de conscience de soi, la technique Alexander
permet à la personne d’explorer ses mécanismes internes, c’est à dire
son système de pensée, sa manière de bouger, la façon dont elle gère ses
émotions. »
« Bien
que nous décortiquions la personne en différentes parties, par souci
d’analyse, nous partons du principe qu’elle est un tout indivisible. Le
propos est de considérer l’individu dans son ensemble, dans son
intégrité psychophysique. Ce que nous pensons a une influence sur ce que
nous ressentons et, en fonction de ce que nous ressentons, notre corps
bouge et vibre différemment. Il existe une perpétuelle interaction entre
les différentes parties de notre être. »
« Le
professeur Alexander s’intéresse à la personne avant de s’intéresser au
cavalier, puis au cheval. Il écoute la personne et l’incite à s’écouter
elle-même, à découvrir son propre mode de fonctionnement mental et
corporel. Quand il propose un apprentissage, celui-ci concerne en
premier lieu la personne, sa posture, ses perceptions, les moyens mis en
œuvre, avant d’évoquer le résultat à obtenir avec le cheval. Parfois,
la solution à un problème rencontré à cheval se trouve grâce à des
procédures à pied. L’élève prend conscience, sur un ballon ou sur une
chaise, d’une posture inadaptée. Il découvre, en lui et à pied, une
solution qu’il transpose ensuite lorsqu’il est en selle. »
« L’équitation
Alexander cherche à développer, chez le cavalier, la connaissance et la
maîtrise de ces processus mentaux. L’enseignant l’incite à se centrer
sur les moyens sans penser au résultat. »
« Frédéric
Mathias Alexander est né en 1869 à Wynyard, sur la côte Ouest de la
Tasmanie, une île située au sud de l’Australie. Fils d’agriculteur, il
fut élevé à la campagne.
Il
voulait devenir acteur et y parvint ; il commençait à être reconnu dans
ce métier lorsqu’il rencontra des problèmes de voix. Il était victime
d’enrouements périodiques et avait de plus en plus de difficultés à
aller au bout de ses spectacles. Ses aphonies devinrent si fréquentes
qu’il dût abandonner la scène.
Il
se tourna vers différents médecins, alla voir des spécialistes de la
voix, mais aucun ne fut capable de poser un diagnostic. Il essaya divers
traitements, sans succès ; ils n’apportaient d’amélioration que s’il
s’abstenait de se servir de sa voix !
Alexander
prit conscience, petit à petit, qu’il provoquait peut-être lui-même le
problème. Lorsqu’il montait sur scène, il faisait vraisemblablement
quelque chose, malgré lui, qui fatiguait ses cordes vocales et lui
faisait perdre la voix. En d’autres termes, il s’y prenait d’une façon
qui affectait le bon fonctionnement de son appareil vocal. Devait-il
admettre qu’il était responsable de ce dysfonctionnement ?
Alexander
entreprit de chercher dans cette direction. Pour pouvoir mieux
s’observer lorsqu’il déclamait, il se mit à pratiquer devant un jeu de
miroirs : c’est ainsi que la technique Alexander commença à voir le
jour ; il ne pensait sûrement pas, alors, qu’il découvrirait tant de
choses ! »
« Le
principe fondateur de sa méthode est que l’être humain est un tout
indissociable, que notre mental et notre corps, nos émotions et nos
actions, sont en perpétuelle interaction. L’attitude mentale ou les
états émotionnels déterminent l’attitude corporelle. De même, les
tensions physiques jouent sur le mental ou sur la couleur des émotions. »
« Cette
mauvaise coordination, ce mauvais usage de soi est en quelque sorte
« acquis » : les enfants, jusqu’à l’âge de 4-5 ans, ont naturellement un
bon usage d’eux-mêmes. Il suffit de les observer pour constater qu’ils
ne font aucun geste « en force » et qu’ils parviennent à déployer une
énergie formidable tout en restant « relâchés », sans contractions
inutiles. Mais ensuite, peu à peu, des gestes ou des attitudes fausses
s’installent et cette merveilleuse justesse naturelle s’estompe.
Néanmoins, notre corps garde la mémoire de ce bon usage, que nous
pouvons retrouver par un travail sur nous-mêmes. »
« Alexander
fut confronté à un deuxième problème : son appréciation sensorielle. En
effet, il dut admettre qu’il ne pouvait pas se fier à ses sensations :
ce qu’il voyait dans la glace ne correspondait pas du tout à ce qu’il
ressentait. Ses sensations le trompaient et n’étaient donc pas fiables.
Un
cavalier peut se sentir à l’aise en s’affaissant, par exemple, alors
qu’il malmène grossièrement son corps. Ce qui signifie que le cerveau
reçoit des messages lui indiquant que « tout va bien » quand en fait, tout
va de travers ! »
« Avant
d’être l’instrument de l’action, le cerveau doit être l’outil de la
préparation. Cette capacité à retarder notre réponse jusqu’à ce que nous
soyons tout à fait prêts est ce que Alexander a appelé l’inhibition.
L’inhibition signifiant ici le refus conscient à une réponse automatique
et non un refoulement, comme en psychanalyse.
Cette
notion d’inhibition, cette capacité à ne pas répondre immédiatement au
stimulus, nous permet peu à peu de nous défaire de nos habitudes. C’est
une phase primordiale dans le processus d’apprentissage.
Il
est essentiel de savoir ce que nous mettons en jeu et d’en connaître les
implications physiques ou psychologiques sur la personne. Ainsi, nous
nous donnons les moyens de changer, de progresser et nous cessons donc
de subir nos habitudes.
Ce
procédé n’implique pas de se figer, ou de bloquer toute spontanéité.
C’est plutôt un moyen de refuser consciemment de répondre de manière
systématique, stéréotypée, pour qu’une véritable spontanéité puisse se
manifester, donnant alors plus de liberté à l’action et plus de choix à
la personne. »
« Récapitulons les principes établis par Alexander au cours de son expérience :
-
Observation de soi et prise de conscience du contrôle primaire : tête, cou, dos
-
débusquer les sensations fausses dues à un mauvais usage de soi
-
prévenir le mauvais usage par l’inhibition
-
se donner des directions mentales
-
se centrer sur les moyens et non sur la fin. »
« Vous
serez certainement étonnés de constater que beaucoup de ces pratiques
se déroulent à pied, sans le cheval : avec un ballon, une chaise, des
balles, un trampoline et d’autres outils très simples.
En
effet, bien souvent, les postures qui nous limitent dans notre plaisir
et dans notre progression à cheval se manifestent à l’identique dans
notre comportement de piéton. Il est généralement plus simple,
mentalement ou émotionnellement, de s’exercer à de nouvelles postures à
pied avant de transposer ces nouvelles sensations et ces nouvelles
attitudes en selle. »
« Être
dans son axe, c’est être en équilibre, exactement centré par rapport à
son cheval, quoi qu’il arrive, quelle que soit l’allure, le rythme, la
vitesse. C’est avoir chaque vertèbre bien en place, l’une au-dessus de
l’autre, de la tête jusqu’au coccyx. »
« Nous
avons passé beaucoup de temps à traiter le dos dans son ensemble, parce
qu’il est la « structure-mère » de notre corps. Sans un dos en place,
fort et souple à la fois, la position du cavalier n’est ni juste ni
stable. En abordant maintenant la question des jambes, nous considérons
que l’emploi du contrôle primaire de la personne est correct. Car la
plupart du temps, si nos jambes ne sont pas en place, c’est parce que
notre dos ne l’est pas non plus. Les jambes ne sont-elles pas accrochées
au dos ? Elles en sont le prolongement.
Il
est assez fréquent que quelqu’un vienne pour un problème de
fonctionnement des jambes et que nous travaillions d’abord la mise en
place du dos. Plus le dos est fort, plus les jambes sont efficaces.
J’ai mis des années à comprendre cela ! Et pendant des années aussi, j’ai cru que je n’avais pas de jambes ! »
« Au
pas, puis au trot, elle se concentre sur le poser des postérieurs, l’un
après l’autre. Cela l’aide à rester souple et à savoir quand intervenir
avec ses jambes, l’une après l’autre. Car mettre des jambes c’est bien,
mais quand les mettre ? A quel moment ?
La
jambe gauche doit se rapprocher au moment où le postérieur gauche se
lève, la droite quand le droit se lève, afin d’améliorer leur
engagement. »
« Nous
avons appris à fonctionner en nous centrant sur le but plus que sur les
moyens de l’atteindre. Nous avons appris à réagir aux événements plus
qu’à nous organiser pour les gérer. Nous avons appris à nier nos
émotions ou à les juger. Nous avons appris à construire des
raisonnements plus qu’à faire confiance à nos intuitions. Nous avons
appris à séparer le corps de l’esprit, le physique du mental.
Nous
sommes tous tributaires de ces apprentissages, particulièrement nous
les Français et Européens. Ces habitudes issues de nos apprentissages
demandent à être changées tant elles limitent notre potentiel, tant
elles gâchent nos talents.
Et elles peuvent changer.
Dans
ce mouvement pour changer nos habitudes vont se révéler des ressources
personnelles insoupçonnées. Des ressources enfouies au fond de nous. Car
si notre fonctionnement est singulier, les difficultés que nous
rencontrons sont partagées par beaucoup. Et nous sommes de plus en plus
nombreux, parmi les cavaliers, les enseignants et les entraîneurs à nous
en rendre compte.
Dans
la voie du changement, des ressources vont progressivement éclore et se
révéler à nous-même. De belles surprises en perspective. »
Véronique Bartin (L’équitation par la technique Alexander / Le cavalier idéal)
« L’éperon est un rasoir dans les mains d’un singe. »
« Il faut d’abord commencer par l’encolure et ne passer outre qu’après elle aura acquis toute la souplesse désirable. »
« L’équilibre
doit s’obtenir sans altérer le mouvement en avant, le mouvement en
avant tout en s’opérant ne doit porter aucune atteinte à l’équilibre. »
« Dès que la sueur apparaît, c’est que l’homme a dépassé la mesure. »
« Il est rare que les défenses aient d’autres causes que la faiblesse du cheval ou l’ignorance du cavalier. »
« Se faire comprendre et laisser faire. »
« Après
avoir fait quelques pas a l’allure a laquelle il se trouve, le cavalier
s’arrête s’il rencontre une résistance, rétablit l’équilibre, donne aux
fibres musculaires le temps de se relâcher et au calme de renaître.
Qu’il
demeure arrêté plusieurs minutes, s’il le faut, jusqu’à ce que le
cheval soit « décontracté », c’est a dire que le mouvement précédent « ne
résonne plus »
« Le
cheval dans la main est celui dont l’encolure, la tête et le corps sont
dans un tel état d’équilibre que l’on ne sait nullement le poids que
présente cette forte masse. Cette légèreté met le cheval en position
d’obéir aux plus imperceptibles mouvements du cavalier. »
François Baucher
« Après
des années passées à étudier les chevaux dans leur environnement, Dans
est parvenu à une conclusion : ils ont effectivement un langage
corporel, mais qui ne constitue pas plus de 25% de leur mode de
communication, le reste se faisant par une perception intuitive des
pensées. Toute action commence par l’idée de l’action ; pour lui, les
chevaux peuvent percevoir la pensée correspondante bien avant de lire le
langage corporel qui précède l’action. Pour communiquer, les chevaux
utilisent entre eux un langage très positif, direct mais doux. « La
pensée positive est pour eux vitale ; la pensée négative, c’est la
mort », explique Dan. A l’inverse, l’homme possède un langage agressif et
négatif ; c’est là que réside le fond du problème, ce qui rend le
malentendu si fréquent. »
A propos de Dan Franklin
« Michael
pense que les chevaux ont une fourchette de tolérance, ce qu’il appelle
la zone intermédiaire, dans laquelle ils vous accordent un droit à
l’erreur sans prendre l’avantage sur vous ou vous en vouloir. Plus le
cheval est « innocent », plus cette zone intermédiaire est vaste. Par
exemple, un jeune cheval ‘intact’, qui n’a jamais été maltraité et qui
n’a connu que l’équité a une plus grande fourchette de tolérance qu’un
autre déjà victime d’abus, et dont la zone intermédiaire pourra ne pas
dépasser l’épaisseur d’un cheveu… C’est pourquoi les chevaux à
problèmes ont besoin de plus de compréhension et nécessitent plus de
précautions, entre les mains d’un dresseur expérimenté. »
A propos de Michael Peace
Lesley Bayley (Le travail à pied de votre cheval)
« Vallerine
[…] m’a définitivement convaincu qu’en persistant longtemps à
perfectionner seulement le préparer, la légèreté de bouche et celle des
hanches, on obtient sans difficulté, et tout d’un coup, les airs les
plus compliqués. Le dressage réside donc réellement dans le préparer. Le reste n’est que de l’application. »
« En
pesant sur la fesse gauche, on dégage le côté et l’épaule droite du
cheval et on le dispose à partir au galop à droite. Or, en pesant, au
contraire, à droite, on charge le côté et l’épaule droite du cheval et
on provoque presque sûrement le galop à droite.
Tout
est opposition ou nuance, sauf la compréhension du cheval lequel ne se
trompe jamais. Il obéit à ce qui lui est réellement demandé, ce qui
n’est pas toujours, tant s’en faut, ce que le cavalier désire obtenir.
Quant
au cavalier, il n’y a pour lui, avec quelques principes élémentaires,
que le tact guidant l’expérience et un travail assidu. »
« Il
ne faut plus maintenant demander le ramener outré. Il faut prendre,
étant du côté du montoir, les deux rênes de filet ou les deux rênes de
bride, dans la main droite (ou la main gauche si l’on est à droite),
placée au-dessus du pommeau de la selle et exiger la légèreté, la tête
bien perpendiculaire avec l’élévation maximale de l’encolure, au moyen
d’une demi-pression des doigts sur les rênes, la main s’élevant au
besoin et de moins en moins au-dessus du pommeau, ou bien la main gauche
élevant la tête par une rêne gauche tenue à 0m30 environ du mors.
La
légèreté obtenue, descente de main, et laisser la jument mâcher le ou
les mors plusieurs minutes sans modifier aucunement sa position de
tête. »
« Pendant
que je suis sur la bride, laisse-moi te recommander de bien soigner le
cuir de tes brides, celui des rênes surtout. J’ai vu beaucoup
d’officiers monter avec des rênes presque rigides tant elles étaient
cirées. C’est très mauvais. Moi, j’entretiens mes brides avec de la
vaseline seulement. Elles ne brillent pas, mais les rênes sont souples
comme un gant. S’il en était autrement, je ne pourrai pas transmettre ma
pensée à la bouche du cheval par de simples petites pressions des
doigts sur des rênes demi-tendues. »
« Tu
aurai pu monter mes derniers chevaux en filet comme en mors, sans
éperons comme avec éperons, et, pourtant, ils étaient comme Vallerine
qui ne fait attention à un serrement de jambe ou à un coup d’éperon que
quand elle doit leur obéir, autrement, elle n’en fait pas cas. Et si un
de tes élèves aime les chevaux qui tirent, il n’a qu’à laisser Vallerine
s’appuyer. »
« Le
cavalier ressent l’impression de bien-être, de contentement que seul
procure le travail exécuté avec légèreté, avec descente de main et de
jambes.
C’est
une joie indéfinissable et si agréable qu’on s’en passionne et qu’elle
chasse loin derrière elle toutes les sensations enivrantes de
l’équitation. Promenades dans les plus jolis sites à l’air si pur de
l’aurore, vitesse, sauts, chasse à courre, succès en public, etc., tout
cela amène peut-être plus d’excitation, d’enthousiasme, mais rien
n’égale le charme réel, complet, pur de tout sentiment étranger à
l’équitation, que la légèreté procure. C’est le charme suprême auquel
rien ne saurait être comparé. »
« Je
ne te dis pas d’enseigner le chant, ni de battre la mesure à tes
élèves, mais pour toi, pour tes chevaux, laisse-toi conduire mentalement
par la musique et tu seras surpris du résultat. »
« La
seule chose que j’ambitionne, tu le sais, est de contribuer à éviter au
cheval les mauvais traitements dont il est trop souvent victime au
dressage, et tu sais aussi que je suis un ours absolument insensible aux
compliments.
Étranger
à tout espèce de vanité, je n’ai jamais eu qu’une idée : le dressage
complet des chevaux, sans brutalité, sans fatigue, sans difficultés ni
pour le cavalier, ni pour le cheval.
Hélas !
Je n’ai pas fait pour cela ce que j’aurais voulu, mais, en me retirant,
je n’ai pas non plus à me faire de reproche, car j’ai « la conviction
d’avoir agi pour le mieux dans la sphère d’action que la destinée m’a
tracée. »
« La
main fixe : Là se trouve le secret qui seul permet de maîtriser la
bouche du cheval soit à l’extérieur, soit en haute-école, c’est-à-dire
d’obtenir la légèreté relative qui suffit à retenir l’emballeur, ou la
légèreté presque complète qui, dans le travail de haute-école, met le
cheval à la disposition du cavalier (la main agit sans prendre sur
l’impulsion).
Seulement il faut savoir fixer la main, et moi qui n’ai jamais eu de professeur, je n’ai compris que tout récemment. »
« Agir
soi-même le mois possible et laisser le plus possible le cheval agir de
lui-même, parce que d’instinct, il sait mieux que son cavalier obéir
aux lois de l’équilibre. »
« Tant
que le cheval ne sera pas une machine sans âme, tant qu’il jouira d’une
faculté intellectuelle lui permettant d’impressionner toutes les
parties de son corps plus rapidement que ne pourra le faire
l’application de nos calculs, son dressage mathématique restera une
utopie. »
« Et
c’est ainsi que pour rétablir l’équilibre, tant de cavaliers commencent
par chercher l’engagement des postérieurs qui lui-même favorisera
l’encolure haute. Or c’est exactement à l’opposé qu’il faut raisonner.
C’est en mettant l’encolure haute, en mettant le poids en équilibre que
les postérieurs viendront naturellement à leur place et prêts à donner
l’action demandée.Il est, en effet, très difficile au cheval, pour ne
pas dire impossible, d’engager ses postérieurs sous une masse qui est en
avant. C’est en voulant l’y contraindre que le cavalier ruine ses
jarrets et provoque les résistances… »
« Mettre
en confiance et faire ensuite acte de douceur en même temps que d’une
autorité calme mais inflexible , telle est la règle immuable et
souveraine en éducation, même pour le cheval. »
« Mettre le cheval dans la position du mouvement envisagé, demander, laisser faire. »
« Je
ne prétends pas avoir raison. J’obéis seulement à mon idée fixe de
tâcher d’imiter la nature et à l’idéal que je me fais du dressage en
observant les chevaux en liberté. »
« Le
talent de l’écuyer consiste à faire prendre au cheval des positions se
rapprochant de celles qu’il prend spontanément quand il est indépendant,
puis à paraître s’effacer de lui-même, lui le maître. L’animal se
croyant libre, s’échauffe au contact imperceptible des aides du cavalier
et l’ardeur qu’il déploie dans le sens vers lequel il est guidé comme à
son insu, donne aux mouvements toute leur splendeur. »
Beudan (Vallerine, le testament d’un écuyer)
« Agissez avec l’autorité du maître, le calme du moine et la bienveillance du père. »
« Nous
sommes à un tournant de l’histoire : non seulement l’équitation
éthologique offre l’opportunité de revoir « notre » équitation de légèreté
à l’aune d’un savoir et d’une approche revisités, mais leur fusion est
susceptible d’entraîner une révolution majeure : faire entrer le couple
cavalier-cheval de plain-pied dans l’équitation de légèreté, et ce dès
les premiers pas de la relation. »
« Une
fois le cheval suffisamment désensibilisé (il est en champ détendu dans
son nouvel environnement), l’objectif de malléabilité consiste à lui
apprendre à céder de bon gré à tout type de pressions : à distance, au
contact ou par effets de rênes.
Ces
pressions créent un inconfort qui va le faire réagir. Le point clé de
la légèreté consiste à ce que la situation redevienne confortacle dès
qu’il aura donné la bonne réponse. Nous retrouvons là le principe de a
descente des aides. Le cheval, y trouvant son compte, y répondra de plus
en plus volontiers. C’est ainsi que nous allons créer les automatismes
nécessaires (les conditionnements) : ) tel type de demande, tel type de
réponse. Ainsi, avec le temps, l’action des aides se transforme en un
signal (d’ordre linguistique) que le cheval comprend de mieux en mieux.
S’ouvrent alors les portes du dialogue. »
« Dans
ce champ détendu, l’esprit [du cheval] n’étant plus accaparé par rien
est donc ouvert et disponible. Nous en déduisons une règle impérative,
ne travailler qu’en champ détendu, et son corollaire, refuser le
conflit. Elles sont la clé d’une compréhension optimale de l’animal et
d’une relation parfaitement sereine au sein du couple. »
« Le
conditionnement opérant a pour objet d’obtenir une réponse donnée, et
habituelle, à l’action de nos aides (stimuli) grâce à une récompense
appelée « renforcement ».
Ce
renforcement est qualifié de négatif lorsqu’il entraîne la suppression
du stimulus : le cheval répond volontiers à notre demande parce que
cette réponse supprime l’inconfort. Il en est ainsi parce que cette aide
est fixe (le cheval s’en écarte et retrouve le confort) et qu’elle
devient silencieuse (la pression cesse). Tel est le mécanisme de la
« descente des aides » par lequel le cheval se retrouve dans son mouvement
en pleine liberté musculaire. Il se « soutient de lui-même » dans
l’harmonie naturelle de son équilibre. Nous voyons que le
conditionnement opérant à renforcement négatif est l’expression même de
l’équitation de légèreté. »
« Le conditionnement opérant apprend au cheval à céder, non à résister. […] Seule l’aide fixe permet ce renforcement. »
« On
distingue les punitions positives (lorsqu’on ajoute un stimulus
aversif, qui contraint) et les punitions négatives (retrait d’une
récompense ou non accès à une récompense attendue). Dans notre
équitation de légèreté, nous bannissons les punitions positives (de
nature conflictuelle) pour n’accepter que les « rappels à l’ordre » :
inconforts destinés à montrer au cheval que sa réponse n’est pas la
bonne (par exemple, contrer un cheval qui fuit ou s’oppose par un arrêt
d’urgence). »
« L’appui
constant de l’équitation d’appui crée un inconfort qui persiste toute
la durée du mouvement, autrement dit un stimulus aversif qui oblige le
cheval à son exécution. Il s’agit donc d’un conditionnement opérant à
punition positive. Remarquons en outre que les pressions des aides qui
s’exercent en permanence entraînent des tensions musculaires parasites,
générant un équilibre artificiel qui modifie celui naturel de l’animal. »
« Pour
qu’un résultat soit définitivement acquis, il doit être confirmé et
généralisé. » Confirmer veut dire répéter, afin que ce résultat
s’inscrive dans la mémoire de l’animal. « Le cheval apprend, en principe,
après trois expériences sensorielles identiques », nous dit Robert
Miller. Généraliser signifie que la réponse doit être obtenue ici, là ou
ailleurs. Dans l’esprit du cheval, une réponse confirmée dans un
endroit peut être liée uniquement à cet endroit. Il est donc important
de la répéter ailleurs. De même, veillons à ce que le résultat obtenu
avec une personne le soit également avec d’autres. »
« Le
cheval ne résistera à aucune des demandes qu’on pourra lui faire,
toutes les fois qu’il les comprendra parfaitement, et que l’on agira sur
lui par des moyens compatibles avec les lois de sa nature. »
« Tant
qu’il n’a pas mal, le cheval peut tout supporter. En fonction de ce
principe, nous savons que, si le cheval a peur de quelque chose qui ne
le fait pas souffrir, il peut s’y habituer. »
« Le
cheval n’a pas conscience de sa force tant qu’il ne l’a pas
expérimentée. En bref, il ne sait pas qu’il est plus fort que nous, sauf
s’il nous résiste et que nous ne parvenons pas à reprendre la situation
en main. Il prend alors conscience de son pouvoir et va avoir tendance à
récidiver (développant ainsi ce qu’on appelle une « défense »). »
[Citant : l’art de dompter les chevaux – Favre]
« L’équitation
de légèreté est avant tout un état d’esprit, une culture basée sur le
respect de l’animal et le refus du conflit. En ce sens, elle est
chevaleresque : le cavalier n’use pas de sa supériorité pour abuser de
son cheval mais il prend en considération sa nature et sa personnalité,
lui accorde sa confiance et lui laisse l’initiative du geste. Il sait
que sa beauté procède d’un équilibre naturel, d’une harmonie, non d’une
contrainte ou d’une soumission.
Cette
légèreté se doit d’imprégner l’esprit du cavalier – c’est lui le maître
du jeu – , mais également le mental du cheval, et ce dès les premiers
instants de la relation. Insistons sur ce point car, jusqu’ici, cette
culture était considérée comme l’apanage d’une équitation savante. »
« Le
procédé privilégié de l’équitation de légèreté est l’aide fixe, celle
qui ne tire ni ne pousse. Elle n’est autre chose qu’une barrière qui
permet au cheval de se positionner : elle cesse alors d’être
inconfortable. Nous voyons que l’aide fixe est intimement liée à la
descente des aides. Elle est active (puisqu’elle déclenche un mouvement)
mais non-violente (elle propose mais n’impose pas et est toujours
suivie d’une situation de confort). Elle engendre le calme et
l’apaisement.
Dans
le mouvement, c’est le seul procédé qui permette à l’animal d’évoluer
dans le cadre des aides, sans appui, dans son équilibre.
Tout l’art de l’étholégèreté consiste à placer les bonnes barrières aux bons endroits. »
« Un
cheval léger se soutient de lui-même ; il est en équilibre, n’appuie
pas sur la main et ne songe pas à fuir. Nous sommes dans une équitation
d’adhésion.
Inversement, dès qu’il y a appui, il se crée un équilibre artificiel. »
« La
légèreté s’éduque, aussi bien chez le cheval que chez le cavalier.
Comme chez le cheval, nos conditionnements naturels nous poussent à nous
appuyer ou à résister. Et comme lui, nous avons besoin de nous éduquer
pour mettre en œuvre une communication non violente. […] l’école
primaire du cheval est aussi l’école du cavalier. »
« Pour
le cheval dauriste, l’impulsion répond à la définition de nos manuels :
« désir constant de se porter en avant avec énergie ». Chez le cheval
bauchériste, l’attention prime ; son impulsion consiste à mobiliser
l’ensemble de ses facultés mentales et physiques pour répondre à la
demande de son cavalier. Le premier « poussé » par les jambes, s’appuie
sur le mors, à travers un contact constant avec la main du cavalier
qu’on essaie de rendre
« moelleux
et confiant » ; le second se soutient de lui-même, encadré par des
jambes fixes et des rênes semi-tendues, « fluides » disait d’Orgeix. « Il
n’est pas nécessaire que le fil soit tendu pour que le courant passe »
ajoutait le Colonel Carde. Le premier est dans un équilibre artificiel ;
le second est en pleine liberté musculaire dans son équilibre. Le
premier se soumet, mené par des aides toujours agissantes ; le second
sait qu’en donnant la bonne réponse à son cavalier, il retrouvera le
confort de la liberté musculaire dans le cadre du mouvement ; Cela calme
ses appréhensions, il en vient à coopérer dans une équitation
d’adhésion. »
« Plus
que la force, qui provoque la crainte, ce qui place un individu sur un
rang hiérarchique supérieur est son ascendant. Il inspire le respect,
engendre la confiance et entraîne l’adhésion. L’autorité du meneur de
jeu est l’opposé de l’autoritarisme.
L’ascendant
se construit. Il est le fait de celui qui sait quoi faire et comment
faire. Dans l’étholégèreté, cherchez à fusionner les rôles de chef, de
dominant et de leader afin d’être reconnu comme « meneur de jeu », celui à
qui on fait confiance parce qu’il connaît les règles et est capable de
les expliquer clairement, parce que son enthousiasme est communicatif,
parce qu’il est tolérant e compréhensif. Le meneur de jeu a cet
ascendant qui fait qu’on l’écoute et qu’on le respecte. Il a l’autorité
d’un maître, le calme d’un moine et la bienveillance d’un père. »
« la
non-violence active de la barrière des aides, autrement dit l’aide fixe
contre laquelle le cheval bute s’il essaie de la franchir, et derrière
laquelle il retrouve aisance et confort s’il la respecte. « Hais le
péché, non le pêcheur », disait Gandhi. La neutralité de la barrière nous
permet ce dédoublement. C’est avec elle que le cheval et le cavalier
composent désormais. Le conflit s’est déplacé, nous pouvons garder notre
sérénité, notre bienveillance et notre détermination. »
« La
règle normale est de finir le travail que l’on a commencé. Elle est
dans la nature du prédateur : aller jusqu’au bout de son action. En
équitation de légèreté, c’est le contraire, on ne termine pas ce que
l’on entreprend. En effet :
-
soit le cheval exécute convenablement ce que nous lui demandons et il y a lieu de laisser faire (descente des aides)
-
soit il s’y oppose et entre en
conflit, et il n’y a alors plus rien de bon à tirer de cette situation.
Nous arrêtons tout et recommençons.
Dans tous les cas, nous lâchons prise. »
« Poil,
peau, chair, os… pourquoi ces paliers ? Parce que nous ne connaissons
pas encore le moment où le cheval va céder. Ainsi, nous sommes sûrs que
la pression ne sera jamais supérieure à la résistance qu’il oppose (par
incompréhension la plupart du temps). Cela est important car il suffit
de dépasser cette mesure pour que le cheval monte en tension, manifeste
sa désapprobation par des résistances et perdre la confiance qu’il avait
en nous. « C’est toujours un trop grand emploi de la force de la part du
cavalier qui amène les défenses » disait Baucher. »
« Les
résistances de poids et de force que le cheval oppose à la main du
cavalier, soit en baissant la tête et en descendant l’encolure
(résistances de poids), soit en bloquant les muscles de sa mâchoire, de
sa nuque et de son encolure (résistance de force), sont les plus
fréquentes. […] On connaît les remèdes préconisés par nos maîtres
classiques : demi-arrêts dans le premier cas, vibrations dans le second.
Ce n’est, à mon avis, pas si simple ! »
« Le
rôle du cavalier n’est pas simple. Il évolue en permanence sur deux
plans de conscience, il est à la fois l’acteur, et observateur de son
action. En tant qu’acteur, il veille à la justesse et à la mesure de ses
gestes – en contrôlant ses émotions – ; en tant que metteur en scène,
il observe ce qui se passe avec un œil critique pour réajuster en
permanence la pièce en train de se jouer. Il aura besoin de rassembler
toutes ses ressources pour être à la hauteur de sa tâche. »
« La
main experte appartient à la bouche du cheval. Elle est donc
indépendante des mouvements du cavalier. Pour cela, les coudes sont
libres et les épaules, si elles sont fixes, restent souples. »
« Une
main accompagnante est une main en descente. Elle se contente de suivre
le mouvement de la bouche de façon moelleuse, rênes semi-tendues.[…]
Une
main fixe est une main immobile par rapport à la bouche du cheval. Elle
a un rôle transitoire. Elle sert essentiellement à déclencher un
mouvement ou une attitude. Une fois la réponse obtenue, elle redescend
aussitôt, c’est à dire qu’elle redevient accompagnante, rênes fluides. »
« Dans
les tourners, la main fera attention à ne pas compresser la colonne
vertébrale. Toute incurvation doit s’accompagner d’un étirement, ce qui
amène à tourner en cédant la main extérieure au lieu d’agir avec la main
intérieure (selon la technique utilisée pour l’attelage). »
« Pour
mettre la cuisse et le genou au contact sans que la jambe elle-même ne
touche le flanc du cheval, un excellent procédé consiste à peser sur
l’étrier avec le gros orteil. Si, en plus, vous avez le talon bas, vous
aurez une assiette inébranlable. Vos jambes auront alors la fixité et la
disponibilité nécessaires. »
« On
dit qu’un cheval est en équilibre lorsqu’il répartit son poids de façon
à peu près égale (« équitable » dit-on) sur les antérieurs et les
postérieurs. Cet équilibre 50/50 favorise sa mobilité. C’est lui qu’à
choisi l’équitation classique pour ses pratiques équestres, notamment au
travers du ramener. Il se caractérise par une verticalisation de la
tête (qui se « ramène » vers le poitrail) et un grandissement du cheval :
la base de l’encolure remonte et la nuque devient le point le plus haut.
Cette posture entraîne de facto un certain engagement des postérieurs
sous la masse qui contribue au relèvement du garrot (le cheval se
porte). »
« Le
cheval léger est celui qui, à la demande de son cavalier, prend
l’initiative du geste. Il lui faut pour cela être dans son équilibre et
se rassembler, mentalement, émotionnellement et physiquement. Il est
alors dans l’impulsion. L’impulsion est l’état d’esprit du cheval qui se
« prête au jeu ». Il est attentif aux demandes de son cavalier les
comprend et se mobilise pour y répondre.
Physiquement,
il est juste derrière la main – autrement dit « en main » ; rien ne pèse –
et devant les jambes : il se soutient de lui-même. « La nuque fléchit,
le dos se soulève, les postérieurs s’engagent », constate Nuno Oliveira.
Il se rassemble. »
« Contrairement
à nous, qui ne pouvons nous déplacer qu’en nous déséquilibrant, le
cheval à toujours deux manières de se porter dans une allure : par
« perte » ou par « prise » d’équilibre. »
« La
présence d’un cavalier sur le dos d’un cheval a deux conséquences
majeures : son pois a tendance à enfoncer la cage thoracique de l’animal
entre ses omoplates ; il surcharge les épaules. […] Le cheval, s’il
veut retrouver sa liberté de mouvement, doit compenser cet affaissement
en relevant son thorax (certains disent « la base de l’encolure »,
d’autres « le garrot », d’autres encore « le dos » mais tous parlent de la
même chose puisque ces éléments font partie du même « bloc »). En bref, il
doit se « grandir ». Il le fait naturellement en actionnant la
musculature qui soutient le thorax et en engageant les postérieurs (qui
portent ainsi une partie du poids de l’avant-main). Ce faisant, il
« s’allège du devant ». »
« Pour
comprendre l’importance de votre position, imaginez que vous êtes le
conducteur d’une moto avec un passager assis derrière vous. Si, lors
d’un virage, il prend l’initiative de se pencher (pensant vous aider),
il va déséquilibrer l’engin et vous obliger à faire des manœuvres
acrobatiques pour rattraper ce déséquilibre tout en négociant la courbe.
Cela peut aller jusqu’à l’accident. Ce n’est pas au passager de gérer
l’équilibre, c’est au conducteur de le faire.
En
équitation, ce conducteur est le cheval et nous sommes le passager.
Notre posture se doit d’être neutre. Nous pouvons nous grandir ou nous
accroupir sur les étriers (pour franchir un obstacle ou pour faire du
trot enlevé par exemple) mais toujours « au droit du cheval », selon le
même axe intangible.
Michel
Robert l’appelle la « position du milieu ». Elle n’a pas à être modifiée,
nous dit-il, lorsqu’on accélère, ralentit, tourne à droite ou à gauche.
« Être dans la position idéale, c’est être prêt à aller dans toutes les
directions. » Il confirme ce que disait le général L’Hotte : « Les
déplacements d’assiette sont à proscrire en toutes circonstances.
Nous
éliminons donc l’assiette comme aide de poids dans notre école
primaire. Réservons-la pour la haute école. Si, toutefois, vous étiez
tenté de l’utiliser, retenez deux règles fondamentales :
-
Ne vous penchez jamais. L’aide
d’assiette est un déplacement discret sur les ischions, le torse
restant droit. Autrement dit, on s’assied un peu à droite ou un peu à
gauche sur la selle mais on ne se penche pas.
-
Si par hasard vous l’utilisez,
les lois de l’équilibre ordonnent qu’elle soit toujours dans la
direction du mouvement… contrairement à ce que vous entendrez souvent
affirmer. »
« Les
muserolles ont comme fonction de verrouiller la bouche du cheval
lorsqu’il cherche, en réponse à une main agressive, à ouvrir ses
mâchoires pour diminuer la douleur. Ce rôle de bâillon, expression d’une
équitation conflictuelle, est antinomique de l’équitation de légèreté
et contraire à nos principes d’éducation. Nous les supprimerons de nos
harnachements. »
« Action
sur la commissure des lèvres : demi-arrêt et mobilisation de la
mâchoire. […] Action sur les barres : cession de mâchoire et flexion de
nuque. »
« Les
flexions sont des décontractions : le cheval cède à une demande de son
cavalier et, pour cela, décontracte les muscles de sa nuque, de son
encolure ou de sa mâchoire au lieu de les bloquer. D’une manière
générale, donner sa tête est une marque de confiance. […] Dans la mesure
où elles inhibent des réactions de survie, elles induisent une certaine
dépendance psychique de l’animal. »
« Les
mors releveurs (montage en Colbert) : En tirant sur les rênes, les
montants coulissent dans les anneaux du mors et relèvent le canon. Il
agit alors sur la commissure des lèvres du cheval, ce qui a normalement
un effet releveur… sauf que si le canon remonte, c’est grâce à l’appui
de la rêne sur la nuque. Plus on tire, plus cette pression est forte.
Ce mors prétendument releveur n’a qu’un effet, comprimer la tête du
cheval dans un étau. Il ne peut que provoquer anxiété et défenses. Il
est donc à proscrire, sauf pour les bourreaux et les tortionnaires ! »
« Rappels
à l’ordre : Ils se font en augmentant la pression pendant une courte
période à la suite d’une désobéissance caractérisée. Ne punissez jamais,
affirmez votre dominance. Faites marcher votre cheval dans la direction
que vous avez choisie, imposez des allures vives, enchaînez les
transitions, les changements de main fréquents (c’est toujours une
pression majeure). Faites-le avec détermination mais sans colère, et
surtout limitez ce rappel à l’ordre dans le temps (chez le cheval, la
sanction d’un dominant est intense mais brève). Sinon, il sera
traumatisant et entraînera une méfiance irréversible. Après ce rappel à
l’ordre, demandez-lui l’immobilité et le retour au calme. Dès cette
immobilité obtenue, cessez toute pression et attendez. Le temps que
l’émotion créée par cette montée en tension « ne résonne plus dans son
organisme »… ni dans le votre. »
« Le
rassembler dans la légèreté consiste à faire de son cheval un seigneur.
Il est la plus haute expression de sa noblesse. Il se demande comme une
prière, il s’obtient comme une grâce. C’est le cheval lui-même qui se
grandit, qui s’arrondit, qui se place, qui se porte. Pur feeling,
sensation exquise où soudain plus rien ne pèse. »
« Notons
qu’il ne vient pas « sur la main » ou « en avant de la main », c’est à dire
en appui, ni « en arrière de la main » (avec le cheval qui fuit le mors
et s’encapuchonne), mais « en main » : le mors étant « en barrière », le
cheval se place juste derrière, attentif à ses messages. Pour qu’il en
soit ainsi, il est en impulsion, c’est à dire « en avant des jambes » de
son cavalier, dans une attitude mentale de disponibilité, de
mobilisation et d’acceptation. Les rênes sont alors semi-tendues, sans
poids pour le cavalier. »
« La
logique d’un débourrage répond à deux grandes questions : qu’est-ce qui
va effrayer votre jeune cheval dans son nouvel environnement ? A
quelles pressions allez-vous lui demander de céder pour qu’il coopère
sans se rebeller ?
Faites
l’inventaire de quelques opérations habituelles : vous allez l’aborder
pour entrer dans sa bulle, lui passer un licol, l’emmener avec vous,
l’attacher, le toucher, le manipuler. Puis, vous vous approcherez de lui
avec un attirail qui va entrer dans sa bouche, emprisonner sa tête,
enserrer son poitrail. Ensuite, vous allez prendre appui sur un étrier
et lui tirailler le thorax, pour tout à coup l’enjamber et vous
encastrer sur son dos de tout votre poids. Enfin, vous allez lui
demander des mouvements au moyen de pressions auxquelles sa nature
commande à priori de résister. Tout cela ne peut être mené à bien si
l’animal n’a pas confiance en vous, s’il n’a pas été désensibilisé à
toutes ces nouveautés et si vous ne lui avez pas appris à céder aux
pressions basiques que vous allez exercer sur lui. »
« John
Lyons, dans son livre « Dressage des chevaux », nous parle de la règle
des trois secondes qu’il emploie lorsque le cheval s’oppose violemment à
lui : « Son acte est extrêmement dangereux ; ma règle est donc très
simple. J’ai trois secondes pour tuer cette bête de 500 kilos. Seule
restriction : sa tête est intouchable. […] Passé ces trois secondes
meurtrières, je le caresse pour le rassurer sur l’amour que je continue à
lui porter. Mais il sait qu’il a commis une très grave erreur qui a
failli lui coûter la vie. »
« L’équitation
n’est pas une science exacte, cavaliers et chevaux sont une matière
vivante et il y a toujours un cheval pour vous montrer que les
exceptions confirment la règle. »
« Pour
certains, la colère est la conséquence de leur propre peur ou de leur
propre timidité dont elle permet de s’affranchir. Pour d’autres,
incapables de contrôler leur mental (« l’homme de peu » de Confucius),
elle est devenue le mode d’expression habituel en cas de contrariété.
Dans
un milieu humain, elle donne généralement le pouvoir. En premier lieu
parce qu’elle place le coléreux sur le rang hiérarchique de celui qui
s’octroie le droit de juger et de punir (ainsi sa colère devient juste).
En second lieu, elle stresse l’entourage et lui fait adopter profil
bas.
Avec
un cheval l’effet est inverse. Le cavalier qui s’emporte contre son
cheval et le punit croyant le mettre au pas, détruit à coup sûr la
relation, provoque des réactions de fuite ou de survie et engendre une
méfiance permanente. Adieu la complicité et l’équitation d’adhésion. Un
tel cavalier n’obtient tout au plus qu’une soumission apeurée et son
cheval a toutes les chances de devenir rétif ou caractériel. La solution
pour les cavaliers soumis à ces pulsions est de faire un travail sur
eux-mêmes. […] Un cavalier digne de ce nom est un « homme de bien » qui ne
perd jamais son calme, ni sa patience, ce qui n’exclut ni la fermeté ni
l’autorité. »
« Le
cheval vit dans un monde hiérarchisé et n’accorde respect et attention
qu’envers ceux de ses congénères auxquels il a reconnu un rang supérieur
au sien. Les autres, exception faite du cheval ami, ne doivent ni le
gêner ni le contraire, même s’il entretient de bonnes relations avec
eux. »
« Quand
un cheval est en alerte, il monte en tension instantanément. Comme il
gère tout avec sa tête, ses perceptions principales mais aussi
l’équilibre de ses mouvements, celle-ci est fondamentale pour lui. Son
instinct le pousse à résister avec la dernière énergie à tout
enfermement de cette partie du corps. »
Stéphane Bigot (L’équitation de légèreté par l’éthologie)
« Pensez
comme un cheval mais ne le dotez pas de qualités, d’émotions ou de
sentiments humains, parce que, par bonheur pour lui, il n’est pas
humain. »
Henry Blake
« Dans
mon école, les chevaux ne connaîtront pas d’allures artificielles et
j’appliquerai toutes les ressources de l’art à perfectionner celles que
la nature leur a donné. »
Bohan
« Le
regard profond, sérieux et doux des chevaux ne manque jamais de me
troubler. C’est comme un miroir sur nous-mêmes, le regard posé par un
sage sur nos errements sentimentaux, nos échafaudages mentaux, tout ce
qui nous empêche si souvent d’être pleinement dans l’instant. »
Gabrielle Boiselle
« Il
y a toujours un cheval pour nous expliquer qu’on sait pas tout. je suis
sûr et certain que dans le futur, on va voir la science dans
l’équitation et dans notre relation avec les chevaux, on va voir des
choses que actuellement on imagine même pas.
Ce genre de relations entre les hommes et les chevaux, je pense qu’on a vu juste le début. »
Andy Booth
« Au
départ la monte est 95% physique et 5% mentale et puis éventuellement
avec beaucoup de travail, cela devient 5% physique et 95% mental. »
« Le
cheval est n’a pas d’a-priori , il ne s’occupe pas de votre belle
apparence, ou de votre richesse, ou de votre puissance – Il s’occupe de
ce que vous lui faites ressentir. »
« Il y a des choses que les chevaux ont fait pour moi, que les humains n’auraient pas pu faire. »
Buck Brannaman
« S’il
est rétif pour avoir été trop gourmandé et contraint, il faudra
observer autant de douceur et de cérémonies comme s’il était poulain. »
« […]
mais je veux que toujours la capacité et le naturel du cheval soit
l’objet et le sujet principal du Cavalerice. Le libre consentement du
cheval amène plus de commodité que les remèdes par lesquels on tâche de
la contraindre. »
Salomon de la Broue
« Alors
qu’il courrait vers vous en sanglotant pour une petite coupure au
doigt, aujourd’hui on vous le ramène avec une jambe cassée, des bleus
partout, souriant vaillamment : « Ce n’était pas la faute de Jézabel,
papa ! » »
Pam Brown
« Mille
chevaux à la queue flottante, la crinière envolée, aux naseaux dilatés –
ces naseaux qui jamais n’ont palpité dans l’effort du travail ! Mille
chevaux dont la bouche n’a jamais connu le mors et la bride, dont les
sabots n’ont jamais chaussé le fer, dont les flancs n’ont jamais été
labourés par l’éperon ou la cravache – mais qui, dans leur liberté
farouche, sont indomptés ainsi que les flots de la mer – accourent vers
nous d’un galop de foudre … »
Lord Byron
« Plus il y a de ficelles, moins il y a de cavaliers… »
« Le travail, l’étude, ne sont jamais finis. Celui qui dit « je sais » trouvera toujours un cheval pour lui prouver le contraire. »
Robert de Cant (Comm fb)
« Il arrive que, rentrant tard,
Par les longues routes du soir,
Les chevaux tout à coup s’arrêtent,
Et, comme las, baissent la tête.
Dans la charrette le fermier
N’esquisse pas le moindre geste
Pour les contraindre à se presser.
La lune, sur les blés jaunis,
Vient lentement de se lever,
Et l’on entend comme le bruit
D’une eau qui coule dans l’été.
Quand les chevaux rentrent très tard,
Le fermier ne sait pas pourquoi,
Le long des routes infinies,
Il les laisse avidement boire
Aux fontaines bleues de la nuit. »
Maurice Carême
« Être
pleinement à cheval pour moi est le résultat d’un chemin de vie,
j’aurais pu être Moine ou Yogi et aspirer au même résultat. Quand le but
est atteint la relation au cheval devient différente, l’agressivité n’a
plus sa place, elle est remplacée par la volonté, volonté profonde,
puissante, d’avancer ensemble, dans le respect. »
« Les
chevaux m’apprennent la conscience-vigilance totale. Que ce soit au sol
ou en les chevauchant, ils me forment à ce taux de présence accru, à
l’utilisation des sens.
Eux
qui vivent en permanence tous sens en éveil, capables de regarder à
deux cent quatre-vingt degrés autour d’eux, de sentir les effluves du
vent, d’entendre et de localiser avec une précision inouïe, de ressentir
les vibrations telluriques de la Terre, chaque millimètre de peau
sensible au déplacement d’air du vol d’une mouche, l’attention sans
tension, à l’écoute permanente, en vigilance extrême et en confiance, le
corps à l’écoute sensitive, quel cadeau de la vie pour moi d’avoir psi
conscience, de rester attentif à leurs enseignements. Quel est donc le
plus grand maître que je peux côtoyer tous les jours ? Dans mon corps je
ressens à travers lui, le sol, la pierre qui roule, la terre cède, je
me sens un, agrandi par ce corps animal, parabole terrestre captant à
tout instant l’information de l’instant. »
« Ils
m’ont appris à transformer le terme « Attention ! » chargé de peur,
d’interdit, en état d’attention sans tension. Cet état d’écoute profonde
accompagnée du maintien de l’intention a pour effet visible de grandir
le corps et met tous les sens en éveil ! Pour enfin m’amener à porter
mille petites attentions, tel un amoureux, à l’instant, à la vie. »
« Savoir
avec à-propos récompenser le cheval en lui redonnant sa liberté de
mouvement est le plus sûr chemin vers l’impulsion, ce désir incoercible
du mouvement en avant. Vouloir à toute force maîtriser le cheval en le
brimant est le plus court chemin entre la position du cavalier et celle
du gisant.
Jacques Charandack (Cheval d’illusion)
« En
attendant, le travail sans mors et sans éperons sur Jastero est devenu
quotidien depuis qu’un jour, alors que je décidais de réintroduire la
bride sans muserolle et les éperons (juste pour voir ce que ça donnait
en harnachement classique), je connus vingt minutes d’échauffement
pénible au pas et décidai de mettre pied à terre pour enlever bride et
éperons et poursuivre sans mors… Je retrouvais alors instantanément un
cheval parfaitement à l’écoute, réellement aux ordres, prêt à s’engager,
en équilibre, dans les pirouettes et les airs relevés – On n’était plus
dans la croyance religieuse, mais dans l’épreuve des faits – Ça
devenait troublant… Finalement, il faut bien l’admettre, la bride et les
éperons, fussent-ils utilisés avec tact et mesure, gênent et
contractent nos chevaux, même si ces derniers ont l’air de s’y faire. »
« Aujourd’hui,
plus j’avance dans l’étude du travail sans mors et sans éperons et plus
je me dis que finalement des pans entiers de l’équitation concernent
peut-être l’art de régler avec un mors et des éperons des problèmes
qu’on n’aurait pas sans eux…
Pour
moi, très subjectivement, un cheval qui n’a plus de fer ni dans la
bouche ni contre les flancs semble véritablement transformé en termes
d’écoute de son cavalier, de relaxation et de réactivité. »
Bernard Cheru (Article Alter Equus)
« L’incessante
interaction entre le physique, le mental et l’émotionnel a un impact
sur la qualité des actions du cavalier, sur son fonctionnement et sur
ses possibilités d’évolution harmonieuse, ainsi que sur le comportement
du cheval.
Notre
esprit brasse des centaines de pensées, plus ou moins nettes, mais
certaines envahissent notre esprit et parasitent profondément nos
comportements dès lors que nous sommes focalisés sur un objectif à
atteindre.
Les
doutes, les manques de confiance en soi, la mauvaise estime de soi, la
colère refoulée, les blessures dues à la désapprobation, le désir de
prouver qui on est vraiment, que l’on mérite d’être aimé, les peurs de
ne pas y arriver… Toutes ces émotions sont mises en scène dans la
relation avec le cheval. Miroir du cavalier, le cheval révèle la
personnalité profonde de chacun. »
« Chacun
des membres de la relation est soumis à un système émotionnel
fluctuant, qui nécessite une adaptation permanente. La relation se
construit à chaque rencontre avec le cheval. Si le socle des
connaissances et des sensations se solidifie chaque jour, le cheval
remet en cause le cavalier à chaque rencontre, à chaque séance. Cette
instabilité continuelle peut devenir, lorsqu’elle est bien gérée, une
source de progrès pour le cavalier dans sa pratique équestre comme dans
sa vie personnelle. »
« L’état
émotionnel du moment ne doit pas être un handicap qui bloque
l’apprentissage, la progression ou le perfectionnement du cheval et du
cavalier. Si le cavalier reconnaît cet état, s’il l’accepte, il libère
son cœur, s’apaise, devient réceptif, et s’ouvre la voie du progrès. Les
barrières se lèvent, la communication est de nouveau possible, l’écoute
se réinstalle, le langage se clarifie. Le cavalier est en phase avec
lui-même. La relation devient harmonieuse avec le cheval, l’enseignant,
les autres, l’environnement. La pratique redevient source de joie. Elle
développe alors l’intuition et la créativité du cavalier. »
« Quel
que soit le niveau technique du cavalier, son désir de progresser va
l’amener à être confronté à des blocages. Il a alors la sensation de
stagner, de régresser. Dans ces situations, souvent perçues comme un
échec personnel, beaucoup de cavaliers nient les problèmes, se figent
dans leur comportement, accusent le cheval, l’enseignant ou la méthode,
s’accusent eux-même.
La
passion est mal vécue et le scénario pessimiste débute. Le « mal-être »,
la déception et la frustration s’installent, le cavalier se sent
découragé, perd confiance en lui et en son cheval. La communication
s’altère, la relation se dégrade, le cavalier et le cheval ne se
comprennent plus. Ce « mal-être » est une des causes principales de
l’abandon de l’équitation. »
« Cependant
il est communément admis que les situations de crise favorisent la
progression, parce qu’il est nécessaire de trouver une solution pour
soulager l’inconfort physique, psychologique, matériel ou spirituel que
l’on ressent. La motivation pour sortir de cet état est réelle. C’est
elle qui permet l’acceptation des remises en question qui peuvent être
nécessaires.
Mais
tant que le cavalier désapprouve l’expérience qu’il vit en la
qualifiant d’échec, il lui sera difficile d’utiliser cette situation
comme déclencheur d’une progression.
C’est pourtant une opportunité !
C’est
là où l’amour du cheval peut fournir l’énergie et le courage
nécessaires pour aller au-delà des blocages, pour faire sauter les
verrous et se remettre en question, pour trouver des solutions.
Le
cavalier, s’il ose en parler et accepter la situation en toute humilité,
va alors pouvoir dépasser le stade de l’échec, se remettre en
mouvement.
Le blocage va devenir un tremplin. »
« Toute
technique sportive et artistique pratiquée avec cette qualité
d’attention et ce désir de progression, va placer la personne qui la
pratique face à ses blocages. L’extrême sensibilité et la grande
réactivité du cheval mettent le cavalier face à lui-même et le renvoient
à ses états d’âme les plus profonds. Les interactions entre le cavalier
et le cheval viennent encore compliquer le jeu : chacun des deux
partenaires est à la fois confronté à ses propres problèmes et aux
problèmes de l’autre !
Le
bon enseignant va pouvoir, en regardant le couple travailler,
identifier les blocages de chacun des partenaires et offrir des
solutions au cavalier. Il ne s’agit pas de transformer l’enseignant
d’équitation en psychothérapeute, mais simplement de ne pas ou de ne
plus dénier l’aspect émotionnel. »
« Chaque
activité pratiquée avec l’intention de réellement progresser nécessite
une pratique assidue, un centrage, une persévérance et une discipline
qui engagent toute la personne. C’est une des voies d’accès au niveau
spirituel, c’est-à-dire le niveau le plus élevé de l’Être. Le cavalier
ressent alors une complétude, une communion profonde avec son cheval et
ce qui l’entoure. Il vit des moments d’intense bonheur. »
« Le
cheval est ton miroir. Il ne te flatte jamais. Il reflète ton
tempérament. Il reflète même ses vacillations. Ne te fâche jamais contre
ton cheval, tu pourrais aussi bien te fâcher contre ton miroir. »
(Citant Binding)
« En
prenant soin du cheval, le cavalier prend soin de lui, soin de l’enfant
qui est en lui. Même sans en avoir conscience, le fait de projeter son
histoire sur le cheval va donner au cavalier la possibilité de guérir,
parce que l’on est souvent plus tendre, plus doux, plus attentif, plus
respectueux avec un animal désiré et choisi, qu’avec soi-même. »
« La
capacité de se remettre d’une blessure n’est pas fonction de sa
profondeur, mais dépend de notre capacité à l’accepter… Ne commence
pas ta journée avec les blessures d’hier. »
« Un
cavalier qui accepte et arrive à mettre à jour une croyance profonde
dévalorisante ou négative sur lui ou sur le cheval, peut modifier
profondément son attitude en faisant sauter les verrous. Prendre
conscience de ce type de pensées et en trouver les origines peut devenir
un atout. En comprenant l’origine de cette pensée et en acceptant de
ressentir la souffrance que cela lui a causé, mais aussi les besoins que
cela nourrit chez lui, le cavalier se met ou se remet en marche. Il
peut alors évoluer ! »
« Le
cheval, véritable éponge, va capter l’ensemble des émotions du cavalier
dans ses moindres nuances. Il va les utiliser pour prendre le pouvoir
sur son partenaire, se défendre ou se laisser lui aussi contaminer par
la peur. »
« Il
est important de savoir que le cavalier peut ressentir de la peur, mais
que la peur n’a pas de consistance. C’est seulement une émotion qui
engendre le plus souvent des réponses inadaptées, irréfléchies, qui
sont, elles, potentiellement dangereuses. »
« L’abandon
de l’équitation : Continuellement confronté à sa peur, le cavalier peut
perdre totalement confiance en lui. Il peut se sentir dévalorisé,
incapable de réaliser quelque chose. Il est d’autant plus touché qu’il
met toute son énergie à vivre sa passion. Il abandonne comme on divorce,
dans la douleur, la déception et la frustration.
Le
cavalier perd beaucoup dans cet abandon : l’estime de lui, le lien
affectif avec le cheval, la famille équestre. Il peut même éprouver une
grande souffrance […]. Il peut aller jusqu’à se voir comme étant
lui-même un échec, non seulement au niveau de l’équitation, mais dans
toute sa vie, dans son être. »
« Surcompensation :
Le cavalier occulte son ressenti. L’émotionnel est étouffé.
L’équitation devient une lutte contre sa peur, mais aussi contre
lui-même. Il se contrôle au maximum, n’en parle pas, est dur aec
lui-même et avec les autres.
Il
peut même mettre la barre « plus haut » et forcer sa peur. C’est
l’attitude la plus souvent choisie. Une grande partie de la vie du
cavalier se passe alors en bagarre avec lui-même, bagarre à laquelle il
va s’habituer. Cette attitude peut répondre à des injonctions
parentales, récentes ou anciennes, mais aussi à la volonté ou à
l’orgueil du cavalier.
Cette
attitude sans accompagnement est très douloureuse, parce que
contrairement à la précédente (l’abandon était un évitement de la
douleur), le cavalier est en permanence dans sa peur, sans arriver à
s’en débarrasser. »
« Le
cavalier est coincé entre son amour, sa passion du cheval et sa peur :
Cette situation est beaucoup plus fréquente qu’il n’y paraît.
Le
cavalier continue à monter la peur au ventre, sans la nier, mais sans ne
jamais arriver véritablement à la dépasser. Il ressent un malaise
général. Il a le sentiment diffus qu’un danger imminent le guette. […]
C’est
une attitude douloureuse, qui empêche le cavalier de progresser, et
génère une grande frustration malgré la volonté déployée. »
« Le
déni de la peur : Le cavalier affirme ne pas avoir peur. Il fait comme
si la peur n’existait pas chez lui et se coupe de son émotion. Il entre
en résistance avec elle, mais la peur va s’amplifier.
La
culture et la tradition équestre, qui méprisent les attitudes de pur et
les aveux de faiblesse en général, renforcent cette attitude. […]
Reconnaître
sa peur pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une énergie en mouvement qui
évolue à l’intérieur de soi, une information, le signal d’un risque
possible, en évaluer les avantages et les inconvénients, permet de
reprendre contact avec soi-même. Et de retrouver l’étrange excitation et
la griserie qui vous avaient saisis la première fois où vous étiez
monté à cheval, lorsque l’attrait de l’inconnu vous poussait vers
l’avant. »
« La peur de se laisser emmener : Être entraîné vers l’inconnu est une des situations les plus anxiogènes pour l’être humain.
La
simple idée de perdre le contrôle du cheval, de ne pls pouvoir le
diriger, de ne pas arriver à l’arrêter, provoque chez le cavalier une
violente émotion. […] Prendre conscience de la réalité des risques, les
évaluer, apprendre à les maîtriser… voilà quelques pistes de travail
en ce domaine. »
« La
peur du galop : Le galop est associé à la vitesse, au danger, à la
mort. « C’est à cheval, au triple galop, qu’elle avait éprouvé à la fois
l’extrême jouissance de vivre et l’acceptation de mourir. » rapporte
Jérôme Garcin à propos de Françoise Sagan. Le galop appelle une
respiration profonde, puissante. Il semble au cavalier difficile,
déstabilisant, potentiellement explosif. Brûler les étapes dans
l’apprentissage de l’équilibre, du contrôle de soi et de la maîtrise du
cheval, met le cavalier en situation de stress. Nier le ressenti du
cavalier, vouloir forcer la peur du galop est pour l’enseignant une
faute grave. »
« La
peur de l’obstacle : L’explosion d’énergie liée au saut déstabilise le
cavalier. Elle peut provoquer de grands déséquilibres lorsqu’il n’est
pas en phase avec son cheval. Sauter est perçu comme une difficulté
supplémentaire, parfois insurmontable, souvent associée à l’idée de
chute. L’émotionnel est alors fortement sollicité. Vivre ces moments en
conscience, reconnaître son émotion, apprivoiser son appréhension,
accorder sa confiance au cheval, être à l’écoute, c’est accepter que le
cheval libère l’énergie qui est en lui. »
« Nos peurs sont à la hauteur de nos désirs ! »
« La peur de la chute :
Corollaire
des peurs précédentes, la peur de la chute engendre l’idée de douleur,
de handicap, de mort. Elle rejoint celle de l’accident dans
l’inconscient de chaque cavalier. Renforcée par toutes les histoires
édifiantes de fractures, de chutes spectaculaires et autres cicatrices
que les cavaliers évoquent lors des soirées, elle agit comme repoussoir
pour les débutants, inhibe et limite le cavalier dans son apprentissage.
[…]
La
chute, quoiqu’en pensent nombre de cavaliers et certains enseignants,
n’est pas une fatalité ni un moyen de pédagogie ! Le débutant doit être
préservé, autant que faire se peut, de cette expérience traumatisante.
[…]
Si
la chute survient malgré tout, accepter de ressentir et laisser
s’exprimer son émotion en limite l’impact psychologique. Prendre
conscience de son émotion, en analyser les causes, en tirer les leçons,
remettre l’événement à sa juste place… voilà encore quelques
précautions permettant d’éviter qu’une blessure psychologique ne
s’installe peu à peu. »
« La
connaissance du cheval et la connaissance de soi aident à la résolution
de la peur. Il ne s’agit pas de vaincre la peur, ce qui impliquerait la
lutte, la bagarre, mais d’entrer en collaboration avec elle par la
prise de conscience et par l’acceptation de cette émotion. L’essentiel
est de ne pas nier la peur, ni de se laisser dominer par ce sentiment
qui parasite notre vie de cavalier. Quelle que soit son origine, la peur
n’est qu’un état émotionnel, dont on peut se dissocier. S’observer en
train d’avoir peur permet de s’en libérer, de faire la paix avec elle. »
« La
découverte du poney se fait dès la toute première enfance. Après les
bébés nageurs apparaissent maintenant les bébés cavaliers, entre
dix-huit et trente-six mois ! L’objectif n’est pas d’en faire de futurs
champions, mais de favoriser leur épanouissement, d’en faire des enfants
bien dans leur peau. « Porté, bercé par le poney, le petit quitte les
bras du parent pour un autre corps à corps. Cela lui permet de se
séparer en douceur. Plus tard, ces gamins s’adapteront très bien à
l’école » (Claudine Pelletier-Milet – Un poney pour être grand)
La
relation, basée sur l’affectivité, passe volontiers chez l’enfant par
le langge corporel. Il explore et découvre le corps du poney, frotte son
nez contre sa fourrure, s’imprègne de son odeur, l’entoure de ses bras
et l’embrasse tendrement. Il est souvent émouvant de le voir faire.
L’émotionnel n’est pas encore inhibé et l’enfant déborde d’affection
pour cette peluche grandeur nature à laquelle il confie ses émotions,
ses joies, ses chagrins, ses craintes et ses espoirs. […] Couvé à la
maison par sa mère, l’enfant apprend à prendre soin de quelqu’un
d’autre. […]
A cet âge, l’attrait exercé par le poney ou le cheval est le même pour les deux sexes. »
« La
passion et l’amour du cheval ne paraissent pas à cet âge suffisants
pour aider les garçons à dépasser la difficulté d’être minoritaire et
d’avoir à se confronter au sexe opposé. Ils reviennent ou arrivent à
l’équitation plus tard, quand ils sont plus matures. »
« L’affectif est au centre de la relation de l’adolescente avec le cheval. »
« Le
cavalier trouve à la fois un exutoire et une compensation, voire une
surcompensation, dans la relation avec le cheval. Le cheval devient le
réceptacle de cet amour si difficile à recevoir et à donner aux
humains. »
« Oublier
que le cheval a des besoins propres et des attentes particulières, liés
aux caractéristiques et aux prérogatives de son espèce, de sa nature,
qu’il possède des droits inhérents à son état de cheval, c’est installer
un malentendu et aller au-devant de problèmes importants, tant pour le
cheval que pour le cavalier.
Un cheval n’est pas un être humain !
En
prendre conscience, en tenir compte, remettre chacun à la place qui doit
être la sienne, adapter ses comportements à la nature de l’animal,
permet d’établir une relation basée sur la connaissance mutuelle et le
respect de chacun. »
« L’implication
affective excessive crée souvent des frustrations chez le cavalier. Il
est alors très difficile d’avoir le recul nécessaire pour communiquer
avec le cheval. Le cavalier se sent personnellement remis en question,
parce qu’il échoue dans sa mission. Le cheval devient la vitrine de
l’échec du cavalier.
Les
difficultés à résoudre, les problèmes équestres rencontrés, pour des
raisons diverses liées à la complexité de l’équitation, engendrent selon
le caractère du cavalier des comportements allant du simple abandon de
l’équitation aux actes de maltraitance et de violence vis-à-vis de
l’animal. La colère est une décharge émotionnelle forte. L’animal
devient porteur des frustrations de son cavalier. »
« Inversement,
celui qui n’ose pas demander ou qui se refuse par amour du cheval à
fixer des limites à un partenaire turbulent ou rendu méfiant, par peur
de le blesser ou d’altérer la relation, éprouve lui aussi des
difficultés. […] Le cavalier, rendu aveugle par son amour indéfectible,
n’analyse plus correctement la situation. Il est incapable de
s’apercevoir que son cheval a besoin d’être éduqué et d’être mis aux
ordres. »
« Le
cavalier est responsable du bien-être et de la santé de son cheval.
Mais il y a une grande différence entre se sentir responsable, et vivre
dans la culpabilité et l’anxiété par rapport au cheval. »
« L’attachement excessif set une dépendance. Ce n’est pas de l’amour ! »
« La
culpabilité devient un fléau quand, dans sa manifestation excessive,
elle nous empêche de vivre. C’est dans son exagération que la
culpabilité est toxique. […] Nous sommes responsables de nos actes, mais
nous punir pour cela ne nous appartient pas. Nous pouvons en revanche
en tirer es conséquences et transformer nos comportements. »
« Si
l’attitude du cavalier arrive parfois à masquer aux yeux des humains
une piètre estime de soi, elle ne trompe pas le cheval qui évalue
presque instantanément chacun à sa juste valeur. Le manque de confiance
en soi du cavalier parasite tous ses rapports avec les chevaux. Il
l’empêche de ressentir, de choisir la bonne solution, d’agir au bon
moment avec efficacité. Il se transmet au cheval et le couple ne
fonctionne plus.
L’estime
de soi basse ne permet pas de mobiliser ses ressources pour trouver en
soi les solutions face aux difficultés, pour se relever rapidement des
échecs et rebondir facilement. Plus le cavalier part de bas, plus
l’obstacle lui paraît haut à franchir !
Pourtant,
accepter de se regarder faire, avec un regard neuf et lucide, sans
jugement, offre l’occasion au cavalier de prendre conscience de la
mauvaise image qu’il a de lui, et de se libérer des entraves
inconscientes ou choisies qui le limitent.
Faire
sauter ces entraves, offrir à chacun la possibilité de se libérer et de
s’épanouir est peut-être pour l’enseignant la tâche la plus difficile.
Elle est aussi la plus exaltante ! »
« Les
encouragements, la bienveillance, la confiance accordée, les
félicitations, les signes de reconnaissance, le regard positif sur
toutes choses, construisent dès le plus jeune âge une estime de soi
positive, source d’énergie, de vitalité et de confiance en soi. Elle
procure une endurance et une force intérieure, une philosophie de vie.
Elle
fonctionne comme un amortisseur pour les « coups durs ». Les tâtonnements
et les échecs sont vécus sans culpabilité, comme de simples péripéties
de l’existence, et l’enfant apprend très vite à les dépasser. Si la
réussite immédiate n’est pas indispensable, chaque réussite renforce
l’image que chacun se fait de lui-même.
Une
estime de soi haute permet de transcender les blessures de l’Être.
Avoir une bonne estime de soi est donc un atout pour le cavalier. Elle
lui permet d’aller de l’avant et de surmonter les difficultés
immanquablement rencontrées.
Mais
là encore tout est affaire de dosage. Une estime de soi beaucoup trop
mauvaise paralyse le cavalier et le met en situation de doutes et
d’échecs permanents. Mais la prétention peut le rendre arrogant et
égocentrique. D’une certaine manière, elle l’empêche aussi de progresser
dans la mesure où le cavalier ne se remet pas en cause. Le cheval n’est
plus qu’un piédestal qui flatte la vanité de l’homme. »
« Celui
qui dispose depuis longtemps d’un bon capital confiance bénéficie dès
son premier contact avec les chevaux et l’équitation d’un atout non
négligeable. L’appréhension légitime sera légère, les progrès rapides.
Mais quel que soit le niveau de confiance au départ, la pratique
équestre, lorsqu’elle est bien menée ou guidée par un enseignant
réellement compétent, est un formidable outil pour acquérir développer
et renforcer la confiance et l’estime de soi, parce qu’elle demande de
persévérance et de dépassement de ses limites, qu’elles soient physiques
ou mentales.
A
l’inverse, un apprentissage mal conduit, où le cavalier est dépassé par
l’ampleur et la complexité de la tâche, la difficulté d’un cheval mal
dressé ou trop impétueux, peut avoir un effet très négatif en écornant
la confiance de n’importe quel débutant. Elle écarte d’emblée le
cavalier en herbe peu sûr de lui ! »
« La
confiance en soi dépend beaucoup du regard que les autres portent sur
vous dans la vie. La pratique équestre, parce qu’elle donne à voir,
confronte presque toujours le cavalier au regard des autres : famille,
amis, enseignants, jurys, concurrents, public… Ces regards réveillent
toutes les peurs d’être vu, d’être jugé, et réactive les croyances
limitantes sur nous-mêmes. Les expériences négatives du passé
rejaillissent, principalement la peur d’être rejeté, de ne plus faire
partie, de ne plus être aimé. Ces peurs sont parmi les plus fréquentes
du genre humain. »
« Le
regard que porte l’enseignant sur son élève d’équitation en particulier
et la façon dont celui-ci est perçu est très complexe. Son regard est à
la fois celui du père ou de la mère, du professeur, du juge, de l’ami
ou du confident, du public… Le cavalier lui attribue tous ces rôles à
la fois, mais privilégie tel type de regard selon son tempérament,
l’estime qu’il a de lui-même, et les circonstances. »
« Les
cavaliers n’ont pas toujours une analyse très objective de leur niveau
et de leurs aptitudes réelles. Ils se leurrent souvent en se surestimant
ou en se sous-estimant : ils ont du mal à reconnaître dans le regard de
l’enseignant. Aussi l’attitude de celui-ci est-elle déterminante.
Un
regard bienveillant est rassurant, stimulant pour l’élève : il conforte
l’estime de soi en favorisant l’appropriation d’une image plus positive
de soi. Le cavalier investissant plus positivement sa propre image va
prendre progressivement de l’assurance. A l’inverse, tout regard tenté
de mépris dévalorise et renforce une mésestime de soi latente ou
évidente. »
« Si
le cavalier de compétition doit montrer qu’il est le meilleur,
l’artiste doit créer, séduire, étonner tout en faisant partager un
plaisir et passer une émotion. »
« Beaucoup
de cavaliers semblent avoir un rapport compliqué avec les humains, et
le cheval peut-être pour eux la passerelle qui les rapproche des autres,
s’ils acceptent la confrontation avec les zones d’ombres que le cheval
leur révèle. Ce que le cavalier gagne en connaissance de lui-même lui
sert pour sa pratique équestre, mais aussi dans sa vie quotidienne, dans
son travail, dans son positionnement vis-à-vis de lui-même et des
autres.
« L’essence
de l’équitation, mais nous pourrions dire de la méditation, est d’être
dans l’ici et maintenant dans une conscience et une vigilance extrême,
sans alimenter aucune des pensées inutiles qui nous traversent l’esprit.
C’est
d’ailleurs l’expérience fréquemment vécue par les cavaliers qui
oublient à cheval soucis et stress, et trouvent la vie moins pesante le
pied mis à terre. Laisser le mental au repos, ne pas s’accrocher aux
pensées parasites, permet de se retrouver vraiment et de se relaxer, à
cheval comme dans la vie. »
« Même
si beaucoup d’entre nous utilisent le cheval pour s’évader de ce qui
nous pèse dans d’autres domaines de l’existence, aucune séparation entre
nos différents espaces n’existe vraiment. Ce qui n’est pas résolu dans
notre vie quotidienne se représentera sous une autre forme en
équitation, afin d’être compris et transformé. »
« Entendre
le chuchotement subtil du langage corporel du cheval, être à l’écoute
de ses pensées et de ses émotions, percevoir dans le même temps les
multiples messages envoyés par son propre corps, prendre conscience de
ses propres émotions, permet au cavalier d’établir une communication
d’une grande finesse. Les interactions entre les deux partenaires sont
d’une richesse telle, qu’elles en deviennent des communions, véritables
voies d’accès à l’équilibre intérieur et au bien-être. »
« Communiquer
avec le cheval demande une authenticité de tous les instants, une
disponibilité mentale, une approche créative dans la résolution des
problèmes, sans montrer d’impatience ou d’agacement, et sans s’attacher à
des préjugés ou des méthodes rigides pour atteindre ses objectifs. »
« Le
dialogue entre l’homme et le cheval est fait de mille petits détails
dont aucun ne doit être négligé. Construit jour après jour, il peut être
remis en cause à chaque séance ! D’essence non verbale, il passe par la
sensibilité et la finesse du cavalier.
Avoir
du tact, c’est établir instantanément un dialogue avec le cheval, agir
avec justesse, opportunité, délicatesse et discrétion. « Il y a le tact
de la main, le tact des jambes, le tact de l’assiette et le tact de la
tête » écrivait Nuno Oliveira. »
« Mettre
en confiance l’élève afin qu’il s’ouvre, conserver la sérénité du
cheval et maintenir son intérêt, sont des préoccupations permanentes
pour l’enseignant. Il doit s’efforcer de trouver le langage le plus
compréhensible par son élève, adapté à son âge et à son niveau
socioculturel. Il doit aussi sentir que tel cavalier a besoin
d’explications très détaillées, celui-ci de silences entrecoupés par
quelques mots afin de se concentrer, celui-là de comprendre avant de
sentir, à l’inverse de ce dernier. Certains ont besoin d’approbation et
d’encouragements, d’autres attendent une critique de ce qu’ils font.
Mais
il n’y a pas de bonne communication entre l’élève et son maître sans un
langage clair, précis, imagé et immédiat, rythmé par la respiration des
silences. »
« L’élève-cavalier
a une tâche difficile. Il doit enregistrer une foule d’informations
émanant à la fois du professeur, du cheval, de son propre corps, de
l’environnement, et gérer ses propres émotions et ses pensées. »
« L’objectif
de l’enseignant est essentiellement d’aider cavaliers et chevaux à
prendre du plaisir ensemble, à évoluer et à s’épanouir. […]
C’est
pourquoi, sans renoncer au sérieux et à la qualité de son enseignement,
notamment technique, il doit mettre l’accent sur le plaisir, la
détente, la relaxation et l’apprentissage sans stress, en favorisant une
monte libre de tensions et de douleurs pour les deux partenaires. »
« Aider
les cavaliers à découvrir ce qu’ils sont vraiment, en utilisant les
formidables capacités du cheval en ce domaine, demande à l’enseignant un
engagement qui va bien au-delà d’un simple cours technique. […]
L’enseignant,
s’il veut pleinement assurer son rôle, doit être en rechercher
perpétuelle, et ne pas rester prisonnier d’une méthode, d’un mode de
pensée unique. »
« L’abus
de pouvoir sur le cheval est donc condamnable. Il l’est tout autant
vis-à-vis des élèves ! Le savoir donne souvent le pouvoir…
Le
rôle de l’enseignant n’est pas d’imposer ce qui lui plait, bien qu’il
soit très intéressant d’amener les élèves à découvrir et à aimer ce qui
le passionne, mais de susciter leur curiosité et de leur ouvrir des
horizons. Proposer une large palette de pratiques équestres incite le
cavalier à découvrir ce qui l’attire vraiment, à préciser ses choix et à
définir son projet. »
« La
cordialité des rapports, la bienveillance et la confiance de
l’enseignant, qui n’excluent pas la fermeté et l’exigence, facilite
l’apprentissage en évacuant le sentiment de stress. L’enseignement bâti
sur le mépris, la force, la peur et la sanction le renforce. »
Bernard Chiris (S’épanouir à cheval)
« Le cheval est dangereux devant, dangereux derrière et inconfortable au milieu »
Winston Churchill
« Les
chevaux n’ont pas inventé le fer ! Ils se sont déplacés sur tous les
continents pendant des millions d’années avant qu’ils ne rencontrent
l’homme ! Si on place cette évolution à l’échelle d’une année, les
chevaux évoluent pieds nus depuis 365 jours et ne connaissent le ferrage
que de puis 5 à 10 minutes. »
Jean-Claude Creignou
« L’équitation
et le saut d’obstacles captivent leurs initiés à un point tel qu’on se
retrouve comme pris dans un courant, à essayer de nager furieusement,
sans pourtant faire d’effort réel pour savoir exactement où l’on désire
aboutir. […] Je n’ai personnellement pris conscience de la valeur d’un
conseil qu’au bout de plusieurs années douloureuses passées dans une
quasi totale inconscience. […] En vérité, on vieillit trop vite et on ne
devient esthétique que trop tard. »
A.Eugene Cunningham
« Tous
les grands auteurs équestres ont été des écuyers exceptionnellement
doués pour lesquels les difficultés n’existaient pour ainsi dire pas. Ne
les ayant jamais rencontrées, ils ne les mentionnent guère, et
indiquent bien moins encore les moyens de les surmonter. Leurs lecteurs,
même très sensiblement au-dessus de la moyenne des cavaliers
expérimentés, se heurtent au contraire à chaque pas à ces difficultés
dont la solution ne leur est pas fournie, ni même suggérée. »
« L’équitation
académique se propose d’abord de rendre au cheval monté la grâce des
attitudes et des mouvements qu’il avait naturellement en liberté, et qui
se trouve altérée par le poids et les interventions du cavalier. »
« Mais
la soumission « utile » du cheval ne s’acquiert pas « en bloc », au moyen
d’un domptage qui mettrait une fois pour toutes aux mains du cavalier le
pouvoir d’obtenir dorénavant de sa monture n’importe quel acte nouveau
imposé par lui.
Le
cheval ne peut exécuter que les ordres dont il comprend le sens, et sa
constitution mentale ne permet pas à l’homme d’entreprendre séparément
l’enseignement du sens d’un de ses ordres, et l’obtention du
consentement à l’exécution de celui-ci. En réalité, se faire comprendre
et se faire obéir ne font qu’un en dressage, et la certitude d’être
compris n’existe jamais pour le cavalier qui n’est pas obéi. »
« C’est
seulement en plaçant le cheval dans un ensemble de conditions tel que
leur influence détermine l’instinct à accomplir tel acte, que
l’exécution de cet acte peut être obtenue de lui ;
La
reconstitution du même ensemble déterminant reste indispensable pendant e
temps nécessaire à la formation de l’habitude, grâce à laquelle
l’exécution de l’acte prend un caractère de fatalité analogue à celui du
réflexe de l’homme. »
« Dans
la Basse Ecole, le cheval est exercé sur une et sur deux pistes dans
toutes ses allures naturelles amenées à leur plus haut degré de
régularité à toutes les vitesses, ainsi qu’à l’inversion instantanée du
galop dans les changements de direction.
Dans
la Haute Ecole, les allures prennent la forme relevée du pas, du trot
et du galop dits « d’école ». Pour certaines d’entre elles, cette
transformation est poussée plus loin, jusqu’aux airs dits « près de
terre. » Il n’existe pas d’air classique issu du pas.
L’air
issu du trot est le passage, qui prend le nom de piaffer quand il est
exécuté sur place. […] L’alternance du galop à battues comptées sur l’un
et l’autre pied, sans allure intermédiaire, constitue l’air des
changements de pied, dits « au temps » ou « du tact au tact ». La pirouette
s’exécute au passage ou au galop. »
« Il
en résulte qu’au moindre trouble de sa sérénité, le cavalier est dans
la nécessité absolue de laisser le temps exercer son action pour le
rétablissement intégral de son calme physique, qui commande celui du
cheval. Un temps « mort » ou un temps de repos, si la soumission n’est pas
en jeu, sont indispensables avant la reprise de la leçon. Après une
vive contrariété, n’eût-elle rien à voir avec le cheval, le dresseur
doit avoir la sagesse de remettre au lendemain la leçon du jour et
savoir se contenter d’offrir à son élève une simple promenade de santé. »
« Le
désir passionné du mouvement en avant doit prendre chez le cheval
dressé la puissante rigueur, l’intensité lancinante d’un besoin physique
impérieux et permanent. Il faut que l’entretien et le développement,
s’il y a lieu, de cette ‘passion’ prenne le caractère de hantise d’une
idée fixe chez le cavalier, qui doit avoir toujours présente à l’esprit
l’impuissance où il est réduit aussitôt que l’impulsion disparaît. »
« L’excès
d’ouverture ou de fermeture des angles au grasset et au jarret est
toujours une source de difficultés dans le travail de « façonnement » de
l’arrière-main, mais l’excès de fermeture est presque toujours plus
défavorable que celui d’ouverture, parce qu’il place le cheval dans un
demi-rassembler permanent sans effet utile pour les allures, et très
difficile à augmenter dans la mesure qui convient pour leur procurer une
élévation sensible. »
« Dans
l’avant-main, l’importance du garrot est capitale, parce que sa
disposition commande celle du bout de devant tout entier. Si le garrot
est suffisamment prolongé en arrière et élevé, la tension des muscles du
dessus, quand la croupe s’abaisse par l’engagement des postérieurs,
provoque tout naturellement celle des muscles releveurs de l’encolure,
sur lesquels le cavalier n’a pas de moyens d’action directs. »
« L’encolure
doit aussi être étudiée attentivement. En premier lieu, c’est son
orientation par rapport au tronc, au sortir des épaules, qui doit être
examinée. Elle doit être aussi voisine que possible de 45° au-dessus de
l’horizontale. »
« La
flexion de l’encolure vers la troisième ou la quatrième vertèbre, au
lieu de la nuque, peut bien amener le chanfrein à la verticale, et
donner au cheval l’apparence du ramener, mais la réaction de ce
ploiement de l’encolure sur les courbures naturelles du rachis est bien
loin d’avoir la puissance de celle du véritable ramener pour la
compression des ressorts de l’épine dorsale, qui constitue le
« rassembler » du dessus, c’est à dire l’essentiel du rassembler. »
« Les
aplombs des membres doivent être vérifiés avec soin. D profil, dans
l’arrière-main, la ligne qui joint la pointe de la fesse à celle du
jarret dot être aussi près possible de la verticale, et passer par la
saillie postérieure du boulet. L’inclinaison du bas de cette ligne en
avant ou en arrière de la verticale est toujours défavorable au
rassembler. Quand les postérieurs sont naturellement campés, leurs pieds
atteignent difficilement la position avancée sous la masse qui procure
les avantages de cette attitude d’ensemble. Quand ils sont en avant de
la verticale et placés naturellement sous le cheval, leurs pieds
dépassent trop facilement l’emplacement utile au rassembler, et toutes
les articulations de l’arrière-main sont alors soumises à un effet de
flexion qui les paralyse. »
« Les
allures naturelles du cheval ne sont jamais complètement transformées
par le dressage. Elles peuvent seulement être régularisées et
développées dans une certaine mesure, difficile à prévoir, et dont il
vaut mieux préjuger sans optimisme. »
« Si,
en tournant du côté opposé au pied sur lequel il galope, le cheval
reste sur ce pied et continue à galoper à faux, c’est déjà l’indice
d’une maladresse naturelle à cette allure. S’il se désunit, et reste
désuni, cette maladresse est encore plus grave. Si enfin, il passe d’un
pied à l’autre en intercalant une battue de trot dans chaque changement
de pied, il est prudent de renoncer à son dressage, qui ne donnera que
des déboires au galop.
Les
changements de pied naturels en liberté doivent être faciles, légers et
instantanés, pour donner toute garantie sur leur future exécution au
commandement. »
« Pour
le moral, la méchanceté et le mauvais caractère invétérés sont
rédhibitoires. Même après des années de travail méthodique, de fermeté
unie à la douceur, après de longues périodes de soumission en apparence
parfaite, jamais le cavalier n’aura la certitude d’obtenir l’obéissance
totale, confiante, joyeuse, prévenante, que réclame une présentation.
Même si la domination du cavalier est complète, la nécessité éventuelle
de recourir à la contrainte risque de provoquer au minimum le coucher
des oreilles, ou le fouaillement de la queue, et le juge consciencieux
sera dans l’obligation d’en tenir compte dans sa note de soumission. »
« Le
cheval froid, pour le travail académique, est souvent un sujet ingrat.
Faute d’impulsion naturelle, le cavalier est dans la nécessité
permanente d’entretenir, sinon de surexciter l’action. Il arrive souvent
que ses efforts pour y parvenir demeurent visibles. La note
‘d’impulsion’ du juge en sera influencée. De plus l’emploi continuel et
accentué des jambes nuit toujours plus ou moins à la régularité de la
position du cavalier, aux dépens de sa note de ‘correction’. »
« Le
cheval trop chaud, surtout si le public augmente sa nervosité, est
aussi souvent bien délicat à présenter, car il devient fréquemment
brouillon et inattentif. Il vaut cependant mieux disposer en permanence
d’un léger excès d’énergie que d’être sous la menace continuelle d’une
chute de tension. »
« Donc, au moral, il faut un « brave homme » de cheval, généreux sans fanatisme, pourvu de bons yeux, bien élevé et civilisé. »
« Les
aides sont les jambes, la main, la disposition du poids du cavalier, la
cravache, la caresse, la voix, et l’exploitation des conditions
extérieures. »
« L’insuffisance
de l’action impulsive des jambes rend cette exécution languissante et
endormie. Les actions directrices de la main ne doivent leur efficacité
qu’à l’opposition partielle qu’elles forment à l’impulsion, et elles
deviennent indistinctes quand cette opposition ne reçoit plus de poussée
suffisante pour s’exercer nettement. Si le cavalier, pour tenter de les
rendre plus précises, commettait la faute de recourir à des tractions
sur les rênes, il en réduirait encore l’activité déjà déficiente de son
cheval qui se mettrait « derrière la main ». Déjà hésitant dans son
obéissance, il ne tarderait pas à devenir douteux, et à s’engager sur la
voie de la rétivité. »
« L’action
impulsive des jambes doit toujours s’exercer sous forme de contact bref
avec le corps du cheval. Toute prolongation de ce contact, tout appui
des jambes, avec ou sans augmentation de leur pression, est défavorable à
la production ou à l’augmentation de l’impulsion. »
« Le
coup de talon, surtout quand il est armé d’un éperon, est la forme la
plus rigoureuse des indications impulsives de la jambe, et le coup de
mollet sa forme ordinaire. Ces coups ne doivent jamais être appuyés mais
élastiques comme ceux du marteau à ressort d’une sonnette électrique. »
« L’effet
minimum résulte d’appuis brefs et rapprochés du pied sur l’étrier, sans
perte du contact de celui-ci, et sans déplacement de la jambe. […]
Entre ces deux formes extrêmes de leur emploi, les jambes sont utilisées
dans leur rôle impulsif par vibrations des mollets, résultant de brèves
contractions de leurs muscles sans déplacement visible du bas de la
jambe. C’est la forme ordinaire des actions impulsives. »
« Dans
l’équitation académique, l’appui doit être rendu aussi léger que
possible, et rapproché au plus près du simple contact, qui ne doit
jamais être perdu. »
« Demi-arrêt :
Action ferme de bas en haut sur rênes tendues, et doigts bien fermés,
suivie rapidement du relâchement progressif des doigt, et d’une cession
de la main. Cette action présente de l’analogie avec celle qui permet
d’arracher de terre un lourd pavé placé au pied d’un escalier, pour le
déposer sur une des marches de cet escalier, sans endommager en quoi que
ce soit la surface de cette marche, et sans faire de bruit. »
« Vibration :
Frémissement de l’extrémité des doigts faiblement serrés sur la rêne,
analogue à celui du violoniste sur les cordes de son instrument pour
obtenir le vibrato. »
« La mise en main : Ou décontraction de la bouche dans le ramener, réduit momentanément l’appui au contact minimum.
La descente de main : Prolonge et maintien cette réduction de l’appui au contact minimum. »
« Le
procédé le plus efficace pour régler aux moindres frais la vitesse du
cheval trop chaud est le relèvement de son encolure. Pour pousser son
encolure de haut en bas, le cheval ne dispose que d’une force
restreinte. Il lui est impossible de l’exercer d’une façon continue, et
c’est seulement par des plongées sur la main, plus ou moins espacées,
qu’il peut lutter pour se soustraire à l’attitude élevée que le cavalier
veut imposer à son encolure. […] C’est en faisant porter à la main son
bout de devant abandonné sur elle que le cheval exerce cette pesée. En
refusant le soutien de celle-ci à la tête du cheval, inlassablement
replacée dès qu’elle s’abandonne, le cavalier parvient à provoquer peu à
peu l’entrée en action des muscles releveurs, jusqu’à ce que leur
effort suffise à lui seul pour assurer le soutien de l’encolure. »
« Un
tel résultat ne s’obtient qu’avec beaucoup d’habileté et de
persévérance. A chaque demande de ralentissement, l’intensité de la
nouvelle indication doit toujours être inférieure à celle qui, dans la
précédente, a suffi pour obtenir la soumission. Quand elle s’avère
insuffisante, son augmentation soit être effectuée par degrés à peine
sensibles, et cesser au premier signe d’obéissance. C’est seulement par
une longue pratique de cette parcimonie calculée, dont la moindre
impatience compromet les résultats, que la domination absolue du moral
peut-être obtenue, et la persuasion substituée à la contrainte. »
« Pour
donner aux rênes, par rapport à la bouche, les directions qui
déterminent leurs effets, le cavalier est dans la nécessité de déplacer
ses mains en tous sens. L’amplitude de ces déplacements est assez
étendue en équitation d’extérieur, et le reste au début du dressage
d’école. Elle diminue avec les progrès de ce dressage jusqu’à donner au
spectateur l’illusion de l’immobilité de la main, qui, en réalité, est
au contraire n évolution presque continue, mais insensible. »
« Théoriquement,
la main ne devrait pas se déplacer d’avant en arrière, puisque toute
traction sur la bouche est une faute de main. […] Il faut donc
s’efforcer de conserver la continuité de l’appui en suivant la bouche
dans ses déplacements, tant en arrière qu’en avant. »
« En
réalité, les effets qu’il croit provoquer grâce aux déplacements de son
corps sont obtenus la plupart du temps malgré ceux-ci. Loin d’aider le
cheval, ces déplacements ne constituent pour lui que des obstacles,
qu’il s’attache d’ailleurs à franchir bravement, pour avoir la paix.
Il est donc prudent, en équitation académique, de réduire les déplacements du buste au strict indispensable […] »
« Le
cavalier peut encore déplacer très sensiblement le point d’application
de son poids sur le dos du cheval sans modifier la position de son
buste. En relâchant l’étreinte des jambes jusqu’au simple contact avec
le corps du cheval, et en prenant sur les étriers le moins d’appui qu’il
est possible sans les perdre, le cavalier fait porter tout son poids
sur ses ischions, et par conséquent sur la partie du dos du cheval qui
se trouve à peu près sous le tiers postérieur de la selle. En faisant au
contraire porter sur les étriers la plus grande partie de son poids, et
en dégageant l’assiette imperceptiblement soulevée, le cavalier fait
porter son poids sur la partie du dos située au-dessous des
portes-étrivières, c’est-à-dire vers le tiers antérieur de la selle.
Tous
les chevaux sont sensibles à ces déplacements de point d’application du
poids du cavalier, et quelques-uns le sont tout particulièrement en ce
qui concerne l’activité du « dessus ». L’allègement de l’assiette dégage
le rein, et facilite les mouvements de flexion du rachis. Les chevaux
qui reculent difficilement, par exemple, en sont aidés d’une manière
très sensible. »
« La
caresse est un moyen de dressage d’importance capitale. Tous les
chevaux y sont plus ou moins sensibles naturellement, et leur
sensibilité peut être accrue considérablement quand le cavalier prend le
soin de aire longtemps suivre la caresse, dans les débuts du dressage,
de satisfactions immédiates encore plus vives, telles que friandises,
pied à terre, retour à l’écurie, etc. »
« Ainsi,
pour enseigner quoi que ce soit au cheval, le cavalier ne dispose
jamais que d’un seul moyen : placer son élève dans un ensemble de
conditions tel que la réaction de son instinct consiste précisément dans
ce que le cavalier veut obtenir. Or, quelle que soit l’habileté du
dresseur, il est à peu près impossible que l’ensemble de conditions
qu’il a réalisé détermine une seule réaction. Le cheval en essaie
presque toujours plusieurs, plus ou moins différentes, et le dresseur
‘guette’ l’apparition de celle qu’il désire pour la récompenser le plus
rapidement possible, par la caresse, notamment. Le cheval, lui, met
toujours du temps, et souvent longtemps avant de discerner exactement
quelle est, dans l’ensemble des réactions qu’il a essayées, celle qui
provoque l’octroi de satisfactions. C’est seulement par la répétition
des demandes du cavalier au cours desquelles les tâtonnements du cheval
se réduisent peu à peu, qu’arrive à se fixer dans l’entendement de ce
dernier l’association : tel acte = caresse. »
« Il
faut donc expérimenter d’abord les effets de la voix sur le cheval
qu’on prend en dressage, puis les confirmer ou les redresser par la
méthode habituelle d’associations des sensations, qui permet seule à
l’homme d’atteindre le moral et l’intellect du cheval.
En
tout cas il faut toujours exploiter la finesse de son ouïe et éviter
d’élever la voix, qu’il perçoit aussi faiblement qu’elle soit émise.
« La
gourmette fait partie intégrante du mors qui, sans elle, cesse de
fonctionner comme levier, faute de point d’appui. Les effets du mors se
bornent alors à ceux d’un filet sans brisure, et très mal ajusté. »
« Filet :
à moins que le cheval ne souffre de la commissure des lèvres, ou de la
langue, il n’y a aucune raison qui justifie l’épaisseur du filet. Il y a
au contraire avantage à ce qu’il soit mince, et tienne le moins de
place possible. »
« Les
branches (filet baucher) ne sont pas indispensables, mais elles ont
l’avantage de bien fixer le filet à sa place, de l’empêcher de pendre
sur la langue, et elles n’ont aucun inconvénient. »
« La
décontraction de la bouche consiste essentiellement en un mouvement de
la langue analogue à celui qu’elle exécute pour la déglutition, la
mâchoire inférieure ne s’écartant de la lèvre supérieure que dans la
mesure nécessaire pour permettre le mouvement de la langue. »
« La
tête doit rester fixe, sans même esquisser aucun mouvement d’aucune
sorte, fût-ce celle du « oui », pendant que la mâchoire inférieure se
détache moelleusement et seulement dans la faible mesure indispensable
au cheval pour mobiliser sa langue. »
« En
obtenant préalablement au moyen d’exercices spéciaux appelés flexions
de mâchoire la décontraction de la bouche, et en exerçant le cheval avec
une savante gradation à se mouvoir en ous sens sans altérer cette
décontraction, le cavalier aura la certitude de conserver son cheval
constamment et parfaitement en équilibre. » Il en était certainement
ainsi pour les chevaux dressés par Baucher. […] Mais pour ceux d’entre
eux qui durent travailler seuls avec le livre pour tout guide, il en
alla tot autrement. C’est que, par l’abus des flexions de mâchoire,
celle-ci devient plus souple que le reste du corps. Elle cède bientôt
trop vite et trop facilement, avant que tout le système musculaire soit
décontracté ; et même sans qu’il le soit sensiblement. »
« Le
mutisme de certains chevaux malgré la juste répartition de leurs
forces, rendue manifeste par l’aisance de leurs mouvements et par le
moelleux des réactions subies par l’assiette du cavalier, provient
presque toujours de leur défiance de la main, dont les fautes de tact
ont découragé leurs première décontractions. Il suffit le plus souvent,
avec ces chevaux, de rétablir leur confiance par la générosité des
remises de main au plus faible signe de mobilisation de la bouche, qu’il
faut savoir attendre avec patience, et guetter avec l’attention la plus
soutenue. »
« Le
ramener, c’est la fermeture de l’angle de la tête avec l’encolure, la
nuque restant le point le plus élevé de cette dernière. Le ramener est
dit complet quand le chanfrein atteint la verticale ; quand il la
dépasse le cheval n’est plus ramené, mais encapuchonné. »
« Avant
de passer à la recherche directe du ramener, le dresseur procédera à
quelques flexions latérales de la nuque, en ayant surtout en vue
l’égalisation de sa flexibilité des deux côtés. »
« Comme
les flexions de la mâchoire, les flexions de la nuque seront demandées
en mouvement et sans chercher à rapprocher la tête du poitrail.
Enfin
le dresseur pourra, par une lente gradation, rechercher le ramener, et
toujours dans le mouvement, par le jeu des variations de vitesse, des
départs et des arrêts.
Dans
les ralentissements et les arrêts, le cavalier s’efforcera de
prolonger, imperceptiblement d’abord, puis de plus en plus
effectivement, la progression du corps du cheval, tandis que, s’étant
emparé de la bouche par décontraction, il s’efforcera d’arrêter d’abord
la tête, de manière à éteindre avec plus de lenteur le mouvement des
membres que celui du bout de devant.
Dans
les allongements et les départs, il ne cédera de la main, après son
action de jambe, qu’avec plus de réserve qu’auparavant, n’ouvrant les
doigts pour laisser passer l’impulsion qu’après la cession de mâchoire
du cheval. »
« Aussi
le relèvement total, du but en blanc, de l’encolure seule, la tête
horizontale, est-il générateur d’illusion d’abord, et de déboires
ensuite.
De
plus, le rein et toutes les articulations de l’arrière-main ont besoin
d’être longuement préparés par une gymnastique appropriée à la surcharge
réelle qui résulte du relèvement d’encolure avec ramener. Sans cela,
elles perdent leur mobilité et leur souplesse.
Le
relèvement d’encolure doit sont se faire progressivement, dans tout le
cours du dressage, à mesure qu l’arrière-main devient apte à se ployer
de partout, donc à s’abaisser. Ce n’est pas le relèvement de l’encolure,
c’est l’abaissement des hanches qui est le but à poursuivre. Le
relèvement de l’encolure n’est qu’une partie de l’ensemble du travail
qui permet d’y arriver. »
« Aussi
longtemps que le cheval ne conserve son élévation d’encolure qu’en
l’étayant plus ou moins sur la main par la tension des rênes ; aussi
longtemps qu’il la laisse retomber dès que le cavalier cesse de faire
agir les rênes de bas en haut en élevant la main, le cheval n’est pas
« relevé du devant. » Ce relèvement n’est acquis et efficace que lorsque
le cheval le conserve par ses propres forces, sans recourir en rien à
celles du cavalier, dont la main doit rester alors à sa place normale,
sensiblement à la hauteur de la ceinture. »
« La
descente de main est un relâchement de la pression des doigts sur les
rênes, qui glissent et s’allongent progressivement, tandis que le
cheval, préalablement équilibré et placé en vue de la perfection de son
allure, conserve celle-ci intégralement, sans modifier en quoi que ce
soit son attitude. […] La descente de main permet au cavalier de donner à
son cheval plus de liberté, plus d’aisance dans son attitude inchangée,
quand cette attitude lui est devenue familière, et qu’il la conserve
volontiers. »
« Sur
une action de jambes, les doigts ouverts, il sait déjà qu’il doit
prendre la vitesse correspondante, et l’attitude d’encolure qui convient
à cette vitesse : c’est l’essentiel de la descente d’encolure.
Sans
action de jambes, celles-ci étant déjà et continuant à rester passives,
l’ouverture des doigts lui donnera seulement la liberté sur parole,
dont il aura appris à n’user que dans le maintien de son allure et de
son attitude, c’est à dire dans la descente de main. »
« En
rapprochant du corps la main de bride, et en fermant les jambes
rapidement et progressivement jusqu’à un appui franc, continu et
énergique des deux éperons, on produit ce qu’on appelle l’effet
d’ensemble sur l’éperon. On est ainsi absolument maître d’empêcher toute
défense, et de conduire son cheval où on le veut, et à l’allure qu’on
désire »
« L’effet
d’ensemble sur l’éperon permet de « forcer l’obéissance », mais ce n’est
pas une obéissance forcée qui convient à l’équitation académique, car
elle ne saurait être gracieuse. […] Dans le cas particulier du dressage
envisagé ici, les avantages de l’effet d’ensemble ne dépassent pas
suffisamment leurs inconvénients pour le rendre recommandable dans tous
les cas. »
« Le
rassembler doit en premier lieu assurer au cheval le maximum de
mobilité en tous sens, et l’aptitude aux changements rapides de vitesse.
Il
doit en outre lui permettre de donner à ses allures, sur la demande du
cavalier, et sans délai le maximum d’élévation compatible avec l’étendue
que ce dernier entend leur laisser.
La
mobilité exige d’une part des bases de sustentation courtes, qui ne
peuvent être établies que par le poser des postérieurs au-delà de leur
emplacement dans l’allure libre, c’est-à-dire par leur engagement. Elle
exige d’autre part le maintien constant de la masse dans une position
moyenne telle que son centre de gravité s’écarte le moins possible de la
verticale élevée au centre de chacune des bases successives. »
« On
peut bien prendre un cheval neuf, et, en le confinant entre quatre
murs, lui faire suivre de bout en bout une progression qui le conduise
jusqu’aux airs d’école, dans un temps relativement court. Il sera, en
apparence, dressé, mais l’éducation « morale », si l’on peut dire, lui
fera défaut dans ce qu’elle a d’indispensable, non seulement pour le
service courant d’un cheval de selle, mais pour l’exploitation de ce
qu’il a appris au manège.
Dès
qu’on l’en sortira, tout l’inconnu dont il sera environné lui fournira
d’innombrables causes de surprise, de trouble, de frayeur, ou
d’excitation. Cette dernière surtout mettra immanquablement en jeu toute
son émotivité de poulain, et la tension de son système nerveux se
traduira, entre autres désordres, par l’exécution des plus beaux airs de
son répertoire, malgré toutes les objurgations de son cavalier pour
l’en dissuader. Si ce dernier réussit à l’en empêcher, le cheval, quand
on les lui demandera par la suite, éprouvera naturellement la crainte de
s’exposer à la répression dont ils ont été l’objet précédemment. Le
désordre, ou tout au moins l’inquiétude s’ensuivront dans le travail
d’école.
Mais
la plupart du temps, le cavalier ne réussira pas complètement à
interdire ces manifestations intempestives et ridicules. Le cheval
deviendra insupportable à l’extérieur. De plus, il aura rapidement
transformé cette agitation en défense. »
« Le
pas est l’allure la plus favorable aux explications du maître à son
élève. Au pas, le cavalier est avec son cheval en liaison intime,
constante, et à peu près invariable par l’assiette. Aucune réaction
violente ne peut le gêner pour donner à ses indications le maximum de
précision. Le développement de leurs effets est relativement lent, le
cavalier à tout son temps pour les observer, et peut modifier ses
actions en conséquence s’il y a lieu. »
« Dans
la poursuite de ces deux buts, le trot présente sur le galop de sérieux
avantages. C’est l’allure essentielle du dressage académique. Les
mouvements des membres y sont symétriques, et c’est l’allure où les
oscillations de l’encolure sont le plus limitées en tous sens. Le cheval
y conserve une attitude d’ensemble à peu près constante,
particulièrement dans la disposition de son rachis. C’est l’allure qui
renseigne avec le plus de continuité le cavalier sur la forme et le
degré de maintien acquis par son élève, et qui lui permet d’apporter le
plus de suite dans les interventions qu’il est conduit à y effectuer,
parce que les défectuosités qui les nécessitent y sont peu variées dans
leur forme, et particulièrement persistantes dans leurs manifestations. »
« Toutefois
par ses dissymétries mêmes, et pourvu qu’il en soit fait un usage
judicieux, le galop permet de combattre directement les dissymétries
opposées du cheval. C’est ainsi par exemple qu’un cheval dont le
diagonal gauche manque, à toutes les allures, d’activité et d’ampleur
dans son jeu développera très sensiblement celles-ci par la pratique
fréquente du galop à gauche, surtout à faux. Mais les oscillations de
l’encolure et les ondulations de la colonne vertébrale sont trop
marquées à l’allure du galop pour permettre le travail de fixation et de
composition du maintien, qui constituent la base de l’équitation
académique. »
« Dans
le dressage, c’est la fréquente répétition de courtes leçons, et non
leur prolongation qui permet au cheval de les assimiler. La persistance
des actions ne s’impose pour le cavalier qu’en cas de contestation,
devant une volonté de résistance bien nette, et qui ne peut être que
fort rare quand les exigences du dresseur sont sagement graduées.
Pour
l’assouplissement, la répétition (courte) s’impose encore davantage, et
la prolongation excessive des exercices devient nuisible, car elle
provoque des spasmes musculaires douloureux comme de véritables crampes,
qui persistent souvent pendant plusieurs jours, et qui peuvent
provoquer des résistances exaspérées. »
« Concurremment
avec le travail au trot, et dès le début de celui-ci, le travail au
galop doit être entrepris, sans recherche préalable de la perfection du
pas de départ. Ce travail comprend d’abord la confirmation du cheval
dans son équilibre sur chaque pied, quelles que soient les sinuosités de
son parcours, et particulièrement à faux. »
« Dans
tout le développement de sa progression, le dresseur doit s’attacher à
exploiter au maximum l’instinct du cheval et, au moins dans les débuts,
agir toujours en conformité avec les impulsions naturelles de son élève.
Par la suite, il évitera le plus possible d’entrer en opposition avec
elles, tant que l’accroissement de la sensibilité du cheval à ses
indications ne lui assurera pas la supériorité sur les manifestations
naturelles instinctives de celui-ci.
C’est ainsi que les premiers changement de vitesse seront demandés sur le chemin du retour à l’écurie.
Les
allongements seront alors exécutés généreusement pour un minimum
d’action de jambes, et, dans les ralentissements, le cheval gardera
naturellement cette envie de reprendre la vitesse supérieure qui
constitue l’âme du travail académique, et la clef de son brillant. »
« Le
dresseur tiendra compte avec soin de l’influence douloureuse que les
chocs accusés de son assiette ne manqueraient pas d’avoir sur le dos du
cheval. A la montée, où les réactions des battues sont faibles, le
cavalier peut prendre franchement appui sur la selle, en s’asseyant le
plus près possible du garrot et en avançant franchement la tête et le
buste. Mais à la descente, où la violence des réactions provoque le
brusque retour en selle, le dresseur doit prendre le plus possible appui
sur les étriers, en allégeant son assiette, pour épargner le dos déjà
creusé, et particulièrement mal disposé en conséquence pour supporter
les chocs. »
« Le
cheval peut tourner quelle que soit l’orientation de son encolure. Plus
il tourne vite et court, plus son encolure tend à se plier du côté
opposé à celui du tournant. »
« De
la tête aux hanches, dit le général L’Hotte, le cheval oit être droit
quand il suit une ligne droite, et infléchi dans le cas où il suit une
ligne courbe.
Le
travail sur les courbes à pour but de satisfaire à ces exigences. Or,
tous les chevaux sont infléchis. L’axe de leur épine dorsale n’est pas
dans le plan vertical médian longitudinal de leur corps. Seule, une
partie de cet axe, vers le milieu de son étendue, se trouve à peu près
dans ce plan. Ses deux extrémités s’en écartent plus ou moins, et
toujours du même côté. »
« Pour « arrondir » son cheval, il y a théoriquement deux moyens :
-
Maintenir le milieu du cheval sur le cercle, et pousser tête et queue sur le cercle en dehors ou en dedans.
Dans
ce cas à main gauche : jambe gauche à la sangle qui s’oppose au
déplacement du milieu du cheval. La main ramène la tête sur le cercle en
les attirant à gauche. Jambe droite ramène l’arrière-main sur le cercle
en la poussant à gauche.
La jambe interne est passive et fait barrière. Main et jambe externes actives.
-
Maintenir tête et queue sur le cercle, et pousser le milieu en dedans ou en dehors.
Dans
ce cas à main gauche : Main et jambe externes maintiennent tête et
arrière-main sur le cercle et s’opposent à leur écartement. Jambe
interne pousse le cheval pour agrandir le cercle. »
« La
rêne intérieure devra le plus souvent agir par un léger écartement de
ce côté, la main plutôt basse, parce que l’encolure est d’autant plus
flexible latéralement qu’elle est plus basse. »
« Quand
le cheval restera bien ajusté pendant quelques tours sans résistances
sur le cercle de base, le dresseur l’engagera peu à peu à l’intérieur du
cercle sur une spirale, en augmentant insensiblement sa courbure à
mesure que la tête, l’encolure, les épaules et le reste du corps
entreront à leur tour sur le nouveau circuit.
Dès
que le cavalier, averti par son tact, sentira arriver la résistance, et
autant que possible avant qu’elle ne se soit produite, il rendra de
toutes ses aides en commençant par la rêne intérieure, qui, par le
contact de la bouche, lui donne les plus précieuses indications sur
l’état de souplesse générale de son élève, et laissera le cheval se
détendre librement sur le droit. »
« Le
cercle de base étant celui qui correspond à la courbure habituelle du
cheval, le dresseur l’en détachera peu à peu sur une spirale extérieure,
à mesure que l’ouverture de son infléchissement deviendra plus facile
sous l’influence des aides, et l’amènera progressivement jusqu’au
redressement complet sur une ligne droite, suivi de l’enroulement dans
l’autre sens. »
« La
marche de travers n’est pas naturelle pour le cheval. En liberté il ne
l’emploie qu’accidentellement, et par bonds, pour s’éloigner d’une cause
de frayeur subite. »
« Les
modifications qui en résultent dans le jeu de l’appareil locomoteur
sont très favorables au développement des allures dans le sens réclamé
par l’équitation académique, but du dressage dont il est ici question.
En
particulier, dans le croisement des membres, l’antérieur externe doit,
pls qu’il ne le fait dans la marche directe, et même dans la marche
circulaire, élever son épaule te son genou pour éviter de heurter
l’interne en passant devant lui, le postérieur externe doit de même
arrondir son geste et le prolonger en avant, pour le même motif. »
« C’est
pourquoi les pas de côté donnent souvent si peu de résultat pour
l’ensemble du dressage, et surtout au point de vue de la recherche du
rassembler, quand ils sont entrepris sans avoir été précédés du travail
sur le cercle, qui fournit précisément au cavalier le moyen de régler
les mouvements du postérieur interne, d’interdire sa dérobade latérale
et d’imposer son engagement sous le centre. »
« Ainsi balancé entre l’épaule et la hanche en dedans, par l’intermédiaire du cercle, le cheval acquiert peu à peu :
-
l’aptitude à ranger ses épaules par rapport à ses hanches, et réciproquement.
-
L’aptitude à déplacer
ses membres latéralement, en ramenant ses postérieurs à leur position
d’engagement, et ses antérieurs à leur position d’aplomb.
Emploi
des aides : dans ces deux mouvements, le rôle des aides est
sensiblement le même que dans l’infléchissement sur le cercle. Mais dans
l’épaule en dedans, le talon inférieur doit accentuer son action
d’arrière en avant, pour provoquer le déplacement de la masse dans la
direction de l’épaule externe et la rêne extérieure doit en outre
« conduire » l’avant-main sur la piste.
Dans
la hanche en dedans le talon extérieur transforme son rôle passif de
barrière du travail en cercle en rôle actif, pour ranger le postérieur
externe, et la rêne intérieure ajoute à son rôle d’infléchissement celui
de « conductrice » de l’avant-main sur la piste. »
« Ce
qu’il faut surtout, c’est que le cavalier sache régler l’action de la
rêne qui donne le pli de manière qu’elle produise bien l’effet qu’il en
attend, et non l’effet inverse. Dans le pli à droite, par exemple, si le
cavalier donne à la rêne droite la direction de la hanche gauche, en
l’appuyant plus ou moins sur l’encolure, il rejette le poids de cette
dernière sur l’épaule gauche, et gêne celle-ci au lieu de l’aider.
Il
faut donc que, dans la demande de pli, la main agisse à sa place
normale, ou à l’extérieur de celle-ci, mais jamais à l’intérieur – à
moins que le cavaler n’ait une raison quelconque de modérer le
déplacement à droite de l’épaule gauche – ce qui est bien rare. »
« Le
travail de l’appuyer doit être fréquemment entremêlé de reprises
d’épaules en dedans, qui n’est pas seulement un exercice préparatoire à
l’appuyer, mais procure aussi des moyens d’assouplissement et de
développement musculaire qui lui sont propres.
Pour
un égal degré d’obliquité dans les deux mouvements le jeu des membres
est très sensiblement différencié parce que l’inflexion du cheval
modifie la répartition de son poids, surcharge les membres du côté
concave, et décharge par conséquent les autres.
Si
le mouvement a lieu de gauche à droite, par exemple, le postérieur
gauche, dans les deux cas, détermine le sens de la marche par celui de
sa poussée, mais il est en surcharge dans l’épaule en dedans, et son
mouvement d’extension en avant et à droite est nécessairement influencé
différemment dans chacun de ces mouvements. »
« L’effort
de croisement des membres sur les pas de côté ne peut être entièrement
exploité qu’à l’allure du pas, parce que les temps de suspension du trot
permettent au cheval d’y échapper en partie.
Au
lieu de lever le membre qui devrait être croisé seulement quand celui
qui devrait le croiser se pose à terre, le cheval saute au trot d’un
pied sur l’autre, et évite ainsi plus ou moins le croisement complet, en
dégageant le membre croisé plus ou moins prématurément.
Dans
le pas, au contraire, le croisement est complet, et l’assouplissement
qui en résulte pour les muscles adducteurs et abducteurs des quatre
membres, ainsi (et surtout) que pour tous ceux de la région dorsale par
le croisement des postérieurs, est beaucoup plus étend et plus efficace
qu’au trot.
Il
est donc utile de reprendre et de parfaire au pas, où il demande plus
d’efforts, le travail de deux pistes commencé au trot, où il est
facilité au cheval par les temps de suspension. »
« Pirouettes :
Bien engagé dans l’épaule gauche en dedans sur un cercle à gauche, par
exemple, le cheval en sera détach peu à peu sur une spirale
rétrécissante, et rapproché peu à peu du centre. Le cercle des
antérieurs, de plus en plus rétréci, atteindra sa limite quand
l’antérieur gauche se déplacera de haut en bas et de bas en haut
seulement, pour retomber à chaque poser dans sa trace au centre du
cercle, tandis que les trois autres membres tourneront autour de lui. Le
cheval exécutera ainsi la pirouette renversée de gauche à droite, avec
placer intérieur. La même pirouette, avec placer extérieur, sera obtenue
en partant de la coupe en dedans sur le même cercle et par la même
spirale.
[…]
Avec ou sans inflexion, les pirouettes qui se font sur les épaules
allongent et étirent les muscles du rein, qu’elles tendent à affaisser, à
creuser. Celles qui se font sur les hanches raccourcissent, gonflent
les mêmes muscles, et tendent à hausser le rein, à le vousser.
On
voit quelles ressources offre au dresseur chacun de ces mouvements pour
façonner son élève. Leur enchaînement en offre davantage encore, en
permettant d’alterner le sens de l’assouplissement des muscles tantôt en
élongation, tantôt en raccourcissement.
Le
type de ces mouvements alternatifs est la valse, ou passage successif et
plus ou moins rapproché de la demi-pirouette sur les hanches à la
demi-pirouette sur les épaules, et réciproquement. […]
Enfin,
c’est pendant les pirouettes renversées que la bouche du cheval a le
plus de tendances à se mobiliser naturellement et que celui-ci tombe le
plus facilement dans la mise en main. »
« Dans
la première manière de Baucher, les assouplissements directs de la
mâchoire consistent principalement en actions exercées simultanément sur
les deux mâchoires, et en sens inverse, pour provoquer leur ouverture ;
La
flexion type est celle qui consiste à contourner le mors de bride dans
la bouche, en tirant une des rênes de ce mors en avant, et l’autre en
arrière, de telle façon que l’une des extrémités du canon pousse la
mâchoire supérieure en avant, tandis que l’autre tire la mâchoire
inférieure en arrière. »
« Dans
la seconde manière de Baucher, c’est la mobilisation de la langue, dans
l’immobilité de la têt et de l’encolure, qui devient le but principal
de la flexion de mâchoire. Les flexions d’encolure sont extrêmement
réduites, et celles qui ont pour but de rapprocher le menton du poitrail
sont supprimées. »
« Dans
la seconde comme dans la première manière, les flexions de Baucher sont
exécutées en place, le cheval immobile. Or, en station, quand les
postérieurs ne sont pas placés très exactement à leur aplomb, le cheval
peut appuyer ses résistances à la main sur l’un ou l’autre, ou sur tous
les deux, et il ne manque jamais de le faire. Même quand la station est
régulière, l’immobilité des postérieurs n’est pas favorable à
l’obtention de la légèreté. Elle entraîne une certaine atonie des
muscles du dessus qui atteint généralement ceux de la mâchoire,
intimement reliés aux premiers. »
« La
marche d’une seule piste en ligne droite est déjà moins défavorable que
la station à la mobilité de la mâchoire, pourvu que l’allure employée,
pas ou petit trot, par exemple, ne réclame pas d’efforts musculaires
trop accentués.
Les
trajets courbes d’une seule piste, à petit rayon, augmentent l’aptitude
de la mâchoire à se mobiliser, et cette aptitude devient une tendance
dès que le cheval se déplace latéralement, dans la marche de deux
pistes. Quand les postérieurs se croisent franchement, le jeu des
muscles du rein est considérablement développé, et leur réaction sur
ceux de la mâchoire, analogue à celle des effets de la cravache
appliquée dans la même région du rein, tend à mobiliser la bouche. Cette
tendance se développe au fur et à mesure que la mobilité des hanches
s’accroît par rapport à celle des épaules, et elle atteint son maximum
dans la pirouette renversée, dont l’exécution suffisamment prolongée
provoque presque immanquablement la mise en main « naturelle », si l’on
peut dire. »
« Ainsi,
au cours du dressage, l’appui du cheval sur la main s’est d’abord fixé,
puis régularisé, et progressivement allégé à mesure que le cheval a
pris du maintien , qu’il s’est composé sous le cavalier.
De
temps à autre, pendant l’exécution d’un mouvement particulièrement
réussi par la mise en action des seuls forces utiles et la parfaite
adaptation de l’équilibre à ce mouvement, le cheval a encore amenuisé
son appui. Sa langue, à peine effleurée par l’embouchure, a esquissé
sous le frôlement du mors, la tentative de soulèvement qui constitue le
début de la décontraction, et le cavalier n’a pas manqué de récompenser
son élève dès qu’elle s’est produite.
Mais
la fréquence de ces tentatives, et leur ampleur, varie beaucoup avec la
nature du mouvement exécuté. La rotation des hanches autour des épaules
qu’il faut bien se garder de fixer en place, mais au contraire
maintenir en mouvement sur un petit cercle, fournit un moyen presque
infaillible de provoquer l’esquisse de mobilisation de la bouche qui,
encouragée et régularisée, deviendra bientôt la mise en main complète. »
« Le
mors de bride, par la nature des effets dus à son agencement, favorise
la communication à la nuque de la souplesse de la bouche. C’est donc lui
qui devra être employé principalement en vue du ramener, et c’est la
combinaison indiquée plus haut d’une rêne de bride et de la rêne de
filet opposée qui prépare et assure le mieux cette propagation à la
nuque de la souplesse de la mâchoire. »
« Fréquemment,
le cavalier portera son cheval énergiquement en avant, sans aucune
opposition des doigts, et vérifiera la permanence de l’impulsion ; il
rétablira celle-ci par une action vigoureuse des jambes dans le cas où
elle laisserait à désirer. »
« Dans
la pratique des flexions, il est absolument indispensable pour obtenir
la décontraction du cheval que le cavalier soit lui-même complètement
décontracté dans toutes les parties de son corps. La moindre crispation
des doigts se transmet à la bouche par la rêne comme l’électricité par
son fil, et retarde ou empêche la décontraction.
Bien
entendu, dans aucun cas, aucune traction, aussi légère qu’elle soit, ne
doit être employée. La rêne qui sollicite doit être tendue juste assez
pour que son contact soit nettement perceptible au cheval. Elle se fixe
dans cette position, demande poliment, et doit savoir attendre avec
patience. L’autre rêne, qui sert à exécuter les demi-arrets, ou les
vibrations, doit être maniée avec une délicatesse attentive parce que
l’intensité de ses actions ne doit jamais dépasser celle des résistances
du cheval. »
« Le
reculer régulier et correct constitue un des moyens les plus efficaces
pour le développement de la flexibilité du rein et de l’arrière-main,
tandis que son emploi, quand il est pratiqué dans de mauvaises
conditions d’exécution, est au contraire pernicieux pour ce
développement. »
« Il
recule par foulées amples, et nettement diagonalisées. Ses pieds
s’élèvent au-dessus du sol autant que dans le mouvement en avant. Il est
en mesure à chaque instant de cesser de reculer, et de repartir en
avant sans difficulté. »
« Au
lieu de demander le ralentissement par une action continue de la main,
le dresseur s’efforcera de réduire successivement l’étendue de chacun
des enjambées du cheval, par des actions intermittentes, réglées sur la
marche des antérieurs.
Quand
l’antérieur droit s’élève, le cavalier porte le poids de l’avant-main
sur l’épaule droite de manière à hâter l’atterrissage de ce membre, en
limitant l’étendue de sa progression. Il procède ainsi alternativement
de chaque côté, et exerce le cheval à ce raccourcissement des enjambées
poursuivi jusqu’au moment où la progression est réduite à quelques
centimètres, le cheval continuant à faire mouvoir ses membres mais
n’avançant plus qu’insensiblement. »
« L’alternance
du mouvement en avant et en arrière est encore plus utile que le
reculer lui-même comme procédé gymnastique. C’est surtout la souplesse
du rein qu’elle développe, et son influence s’exerce immédiatement sur
le fonctionnement de l’appareil locomoteur tout entier. Dans son emploi,
c’est la fréquence des alternances qui importe, et la longueur des
trajets, en avant comme en arrière, doit être réduite en conséquence. »
« Le
passage est caractérisé par la surélévation et la prolongation de la
suspension de la masse, quelle que soit l’étendue des foulées du cheval.
La forme du passage peut donc être infiniment variée, comme la proportion de la hauteur des battues à leur étendue. […]
Dans
ce que les anciens appelaient le « doux passage », la suspension augmente
au détriment de l’étendue des foulées. L’allure se raccourcit en se
cadençant.
Dans
le trot passagé, un surcroît d’énergie des postérieurs permet au cheval
d’élever ses battues sans les raccourcir (et même en les allongeant). »
« Le
premier but à poursuivre dans la gymnastique du galop est son
affermissement sur chacun des deux pieds, c’est-à-dire le maintien de
l’ordre et du rythme des posers des membres, quelles que soient les
sinuosités du parcours effectué. »
« Il
faut éviter avec le plus grand soin de punir – ou même de gronder – le
cheval quand il change de pied et se désunit, et, avec une inlassable
ténacité, le ramener sans brusquerie sur le pied primitif.
Le
procédé le plus commode pour y réussir consiste, le cheval étant en
ligne droite sur le pied droit, par exemple, à l’acheminer peu à peu sur
un très large cercle à gauche, de rayon assez grand pour que l’allure
n’en soit pas troublée immédiatement. Dès que le galop s’altère, le
cavalier détourne aussitôt le cheval sur une large volte à droite, en
dehors du cercle, et le maintient sur cette volte jusqu’à ce que le
galop à droite soit rétabli, et qu’il ait repris toute sa régularité. »
« Tout
mouvement, tout geste, toute modification dans la répartition de son
poids doivent être évités. C’est une souple passivité, avec un minimum
d’intervention qui doivent être réalisés. »
« Les
rênes doivent fournir au cheval un encadrement fixe et léger. Le
tourner juste sera toujours demandé par la rêne d’appui du côté opposé,
qui pousse les épaules devant les hanches, et le tourner faux par la
rêne directe, écartée le moins possible pour éviter de chasser les
hanches en dehors par réaction. »
« La
rectitude absolue dans la longueur n’est naturelle au cheval à aucune
allure, à cause de ses asymétries congénitales, mais c’est au galop que
le cheval en est toujours le plus éloigné, et son redressement rigoureux
à cette allure est particulièrement difficile. »
« Concurremment avec ce travail de redressement, le cavalier doit entreprendre le ralentissement du galop.
Il
pousse d’abord le cheval à une vitesse nettement supérieure à celle de
son galop moyen à l’extérieur, et quand la régularité, l’équilibre et le
calme sont bien établis à cette allure allongée, il s’efforce de
ramener le cheval insensiblement à sa vitesse moyenne habituelle.
L’influence
d’une pente légèrement descendante est très favorable à ce
ralentissement. Le cheval s’y place instinctivement dans l’attitude qui
allège son avant-main, et la disposition du terrain s’oppose au
raccourcissement des enjambées de l’arrière-main.
Les
actions de la main doivent être successives, et non continues, et
s’exercer de bas en haut, à chaque battue. Le cavalier doit s’efforcer
de réduire l’étendue des foulées des antérieurs, en évitant le plus
possible de précipiter celles des postérieurs. En même temps, ses effets
doivent être dirigés de manière à replacer systématiquement les épaules
devant les hanches, car la demande de ralentissement provoque toujours
une augmentation marquée de la tendance du cheval à se traverser et à
s’infléchir. »
« Le
problème des départs au galop a reçu, depuis Xénophon, les solutions
les plus variées – ce qui conduit à penser qu’il n’est pas simple. Il
semble bien en effet ue le fameux principe ‘de position et d’action’ s’y
révèle insuffisant, sans doute parce qu’il n’y a pas de ‘position’ qui
impose le galop au cheval ; il y en a seulement qui le favorisent, il
n’y en a pas qui l’exigent. »
« Jusqu’à
l’invention du cinématographe, l’imperfection de l’œil et de l’oreille
humaine a conduit les observateurs les plus attentifs et les plus
sagaces à des erreurs sur la locomotion du galop, qui n’ont été révélées
que par la caméra. Il n’est sans doute pas inutile d’en relever
quelques-unes.
-
Le galop à trois temps,
considéré cependant comme le galop type, dans lequel les deux membres du
diagonal central se poseraient et se lèveraient simultanément, est
tellement rare qu’on pourrait presque dire qu’il ‘existe pas. En
réalité, […] ils se posent et se lèvent à un intervalle de temps trop
court pour que nous puissions toujours le percevoir, mais la
simultanéité absolue de leurs posers ou de leurs levers ne se produit
quasi jamais. Le cheval galope donc presque toujours en quatre temps. »
« Il
ne faut pas chercher à déclencher le mécanisme par des moyens
infaillibles, mais à se faire comprendre, et laisser faire, tout en
utilisant le moins mal possible ce qui paraît certain dans la locomotion
du galop révélée par le cinéma. »
« Avec
un cheval dont le dressage est réduit à l’indispensable, la poussée de
la croupe à droite qui résulte d’une action du talon gauche en arrière
peut provoquer le lever du postérieur droit, déplacé rapidement par le
cheval pour venir étayer de ce côté l’arrière-main qui perd l’équilibre à
droite. L’évolution qui conduit au galop est donc commencée, mais le
cheval pose alors son postérieur droit franchement à droite, plutôt
qu’en avant : il se traverse.
Avec
un cheval dressé à l’effet du talon droit à sa place normale, près de
la sangle, qui attire le postérieur en avant, la précipitation du lever
du postérieur droit sera également obtenue, et avec un déplacement
latéral beaucoup plus réduit, sinon nul. Le cheval se traversa peu, ou
pas. »
« C’est
donc le départ par « jambe et rêne directe » comme le prescrit Baucher
dans sa dernière manière, qui convient le mieux aux exigences de
l’équitation académique.
Toutefois,
leur emploi, quoique très rapproché dans le temps, ne doit pas être
absolument simultané. Pour passer du pas au galop, en dehors de la
nécessité éventuelle d’augmenter l’impulsion, c’est la jambe qui doit
précéder la main, puisque le cheval commence son évolution par
l’arrière-main. La main droite ne doit agir qu’immédiatement ensuite,
pour alléger l’antérieur droit par un soupçon de placer de ce côté, ou,
s’il en est besoin, pour s’opposer au traversement de gauche à droite
qui pourrait se produire, et attirer les épaules devant les hanches.
Au
trot, ou l’évolution commence par l’avant-main, c’est la rêne qui doit
précéder la jambe, et son action, qui est la plus marquée, pourra aller
jusqu’au demi-arrêt, s’il est nécessaire, pour précipiter le poser de
l’antérieur droit. La jambe n’interviendra qu’ensuite, mais
immédiatement, et seulement dans la mesure nécessaire pour activer le
postérieur droit et rétablir au besoin l’impulsion. »
« Pour
que le cheval puisse aisément inverser ses postérieurs, qui doivent
toujours changer les premiers, il est nécessaire que son arrière-main
soit très libre, et donc sensiblement allégée. Dans les premières
demandes de changement de pied, le cheval devra donc en conséquence être
abaissé du devant, l’encolure peu raccourcie, et l’angle à la nuque
plutôt un peu ouvert que trop fermé. Le cavalier doit éviter de peser
lourdement sur le rein en portant ses épaules en arrière.
Le
galop ne doit être ni trop lent, ni trop rassemblé. La durée et
l’étendue de la projection augmentent beaucoup la facilité d’inversion
des membres. Il s’ensuit qu’une allure un peu étendue et bien
horizontale est tout particulièrement favorable à la production des
premiers changements de pied. »
« Toute
flexion dans laquelle les rênes agissent par traction d’avant en
arrière, aussi légèrement que ce soit, est un exercice de mise derrière
la main. »
« Dans
le travail de longues rênes, surtout en ligne droite, la présence de la
chambrière derrière lui engage puissamment le cheval sur la main, et le
fait entrer dans ses rênes plus facilement que tout autre procédé.
C’est donc un acheminement commode vers le rassembler. »
« Plus un procédé est puissant, plus les dangers de son application sont grands. »
Général Decarpentry (Equitation Académique)
« les
jeunes chevaux, et peut-être particulièrement les jeunes étalons –
quand on ne les en a pas encore découragés – ont en général envie
d’entrer en communication avec nous. Il est triste de constater que, par
la suite, la plupart renoncent à « parler » aux gens quand ils découvrent
qu’ils ne sont pas compris. Nous, nous les y encourageons, et pour la
plupart, ils deviennent très communicatifs. »
« Une
indication, même techniquement impeccable, ne suffit pas si elle n’est
pas accompagnée d’une intention tout à fait claire pour le cheval. »
Magali Delgado (Au galop vers la liberté)
« Les
accidents modifient le schéma corporel : le membre douloureux inquiète
et perturbe, entraîne un geste gauche qui se rééduquera lentement par la
reprise du mouvement sain et indolore. Ainsi la réadaptation du cheval
accidenté en milieu sportif doit se faire très progressivement.
Souvent
les cavaliers n’excusent pas leur cheval dans ses maladresses de
convalescence, deviennent exigeants, créant par ce fait des
perturbations parfois indélébiles telles que :
-
perte des coordinations
-
anxiété du cheval, hyper-excitabilité, disparition de la générosité. »
« Lors
d’un accident, le schéma corporel est modifié ; la douleur et
l’impotence (boiterie) amènent des images nouvelles. Progressivement le
corps s’organise autour de ces nouvelles sensations bio-dynamiques et
modifie son comportement, soit par épargne devant la douleur, soit par
le jeu des compensations musculaires, parfois par l’association des
deux.
La
thérapeutique doit tenir compte de ces données, il faut aller au-delà
du traitement ponctuel d’une lésion pour envisager de soulager des
muscles à distance qui ont haubané un squelette fuyant la douleur
(contracture réflexe para-vertébrale pour une lésion d’un membre).
Par
ailleurs, le cheval recouvrant un geste sain, gardera plusieurs
semaines encore l’image de ces troubles, cherchant encore la douleur,
limitent les déplacements par l’appréhension de retrouver les gestes
douloureux. Il faut retenir ce fait, qui excuse le convalescent et
demande une remise en confiance par des exercices très dosés où ce corps
momentanément agressé doit se retrouver. »
« Lorsqu’ils
sont maîtrisés et programmés, les étirements éveillent les
neuro-récepteurs. Ils sont donc conseillés, voire thérapeutiques et à
coup sûr préparent à l’effort. Ils peuvent être passifs (pratiqués au
box) ou bien actifs (allongements, grandissements). Ils sont
fondamentaux car ils possèdent un rôle d’alarme des propriocepteurs
ligamentaires et tendineux. Ils favorisent l’équilibration et le geste
ample, sans risquer un effort précoce sur des muscles au tonus inadapté.
Dans
le cas contraire, en l’absence de ces étirements préalables, une mise
au travail brutale peut entraîner : Des contractures dorso-lombaires ;
des réflexes de défense liés à un dos froid, qui au lieu de dégager le
segment vertébral pour permettre l’engagement des postérieurs,
déclenchent la contracture des muscles extenseurs.
Le verrouillage de ces derniers limite la flexion du dos dont dépend l’engagement. »
« L’alphabet
du cheval sera d’abord celui des grosses lettres et l’enseignement
portera sur des relations essentiellement musculaires. Mais dès les
premiers acquis de rectitude et d’impulsion, il faudra en fin de séance
faire ressentir au cheval l’écoute des gestes mesurés. […]
Au
fur et à mesure de l’apprentissage du geste, le dresseur associe les
sollicitations franches et dynamiques dont le jeune cheval a besoin, au
message plus limité musculairement, caractérisé par moins d’aides et
plus de sensitif. L’alphabet devient progressivement celui des lettres
fines. L’économie des facteurs articulaires, musculaires et moraux est
permanente car le rapport de force est remplacé par la communication,
l’écoute du geste sobre, sain et indolore, qui assure la conservation du
corps et de l’esprit et la présentation de l’avenir. »
« En
équitation sportive ou académique, la légèreté de l’avant-main doit
procéder de l’abaissement des hanches déterminé par la mise sous tension
de la chaîne musculaire du dessous.
Elle
ne doit pas résulter du seul relèvement de l’encolure dû à une
accentuation de la courbure cervico-thoracique qui entraînerait
l’opposition entre 2 groupes musculaires antagoniste mais
complémentaires (chaîne cervicale ventrale – chaîne abdominale) et
l’obtention d’allures artificielles, voire de troubles locomoteurs. »
« Il existe un point d’équilibre entre ces couples antagonistes dessus-dessous qui doit être recherché dans toute équitation.
Ce
point d’équilibre ne peut être atteint que lorsque la musculature
abdominale est suffisamment tonique et raccourcie. Cette réussite dans
le travail de la musculation du cheval ne peut être obtenue sans la
confiance et la décontraction sans lesquelles la chaîne dorsale restant
prédominante interdit l’amplitude des gestes par le verrouillage de la
ligne du dessus. »
« Un
autre aspect exposant de nombreux risques biomécaniques est la
spécialisation dans une discipline donnée. La spécialisation induit
toujours les mêmes sollicitations musculo-articulaires, et comme en
médecine sportive humaine, des pathologies spécifiques peuvent
apparaître. Les athlètes humains, meilleurs comptables de leur santé,
compensent et préviennent par des préparations réfléchies et des
traitements précoces. »
« Pour
le jeune athlète cheval, la compétition est traumatisante et parfois
anti-physiologique ; en CSO, elle génère des micro-traumatismes répétés
lors des réceptions, se allures forcées sur des cartilages épiphysaires
(de croissance) et des chocs des processus épineux à la réception ; en
dressage, elle favorise des conflits d’engagement et de rassembler.
Ces
micro-traumatismes s’additionnent et font des lendemains douloureux,
ils passent souvent inaperçus et ne suscitent que peu d’intérêt car le
commerce du jeune cheval est quelques fois basé sur le court terme.
La
croissance osseuse n’est que rarement considérée. Le surdosage sportif
du poulain entraîne une pathologie qui se retrouvera à l’âge adulte. »
« Pour
le jeune cheval, il ne doit pas y avoir de séances de saut, mais des
séances de dressage au cours desquelles, et seulement lorsqu’il est
prêt, on se trouve devant un obstacle. »
« L’équitation
académique : Ici encore, trop souvent pour le jeune cheval, on attend
des attitudes ou des prouesses physiques qu’à l’échelle humaine on ne
concevrait pas, tant elles s’écartent du respect de l’âge biomécanique
(exigence d’un placer trop élevé, travail sur 2 pistes sans l’acquis de
la flexibilité latérale et antéro-postérieure, oubli de la cadence pour
s’échapper dans d’interminables diagonales au trot).
Le
dos lâche ou plutôt ne viendra jamais, les jarrets commencent à accuser
le travail loin derrière. Par ailleurs, à plus haut niveau, le risque
sera l’absence de diversification et de gymnastique d’étirement pour
compenser les excès du travail rassembler.
Il
ne résultera des dos hypertoniques, spasmés et souvent en rébellion
avec lombalgies chroniques, ainsi que des jarrets fatigués. »
« Pas
d’abdominaux, pas de dos ! Dans le sens où le bon mouvement procède du
bon dos, et le bon dos des bons abdominaux. L’engagement est
l’indispensable moyen de disposer de son cheval sans le faire souffrir. »
« Chez
l’homme et le cheval, les glandes sudoripares sont plus élevées en
nombre que chez les autres mammifères. Chez le cheval, la sueur est
acide. »
« La
peau est richement innervée, c’est un immense récepteur nerveux étalé
dont les ultimes terminaisons dermiques et hypodermiques sont en
arborisations libres. Il existe des connections synaptiques entre les
récepteurs sensoriels cutanés et les organes profonds, ce qui a permis
d’établir des investigations thérapeutiques : cutanéo-musculo-organiques
(massage réflexe sur un organe par stimulation cutanée). »
« Pour
être Vécu, le massage doit être la perception à travers la pulpe des
doigts, des tensions et des relâchements du muscle malade.
Le
massage n’est pas seulement un geste, c’est une relation thérapeutique,
où l’intelligence d’écoute sensitive assure des échanges, un dialogue
entre l’organe qui souffre et la main qui ressent et résout.
Il
est impossible de soigner avec ses mains si le désir de soulager
n’existe pas. Il faut conserver toute son attention, s’isoler avec le
cheval, de préférence dans un box, ou bien dans un lieu calme, ne pas
l’oublier pendant la détection des points sensibles, car ses nombreux
comportements provoqués par vos contacts (regard du cheval vers
l’opérateur, tension, décontraction) constituent le langage de la
méthode. »
J.M. Denoix (Approche de la kinésithérapie du cheval)
« Si
vous l’avez c’est pour la vie, c’est une maladie incurable. Vous
continuerez à monter même s’il faut vous hisser sur un vieil hongre bien
inconfortable avec des sabots tout élargis et un dos comme un bon vieux
fauteuil à bascule. »
Monica Dickens
« Les
chevaux et leur calme message, plein de confiance, touche une nostalgie
ancestrale et réveille un rêve que nous ne pouvons oublier. »
« L’idée
fondamentale de ce travail repose sur le fait que ce n’est pas le
cheval qui doit s’adapter, mais l’être humain. Qu’une vraie
communication avec le cheval est possible uniquement quand l’être humain
redevient ce qu’il est profondément : un être de la Nature, une
créature qui recherche l’amour, la connexion et l’épanouissement, comme
tout être vivant. Les chevaux nous mènent sur ce chemin. »
« Notre
tradition culturelle a rompu le lien profond qui nous attache à la
Nature. Les animaux sont assujettis à l’homme. Les capacités des animaux
à être des compagnons et des maîtres ne sont plus perçues. »
« La
faiblesse et la vulnérabilité sont des sujets impopulaires dans cette
société où nous travaillons sans cesse à être forts et sans faille.
Pourtant
les chevaux rient de nous lorsque nous arrivons au trot devant eux,
avec cette manière de faire la démonstration de notre force, telle que
l’on nous l’a inculquée. Ce n’est pas la force telle qu’ils la
connaissent. Ce n’est pas une force véritable, mais une force inoculée.
Devant les chevaux, elle part en fumée comme un pétard du Nouvel An.
Alors je préfère une faiblesse véritable.
Une
faiblesse véritable est un bon point de départ. Grâce à elle, les
chevaux peuvent vraiment nous voir. Face à une faiblesse authentique,
ils baissent la tête et disent : Ah, te voilà ! Nous sommes amis. C’est
là tout le secret de la communication avec les chevaux. »
« Les
animaux reflètent nos états intérieurs. Leurs comportements suivent des
énergies invisibles. C’est un fait qui m’émerveille toujours autant à
chaque fois. Ils rendent l’invisible visible. »
« Peut-être
ai-je mérité d’être traitée avec sensibilité, empathie et
compréhension, non seulement par les autres, mais aussi par moi-même ?
Peut-être ai-je mérité de bouger sans crainte, d’avoir confiance, de
suivre mon instinct, mes sentiments et de me sentir bien partout ?
D’être créative, de coopérer, de danser, heureuse et contente en
sécurité et d’être gardée ? D’être traitée non pas comme un monstre de
la civilisation mais comme une créature innocente. »La plupart des gens
ne se rendent pas compte, dit Ted Andrews, praticien de communication
intuitive, qu’ils traitent les animaux comme ils se traitent eux-même. » »
« J’étais
assise au milieu de la prairie, sous un peuplier, complètement
silencieuse et repliée sur moi-même. Tout à coup quelque chose m’incita à
me retourner. Derrière moi, un cheval me regardait. Personne ne m’avait
jamais regardée ainsi, comme s’il pouvait lire dans les plus profonds
recoins de mon âme. Il me comprenait totalement. »
« Les
chevaux nous parlent tout bas et pour les comprendre nous devons
écouter avec les oreilles grandes ouvertes, regarder avec les yeux
grands ouverts et ressentir avec toute notre énergie. Dès lors que nous
avons appris ce langage, nous les comprenons facilement et nous sommes
étonnés d’avoir manqué l’évidence. »
« Les
chevaux ressentent notre peur. Il n’y a pas un seul endroit dans notre
corps, nos émotions, nos pensées, notre conscience où nous pouvons la
leur dissimuler. La perception des chevaux est beaucoup plus sensible
que ce que la plupart des gens s’imaginent. […]
Les
chevaux ont besoin d’un guide en accord avec lui-même, dont le corps
n’est pas séparé de la tête. Une « rupture » pourtant fort répandue dans
notre civilisation. Nous n’avons pas appris à être en harmonie avec
notre corps et nos sentiments. Nous vivons principalement dans notre
tête.
Nos
pensées vont de-ci de-là, nous effleurons à peine le moment présent,
alors que les chevaux y résident à chaque instant. Eux, au contraire,
vivent dans la présence pure et une tête sans corps est, à leurs yeux,
une apparition effrayante. »
« Votre
vision a beau être aussi claire que possible, il arrive toujours un
moment où les premières fissures apparaissent. Des fissures par
lesquelles l’obscurité, le danger et la blessure s’infiltrent. Le voyage
du héros est une descente dans le monde des ombres, dans le royaume des
sentiments refoulés. Plus vite tu reconnaîtras l’obscurité, mieux tu
seras armée. »
« Les
chevaux nous enseignent que l’obscur est clair et que le clair est
obscur. Ils ne jugent pas, ils dansent. La danse de l’ombre qui se
transforme en lumière. »
« Dans
l’esprit de notre culture, une défaite représente un point final, une
infamie, une honte. Nous sommes à nu, notre masque s’est envolé. […] Là
où nous baissons les bras, où nous avons l’impression d’être des ratés,
c’est là que tout commence pour les chevaux. Enfin nous sommes normaux.
Enfin nous sommes réveillés de nos rêves. »
« Le
message derrière la vulnérabilité est que nous sommes timides comme les
chevaux. Comme eux, nous aspirons à la rencontre authentique. Je me
souviens que, déjà dans mon enfance, je cherchais l’Être derrière les
apparences trompeuses, cet état qui ressemble au soleil couchant après
une chaude journée d’été. C’est pour cela que je recherche la présence
des chevaux : parce que je le retrouve auprès d’eux.
Ce
sont les chevaux qui m’ont permis, très tôt, d’accéder ce royaume, qui
m’ont sauvée de cet état de glaciation intérieure, du pourrissement,
alors que j’étais bien vivante. »
« Lorsque
j’ai fait entrer ma jument dans ma vie, j’avais comme but de trouver
quelques moments de détente par des promenades à cheval et de l’utiliser
comme objet de recherche pour mes romans sur les chevaux. Aujourd’hui,
je suis devenue l’objet de recherche de mon cheval. Il essaye de
découvrir avec quel genre d’aventures il peut encore m’émouvoir. Je suis
ses propositions. Ma vie a beaucoup gagné en dynamisme. »
« Est-ce
pour cette raison que nous évoluons parmi les chevaux ? Leur soumission
est-elle notre but, lorsque nous les voyons galoper à travers nos
rêves, crinières au vent ? »
« La
peur, le désespoir, la désespérance n’étaient que les portes d’entrée.
Ils sont la tempête qui t’arrache de ton ancrage et te mène à la
lumière, si tu arrives à la surmonter.
La
voie vers la lumière n’est pas un lever de soleil un matin de bon
printemps, mais le fait de rester présent et de regarder l’obscurité en
face.
Les
chevaux nous astreignent à rester présents. Ils se cabrent et font des
ruades, ils prennent le mors aux dents pour nous rappeler que tout se
passe ici et maintenant. C’est une erreur de croire que nous devons
corriger les chevaux. Ils nous corrigent. »
« Des
parties entières de nous-mêmes restent inaccessibles. Nos émotions sont
sans saveurs, la sensation de notre corps reste périphérique, notre
spiritualité dort du sommeil de la Belle au Bois Dormant, entourée de
buissons épineux. »
« Être
délibérément calme est exactement le contraire d’être véritablement
calme. Dans le premier cas, nous sommes guidés par notre volonté, dans
l’autre, tout notre être respire le calme. […] Être délibérément calme
signifie que nous réprimons la peur, et c’est exactement ce qui inquiète
le cheval. Il ne peut pas faire confiance à un guide qui n’est pas
conscient de son chaos intérieur. Que fera ce paquet de chaos quand
quelque chose d’important arrivera ? Certainement rien de bon. »
« Nous
avons le droit d’échouer et de nous tromper, de respirer un bon coup et
de continuer. Le véritable échec ne prend pas de temps. Ce qui prend du
temps, c’est de tenter de le refouler. »
« Les
chevaux sont doux et nous aussi. Mais il y a un cocon autour de nous,
si impénétrable que nous ne percevons plus notre douceur. Nous nous
réfugions auprès des chevaux pour nous le rappeler. Je veux être aussi
douce que les chevaux, libérée des désirs qui me rapetissent, libérée de
l’ambition, du besoin de me mettre en valeur. »
« Traverse
ta vie. Trouve tout ce qui est desséché et facilement combustible.
Trouve toutes les confusions, tout ce qui est vague et banal, tout ce
qui est en train de flétrir depuis longtemps. Brûle-le ! Attise le grand
feu. Lances-y tes offrandes pour la déesse.
Lorsque
tu as terminé, rends-toi à l’écurie et fais quelque chose de simple
avec ton cheval. Quelque chose de TRES simple. Sans ambition, sans
loucher sur un but. Respire avec ton cheval. N’oublie jamais cet
instant. »
« La
difficulté dans le maniement des chevaux réside dans leur perception
trop fine pour nos sens devenus insensibles. Nous n’entendons par le
message de la Nature, car il se trouve à la limite de notre
perceptibilité. Lorsque nous affinons notre perceptibilité, un nouveau
monde s’ouvre à nous.
Toute personne qui le vit en reste sans voix. »
« Nous
n’avons pas besoin d’apprendre la communication intuitive avec les
animaux. Nous devons seulement détruire les blocages qui nous empêchent
d’écouter, de voir et de ressentir, ce que de toute façon nous
percevons. Les animaux nous parlent à travers des voies intuitives,
chacun à sa manière. »
Ulrike Dietmann (Le cheval guérisseur de l’homme)
« Une
fois en selle, les cavalières réussissent souvent là où les cavaliers
échouent, car elles sont moins tentées qu’eux d’entrer dans une lutte
perdue d’avance avec leur monture : contrairement à beaucoup d’hommes,
elles n’ont pas l’illusion de pouvoir vaincre par la force d’éventuelles
résistances du cheval ; spontanément, elles préfèrent, avec raison, la
douceur et la persuasion. »
« Enfin
les femmes font preuve à cheval d’une persévérance qui manque souvent
aux hommes : « Les hommes tombent, ne pleurent pas mais ne reviennent
pas ; les femmes tombent, pleurent mais reviennent » ; avec cette
contrepartie : « Les femmes persistent, même quand elles sont médiocres,
alors que seuls les hommes doués restent. »
Jean-Pierre Digard (Les français et leurs animaux)
« Non, j’viendrai pas sur un cheval t’amener sous des cascades
J’suis blessé à l’intérieur, le cœur pas stable. »
Don Choa (Jardin secret)
« Si
sa glaise est trop dure, un sculpteur ne peut la modeler. Que d’abord
et tout le temps, le cheval soit décontracté, souple, alors, mais alors
seulement le cavalier peut travailler sa masse. »
« Un
cheval réagit en fonction de lois mécaniques et psychiques. Elles
peuvent s’apprendre. Mais comment se servir à bon escient de cette
connaissance si le cavalier ne « sent » pas à chaque instant les
conditions mécaniques et psychiques dans lesquelles se trouve son cheval
? Et les actions du cavalier, même justes dans l’esprit, perdent toute
valeur si l’expression manque de « tact », c’est-à-dire n’a pas la douceur
ou la fermeté, le moelleux ou la vigueur correspondant à l’effet
cherché ; ou encore, si l’action n’est pas effectuée au moment même,
souvent fugitif, où elle doit être accomplie. »
« En
aucun cas l’armée, en tant que corps constitué, ne pouvait prétendre à
des connaissances spéciales concernant l’instruction équestre civile.
Pourtant en France elle y définit un véritable monopole de sa part en ce
domaine.
Plus
grave ! Le Cadre noir, donc l’armée, fut chargé de l’instruction, mais
aussi de l’organisation des examens équestres. Tout naturellement il
appliqua le principe militaire : imposer aux cavaliers une totale
uniformité. Les examens furent et sont encore le moyen dictatorial de
cette volonté.
Les
examinateurs jugent la forme, l’obéissance à l’instruction officielle,
et non le fond, c’est-à-dire la seule qualité de la monte. »
« Réalise-t-on
la colossale faute pédagogique, le non-sens psychologique qu’il y a à
mettre un débutant sur un cheval et à lui faire « ajuster » ses rênes… Et
sur une main bien fermée par surcroît !
Voilà
un être qui est tout naturellement inquiet de se trouver perché sur un
animal qu’il ne peut encore contrôler ; la crainte de base est
évidemment celle de tomber. […] Ainsi pour la mise en selle des
débutants il est mis à leur disposition comme moyen de raccrochage : la
bouche du cheval ! […]
L’élève
prend ainsi l’habitude de tirailler sur la bouche de son cheval puisque
instinctivement il se sert comme moyen de tenue de ses étriers et… de
ses rênes. Les rênes seules même, quand il lui est demandé du trot sans
étriers. Bien entendu au fur et à mesure de ses progrès il se
raccrochera de moins en moins à ses rênes mais de ses débuts il aura
acquis un non-respect de la bouche du cheval. Tirer dessus lui semble
normal et appartenant aux lois régissant la pratique équestre. La chose
est très grave car il lui sera beaucoup plus difficile par la suite
d’acquérir une « bonne main ».
Au
contraire, dès le début de l’instruction il faut expliquer, répéter à
l’élève, que la bouche du cheval est chose éminemment fragile, qu’il
faut agir sur elle avec extrême douceur. Mais bien entendu faudra-t-il
d’abord que ce jeune cavalier commence à avoir la fixité des mains. Et
la chose ne pourra se réaliser que lorsqu’il aura acquis la solidité à
cheval et même une certaine aisance.
Alors,
mais alors seulement, il sera possible de lui parler de l’action des
aides supérieures, de la façon de tenir ses rênes, de la manière de
travailler la bouche d’un cheval… c’est-à-dire lui ouvrir la porte d’une
équitation de rassembler.
Mais
impérativement, la mise en selle ayant pour objectif de donner solidité
et aisance doit s’effectuer rênes flottantes pour éviter que l’élève
prenne de fâcheuses habitudes, et aussi… cela compte… par respect pour
le cheval. »
« L’équitation
doit être une source de joies, de plaisirs, une sorte d’ivresse
bienheureuse. Le cheval, c’est galoper dans une campagne baignée de
soleil, c’est la griserie de se laisser emporter par sa monture dans un
air frais qui fouette le visage. […] Voilà ce qu’il faut d’abord répéter
à ceux qui viennent à l’équitation. Monter à cheval doit se faire dans
un grand éclat de rire de bonheur. C’est cette disposition morale qui
favorise, engendre tout naturellement la décontraction et l’aisance,
alors que la gravité, le souci des apparences, des règles, forment des
équitants et non des cavaliers. »
« Donnons le fond, la forme deviendra pure. »
« Donc
le jeune cavalier doit apprendre et comprendre le plus tôt possible que
le mouvement en avant du cheval en réponse à une action de jambe du
cavaliers n’est pas une réaction d’ordre mécanique, mais le fruit du
dressage. »
« Il
faut donc expliquer et faire comprendre que toutes les actions sur la
bouche d’un cheval, aussi infimes soit-elles, doivent toujours partir
des épaules du cavalier, jamais d’une contraction des biceps. […] Il
n’est pas possible d’agir souplement par ses épaules que si les mains
sont ouvertes !
Tout
un chacun peut en faire immédiatement l’expérience : mettre ses mains
devant soi et les fermer ; les biceps immédiatement se contractent et
automatiquement le cavalier les utilise pour ses actions.
Automatiquement ! Et avec les à-coups, les brusqueries, le manque de
douceur que le fait implique. Même si le cavalier a beaucoup de tact et
de talent, il aura par le fait des lois mécaniques une mauvaise main.
Par contre si les mains sont ouvertes, alors toutes les actions peuvent provenir du jeu souple des épaules.
Mains ouvertes ? Mais il est pourtant nécessaire de tenir les rênes ?
Disons pour être plus nuancé qu’il s’agit de les retenir. »
« Libérer
l’élève du réflexe de tenir les rênes, c’est lui ouvrir la porte
donnant accès à la possibilité d’avoir une bonne main. C’est le mettre
sur la voie de comprendre que les ordres à un cheval se communiquent par
des « touches » sur les rênes, des « pressions » et données toujours de
façon indirectes. Non en tirant sur les rênes par les biceps et avec une
main fermée. »
« […]
avoir un cheval totalement sous les ordres du cavalier mais en complète
liberté musculaire. C’est le principe que nos anciens considéraient
d’ailleurs comme le grand objectif de l’équitation ; la pratique du
fameux « descente de main, descente de jambes ». Cela signifiait : mettre
le cheval dans une allure, un « air », un placer ; puis les jambes
s’écartant et les mains en descendant détendant les rênes, le cheval
doit continuer sans rien changer à son placer ni à son allure. […]
Il
suffit pour l’apprendre aux chevaux d’utiliser ce que j’appelle le
principe du cadre. Le cavalier met son cheval dans un certain placer, à
une certaine allure, dans un certain équilibrage… et ensuite il détend
ses rênes, conserve ses jambes non au contact. Les aides n’agissent plus
mais sont très proches. Si le cheval veut sortir du cadre dans lequel
son cavalier l’a mis, il doit se cogner sur la main, ou sur les jambes
agissant sèchement. Lorsqu’un cheval s’est ainsi cogné un certain nombre
de fois il comprend qu’il lui est interdit de changer quoi que ce soir à
l’allure, l’équilibrage, le placer dans lesquels son cavalier l’a mis.
C’est
pour cette raison que nous appelons cette manière de faire le principe
du cadre ; le cheval apprenant aussi à rester tel que son cavalier l’a
mis, travaille avec une totale liberté musculaire et donc avec la
plénitude de ses moyens physiques. »
« C’est l’épaule qui compte, non l’encolure. »
« La
base fondamentale du saut est donc qu’un cheval entrant dans la zone
d’abord (15 à 18 derniers mètres) soit dans un équilibrage lui donnant
la possibilité de varier ses foulées autant que nécessaire. Sinon le
saut devient une loterie – un coup ça « passe », parce que la chance a
bien voulu que les foulées se présentent relativement bien, un coup les
barres dégringolent parce que la battue se présentant mal, le cheval et
son cavalier ne pouvaient physiquement pas varier suffisamment
l’amplitude des foulées. »
(L’équitation – Une méthode française d’instruction angles et rythmes)
« Méfions-nous
des allures rapides. Le cheval en profite pour reporter son poids sur
l’avant-main. Il se laisse entraîner et ne travaille plus. Des allures
lentes, cadencées, l’obligent à s’élever, donc à travailler. »
« En
1924, l’école de Saumur enseignait toujours à sauter en étrivant très
long, en restant assis durant toute la trajectoire et en effectuant un
retrait du corps durant la 2ème partie du saut. Principes anciens de la
fin du Xxème siècle, communément appelés : monte en arrière.
Après
une terrible défaite de notre équipe à Nice en 1924, Saumur se décida à
enseigner la « monte en avant » (raccourcissement des étrivières et
cavalier restant en équilibre sur ses étriers durant le saut). En dehors
de cette position de base, il n’y avait pas de doctrine officielle
française concernant le concours hippique et les problèmes posés par
cette discipline devaient être résolus par les pratiquants eux-mêmes. »
« Dire :
Dans les compétitions, nous attachons plus d’importance aux qualités
esthétiques des concurrents qu’aux résultats bruts de leurs
performances » est un point de vue qui était d’ailleurs officiellement à
l’honneur lorsque, aux pénalisations dues aux fautes, les juges
ajoutaient des notes de style. Cette manière de juger fut abandonnée
dans l’immédiate après-guerre en 1918 en raison des conflits que ces
appréciations totalement subjectives engendraient. »
« La
noblesse, la grandeur de la compétition résident dans l’obligation pour
un athlète de se dépasser. Les compétitions de saut d’obstacles
n’échappent pas à la règle. Pour ‘gagner’, pour réaliser ce petit
quelque chose qui donne la victoire, le cavalier doit aller toujours
plus loin dans l’expression de sa technique et de sa science. C’est de
cette manière seulement que l’équitation de compétition de saut
d’obstacles atteint des sommets merveilleux. Celui-là seul est un
cavalier digne de respect, qui tente de vaincre et d’aller toujours plus
loin dans la connaissance et l’expression de son art. »
« La
nouvelle école allemande s’attacha elle à deux aspects du problème de
l’obstacle : d’abord la musculation du cheval. Auparavant la chose était
très négligée. L’entraînement physique consistait en « trotting » et
quelques « galops » pour « ouvrir les poumons ». C’était à peu près tout !
En parlant d’un cheval, on disait « il est puissant » ou « il manque de
puissance » ; c’était une constatation. Personne ne songeait que cette
fameuse « puissance » étant la conséquence du développement musculaire,
celui-ci pouvait être complètement transformé grâce à une entraînement
intensif. »
« La
dernière grande évolution vint d’Angleterre. Elle adoptait le souci de
musculation germanique, les avantages énormes donnés par « le contrôle
permanent » (prôné autrefois par certains cavaliers français) mais en
évitant les pertes d’expression musculaire engendrées par des
contractions, en dressant le cheval à travailler dans une totale
légèreté. Seulement au lieu d’avoir des chevaux « derrière la main » comme
les Allemands des années soixante, encapuchonnés, compactés, ils
relevèrent l’encolure pour être maître de la puissance grâce à
l’abaissement des hanches sous la masse.
C’est l’équitation d’aujourd’hui. Elle a été reprise dans ses grandes lignes par tous les principaux cavaliers. »
« Dans
toutes les activités humaines, les faits prouvent à l’évidence qu’il
peut toujours y avoir progrès ; que la somme de nos connaissances peut
toujours s’accroître. Nous pouvons sans crainte poser en postulat absolu
que la perfection est inaccessible, il y a donc toujours lieu de nous
critiquer, puisque nous pouvons toujours faire mieux. Le sportif qui ne
remet pas constamment en cause sa technique, qui n’évolue pas, est
fatalement condamné à être dépassé par tous ceux qui progressent en
permanence. »
« Pour
un cavalier, des victoires en saut d’obstacle n’ont de valeur
exemplaire que si elles sont régulières et remportées avec des chevaux
différents. Alors, amis alors seulement, on peut être certain qu’il
s’agit de victoires dues à la technicité, c’est à dire à la classe de
l’homme. Toute l’histoire du concours hippique est là pour en attester.
Les véritables grands cavaliers ne manquent jamais de grands chevaux,
pour la simple raison que sachant amener leur monture à l’abord de
l’obstacle dans d’excellentes conditions technique, le nombre de sujets
qu’ils peuvent ainsi rendre compétitifs dans les plus hautes épreuves
est considérable. »
« Un
autre grand écueil de ce sport réside dans la présence du cheval, qui
permet à l’homme de se voir comme il le souhaite et non comme il est.
Lorsqu’un
joueur de tennis sort d’un court battu 6-0, 6-2, il lui est impossible
de ne pas reconnaître que son vainqueur joue mieux que lui. En saut
d’obstacles, il est toujours loisible de penser que c’est le cheval qui
est moins bon que les autres.
Si
nous évoquons ce manque de lucidité, c’est pour mettre en garde ceux
qui veulent travailler, qui souhaitent progresser. Ils doivent se garder
de tomber dans cet habituel travers, faute de quoi ils perdront envers
eux-mêmes l’indispensable esprit critique. Il ne faut jamais oublier que
sur dix fautes faites en parcours, neuf sont imputables au cavalier :
Soit
parce qu’il a provoqué la faute par erreur de monte, soit parce qu’il
n’a pas su l’empêcher. Les fautes commises par le cheval, alors que le
cavalier a parfaitement monté son rares. »
« La
primauté à la battue des antérieurs exige qu’à l’abord de l’obstacle le
cheval puisse jouer de son balancier, car le mouvement de celui-ci au
moment de la battue est nécessaire à la puissance de cette dernière.
Dans ce style, si le cheval utilise bien la souplesse de son encolure,
le saut sera dit « rond ».
La
primauté à la battue des postérieurs, quant à elle, nécessite un
équilibrage du centre de gravité du cheval très reculé, donc un placer
assez haut et un ramener relatif de l’encolure. Dans ce style, si le
cheval utilise bien sa ligne dorsale, le saut sera basculé.
La
différence entre le saut rond et le saut basculé est très nette et doit
aider à faire comprendre la différence fondamentale de ces deux styles
aux personnes qui n’ont pas bien réfléchi à cet aspect du problème.
Poursuivons les comparaisons :
Dans
le premier style, le cavalier, d’une façon générale, « pousse » son
cheval vers l’obstacle. Nous disons bien d’une façon générale, car bien
entendu il existe de nombreux procédés différents et des nuances dans
l’exécution. Au cours des deux ou trois dernières foulées, le cavalier
n’intervient pas avec ses aides supérieures (certains cavaliers montent
même dans le vide) ; les jambes agissent assez fort pour inciter le
cheval à « taper dans le pied ». Servons-nous de cette locution couramment
employée en France (elle est relativement nouvelle dans le langage
équestre) et qui exprime parfaitement ce que nous définissons. Le cheval
qui ‘tape dans le pied », c’est le cheval qui prend sa battue grâce à un
violent coup d’épaule. Comme nous l’avons déjà dit, dans ce style, le
bon cheval, en montant ses épaules tout en allongeant vers le bas son
encolure, donne au cavalier la sensation d’un saut rond.
Dans
le deuxième style au contraire, le cavalier va provoquer à l’abord de
l’obstacle, un recul du centre de gravité du cheval. Ce recul ne sera
obtenu que si le cheval conserve un placer haut, conjugué avec un
certain ramener ; c’est donc une élévation de la base de l’encolure
pendant que les hanches s’abaissent, en reculant fortement le centre de
gravité du cheval. La battue des antérieurs est sensiblement moins
‘frappée’ que dans le premier cas le cheval ayant beaucoup moins de
poids sur l’avant-main. Elle sert essentiellement à « amorcer » la
trajectoire, mais c’est la très violente détente des postérieurs qui
propulse le cheval. Le centre de gravité de ce dernier se trouvant très
reculé durant la première partie du saut, c’est grâce à un coup de rein
que le cheval doit « basculer » au sommet de la trajectoire. »
« Au
fil des générations, la technique, ou plutôt les techniques ont évolué.
Il existe diverses écoles qui conçoivent différemment tant le dressage
du cheval que l’action du cavalier. Si les nuances sont très variées, il
est possible cependant de définir quatre styles de base, d’où sont
issus tous les cavaliers de saut d’obstacle depuis une cinquantaine
d’années.
-
Le premier d’entre-eux
est celui dit de la « non-intervention ». Il consiste, pour le cavalier, à
contrôler, éventuellement à doser, l’équilibrage et l’allure, mais à
laisser au cheval le soin de régler lui-même ses foulées à l’abord et de
choisir l’emplacement de sa battue. Durant cette phase, le cavalier se
contente d’inciter à l’engagement et de provoquer l’impulsion. Le cheval
se « comprime » entre les jambes et l’obstacle. » […]
-
Le cavalier exige de son
cheval un engagement extrêmement accentué dans des allures très
rassemblées. Le cheval est en grande impulsion, car il sait que dès
l’ouverture des doigts, il va devoir attaquer l’obstacle, en impulsion
croissante. […] La qualité de l’encadrement est sacrifiée et remplacée
par la qualité et l’importance de l’engagement. […]
-
Le cavalier arrive dans
un bon train sur l’obstacle. Si la battue ne tombe pas juste, c’est lui
qui ordonnera au cheval l’allongement ou le raccourcissement des foulées
nécessaires. Éventuellement, une moindre qualité des facteurs
engagement et encadrement est alors compensée par l’élan.
-
Le cavalier assume toute
la responsabilité du réglage, de l’équilibrage, du choix e
l’emplacement de la battue. Cela dans un train et dans un style
variables selon le problème à résoudre. »
« La
non-intervention revient à poser le postulat qu’il vaut mieux laisser
faire le cheval à l’abord de l’obstacle, qu’il saura mieux choisir
lui-même l’emplacement de sa battue, engager instinctivement ses
postérieurs en fonction de l’obstacle à franchir et sautera ainsi dans
de meilleurs conditions que si le cavalier intervient, car il risque
alors de provoquer des contractions musculaires. Mais pour être appliqué
efficacement, ce principe exige les deux conditions suivantes :
l’équilibrage préalable ; la véritable non-intervention. […] Il faut
dans ce cas, un cheval d’une très grande légèreté, se soutenant de
lui-même. Un cheval qui « s’appuie » n’est obligatoirement pas dans son
équilibre naturel. […] Or, si le cheval doit assumer lui-même l’abord de
l’obstacle et le choix de la battue, le premier impératif est qu’il se
trouve dans son équilibre naturel, faute de quoi il ne sera pas
parfaitement et totalement maître de sa masse. »
« Le
général Lhotte a raconté, dans Questions équestres, que, se trouvant
dans un régiment, il faisait sauter à tout son escadron une sorte de
gros tronc d’arbre, quand il constata la chose suivante: lorsque les
cavaliers arrivaient, pourtant uniquement sur les rênes de filet et avec
ordre « d’ouvrir les doigts » au moment du saut, il entendait de nombreux
chocs provoqués par des sabots touchant l’obstacle. Il fit repasser
l’escadron entier, mais en ordonnant cette fois aux cavaliers de laisser
leurs rênes flottantes. Il n’entendit plus rien. Pas un cheval ne
touchait l’obstacle. Cela s’explique très bien. Un cavalier a décidé de
ne pas intervenir et de laisser faire le cheval à l’abord de
l’obstacle ? … Bien ! Lui le sait, mais le cheval ? Quand et comment
l’a-t-on prévenu qu’il devenait le patron ? Cela peut étonner, mais
qu’on y réfléchisse bien : beaucoup de grosses fautes des
non-interventionnistes viennent de là.
Si
le cavalier, en arrivant sur l’obstacle, conserve son cheval appuyé sur
la main – cet appui fut-il léger – l’animal attend les ordres. […] A une
quinzaine de mètres de l’obstacle, le cavalier doit s’asseoir en
arrière de la selle pour alléger l’avant-main ; mettre le cheval
franchement dans le vide, rênes flottantes. L’animal comprend
parfaitement que le cavalier lui abandonne l’initiative de l’abord. Il a
ainsi trois foulées pour placer sa battue, varier son équilibrage. »
« Parmi
les quelques aspects mal compris de cette monte, le plus important est
celui touchant à la légèreté. Dans un style général différent, avec une
autre approche technique du problème, il n’en demeure pas moins que, là
encore, on ne saurait « monter » en action impulsive sur un cheval qui ne
serait pas au préalable dans la plus complète légèreté, ne s’appuyant
donc pas et étant dans un équilibrage très reculé. »
« Tout
le monde est d’accord sur ce point : la souplesse du balancier durant
le saut est une nécessité absolue. T, en effet, l’intervention au cours
de deux dernières foulées peut provoquer des résistances de la part du
cheval, résistances engendrant une contraction de l’encolure avec
répercussion sur toute l’épine dorsal. Le cheval est alors gêné pour
monter ses épaules et passer ses postérieurs. […] Nos connaissances
actuelles, la voie ouverte par tant de grands artistes, démontrent que
la chose est parfaitement possible sans provoquer de contractions
gênantes du balancier mais à deux conditions :
Le
dressage permet d’agir autant que nécessaire et jusqu’au pied de
l’obstacle, dans la légèreté ; car si le cheval répond parfaitement à
des actions des aides très légères, il n’y aura pas de contractions. La
certitude acquise par le cheval que quelles que soient les actions de
main de son cavalier, celui-ci lui rendra toute la liberté de toute son
encolure, durant la trajectoire. »
« Nocif
par son poids, qui diminue les moyens du cheval. Pour un animal de
600kg, une charge de 85kg représente le 1/7ème de son propre poids.
Imaginons un homme auquel on demanderait de courir, de sauter, avec une
charge de 10 à 12 kg sur les épaules. »
« Nous
avons dit qu’en dehors des mains et des jambes, tout le reste du
cavalier est inutile et malheureusement lourds. Cette évidence a voulu
que beaucoup de chercheurs – donc de méthodes – se soient
essentiellement préoccupés de diminuer la nocivité de ce poids en
étudiant :
-
Son placer par rapport au centre de gravité du cheval
-
La manière d’éviter à ce poids des mouvements inutiles, risquant d’augmenter la gêne qu’il représente pour l’animal. »
« Pour résumer, les impératifs concernant la position du cavalier en compétition de saut d’obstacle sont donc :
-
un très fort moyen de tenue
-
une indépendance totale
des aides inférieures et supérieures, laquelle permet de donner des
ordres nets, clairs et extrêmement dosés
-
La possibilité pour le
cavalier de rester toujours maître de son équilibre, tout en étant
capable cependant d’opposer, si nécessaire, à la bouche du cheval des
résistances parfois fortes.
-
Monter indifféremment en équilibre ou dans la selle
-
avoir la possibilité de déplacer aisément son buste. »
« De
nombreux cavaliers mettent leurs chevaux « dans le vide » sur l’obstacle,
soit uniquement pendant le saut, soit pendant le ou les deux foulées
précédant la battue. D’autres, lors de la trajectoire, conservent un
contact avec la bouche du cheval. […]
Mettre
un cheval dans le vide n’est pas autre chose qu’effectuer une descente
de mains. Or, en équitation académique, la descente de mains ne se
conçoit que lorsque le cheval est dans une parfaite légèreté et se
soutient tout seul. […] Sur un cheval résistant, ou s’appuyant à quelque
degré que ce soit sur la main, la soudaine mise dans le vide engendre
instantanément un report de poids sur les épaules. Ce changement
d’équilibre par surcharge soudaine de l’avant-main engendrera
mécaniquement un abaissement de la trajectoire avec le risque de faute
que cela comporte.
Nous
en concluons que la descente de main, c’est à dire la mise dans le vide
à l’abord de l’obstacle ou juste avant la prise de battue, est à
proscrire formellement si le cheval n’est pas auparavant parfaitement
léger. »
« Il
ne faut jamais oublier la sensibilité des commissures des lèvres d’un
cheval, sa répugnance pour tout choc, même léger sur elles. Un cheval
qui ne sent plus le contact des rênes hésitera toujours à allonger
brusquement son encolure, dans la crainte de se heurter à la main, de
subir une reprise de contact sèche, voire brutale. »
« La
première remarque à faire est que plus les foulées du cheval arrivant
sur l’obstacle sont longues, plus les variations d’amplitude à effectuer
risquent d’être fortes. Par contre, plus un cheval aborde sur des
foulées courtes, moins le réglage n’excédera une grande variation. »
« Ainsi,
la puissance supplémentaire engendrée par l’élan augmente la zone
valable, ce qui compense en partie les plus grandes variations
nécessaires pour le réglage d’une arrivée sur grandes foulées. »
« La
conclusion de cette analyse est qu’en réalité, la foulée croissante
n’existe pratiquement pas et que, dans la faible mesure où il y a
effectivement accroissement des foulées, c’est au détriment de la
facilité du saut. C’set pourquoi, en dehors des cas ne nécessitant que
de faibles variations, nous constatons que le réglage de la battue
s’effectue toujours par une diminution de l’amplitude des foulées. Par
contre on peut monter en « action croissante » ce qui se traduit par une
légère accélération de la cadence donc augmentation de l’élan. »
« Le
cavalier doit contrôler et régir totalement les forces musculaires de
son cheval. C’est lui qui assume la responsabilité de l’abord de
l’obstacle et du déroulement de tout le parcours. Le cheval doit mettre à
la disposition du cavalier tous ses moyens (physiques et moraux), il ne
doit plus être qu’un outil entre les mains de l’homme. »
« Rapidité : elle ne peut se concevoir sans un dressage de haute qualité.
Un
cavalier ne peut être très vite en parcours que s’il tourne très court
et que s’il lui est possible d’effectuer des transitions extrêmement
fortes, très rapidement et sans contractions musculaires. »
« Nous
parlons du dressage proprement dit. Là, les temps de travail ne doivent
jamais excéder chacun deux à trois minutes au maximum. Il faut toutes
les deux ou trois minutes arrêter le cheval sur un mouvement bien fait,
et le mettre en récréation. Cette mise en récréation consiste à laisser
toute liberté au cheval de s’étirer, se gratter, brouter… Cet arrêt
n’a pas besoin d’être long – trente à soixante secondes suffisent – mais
il ets nécessaire. Ce moment de détente totale suffit au cheval à se
relaxer et, à la reprise du travail, il redevient aisément attentif. »
« Nous
en venons donc à constater que le placement du cavalier sur son cheval
doit être pris à l’encontre de la manière habituelle de procéder. Il ne
faut pas d’abord asseoir le cavalier, pour ensuite le laisser se mettre
en équilibre comme il pourra, mais bien mettre le cavalier en équilibre
sur ses étriers et ensuite, sans que sa jambe bouge, le faire asseoir
par simple fermeture de l’articulation du genou. »
« Nous
savons qu’en équitation sportive, le cavalier doit pouvoir rattraper un
équilibre compromis par un mouvement brusque et imprévu du cheval, et
ce grâce à un moyen de tenue. Plus ce moyen sera haut, c’est à dire près
du milieu du cavalier, meilleur il sera. A l’opposé, plus le moyen de
tenue sera bas, plus le cavalier aura du ballant. »
« Sur
le plan de la solidité à cheval, il est donc préférable d’utiliser le
haut des jambes (la cuisse) comme moyen de tenue. C’est cette partie qui
doit être adhérente, fixe et si besoin est, assurer la solidité par une
augmentation de son adhérence.
Mais
cela ne peut être vrai que lorsque le cavalier est assis dans sa selle.
A partir de l’instant où il est en équilibre, l’articulation du genou
jouant, la cuisse n’est plus fixe et ne saurait donc être un moyen de
tenue. Sauf toutefois en son extrémité inférieure le genou.
Ce
dernier ne bougeant jamais, pour permettre la fixité du bas de la jambe,
peut et doit donc, assurer seul, lorsque le cavalier est en équilibre
sur ses étriers, l’adhérence nécessaire à la tenue. Mais bien entendu
cette adhérence ne doit pas provenir d’une contraction musculaire de la
cuisse ce qui serait à l’encontre de la souplesse générale et de
l’aisance du cavalier.
L’adhérence
est naturelle, sans nécessiter le moindre effort musculaire si le
cavalier prend appui sur son gros orteil. Cela a tendance à tourner la
semelle vers l’extérieur, à écarter légèrement le bas de jmbe et donc de
plaquer naturellement la cuisse et le genou. Une contraction musculaire
afin d’augmenter cette adhérence ne s’effectue que durant quelques
secondes en cas d’un brusque mouvement du cheval nécessitant le
renforcement du moyen de tenue. Cette importance de l’appui sur le gros
orteil a d’ailleurs été découverte et prôné par Frederico Caprilli. »
« Le
cavalier se mettant en équilibre sur ses étriers, peut passer
alternativement de 30 à 0 kilos de tensions de rênes, d’une fraction de
seconde à l’autre, sans aucun effort, sans perdre son aisance ni le
contrôle de ses actions. Instinctivement le bas de la jambe se déplace
(il avance si la tension des rênes augmente), afin de contrebalancer la
traction subie par le cavalier au niveau des épaules. Ainsi, l’homme ne
fait pas d’effort. C’est son propre poids qui agit. Il se contente, par
l’action musculaire des épaules et des bras, d’assurer le fini, le
dosage. »
« Un
cavalier d’obstacle doit travailler ses chevaux en passant
indifféremment d’une position assise dans le fond de sa selle à une
position en équilibre sur les étriers. Toutefois, en cas de tension des
rênes supérieures à deux kilos, il doit obligatoirement adopter la
position en équilibre. »
« Il
est important que le cavalier en équilibre ne s’appuie jamais sur la
plante des pieds (ce qui a pour effet de faire pivoter le genou, reculer
la jambe et déplacer tout le centre de gravité). Le poids doit toujours
se situer dans les talons et l’appui s’effectuer sur le gros orteil. »
« Un
vieux principe veut qu’une action soit préparée. Le cavalier d’obstacle
ne sachant pas ce qu’il va tout d’un falloir lui demander doit préparer
son cheval à répondre à n’importe quel ordre. Pour ce faire, il doit
monopoliser son attention et veiller à l’absence de contraction. »
« Le
cavalier ne peut être assuré de la disponibilité du cheval que dans la
mesure où, donnant un ordre, il sent une obéissance immédiate. Et il ne
peut être assuré de la disponibilité général que dans la mesure où il
donne des ordres dans tous les sens :
-
le cheval doit réagir à la moindre pression du haut des mollets
-
à l’ouverture des doigts, il doit allonger sa foulée
-
à la fermeture, il doit la diminuer
-
à une action conjuguée, il
doit amorcer un abaissement des hanches, venir en position de ramener,
et reporter du poids sur l’arrière-main
-
à une légère traction de la main, il doit céder et venir en flexion latérale
S’assurer
de la disponibilité de la masse, c’est recommencer en permanence cette
série d’ordres. Bien entendu, cela doit être obtenu par des actions
infiniment légères, cessat dès l’amorce de l’obéissance du cheval. […]
Aussi
pendant toute la durée d’un parcours le cavalier doit-il s’assurer en
permanence de la disponibilité de la masse. Bien entendu, il doit à
l’entraînement s’habituer et habituer son cheval à cette constante
recherche, afin que la chose devienne instinctive. »
« Pour
nous, un saut ne se résume pas à la trajectoire au-dessus de
l’obstacle. Depuis déjà longtemps, on sait que le saut est fini avant
même que le cheval ne prenne sa battue. Lorsque l’arrivée est bonne,
l’emplacement de la battue, l’équilibrage et l’engagement corrects, le
saut en lui-même n’offre plus de difficultés, et la faute est alors
rarissime.
Le
problème du saut, c’est d’abord et surtout celui de l’abord de
l’obstacle. Après quoi, il faut naturellement que le cheval bascule pour
passer sans risques les postérieurs, mais c’est un problème
complémentaire, non celui de base. »
« Il
est d’une extrême importance, tant pour la compréhension par le cheval
du mécanisme du saut que pour le mettre en confiance, condition
indispensable de l’impulsion et de la générosité, que toute la formation
de base lui donne le sentiment que sauter est une chose aisée, facile,
n’offrant aucun danger.
Lorsque
plus tard, le cavalier-dresseur devra lui demander des efforts plus
grands, des abords sur des rythmes plus élevés, la différence sera
énorme entre ce cheval confiant, sans inquiétudes, calme, et un animal
excité, énervé, craignant de se faire mal et appréhendant l’arrivée de
l’obstacle.
C’est
pourquoi il importe, durant toute cette première période, de ne jamais
laisser le cheval sauter dans de mauvaises conditions techniques. Dans
ce cas, il faut arrêter, et recommencer l’abord. Cela autant de fois que
nécessaire, jusqu’à ce que de bonnes conditions techniques soient
réalisées. Le cavalier laisse alors le saut se terminer. »
« Le
cheval doit être systématiquement arrêté, immobilisé, trois ou quatre
foulées après chaque saut. Et cette immobilité doit être suivie d’un
reculer.
Sachant
qu’il doit automatiquement s’arrêter, le cheval prend l’habitude dès la
réception de reporter du poids sur les hanches et d’engager ses
postérieurs pour être maître de sa masse.
L’automatisme
de ce mouvement sera fort utile plus tard, lors du franchissement des
combinaisons d’obstacle et pour tourner à l’issue d’une réception. Alors
qu’un cheval ayant l’habitude de laisser son poids l’entraîner durant
deux, trois, quatre foulées après la réception tournera moins vite et se
mettra sur les épaules au milieu des combinaisons.
Par
ailleurs, l’habitude de s’arrêter tout de suite après le saut incite le
cheval à ne pas se précipiter sur l’obstacle, et la progression du
travail de l’abord en est accélérée. »
« Les
obstacles ont toujours évolué, et évolueront forcément encore. Nous
l’avons déjà dit, lors des débuts du concours hippique, il s’agissait
essentiellement de la reproduction d’obstacles d’extérieur : haies
barrières, buttes, rivières et fossés.
Durant
la période de l’entre-deux guerres, si les parcours devinrent peu à peu
beaucoup plus gros que précédemment, la variété fut telle que les
cavaliers d’aujourd’hui peuvent mal l’imaginer. D’autant plus que tous
les principaux chefs de piste avaient à cœur d’inventer de nouveaux
obstacles. Barrières en tous genre, claies, stationnatas, passages de
route, haies barrées, haies de toutes formes et de toutes tailles
devant, derrière, sous les obstacles, oxers de murs, barres de spa de
murs, bull-finches, X horizontal, large de trois à quatre mètres formé
par une succession de cavalettis, talus, buttes, en tous genres… dont
le premier plan vertical pouvait aller jusqu’à 1m80 avec fossés avant,
au-dessus, ou à la sortie de la butte, contrebas parfois de plus de 2m
de haut…
Quand
aux combinaisons, les distances entre les obstacles allaient de 6 à 12
mètres. Que tout cavalier de concours aujourd’hui imagine qu’il aborde
un double de 6 mètres ! La plupart du temps les chefs de piste plaçaient
les obstacles sans s’occuper des distances, c’était aux cavaliers à se
débrouiller. Ainsi les combinaisons présentaient les distances les plus
variées : 8,50m, 9m, 9,50m, 12m !
Quand
aux parcours de chasse, là l’imagination des chefs de piste était
débridée. Il s’agissait comme le nom l’indique de tester la franchise du
cheval face à tout ce qui pouvait se rencontrer dans la campagne. Aussi
on trouvait des canards dans la rivière (attachés par une patte) qui
évidemment battaient des ailes à l’arrivée de chaque concurrent. Parc à
moutons avec au milieu un cochon en liberté, bûches de bois jetées par
terre au hasard devant un obstacle, jets d’eau horizontal qu’il fallait
ou franchir, ou traverser, mais qui évidemment faisait hésiter les
chevaux, oxers de plus de 2m de large, etc.
Dans
les concours nationaux, il existait des handicaps. Aussi les meilleurs
chevaux, sur un parcours d’environ 1m30 se trouvaient soudain devant des
verticaux d’1m60.
Il
est indiscutable que les parcours de cette époque étaient certainement
moins gros qu’aujourd’hui mais beaucoup plus techniques et les obstacles
plus difficiles à négocier.
Cela
dura jusqu’en 1952. A ce moment il y eut une campagne au sein de la FEI
contre ce qu’ils appelaient « les cavaliers adroits ». Aussi les
obstacles évoluèrent pour diminuer l’importance du cavalier : obstacles
de plus en plus denses, des distances dans les combinaisons
stéréotypées, la suppression peu à peu de toute « terre », les barres de
SPA réduites en largeur au point de ne plus avoir de signification, la
hauteur égalisée… donc au détriment du vertical, car pour conserver
une égalité dans le problème posé entre les oxers et les verticaux il
est bien certain que ces derniers devaient être plus haut de 15 à 20cm.
[…]
C’est
à partir de la fin des années soixante-dix que la nouvelle évolution
commença. Les obstacles se dépouillèrent, devinrent moins massifs, les
barres tombaient plus facilement.
Nous
pouvons dire qu’il y a progrès sur le plan des problèmes posés à l’art
équestre depuis la fin des années soixante-dix, mais que cependant les
véritables problèmes techniques (variété du style des obstacles, des
hauteurs au sein d’un même parcours, et des variations de distances dans
des combinaisons) ne sont malheureusement pas posés.
Un
jour fatalement le saut d’obstacle reviendra au style des parcours
d’antan. […] aujourd’hui il n’existe pratiquement aucune différence de
style, sinon de devoir couvrir un peu plus large sur un oxer que sur un
vertical. »
« Pour
un vertical, partir de loin. Plus l’emplacement de la battue sera
éloigné de l’obstacle plus l’incidence de la trajectoire sera faible et
plus le saut sera aisé. […] Pour empêcher l’aplatissement de la
trajectoire et s’assurer une marge de sécurité, il faut et il suffit que
son équilibrage soit suffisamment reculé pour augmenter l’incidence de
sa trajectoire. Il est bien évident que moins un cheval a d’élan, plus
il est aisé de reculer son centre de gravité et plus il lui est
difficile de couler. Donc : très peu d’élan, battue longue, équilibrage
très reculé.
Si
ces conditions sont remplies, la faute est presque impossible aussi
longtemps que la hauteur reste dans les moyens musculaires du cheval. »
« Que
ce soit volontairement ou non, si le cheval se rapproche d’un vertical,
le cavalier doit alors lui reculer de façon correspondante son centre
de gravité, et diminuer le plus possible l’élan afin que le cheval
puisse monter sans trop de difficulté son avant-main pour éviter une
faute des antérieurs. »
« Pour
sauter de très gros oxers, avec un maximum de chances de ne pas
commettre de faute, même avec des chevaux sans beaucoup de puissance
naturelle nous conseillons le style suivant :
Arriver
vite. A une vitesse variable selon la taille des obstacles à franchir
et les moyens musculaires du cheval. Seuls le sentiment et l’expérience
apprennent au cavalier à doser cette vitesse initiale.
Elle
doit être suffisamment grande pour qu’en cas de mauvaise arrivée,
provoquant une certaine diminution de l’élan, il en reste suffisamment
pour que le cheval puisse couvrir l’obstacle. »
« Dans
la zone de pré-abord, le cavalier commence une action décroissante. Ce
mouvement régulier consiste à diminuer progressivement l’amplitude de
chaque foulée, augmenter l’engagement par abaissement des hanches et
alléger l’avant-main en élevant la base de l’encolure. »
« Cependant,
étant donné la faible largeur des rivières actuelles, elles sont
faciles à passer pour presque tous les chevaux, à condition qu’il aient
beaucoup d’élan. Un cheval arrivant très vite, mais sans être sur les
épaules commet rarement une faute. »
« Le
passage d’une combinaison est conditionné par la trajectoire décrite
sur le premier obstacle. Il n’y a que celui-ci qui compte. […]
Une
battue longue est mauvaise, car le cheval a alors tendance à ne pas
bien encadrer l’obstacle. Craignant de se recevoir trop près du suivant,
il chercher à retrouver le sol plus tôt qu’il ne le devrait
normalement, et le risque est grand d’une faute commise par les
postérieurs dans la phase descendante de la trajectoire. Par ailleurs, à
la réception d’une trajectoire allongée, le cheval a beaucoup de poids
sur les antérieurs et les postérieurs restent assez en retrait ; les
conditions sont donc mauvaises pour attaquer l’obstacle suivant.
Sur
une battue courte, la trajectoire est forcément plus étroite à sa base.
Le cheval se reçoit donc plus près de l’obstacle qu’il a franchi. Dans
une combinaison courte c’est excellent, mais si la combinaison est
longue le cheval qui a alors entre 1m et 1m50 à couvrir en plus risque
de faire une faute.
Il
est donc capital que l’emplacement de la battue soit réglée de façon
très précise afin d’avoir une trajectoire normale, ni trop longue ni
trop courte. »
« En
une seule courbe, un cavalier faisant très attention au dessin de son
tournant a vite fait de parcourir 4 à 6 mètres de moins que la plupart
de ses concurrents. Il a gagné plus d’une demi seconde sans même que les
spectateurs, sauf les plus avertis s’en rendent compte. »
« Le
cavalier doit impérativement être habitué à aborder un obstacle de
travers jusque sous un angle d’au moins 45°. Il est ainsi possible de
gagner énormément de terrain par rapport à tous les cavaliers qui
instinctivement effectuent des courbes pour sauter droit, chose tout à
fait inutile. »
« Si
le tracé du parcours tourne selon un angle de plus de 90° après le
franchissement d’un obstacle, il faut que le cavalier commence à tourner
avant le saut. Ce n’est pas difficile à condition de s’y être entraîné
et mécanisé. Non seulement le fait de prendre l’obstacle avec un certain
angle diminue fortement le tracé de la courbe à effectuer, mais par le
fait d’avoir amorcé le mouvement, le cheval comprend qu’il doit tourner
et effectue le mouvement de lui-même, d’où un gain de temps
supplémentaire. »
« La
lenteur et le caractère progressif et répétitif de chaque leçon sont
non seulement nécessaires au dressage d’un cheval mais constituent aussi
la garantie rapide de ce dressage.
D’une
façon générale les progressions ne sont jamais constantes, leurs
graphiques sont en dents de scie. La chose est aussi vraie, d’ailleurs,
pour la formation d’un jeune cavalier que pour le dressage d’un cheval.
Durant certaines périodes, des progrès sont quotidiennement accomplis,
de façon nette et visible, puis soudain, rien ne va plus ! Hésitations,
tâtonnements, incertitudes, il semble que le niveau soit retombé plus
bas qu’avant le début de la progression. C’est tout à fait normal.
La
pire chose à faire est de s’inquiéter, de s’énerver, de chercher à tout
changer. Il faut au contraire savoir que ce passage à vide est dans
l’ordre logique d’une progression générale. L’enseignement donné au
cheval (comme au jeune cavalier) doit avoir le temps d’être assimilé.
Après une première période durant laquelle il a réagit instinctivement,
arrive où il pense ce qu’il fait et à partir de cet instant il y a
raideur, blocage, difficultés.
Le
dresseur ou l’instructeur doit alors continuer calmement, répétant les
mêmes leçons, sans excès, sans chercher à forcer le travail. Après
quelques jours, quelques semaines, les choses se mettent en place
d’elles-mêmes. Les progrès sont alors de qualité ; après une période
d’incubation, l’élève a franchi un nouvel échelon, et accédé à un stade
supérieur. »
« Bien
entendu, on ne saurait prétendre créer un climat de confiance et de
gaieté en empêchant le cheval de manifester sa joie. Non seulement, on
ne doit pas empêcher ces manifestations, mais il faut au contraire les
favoriser. C’est une excellente chose si, au petit galop, le cheval
commence à jouer en secouant son encolure alternativement à gauche et à
droite, mouvement qui l’amène généralement à deux ou trois sauts de
gaieté.
Un
cheval qui « pétarade », qui joue, qui rit est un cheval heureux qui sera
beaucoup plus généreux au moment du travail. Quand un cheval effectue
des sauts de mouton, il faut non seulement le laisser faire mais même,
par une approbation vocale et de grandes claques sur l’encolure,
partager sa gaieté. »
« Il
y a deux raisons pour lesquelles nous nous sommes attardés sur ce
dressage permettant d’obtenir l’immobilité. D’abord parce que c’est une
base psychologique. Un cheval ne bougeant plus dès qu’il en reçoit
l’ordre, c’est le principe de la soumission à la volonté de l’homme qui
est acquis, c’est le « down » britannique, l’animal aux ordres. C’est
aussi, et nous nous en servirons beaucoup durant le travail, l’assurance
du retour au calme chaque fois que besoin est. »
« Un
dressage n’est de qualité que si l’obéissance du cheval à toute action
est immédiate. Lorsque nous rentrons la nuit dans une pièce noire, notre
main appuie sur le commutateur, et nous SAVONS que la lumière va
s’allumer. Il doit en être de même en équitation. Nous devons savoir que
mathématiquement notre cheval obéira à notre indication.
Pour
cela il faut et il suffit qu’après avoir appris à notre cheval le
mouvement qu’il doit effectuer lors d’une certaine action des aides,
nous lui faisons recommencer ce même mouvement le plus grand nombre de
fois possible dans un laps de temps très court.
Alors
ce mouvement deviendra un geste réflexe. Dès le premier temps, le
cheval ayant compris ce qu’il devait faire donne des ordres à ses nerfs
moteurs pour effectuer le mouvement demandé par son cavalier. Si ce
geste est répété des centaines de fois en quelques jours, il devient
instinctif. Lorsque le cavalier donne son ordre, les nerfs moteurs
répondent automatiquement, même si le cheval à ce moment est distrait et
pense à autre chose. Son cerveau a été en quelque sorte déconnecté. Par
la création de ces gestes réflexes le cavalier commande directement aux
nerfs moteurs du cheval. »
« Si
le cavalier parvient à s’inculquer à lui-même ce besoin de faire
travailler sans cesse l’arrière-main de son cheval, celui-ci prendra
rapidement l’habitude de rester toujours sur ses hanches et le
développement musculaire sera plus rapide et plus important. S’il ne
parvient pas à se donner cette deuxième nature, s’il ne souffre pas
physiquement en sentant son cheval reporter du poids sur l’avant-main,
s’il le laisse se mettre sur les épaules pour se porter en avant, alors
ce cavalier rencontre toujours d’énormes problèmes. Le travail qu’il
donne s’apparente à la construction d’une maison pour laquelle nulle
fondation n’a été réalisée au préalable. Très vite et sans cesse, les
murs se lézarderont, s’inclineront et peut-être même s’effondreront. »
« Grâce
au réflexe conditionné, le cavalier commande directement aux
propulseurs. Ainsi la rapidité de l’exécution de l’ordre reçu est
légèrement plus grande et surtout, dans les cas où un élément extérieur
risque d’effrayer le cheval (obstacle très impressionnant par exemple),
sous l’attaque impulsive des jambes le cheval y répondra automatiquement
avant même d’avoir réalisé son mouvement, alors que si la soumission
avait dépendu de son libre arbitre, la peur de l’obstacle aurait
peut-être provoqué un refus ou une mauvaise qualité d’obéissance. »
« Un
cavalier pourra peut-être ainsi avoir des chevaux « sensibles aux
jambes ». Tout est question de vocabulaire et surtout du degré d’exigence
que l’on a. Certains cavaliers sont très satisfaits lorsque leur cheval
se porte en avant parce qu’ils frottent énergiquement leurs talons sur
ses flancs. Nous pensons, et nous ne le répéterons jamais assez, que la
très grande équitation exige des chevaux « jaillissant » à la moindre
pression du mollet.
Voilà
pourquoi nous préconisons de ne jamais utiliser les jambes durant les 5
premières minutes du travail. Un claquement de langue, éventuellement
un tapotement de la cravache sur l’arrière-main suffisent comme
indications. Une fois que le cheval a fait (rênes longues) un petit
temps de trot et deux ou trois cent mètres de galop, il est « réveillé ». A
partir de ce moment, les jambes vont agir normalement et aucune
mollesse ne sera tolérée. »
« Il
en est de même pour l’action des aides supérieures ; le cavalier ne
doit pas admettre le moindre appui, la moindre résistance du cheval. Un
cheval pèse sur la main ? La sanction doit être immédiate et
éventuellement sévère : un arrêt instantané sur une action de rênes
sèche, suivi d’un reculer rapide sur 10 à 15 mètres. Ce rappel doit
sanctionner immédiatement toute résistance du cheval aux oppositions de
la main. »
« Son
cavalier veut que lorsqu’il serre les jambes, le cheval jaillisse en
avant. S’il ne le fait pas ou mollement, le cavalier se fâche et le
punit ; s’il le fait bien, il reçoit approbation et récompense.
Aussitôt, le cheval redevient très calme car il a compris.
Mais
il faut tout de suite lui apprendre que sa réponse impulsive doit être
proportionnée à l’action de la jambe. Pour cela il suffit d’effectuer, à
partir de l’arrêt, des départs soit au pas, au trot ou au galop. Pour
le premier, le simple mouvement de l’assiette et pression de la cuisse.
Pour le trot, un très très légère pression du haut des mollets. Enfin
pour le galop, une pression plus nette, plus accentuée mais uniquement
de la jambe extérieure. »
« Nous
allons inclure dans nos plans de travail, des exercices de musculation,
en utilisant ce ploiement latéral, mais il faut aussi que le cavalier
acquiert le réflexe de ne jamais changer de direction sans ployer
l’encolure avec un report de poids sur l’épaule externe pour obliger
l’avancée du postérieur interne sous la masse. Chaque changement de
direction sera ainsi dans le même temps un geste de musculation. […]
toujours pour éviter de se fatiguer, le cheval a une tendance naturelle à
reporter (laisser tomber) du poids sur l’épaule intérieure à sa courbe.
Ainsi ce poids entraîne sa masse et ses postérieurs s’engagent
automatiquement moins. Par contre si un cavalier veille à ne jamais
laisser tourner son cheval sans lui avoir au préalable ployé l’encolure
et reporté du poids sur l’épaule externe, ce mouvement deviendra naturel
et instinctif chez l’animal. »
« Il
faut sanctionner le cheval qui ne répond pas à des actions légères. Ne
jamais avoir le réflexe d’augmenter l’intensité de ces actions car c’est
alors rentrer dans un processus de force et dire adieu à la base même
de toute bonne équitation : la légèreté. »
« Le
cheval est en récréation. Pour le mettre en travail, le cavalier doit
lui ordonner l’immobilité totale, puis par une infime tension des rênes
le faire céder dans sa nuque et le conserver ainsi immobile durant cinq à
sept secondes. Alors le cavalier travaillera son cheval, en le
conservant dans le même placé, et en jouant toujours avec sa bouche.
Pour
finir chaque temps de travail, il faut s’arrêter, conserver
l’immobilité totale durant cinq à six secondes, demander un reculer de
trois à quatre mètres. Nouvelle immobilité totale toujours de l’ordre de
5 à 6 secondes, puis lâcher brusquement les rênes en flattant
vigouerusement le cheval des deux côtés de l’encolure.
Nous
garantissons, si ce double cérémonial est scrupuleusement respecté, une
transformation du cheval (très spectaculaire s’il s’agit d’un cheval
nerveux) et des progrès beaucoup plus rapides dans le dressage
proprement dit. »
« Le
galop sera l’allure de l’utilisation en parcours mais c’est également
celle exigeant le plus de travail musculaire, donc correspondant le plus
au développement de l’arrière-main du cheval. Mais précisons bien, je
parle du GALOP ! Or je ne veux faire de peine à personne, mais il y a
malheureusement de nombreux cavaliers qui ne galopent Jamais. Ils se
déplacent dans une allure à trois temps, c’est tout !
Leurs
chevaux reportent du poids sur l’avant-main et se laissent entraîner
par le poids de leur masse. D’ailleurs il est symptomatique de constater
que si l’on cherche à renvoyer du poids vers l’arrière-main de ces
chevaux, la plupart du temps, ils se creusent et retombent au trot.
C’est leur absence de musculation qui est en cause. Le galop, le vrai,
est extrêmement lent, rassemblé, sur les hanches. A chaque foulée, ce
sont les propulseurs qui déplacent la masse. »
« Le
cheval en liberté voulant franchir une clôture au galop reporte du
poids sur ses épaules durant les deux dernières foulées et par une forte
frappe des antérieurs, élève son avant-main. Il ne se rend pas compte
que son saut exigerait moins d’effort s’il reportait du poids sur les
hanches. Il nous appartient donc en premier de lui faire faire cette
découverte.
Ce
travail consistera d’abord à lui apprendre à ne pas reporter de poids
sur ses épaules avant et au moment de la battue. Ce sera le saut en
équilibrage constant. Ceci acquis, nous passerons au deuxième stade, lui
apprendre cette fois à reculer son centre de gravité durant les deux
dernières foulées. Ce sera le saut en foulées décroissantes. »
« Foulée
décroissante : L’objectif n’est absolument pas d’aborder un obstacle en
diminuant les foulées, mais de faire reculer le centre de gravité du
cheval. Évidemment dans la pratique, le report de poids sur les hanches
engendre une diminution des foulées. C’est une conséquence, ce n’est pas
un but !
Il
ne s’agit donc pas de ralentir mais de comprimer. Il y a bien
effectivement diminution de l’allure, puisque l’amplitude des foulées
est moindre mais le report de poids sur les hanches et l’avancée des
postérieurs provoque la compression des ressorts du cheval. »
« Ainsi
nous posons le principe que au cours de la période de dressage, durant
laquelle nous allons essayer de fabriquer une machine à sauter, nous
arrêtons notre cheval chaque fois que les conditions ne seront pas
excellentes afin de ne lui donner presque exclusivement que de bons
sauts d’instruction. »
« Rappelons
que le grand Goyoaga, le premier champion du monde de saut d’obstacle,
parvenait à passer un double composé de deux verticaux d’un mètre vingt,
distants de 9,75 mètres et en rentrant sur le premier de la même
manière, à faire à volonté à l’intérieur de la combinaison de une à sept
foulées. Pour cela dès la réception il rassemblait son cheval au point
de lui faire faire des foulées de 0,50m. C’est l’illustration du saut en
mécanisation : aborder dans un galop totalement sur les hanches et
placer la battue très près. »
« Deux principes clef à ne jamais oublier :
-
L’action des jambes doit être dosée exactement comme celle des mains
-
Toute action de jambe à
l’abord de l’obstacle, supérieure au stricte nécessaire est au détriment
de la hauteur de la trajectoire. »
« Le
cavalier ne doit pas demander le départ à l’instant où il veut partir.
Cela souvent surprendrait le cheval trop tard pour qu’il obéisse. Mais
indiquer clairement sur quelle foulée il veut que se situe la battue dès
qu’il a visualisé l’abord et décidé sur quelle foulée il exigeait la
battue.
Autrement
dit : lorsque le cavalier à 3 ou 4 foulées de l’obstacle décide de
l’abord, il indique et règle ces dernières foulées par des actions
rythmées des doigts, de l’assiette, de tout son corps et par pression
progressive des jambes. »
« Il
est étrange de constater qu’à de rares exceptions près, les cavaliers
ne se soucient pas de dire au cheval qu’il n’a pas le droit de toucher
les barres. Il suffit pourtant de recourir toujours aux mêmes procédés,
très simples et de bon sens.
Chaque
fois que le cheval touche une barre, il faut l’arrêter immédiatement,
sèchement, le reculer et surtout avec de grands éclats vocaux de colère.
C’est essentiellement cette « engueulade » qui donne au cheval le
sentiment de sa culpabilité et une certaine peur de la colère de
l’homme. Il faut alors revenir tout de suite sur l’obstacle et, quand le
cheval passe sans toucher, lui manifester fortement son approbation. »
« La trajectoire de votre cheval est dans la paume de votre main. »
« Le
principe clef, fondamental du dressage est de savoir grâce à quelles
actions des aides le cavalier doit agir afin que le cheval
automatiquement réagisse de telle ou telle manière. Seulement alors cela
appelle certaines constatations.
Tout
d’abord, chaque fois que le cavalier veut ré exécuter un même
mouvement, il lui faut recommencer les mêmes actions incitatives ou
coercitives. Petit danger : si pour une raison quelconque le cheval ne
répond pas aussi généreusement que souhaitable aux actions des aides, le
cavalier sera obligé d’augmenter l’intensité de celles-ci. Dans ce cas,
il existe un risque évident de contraction du cheval. Or, nous savons
que toute contraction engendre une certaine perte de son expression
musculaire ; ce qui peut être dommageable au moment de réaliser certains
airs d’école, comme au moment de sauter certains obstacles.
Il
semble incontestablement préférable d’apprendre au cheval que l’orsqu’il
reçoit tel ou tel signal, lui et lui seul, doit effectuer tel ou tel
mouvement. Alors il sera en totale liberté physique, donc complètement
souple, et donc en possession de l’intégralité de son expression
musculaire ainsi que de ses possibilités de détente.
Dans
cette optique, quelle est la différence fondamentale concernant les
rapports entre le cavalier et son cheval ? Il ne s’agit plus de
contrôler la masse musculaire par des actions engendrant des réactions
physiques du cheval mais de lui apprendre les lois régissant
l’équitation.
Le
cavalier ne s’adresse plus au physique du cheval mais uniquement à son
mental ! Autrement dit, il ne doit pas le dresser mais l’éduquer. »
« Toute
l’équitation repose sur quatre piliers : La décontraction, la
musculation, le contrôle latéral, le contrôle longitudinal. »
« Deux
points de vue se sont affrontés en équitation, depuis longtemps,
concernant la priorité à donner au mouvement ou à la position.
Disons
tout de suite que nous sommes partisans de la priorité à la position.
Elle est en effet la forme dans laquelle le cheval va devoir travailler.
Il paraît donc logique qu’elle soit la base première de tout travail.
Si elle est bonne, le travail aura des chances d’être de qualité. Si
elle est défectueuse, le travail sera médiocre. »
« La
vérité est que celui qui, il y a longtemps, a pensé à enseigner aux
cavaliers à mettre le poids dans les talons, l’a fait pour qu’ainsi la
cheville ne puisse plus jouer. Pour éviter le désordre engendré par des
jambes non fixées, il fallait pour cela bloquer la cheville et la chose
ne pouvait s’obtenir que par un poids l’empêchant de bouger.
Ainsi
le « poids dans les talons », en bloquant la cheville, donne des jambes
fixes, toujours à leur place, à tout moment, y compris au-dessus d’un
obstacle et tout naturellement alors le cavalier reste ainsi derrière
son cheval. »
« Si
l’objectif est véritablement l’équitation, la légèreté n’est pas une
théorie, un point de vue, une préférence, une doctrine ; elle n’est ni
plus ni moins qu’une nécessité absolue.
En
équitation, l’athlète, celui qui doit faire les efforts musculaires est
le cheval. Et ceci quelle que soit la discipline pratiquée. Or dans tous
les sports humains, il a été constaté que plus l’athlète est souple,
décontracté, plus ses capacités physiques sont puissantes. Ceci est vrai
autant pour des compétitions demandant des efforts prolongés – course
de fond en athlétisme par exemple – que pour des efforts basés sur les
possibilités de détente – saut en hauteur, à la perche, boxe, etc.
Le
cheval étant l’athlète sur le plan physique des compétitions équestres,
il est donc primordial de lui donner de ses moyens musculaires et pour
cela la décontraction engendrant la souplesse.
Nous
savons par ailleurs que s’il existe une tension dans les rênes, il y a
forcément dans l’encolure du cheval une contraction correspondante à
cette tension-traction. Nous savons également que tous les muscles
accompagnant la ligne dorsale sont solidaires. S’il existe une
contraction dans l’encolure elle est également dans les reins et dans
toute la partie dorsale devant jouer lors d’un abaissement des hanches.
[…]
La
grande équitation implique la volonté de pouvoir obtenir la quintessence
des possibilités physiques du cheval et cette quintessence exige, elle,
une totale souplesse.
Donc cette dernière ne peut exister que si le cheval est monté dans une parfaite légèreté. »
« Autrement
dit, c’est un cheval qui, quelle que soit son allure, se soutient de
lui-même et ne cherche jamais à modifier ni cadence, ni vitesse. Les
rênes du cavalier sont alors ce que j’appelle fluides. Elles pourraient
être flottantes sans que cela fasse changer quoi que ce soit à l’allure
et l’équilibrage du cheval. […] Il existe pourtant une barrière pour le
cheval sinon il se porterait en avant et n’élèverait pas ses membres.
Mais cette barrière n’implique aucune tension de rênes. On ne tient pas
le cheval, il est éduqué à demeurer derrière la main. »
« Dans
le cadre de l’éducation du cheval, il est nécessaire en premier chef de
lui apprendre que jamais il n’a le droit de s’appuyer le moins du monde
sur la main, de tendre ses rênes en tirant peu ou prou. Jamais !
Comment
cela ? De la façon la plus simple qui soit : Si le cheval s’appuie,
c’est à dire tire sur la main, même légèrement, le cavalier doit le
sanctionner par un coup sec sur sa bouche, en agissant selon un angle
d’au moins 40 à 50° ayant pour effet de lui relever l’encolure. Et, et
cela est capital, en accompagnant cette action d’un éclat de voix pour
faire comprendre au cheval qu’il vient de commettre un acte interdit.
Précisons qu’il s’agit bien d’une action sévère et sèche sur la bouche
et absolument pas d’une traction. »
« Certes,
ô combien faut-il être animalier. C’est à dire réfléchir à ce que pense
le cheval, à ses réactions, naturelles et inculquées. Cela dans telle
ou telle circonstance, répondant à telle ou telle action. Bien entendu
il fait le comprendre psychiquement pour mieux pouvoir régir
physiquement ses forces musculaires. Mais être « à l’écoute de son
cheval », ça veut dire quoi ?
C’est LUI qui doit être à l’écoute de son cavalier, de ce que celui-ci lui dit, lui indique, lui ordonne.
On
confond de nos jours autorité, et autoritarisme. Le principe de
l’autorité, répétons-le n’est pas condamnable, c’est ce que l’on en fait
qui peut l’être. Pour nous, la grande équitation n’est pas pratiquée
par un couple mais par un seul être : le cavalier et cette équitation
devient un art quand ce dernier est physiquement prolongé par la masse
musculaire du cheval. Elle s’inscrit dans le sublime principe de
François Baucher : « Détruire les forces instinctives et les remplacer
par les forces transmises. […] Le cheval doit sentir qu’il existe sur
son dos une volonté absolue. Celle-ci est toujours calme, jamais
violente, jamais brutale mais elle ne transigera jamais et sur rien. Si
le cavalier désire quelque chose, il recommencera avec un calme à toute
épreuve, mais avec la volonté absolue d’obtenir ce qu’il veut ; il
recommencera autant que nécessaire et jamais il ne renoncera. »
« Nous
pensons qu’au travail, les allures doivent être énergiques, jamais
molles, mais lentes afin que le cheval élève sa masse et donc développe
toute son arrière-main.
Bien
entendu, partant de ces allures lentes, tous les allongements sont
possibles et même nécessaires, mais en revenant toujours aux allures de
base, lentes et cadencées. »
« Quel est l’objectif suprême pour un cavalier éduquant un cheval ? Que celui-ci devienne son prolongement physique. »
« Nous avons énoncé là le cadre dans lequel nous allons éduquer le cheval :
-
D’abord capter son attention ; le mettre dans un climat de confiance et même d’intérêt
-
lui dire, mouvement par mouvement, ce qu’il doit faire et ce qui lui est interdit
-
recommencer ces mouvements jusqu’à les transformer en gestes réflexes
-
Donner au cheval l’habitude de
bien faire, ceci de façon très progressive et en commençant bien sûr
par des actions très simples.
Et c’est ainsi que l’on progresse vite. »
« Le
premier impératif en vue de pratiquer l’équitation de qualité est donc
pour le cavalier, un absolu contrôle de lui-même. Chaque geste, chaque
action ayant trait à la communication cheval-cavalier est importante. »
« Un
des plus bénéfiques effets des temps de travail courts est que cela
donne au cheval la notion de « travail » que cela implique.
Le
cheval apprend très vite qu’à partir de l’instant où il est « mis en
travail », tout mouvement, fut-ce de baisser un peu son encolure, de
tourner sa tête même d’à peine 15°, lui est interdit. Il doit conserver
une immobilité de pierre dans l’attitude que lui a donnée son cavalier.
Et réagir instantanément à toutes les indications qu’il en recevra. Par
la force des choses, il est alors obligé de demeurer très attentif aux
moindres actions du cavalier ; il perd ainsi toute velléité
d’indépendance.
Seulement
ces moments de farouche discipline ne sont pas long et ensuite par
contre il va être « mis en récréation ». Or à partir de cet instant, il
peut faire absolument tout ce qu’il veut, hormis changer de place. Mais
il peut allonger son encolure, la tourner pour regarder à la ronde, se
gratter, chasser les mouches, etc.
Le
contraste entre ces deux moments tellement différents lui fait
comprendre qu’il est des instants où il n’a plus le droit de faire autre
chose que ce qui lui est prescrit. S’il ignore toujours le mot travail,
il en comprend et en accepte le principe.
Très
rapidement, grâce dans les premiers temps à la brièveté des temps de
travail, le cheval s’adapte à ce rythme et l’accepte totalement. Alors
il en résulte un effet capital : il commence à s’intéresser à ce que son
cavalier lui demande. »
« A
tout mouvement condamnable du cheval, l’interdiction de ce geste doit
provenir d’un éclat de voix ; un seul, bref, mais impérieux. Même un
cheval non habitué doit immédiatement sentir la colère du cavalier. Bien
entendu, il n’est pas question un seul instant qu’il le soit
réellement. Nous pensons même que si, pour une raison ou une autre, un
cavalier sent monter en lui le moindre sentiment de colère, il doit
immédiatement arrêter de travailler et ne rependre que lorsqu’il se
sentira parfaitement détendu. Mais par contre, très souvent il doit
« simuler » la colère. Et il ne le peut que par la tonalité de sa voix. Il
ne s’agit pas de faire peur au cheval, mais de lui faire comprendre que
son cavalier ne plaisante pas. »
« Quand
le cheval donne une flexion de nuque, c’est à dire lorsqu’elle est
obtenue sans aucune traction des rênes, cela implique une totale
décontraction. Mais aussi la possibilité pour les reins de ployer et
donc d’abaisser les hanches. Un chanfrein ouvert ne permet pas ce
mouvement. Aussi il n’est pas exagéré de dire qu’une cheval allant avec
un chanfrein ouvert se « déplace » mais ne travaille pas physiquement au
sens réel du terme. »
« La
décontraction de la main : elle entretient la décontraction du cheval. A
ce titre, elle est fondamentale. Surtout pas de mains mortes ! Le
cavalier doit avoir une main vivante ! On ne saurait tolérer une bouche
sèche !
Cela
a été dit, répété par toutes les grandes voix équestres… Mais propos
rarement suivis. Or pourtant si un cheval joue avec son mors, sa bouche
est « fraîche », elle salive ; c’est là une des conditions clefs de la
décontraction, donc de la souplesse du cheval. Aussi nous pensons que
l’entretien de cette décontraction doit être quasi permanent. »
« Si
le cavalier appuie sur la rêne droite, il doit attendre de sentir la
rêne se détendre parce que la mâchoire a cédé. Et aussitôt il effectue
la même action sur la rêne gauche, etc.
Un
cheval habitué cède immédiatement donc cette mobilité de mâchoire
devient permanente et les mains n’ont plus alors qu’à l’entretenir par
une infime vibration. Mais bien entendu si les mouvements de la mâchoire
s’arrêtent l’appui sur la rêne recommence aussitôt jusqu’à nouvelle
cession. La vivacité des mains, leur travail constant afin d’entretenir
cette décontraction doit être un réflexe permanent du cavalier. »
« Nous
posons le principe de ne partir dans une allure, pas, trot, galop, que
de l’arrêt, et directement dans cette allure en ce qui concerne le trot
et le galop. Aussi nous condamnons absolument dans le cadre de
l’éducation d’un cheval les transitions montantes. Lorsqu’elles sont
descendantes elles n’ont pas de nocivité ; encore qu’il soit préférable
d’apprendre au cheval à s’arrêter net en prise d’équilibre. Mais
effectuer des transitions montantes nous apparaît comme plus qu’une
erreur, une véritable faute !
Un
cheval passant du pas au trot, et du trot au galop, cherche
instinctivement à reporter du poids sur ses épaules. Certains manuels
d’ailleurs n’hésitent pas à écrire : « pousser le trot afin que le cheval
tombe au galop » TOMBE ! Donc habituer le cheval à se laisser aller sur
les épaules.
Pour
notre part, il nous semble extrêmement important, et dès le début de
l’éducation d’un cheval, d’exiger son départ directement dans l’allure
désirée, sans jamais lui permettre d’effectuer le moindre report de
poids sur son avant-main. […]
Aussi
nous incorporons parmi les fondamentaux techniques l’impératif d’exiger
que tout départ dans une allure s’effectue par une engagement et une
poussée de l’arrière-main, donc en prise d’équilibre. »
« Imperturbablement,
il est répété que le cheval s’incurve autour de la jambe lorsque
celle-ci effectue une pression latérale à la sangle. Cela est faux,
archifaux !
L’incurvation telle qu’elle est généralement décrite n’existe pas.
Lorsqu’un
cheval sur une courbe abaisse une hanche pour avancer son postérieur
interne, le cavalier a la sensation que son cheval s’arrondit. Mais ce
n’est qu’une impression. Qu’est-ce qui a fait douter certains chercheurs
de la réalité de l’incurvation du cheval ? La photographie. Peu à peu
un doute s’est instauré jusqu’au jour où les plus hautes autorités
vétérinaires anglo-saxonnes ont confirmé. Mais en précisant d’ailleurs :
« Curieusement les milieux équestre ne semblent pas désireux d’en tenir
compte. » En effet, plusieurs dizaines d’années après ces découvertes
scientifiques, il est toujours enseigné que le cheval s’incurve autour
de la jambe, ce qui fait croire à presque tout le monde que l’épine
dorsale se ploie en arc de cercle… […]
Un
cheval ne peut s’incurver. Bon ! Mais l’encolure elle peut être
totalement ployée et malaxée dans tous les sens. Or nous constatons que
si elle est ployée latéralement de façon importante (entre 60 et 90°) et
que le cheval remet du poids sur son épaule extérieure afin
d’équilibrer le poids déplacé par le ploiement de l’encolure, il est
alors mécaniquement obligé d’avancer son postérieur interne, il ne peut
le faire que grâce à un léger abaissement de la hanche correspondante. »
« Posons un principe absolu : ne jamais changer de direction fut-ce de 20 à 30° seulement, sans :
-
ployer l’encolure
-
reporter le poids correspondant sur l’épaule extérieure
-
et ceci avant de s’engager sur la courbe à parcourir »
« La
force d’un cheval est totale lorsqu’il s’encapuchonne légèrement en
s’appuyant vers le bas. Dans cette attitude il peut opposer une
résistance de force et de poids qu’aucun cavalier ne peut contrôler.
Aussi voit-on alors fleurir des embouchures plus ou moins puissantes
afin que le cheval hésite à tirer en raison de la douleur causée par
cette embouchure. Par contre un cheval n’a pratiquement aucun force,
aucune capacité de résistance s’il se trouve en placer relevé.
Par
ailleurs, toute action des mains du cavalier agit directement sur
l’équilibre du cheval. Ce qui n’est pas le cas sans ce relèvement. Il ne
faut jamais oublier cette phrase de François Baucher : « Si l’encolure
est basse ou tendue, il n’y a plus d’action possible du cavalier sur le
cheval parce que toutes celles qu’il exerce ne sont ressenties que par
l’encolure seule et n’agit pas sur le reste du corps. »
Tandis
que si cette l’encolure est complètement relevée, c’est toute la masse
qui répondra aux actions demandant des reports de poids sur
l’arrière-main. Enfin, le relèvement est l’évidente et indispensable
préparation à l’abaissement des hanches qui est, nous l’avons déjà dit,
la seule forme efficace de l’engagement des postérieurs. »
« En
réalité, le reculer a un double effet, physique et psychique. Dans la
mesure toutefois, et la chose est primordiale, où le cheval ne se porte
en arrière qu’en ayant donné au préalable et conservé durant tout le
temps du mouvement, une complète flexion de nuque. Il peut même sans
dommage être légèrement encapuchonné. Dans cette attitude, le cheval est
absolument obligé d’abaisser complètement ses hanches. Il en résulte
donc un important travail musculaire. Sur le plan psychique tous les
mouvements habituant les chevaux à ces reports de poids sur
l’arrière-main ne peuvent être que bénéfiques.
Par
contre, si le cheval ouvre sa nuque, il reculera uniquement par le jeu
de ses membres sans que la ligne dorsale, l’arrière-main et les
abdominaux travaillent donc sans aucune conséquence utile. […]
L’impulsion
n’est pas l’apanage du mouvement en avant. Un cheval qui recule
instantanément, régulièrement et parfois dans une cadence accélérée est
un cheval en pleine impulsion. »
Jean d’Orgeix
« J’ai
observé les chevaux en liberté, seuls ou en groupes ; élevés par
l’homme ou sauvages ça n’a pas d’importance, leur naturel ressort
toujours. »
« Accéder
à la véritable unité (true unity) et à la communication spontanée
(willing communication) avec un cheval n’est pas quelque chose qui peut
simplement être transmis. Cela doit être étudié et venir du fond de soi
et du fond du cheval.
Je
crois que les chevaux ont naturellement une foi incroyable en l’être
humain. Mais pour gagner leur confiance, nous avons besoin de comprendre
ce besoin fondamental qu’ils ont de se sentir en sécurité. J’ai trop
souvent pu constater à quel point les gens n’en avaient pas conscience,
cela causait chez le cheval un manque de cette même confiance qu’il
s’efforce tellement de gagner. Donc si une personne est capable
d’aborder un cheval de manière compréhensible pour lui, ce qui permet à
la confiance de s’établir, il se montrera vraiment tolérant. »
« Pour
l’être humain comme pour le cheval, les choses semblent procéder par
étapes, et chacune requiert un temps donné. Il y a un moment où il ne
faut pas mettre le cheval sous pression s’il n’est pas prêt à franchir
une nouvelle étape. Si l’on continue simplement à demander en essayant
de l’encourager autant que possible sans trop le perturber, il arrive un
jour où tout devient plus clair ; il comprend ce que l’on voulait. Je
pense qu’une personne fonctionne en grande partie de la même manière. »
« Beaucoup
de gens ne réalisent pas avec quelle facilité il est possible de
détruire les liens que le cheval a développés envers l’être humain. Le
fait de permettre au cheval de fortifier cette relation de confiance et
ces liens « solides » veut dire beaucoup pour lui. Or ce besoin dont est
rempli le cheval de mieux connaître l’être humain passe généralement
inaperçu. Les gens n’ont même aucune idée de ce dont je veux parler. Le
cheval a besoin qu’on reconnaisse son désir d’aller à la découverte de
l’homme, et il attend en retour que l’homme ait envie de le découvrir. »
« Certaines
personnes peuvent monter un cheval durant toute leur vie sans jamais
obtenir ce bon état d’esprit que j’essaie d’établir le plus tôt
possible, comme fondation. Je ne recherche pas la perfection dès le
départ, seulement des bases suffisantes pour que le cheval se tourne
vers moi s’il a des problèmes. S’il ne le fait pas de lui-même, je fais
en sorte qu’il recherche confort et protection auprès de moi. Sans ces
fondations je me sens en grande insécurité avec lui. »
« Aucun
cheval ne veut se blesser ou être maltraité. Il arrive qu’ils fassent
des choses qui provoquent des blessures, mais en général ce n’est pas ce
qu’ils recherchaient, ce n’était pas leur intention. Ils ne sont pas
différents de nous, ils ont simplement un instinct d’auto-protection
très développé. Cet instinct de survie existe chez tous les êtres
vivants mais s’il n’avait pas été aussi fort chez les chevaux, il n’y en
aurait plus sur terre depuis bien longtemps. »
« Quand
j’aidais des cavaliers qui pensaient avoir un problème avec leurs
chevaux je leur disais que « c’était le cheval qui avait un problème avec
eux. » »
« Parfois
les cavaliers sont impatients de passer à un niveau supérieur. La
plupart du temps, il n’est pas possible de répondre à leurs questions
sans prendre en compte tous les éléments d’une situation
(l’environnement, son niveau, celui du cheval, etc.) Si je pouvais tout
arranger pour que la situation corresponde à la question, ce serait
fantastique, mais il y a tellement de facteurs qui entrent en ligne de
compte que cela représenterait de toute façon trop de paramètres par
rapport aux connaissances du cavalier.
Les
cavaliers aimeraient avoir une réponse type, immédiate et superficielle
à leur question. Je veux qu’ils fassent eux-même l’effort de
comprendre ; de comprendre le cheval tout entier, incluant son mental,
son physique et son esprit. Peut-être alors entreverront-ils tout ce qui
leur reste à découvrir. »
« Certaines
personnes ont le sentiment que le cavalier fait une erreur s’il ne
relâche pas la pression après que le cheval a exécuté le mouvement
désiré. En réalité, il faut la relâcher quand le cheval est sur le point
de céder. C’est à dire avant que le mouvement ne se déclenche. Si vous
pouvez sentir ce qui va se passer, relâchez votre pression avant que
l’action désirée se produise. Si vous la maintenez quand le cheval
commence à effectuer son mouvement, vous représentez une gêne pour lui,
vous êtes en travers de son chemin. Il essaie d’utiliser sa propre
réflexion, son propre corps, mais vous ne le lui permettez pas car vous
interférez sur le processus. »
« Quand
vous placez le cheval en première position et que vous essayez de
travailler à partir de là où il en est, il comprends plus facilement ce
que vous voulez. Je dirais que la plupart des gens se placent en
premier, ils essaient de faire en sorte que le cheval s’adapte à eux. Le
cheval essaie tout le temps de nous dire où il se situe (comment il se
sent, ce qui se passe en lui). Écoutez-le. Essayez de comprendre ce
qu’il tente de vous dire. »
« Parfois
votre cheval sait ce que vous voulez, il essaie de le faire, mais ça
lui prend du temps pour coordonner ses gestes. Tom a pris l’exemple de
quelqu’un qui vous demande d’enfoncer un clou avec un marteau de la main
gauche. Vous savez ce que la personne attend de vous, vous essayez de
le faire mais il vous faut plus de temps pour coordonner vos gestes. Si
on vous met la pression pour vous faire progresser, cela vous gêne. »
« Par
exemple, si vous avez un problème persistant avec votre cheval, plus
vous vous acharnerez à vouloir le corriger, plus il s’amplifie. Grâce à
Tom, j’ai appris à ignorer le problème tout en y restant attentive. Si
vous ne vous laissez pas perturber par ce dernier il disparaîtra dans la
plupart des cas. Tom m’a appris à ne pas me soucier d’un gros problème
mais de le fragmenter en petits problèmes et de travailler sur chacun
d’entre eux. Lorsqu’on les a résolus, on s’aperçoit que le gros problème
n’existe plus. »
« A
l’époque, vous savez, on ne se préoccupait pas de savoir si le cheval
était perturbé. On allait de l’avant et on faisait ce qu’on avait à
faire. On ne se posait pas de questions. Pour qu’il s’arrête, on disait
« Whoua ! » un point c’est tout. Et il avait intérêt à s’arrêter pile. Ce
qui nous a le plus servi dans l’enseignement de Tom c’est de réussir une
chose avec un cheval en évitant de le perturber. Tom nous demande
d’agir sans contrarier le cheval. C’est ça le plus extraordinaire. Mais
c’est également une philosophie de vie. Ça ne s’applique pas uniquement
aux chevaux et c’est la raison pour laquelle c’est si extraordinaire.
Personnellement, ça a changé complètement mon attitude dans la vie. »
« Vous
devez d’abord apprendre à accompagner le cheval pour qu’à son tour le
cheval vous accompagne. Pour résumer l’équitation en quelques mots,
c’est aussi simple que ça. »
« Il
y a un point qu’un cavalier peu expérimenté oublie parfois de
travailler. Au moment de se mettre en avant, il est possible qu’il ne
soit pas conscient de l’importance d’orienter son corps en direction
d’un endroit choisi. […] Il faut offrir cela à votre cheval, en
dirigeant son corps vers un but, puis en partant dans cette direction.
Après un certain temps, les chevaux parviennent à rester exactement sous
vous (entre vos jambes), quelle que soit la direction dans laquelle
vous orientez votre corps. Vous n’avez plus réellement besoin d’utiliser
les rênes, ils restent parfaitement avec vous. »
« Parfois,pour
parvenir à arrêter son cheval facilement, le cavalier peut le faire
trotter, et quand celui-ci est décontracté, au lieu de lui demander de
s’arrêter d’un seul coup sur une ligne droite, le cavalier se met sur
une volte qu’il rétrécit graduellement, pour donner au cheval le temps
de penser à l’arrêt. Il lui laisse avoir lui-même l’idée de s’arrêter.
Simplement laisser le cheval trouver l’arrêt, ne pas essayer de le
forcer à s’arrêter. Ce que vous essayez d’obtenir c’est qu’il pense à
s’arrêter. Une fois qu’il y parviendra, vous pourrez lui demander de
s’arrêter sur une ligne droite. Il pensera alors à s’arrêter au lieu de
continuer à avancer.
Soyez
particulièrement attentif à ne pas lui mettre la moindre pression à
l’instant où il s’apprête à s’arrêter. La raison pour laquelle je dis
cela, c’est parce que si vous gardez de la pression, le cheval fera
quelques pas de trop. C’est parce que vous le retenez qu’il s’appuie sur
vos rênes. Mais s’il s’apprête à s’arrêter et qu’il ne trouve rien sur
quoi s’appuyer, il va apprendre à s’arrêter lorsque vous devenez passif.
Au lieu de lui tirer dessus pour l’arrêter, indiquez-lui donc
simplement que vous voulez vous arrêter, relâchez la pression et il
s’arrêtera. »
Tom Dorrance – True Unity
« Demander souvent ; se contenter de peu ; récompenser beaucoup. »
« La
leçon doit être, pour le cheval comme pour le cavalier, un exercice
salutaire, un jeu instructif qui n’amène jamais la fatigue. Dès que la
sueur apparaît, c’est que l’homme a dépassé la mesure. »
Faverot
« Comme
toute l’équitation réside dans des translations de poids, le premier
acte du dressage doit être de répartir également ce poids, afin que le
bon équilibre, maintenu dans le mouvement, assure plus tard la légèreté
dans toutes les allures. »
James Fillis
« L’observation
d’un débutant, tout comme celle d’un professionnel estimé et titré,
apporte une pierre de plus à l’édifice. Tel qui travaille violemment et
s’emporte sans cesse est une exemple, pour moi, à ne pas suivre. Tel qui
fait preuve d’une grande patience, qui met sa réflexion et son savoir
au service de son cheval, grave en moi l’idée de l’imiter, de
m’améliorer sans relâche.
Les
élèves également m’ont beaucoup appris : comment peut-on blâmer leur
position de buste ou de main à cheval, et être soi-même penché en avant,
avoir poignets cassés et pointes de pieds en gendarme ?
Instruire
un cavalier débutant oblige à avoir de la méthode un discours
raisonnable et précis, de la pédagogie. Expliquer et réexpliquer, ne pas
crier comme le font tant d’enseignants. Créer un climat de crainte et
de doute décourage l’élève, qu’il soit d’ailleurs humain ou cheval… »
« Pour
parvenir au but fixé et penser de moi : « Je suis un honnête cavalier »,
une vie malheureusement ne suffira pas. Mais « je fais tous les jours des
progrès, l’essentiel est là » (Paul Cézanne).
Dans un doute quotidien, je me remémore cet aphorisme : « même ceux qui boitent ne vont pas en arrière. » (Khalil Gibran) »
« Hâte-toi lentement ». Cette maxime, je me la répète chaque fois avant de monter. »
« Avec
l’accord du cavalier (certains rechignent, d’autres vous proposent
d’emblée un cheval dangereux…) je monte quelques minutes le cheval des
nouveaux élèves. Cela pour infirmer ou confirmer mon premier
diagnostique du travail du couple.
Mes premières observations, même au pas, sont fréquemment les suivantes :
-
manque de bonne volonté à se porter en avant, sorte de nonchalance teintée d’indifférence
-
résistances dans la bouche et méfiance vis-à-vis des mains du cavalier
-
cheval « en deux morceaux » (absence de liaison entre l’avant-main et l’arrière-main)
A chacun de ses défauts, j’apporte les corrections suivantes :
-
mise en avant inconditionnelle
avec descente totale de jambes et d’éperon et ouverture de l’assiette,
au plus petit signe d’obéissance.
-
Vibration sur la rêne
intérieure, rêne extérieure au contact léger, descente de main à la
moindre mobilisation de la mâchoire inférieure du cheval
-
rectitude du cheval en
replaçant les épaules devant les hanches ; activité égale des
postérieurs ; encouragement de la voix qui caresse et décontracte.
Le
remède convient quasiment à tous les chevaux endormis, raides, braqués
ou paresseux. Leurs cavaliers, remontés en selle me gratifient en
général d’un simple mais éloquent : « Ce n’est plus le même ! »
« Concernant
le refus d’incurvation dans les coins, le plus souvent à main droite :
rêne gauche en appui sur la base de l’encolure, déplaçant l’épaule
gauche du cheval vers la droite et ploiement par la rêne droite
semi-tendue. »
« J’opère,
en outre, de plus en plus des descentes de main et de jambe, auxquelles
Goepher est sensible. Comme tout cheval fin, il attache de
l’importance, de l’attention à un ordre doux et discret ; au contraire,
il réagit avec irritation à une aide dure et prolongée. »
« Ce
triste spectacle achevé, un élève vient au manège prendre un cours
auprès du brillantissime dresseur, sur un cheval visiblement fatigué.
L’enseignant vocifère : « Vous n’arriverez jamais à rien, vous n’avez pas
de jambes ! » Et l’élève de taper le plus fort possible avec les talons
dans les flancs de son cheval pour faire plaisir à son médiocre
professeur. Rien n’y fait !
La
méthode ne convient pas, elle abruti et décourage les chevaux. Les
aides vulgaires et brutales sont à bannir. Les aides fines et
intelligentes doivent être discrètes et le cavalier doit en être avare
car, à tout prendre, si des jambes doivent bouger, il vaut mieux que ce
soient celles du cheval ! »
Me revient en mémoire cette citation de Machiavel : « Vous semez de la ciguë et prétendez voir mûrir des épis ? »
J’imagine
cet animal mis en liberté dans le manège retrouvant instantanément,
comme beaucoup d’autres dans ce cas, des allures altières. »
« Je
multiplie raisonnablement les départs au galop juste aux deux mains à
partir du trot sur de grands cercles, tente de franchir les coins avec
plus de rigueur et me contente chaque jour d’un progrès si minime
soit-il. Excès de gaieté ou de nervosité, j’ai droit à des micro sauts
de mouton, des mouvements d’encolure et des irrégularités de cadence et
d’amplitude. Heureusement, les progrès du cheval m’amènent petit à petit
à évoluer moi-même : aides plus discrètes encore, meilleur équilibre du
corps en selle, fixité des mains par rapport à la bouche,
décrispations. Tout cela conjugué améliore radicalement l’allure.
Une
fois de plus, le cavalier est largement responsable des fautes commises
par son élève… Et quel dresseur, confronté à un cheval désobéissant,
peut-il être assuré d’avoir été bien compris ? »
« Changement
de méthode : contre-galoper avec le pli vers l’intérieur du manège (par
exemple pli à gauche au galop à droite) : Départ au contre-galop au
début du grand côté du manège et passage du coin au trot.
Progressivement, je retarde la demande de retour au trot et le cheval,
me comprenant, exécute en quelques jours un tour complet de manège au
contre-galop ; sans s’inquiéter ni se désunir. »
« Cette
tenue des rênes à la française, j’admets qu’elle demande au cavalier
quelques heures de tâtonnements pour arriver à la maîtriser. Mais si
l’on demande aux chevaux de choisir entre ces deux méthodes, leur
réponse est claire : ceux sur qui, depuis toujours, l’on pratique la
tenue des rênes à la française, semblent rapidement vous demander ce que
vous faites si vous croisez vos rênes et inversement on constate que
les chevaux en défense contre la main (tenue des rênes à l’allemande) se
calment et retrouvent une attitude conforme aux directives de la
Fédération Équestre Internationale de dressage : une encolure étendue,
la nuque comme point le plus haut, un chanfrein très légèrement en avant
de la verticale.
Cette
méthode, décrite dans le manuel de la Fédération Française d’équitation
sous le nom de tenue des rênes « à la française » ou « de l’école de
Versailles », est bien évidemment autorisée en compétition officielle,
mais elle n’est que fort peu pratiquée. Je crois d’ailleurs savoir qu’en
Allemagne certains juge la récusent.
Cependant, la tenu des rênes à la française ne prend toute sa valeur que liée à l’emploi des flexions de mâchoire et de nuque. »
« Je me penche aujourd’hui sur la question du reculer.
Bonne
surprise : depuis un arrêt décontracté, sur une discrète élévation des
rênes de filet suivie d’un retrait léger de la main, le cheval recule
d’un pas. J’ai pris soin de ne pas mettre de jambes, comme beaucoup le
font, par simple bon sens : les jambes, c’est pour aller en avant ! Et
de ne pas non plus me pencher en avant pour alléger le rein du cheval
qui, au contraire, doit apprendre à transférer du poids de son
avant-main vers son arrière-main. Surtout ne pas tirer sur les rênes.
Inviter simplement chaque diagonal à se poser en arrière, par simple
tension de la rêne associée. Je me contente d’un seul pas puis, en
quelques leçons, de deux, puis trois, puis quatre pas. »
« Ces
dernières années, au cours de précédents dressages, j’ai essayé
différentes techniques pour enseigner les changements de pied en l’air à
mes chevaux. Pour cela, tour à tour et suivant les influences du moment
(chevaux, livres, professeurs, etc.) j’ai utilisé :
-
Le contre-changement de main
en appuyer au galop, avec un problème permanent à résoudre celui des
chevaux qui se traversent ou se balancent latéralement
-
la technique du nombre
décroissant de foulées intermédiaires au pas, avec un inconvénient
majeur, celui de la perte d’impulsion. Elle avait cependant l’avantage
de ne pas altérer la rectitude et de favoriser un bon équilibre pour le
nouveau départ au galop.
-
Le changement demandé en
arrivant à la paroi, àla fin de demi-voltes de dimensions
progressivement réduites, avec inversion du pli sur l’oblique, en
exploitant la perspective d’un changement de direction.
-
L’étude des changements de
pied sur la serpentine ou le huit de chiffre (longtemps ma préférée)
décrite par le général Decarpentry :
.
Le cheval conserve le galop sur le pied du dedans en contre-pli, les
aides du cavalier restant sans ambiguïté conformes avec le pied sur
lequel le cheval galope.
.
Au point de tangence des deux cercles, le cavalier inverse son assiette
et la position de ses jambes, en accord avec le nouveau galop.
.
Si le cheval change correctement de pied, le conduire sur le nouveau
cercle. S’il manque son changement, rester sur le cercle initial.
-
Le changement de pied de juste à faux au passage d’un coin, utilisant le déséquilibre dû à la force centrifuge.
-
Enfin, très
exceptionnellement, changement de pied avec inversion du pli, du
contre-galop en contre-épaule en dedans à celui du galop à juste,
hanches en dedans. »
« Aujourd’hui je me borne avec Goepher à une méthode simple pour les changements de pied au galop :
-
départ au contre-galop à une quinzaine de mètre d’un coin
-
cinq ou six mètres avant ce coin, passage au trot
-
inversion du pli et des aides et départ au galop à juste, en prenant garde de ne jamais passer ce coin au contre-galop.
Peu
à peu en deux ou trois leçons je diminue le nombre de foulées de trot
et, (avec un peu d’hésitation quand même) mon cheval me donne son
premier changement de pied en l’air.
Par
expérience et en raison de l’inflexion naturelle de Goepher à gauche,
j’ai choisi de débuter cet apprentissage à main gauche, gage de plus
grande réussite. »
« J’efface
de mon esprit les mots « changement de pied » pour les remplacer par ceux
de « départ au galop ». Car finalement qu’est-ce qu’une demande de
changement de pied en l’air, si ce n’est une exigence de départ au galop
à partir du galop ?
Cette
conception énoncée dans les cours que je dispense sur ce sujet, est
facteur de succès : en effet nombre d’élèves à la demande de changement
de pied en l’air, se crispent sur leurs chevaux, gesticulent, regardent
par terre en se penchant. Ils utilisent des aides dures, soulèvent leur
assiette et ratent leurs changements de pied, eux qui ne subissent
pourtant aucun échec lors de leurs demandes de départ au galop à partir
du trot ou du pas !
Parfois
le cheval n’ose pas changer de pied ou par maladresse ne change que du
devant, mais la patience aidant, ce galop désuni n’est que de très
courte durée. »
« Mais
combien il est difficile de faire agir, en même temps, sa main, son
assiette et ses jambes ! J’en veux pour preuve l’anecdote rapportée par
André Monteillhet dans son livre Les Maîtres de l’œuvre équestre (Odège
1979) : un grand seigneur de France conduisant son fils chez Monsieur
Duplessis lui avait dit en l’abordant : « Je vous prie de bien vouloir
enseigner à mon fils à bien accorder à cheval ses jambes et ses mains. »
L’écuyer répondit : « Monseigneur, il y a environ soixante ans que je
travaille pour apprendre cela et vous me demandez là tout ce que
j’ambitionne précisément de savoir ! »
« A
ma demande, elle monte le cheval que je vois rapidement se méjuger au
pas de trois sabots sur les diagonales ! Pas avare de conseils, elle me
rappelle ce que je sais déjà, mais que sottement je ne fais pas :
indications alternées des jambes à la sangle, rythmées sur les pas du
cheval.
La
méthode a l’avantage de ne pas engendrer de doute dans l’esprit d’un
cheval : l’action intermittente des jambes à la sangle commande le pas
allongé ; la pression des deux jambes à la sangle provoque le départ au
trot. »
« [Le
travail de Goepher] est fractionné dans la journée afin de le renvoyer
au box dès que je suis satisfait. Je consulte ma bibliothèque sur les
problèmes relatifs aux changements de pied. Aucun soucis pour leurs
auteurs, réussite totale, ça ne m’avance guère, ils sont doués
assurément. »
« Arrêt
d’école : S’arrêtant dans la position de la demi-épaule en dedans, à la
fin d’une ligne parallèle à la diagonale du manège, le cavalier
enseigne à son cheval l’arrêt d’école correct, car le postérieur externe
ne peut s’échapper et le postérieur interne ne peut se soustraire à
l’engagement. »
« Le
passage a quelque peu déréglé le piaffer de Goepher qui rechigne à
s’employer sur place et préfère avancer en se rassemblant moins.
Je dois :
-
réfléchir, analyser les causes
-
ne jamais utiliser de méthodes sévères
-
faire preuve d’une patience infinie
-
revenir régulièrement aux exercices de gymnastique de base.
Bien
souvent l’ignorance et le manque de technique sont à l’origine de
comportements violents. Hélas, combien de cavaliers usent de démesure
quand ils n’ont pas de solution à un problème ! »
« Pour
dénoncer certaines pratiques de moniteurs pour qui le mot « pédagogie »
ne veut strictement rien dire, il m’est revenu en mémoire un détestable
souvenir : en 1996 (?) aux Saintes-Marie-de-la-Mer au Château d’Avignon,
une concurrente est entrée en pleurs sur la carrière pour dérouler une
reprise de niveau B. Son entraîneur, jusqu’au dernier instant, l’a
littéralement traînée plus bas que terre en public. Il l’attendait à la
sortie du rectangle pour l’admonester à nouveau généreusement,
provoquant de nouvelles larmes.
Il
faut en finir avec ces pratiques d’un autre âge et les vouer aux
gémonies. Les cavaliers sont des gens motivés, passionnés, qui paient
pour recevoir un enseignement de qualité et non pour être méprisés et
insultés. Certains pseudo-enseignants sortiraient grandis en nuançant
leurs méthodes.
Un bon professeur vous ouvre des portes, jamais il ne vous les claque au nez ! »
« Un
général, cavalier médiocre, avait confié le redressage de son cheval
indocile au capitaine Charles Raabe. Trois mois plus tard, il avait
manifesté le souhait de le remonter au manège. Le général a cheval,
exprime alors sa satisfaction :
– Capitaine, je crois que mon cheval me reconnaît !
Silence
de l’écuyer. Sur ce, le cheval part en sauts-de-mouton et jette son
cavalier à terre. Raabe aidant son supérieur à se relever lui dit en
l’époussetant avec respect :
– Vous avez raison mon général, il vous a reconnu… »
L’irrespectueux capitaine écopa de huit jours d’arrêts de rigueur ! »
« Depuis
bientôt quarante ans, les expériences que j’ai vécues et la
fréquentation du monde équestre me font donner raison à Sobène Olstef
qui prononça cette phrase criante de vérité : « L’amour et l’équitation
sont les deux plus larges carrières que l’homme puisse trouver pour
exercer sa maladresse. »
Georges Fizet – Du débourrage à la haute-école – Journal de dressage
« Si
l’éthologie peut bien évidemment se passer de l’équitation, il n’est
pas si sûr que l’équitation puisse se passer de l’éthologie. »
Aurore Fougeray
« Si
un cheval ne veut pas marcher sur une bâche, c’est qu’il ne fait pas
assez confiance à son humain, qui n’a pas suffisamment de leadership. Il
faut donc travailler sur le leadership, par sur la bâche. »
« La
désensibilisation implique la confiance en l’homme, en ce qu’il
demande. En fait quand on fait de la désensibilisation avec un cheval,
on ne cherche pas tant à ce que le cheval n’ait plus peur d’un objet
particulier, on cherche à ce que le cheval fasse confiance à l’homme et
qu’il comprenne que quand le cavalier l’expose à une chose
potentiellement flippante, en fait, ce n’est pas dangereux pour lui.
C’est le but d’une désensibilisation réussie. »
« Il y a la phase d’apprentissage, où l’on utilise que le renforcement négatif avec le principe des 4 phases.
Pour
la phase de raffinement, on utilise aussi le renforcement négatif mais
en introduisant une phase 0 (la voix) et les phases s’utilisent
différemment (on passe de 0/1 à 4). La phase 0 permet de préparer la
liberté.
Une fois la bonne réponse obtenue, on utilise le renforcement positif soit continu (à chaque fois) soit partiel. »
« La communication non verbale a trois composantes :
-
La communication
émotionnelle : même quand on n’en est pas conscient, le cheval ressent
nos émotions et notre état émotionnel lui donne des informations. La
communication émotionnelle a une incidence sur les deux suivantes.
-
La communication posturale : en gros c’est notre position (buste en avant, redressé, relâché, bras pendants ou tendus…)
-
La communication gestuelle : les gestes que l’on fait, les mouvements.
Les
communications posturales et gestuelles dépendent des émotions, il faut
donc se rendre compte que le cerveau émotionnel gère tout le reste. Si
l’on n’est pas dans une bonne émotion, la communication posturale et
gestuelle sera parasitée. Il faut donc prendre conscience de
l’importance des émotions et essayer de les contrôler. »
« Il
y a 4 grandes émotions communes aux hommes et aux chevaux (et à tous
les mammifères) : l’attachement à la mère, la joie, la peur et la
tristesse. Toutes les autres émotions que l’on ressent sont des
combinaisons de ces 4 émotions de base. Si l’on ne réalise pas que les
animaux ont des émotions, ça nous permet de tout leur faire, on se
dédouane des comportements que l’on peut avoir vis-à-vis d’eux. »
« En
France, on a l’équitation éthologique, l’équitation naturelle ou encore
l’équitation comportementale. Ludovic se reconnaît plus dans le
Horsemanship. La définition officielle de ces équitations est la mise en
application dans un milieu équestre des connaissances scientifiques. On
essaie donc que l’équitation soit la plus naturelle possible pour le
cheval, elle devient donc de moins en moins naturelle pour nous. C’est
donc à nous que revient la majorité des apprentissages (moteurs,
sensoriels et émotionnels). »
Ludovic Fournet
« Les
résistances du cheval ont presque toujours pour cause première une
souffrance physique provenant souvent de la contrainte qui lui est
imposée par la maladresse, l’inexpérience ou la brutalité du cavalier.
Peu à peu, du physique, la résistance passe au moral, et devient
beaucoup plus difficile à détruire. »
« Les
figures qui de nos jours composent encore les airs de haute école
avaient donc autrefois un but d’utilité qui depuis longtemps a cessé
d’exister. Néanmoins c’est sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV
qu’en conservant les traditions des temps passés, l’art équestre
atteignit son plus haut degré de perfection. »
« lorsqu’il
sera parvenu à assurer les cuisses et les genoux, que le mouvement des
jambes n’influera pas sur leur position et leur adhérence aux quartiers
de la selle, il aura acquis le sentiment de la tenue. »
« Si je n’ai pas parlé de la haute école, c’est que je la juge complètement inutile pour un cavalier »
« On
a fait de toute temps beaucoup trop de métaphysique équestre, on s’est
trop occupé d’une science dont le but est d’obtenir les allures
artificielles indispensables aux airs compliqués de la haute école, et
trop négligé l’art d’utiliser les allures simples que le cheval tient de
la nature. »
« Rien
ne conserve autant les membres et la poitrine d’un cheval que le calme
dans le travail, de même que rien ne les détruit plus que les
corrections injustes et violentes du mors, et les attaques de la
colère. »
« La
faute la plus commune, et aussi la plus redoutable, consiste dans les a
coups – pour les éviter, les rênes doivent être tendues, mais sans agir
sur le mors, c’est-à-dire que la tension doit s’arrêter au simple poids
des rênes. »
« Supposons
pourtant que par hasard la main n’ait pas imprimé aux épaules un
mouvement plus grand que celui nécessaire pour les replacer sur le
cercle ; quelque restreint qu’ait été ce mouvement, il aura cependant
fait sortir les hanches en dehors du cercle, si elles n’ont pas été
maintenues par la jambe gauche, car il en est du cheval non maintenu par
les aides comme d’une barre sur un pivot : le mouvement d’une extrémité
déplace l’autre. »
« Ce
livre a aussi pour but de protester contre une grande erreur, à
savoir : que l’habitude du cheval suffit pour former un cavalier.
L’habitude ne formera jamais qu’un cavalier incomplet, si ce qui
constitue les premiers principes de l’équitation ne lui est pas
clairement enseigné, s’il ignore les lois d’équilibre naturel, de
position et de locomotion qui régissent les allures du cheval, si le
physique seul du cavalier agit sans être guidé par l’intelligence.
Cette
intelligence doit donc être éclairée ; elle seule peut donner aux aides
le degré de délicatesse ou de puissance nécessaire à une bonne
exécution ; car il y a deux hommes dans le cavalier : l’homme physique
et l’homme moral, la partie intelligente et la partie mécanique. »
« Ils
sont malheureusement beaucoup trop nombreux, ces cavaliers qui,
confiants dans leur solidité, croient pouvoir tout exiger par la force,
tandis que la clarté seule des indications, transmises au cheval par le
juste emploi des aides, par des effets de tact et d’ensemble, parle à
son intelligence et le met à même d’exécuter.
Je
mets en fait que les chevaux d’un tempérament faible et nerveux
reviendront à la santé lorsqu’ils seront montés par des hommes assez
maîtres d’eux-même pour apporter la plus grande douceur dans la force
progressive de l’emploi des aides. […]
Et les chevaux les plus difficiles aux hommes les plus calmes et les plus instruits. »
« Il
est donc bien entendu que l’effet de jambes ne doit pas augmenter
l’allure, ni celui de la main la ralentir ; l’un contrebalançant
l’autre, le pas doit continuer dans toute sa régularité.
Dans
ces conditions d’équilibre des moyens d’aide, le cheval éprouve une
légère contrainte qui tend, – par l’effet du mors – à lui faire baisser
le bout du nez. En ne le faisant pas de suite, il éprouve d’abord une
gêne qu’instinctivement il cherche bientôt à éviter.
A
cet effet, il baissera naturellement la tête ; c’est alors que le
cavalier, rendant immédiatement, s’empressera de le caresser. »
« Le
jeu de barres est un exercice dans lequel un cavalier, poursuivi par
deux autres, a recours à la ruse, à l’adresse, à la vitesse, pour éviter
de se laisser prendre.
Il est pris lorsqu’un des poursuivants parvient à le frapper avec la main droite sur l’épaule.
Ce
jeu, que j’ai créé pour le spectacle de l’Hippodrome, peut-être
considéré comme la pierre de touche du savoir-faire d’un cavalier, car
il demande de la tenue, de l’équilibre, du sang-froid et cependant
beaucoup de détermination, ainsi qu’une grande tranquillité dans les
aides. »
« L’homme
est presque toujours cause des actes de rébellion du cheval ; les
mauvais traitements, suite de la colère ou de la brutalité, rendre très
désagréables souvent même difficile, tel cheval qui, tombé entre bonnes
mains, aurait été charmant à monter.
Interrogez
les écuyers les plus recommandables, ceux qui ont dressé le plus de
chevaux, ils vous répondront (et cela par expérience, car l’homme n’est
pas toujours maître de lui-même), ils vous répondrons qu’après avoir
monté sagement un cheval pendant quinze jours, ils ont eut souvent tout à
recommencer pour s’être laissé emporter le seizième par l’impatience et
la colère. »
« Les
acoups paralysent les mouvements du cheval ; sous l’influence de la
douleur, il se contracte et ne se porte plus en avant que par
soubresauts, ce qui – tout en ralentissant son allure – détruit
l’équilibre du cavalier. »
« Sois déraisonnable, mais ne fais rien que le cheval ne veuille. Oppose-toi à tes maîtres, mais pas à lui. »
Cité par Jerome Garcin
Victor Franconi
« Plus
on découvre chez le cheval sa capacité à comprendre et sa finesse de
réaction et plus on souhaite être à la hauteur de sa sensibilité. »
Garanos Sauvegarde – comm fb
« Être heureux à cheval, c’est être entre ciel et terre, à une hauteur qui n’existe pas. »
« Mais
c’est un cheval qui m’a donné l’oubli. L’oubli et la présence sur
terre. Son dos est le creux de moi même. Et lorsqu’il accepte de casser
ses reins blancs, que sa croupe abaissée et ses postérieurs engagés
libèrent son poitrail du poids de la vie, que plus rien dans mes mains,
dans mes jambes, ne pèse, quand la profondeur de son corps m’appartient,
que son souffle scande notre marche, alors je m’envole avec lui et je
n’existe plus et pourtant j’existe tant. C’est sa force qui lui donne sa
légèreté, il me l’a appris. C’est le don qu’il me fait, il m’oblige et
me figure. Et soudain, il nous prend l’envie de danser. Le manège tourne
et s’habille. Et nous dansons, seuls au milieu des hommes, oubliés et
oublieux. Et je sens la fierté de Danseur et je sais mon bonheur. »
« C’est une drogue douce le cheval, une raison de vivre quand la vie est difficile. »
« Tout
commence avec le spectacle allègre, ludique, insolent, charmeur, des
chevaux en liberté. On les admire derrière les lices, on jalouse leur
élégance, on s’étonne de leur faculté à être si libres dans leur enclos,
si fiers sous le licol. On voudrait qu’ils nous donnent un peu de leur
puissance et de leur délicatesse. Ce jour là, on décide d’être
cavalier. »
« Le
dernier de ces maîtres, disparu en 1989, fut Nuno Oliveira. […] (il) se
méfiait des élégants et des importants qui venaient le solliciter : « Je
rencontre souvent des messieurs bien habillés, ayant une belle cravate
et de belles manières. Mettez-les à cheval et les voilà qui tapent et
qui piquent. Je ne comprends pas cette métamorphose. N’auraient-ils à
pied que des apparences d’hommes civilisés. »
« L’homme
de cheval, qui tient à la fois de l’aristocrate désargenté et du paysan
averti, ne parle guère, ne se livre pas, ne fait jamais de gestes
brusques et il a des prudences d’exilé. S’il s’exprime, c’est par
litotes et prétéritions. Ce n’est pas un bavard, c’est un regardeur. Il a
été tellement habitué à comprendre ces grands silencieux que sont les
équidés, à soupçonner leurs joies et leurs souffrances inexprimées, à
vivre avec eux par intuition, à être senti par eux, qu’il a fini par
entretenir avec l’humanité des rapports de la même nature. Il ne vous
voit pas, il vous jauge et même vous tâte de l’œil – un inconnu à cheval
est lisible comme au scanner. Il discerne aussitôt l’infatué, le
ramenard, l’indolent, le mondain et connaît par cœur ces complexés aux
grosses cuisses, ces introvertis maladroits, ces désenchantés, ces
orphelins qu’attire, entre chien et loup, l’équitation, sport triomphant
des timides, épopée cathartique, théâtre itinérant de figures blessées.
J’aime
les gens de chevaux parce qu’ils ne parlent jamais pour ne rien dire,
parce qu’ils n’ont de manières et de fierté qu’en selle, parce que
aucune vanité temporelle ne les détourne de leur travail, parce qu’ils
détestent l’épate, parce qu’ils ne pactisent pas avec ce que l’époque
produit de plus méprisable, parce que nul ne saurait les duper, surtout
avec de grands mots et de belles phrases, parce qu’ils sont durs
au-dehors et tendres à l’intérieur, parce que beaucoup de leurs rêves
sont irréalisables, parce qu’ils ne cherchent guère à séduire, trop
occupés qu’ils sont à se supporter et parce qu’ils demeurent, avec les
religieux et les poètes, les derniers inatteignables. »
« Le
général Oudinot ne sachant pas, des axiomes du comte d’Aurre ou des
principes de François Baucher, lesquels devaient être appliqués dans la
cavalerie française, il décida de confier le sort de notre armée au
tribunal de cette justice qu’on appelle immanente. Il avait un allié en
la personne de Lord Seymour. Ce dernier possédait un cheval de trois
ans, Géricault, qui avait tellement fait tomber de cavaliers émérites
que nul ne voulait plus se risquer sur son dos. Lord Seymour offrit
publiquement la monture récalcitrante à celui des deux rivaux, ou de
leurs deux meilleurs élèves, qui ferait le tour du Bois sans être
désarçonné. Le courageux vicomte de Tournon porta en vain les armes du
comte d’Aure et l’oriflamme de la tradition : il se retrouva dans le
pâturin, les quatre fers en l’air et le rouge de la honte au front. Le
compte de Lancosme-Brèves, qui arborait le blason bauchériste et le
gonfalon du modern-style triompha, mais sans gloire : une petite troupe
de cavaliers amis serraient en effet Géricault de si près que l’animal
ne pouvait dérober. Les observateurs estimèrent que le match était donc
presque nul.
1842
allait s’endormir d’ennui quand, soudain, Monsieur Baucher soi-même fît
savoir qu’il présenterait six semaines plus tard l’indomptable
Géricault au Cirque des Champs-Élysées et témoignerait, en selle, de
l’efficacité de sa méthode. […]
François
Baucher fit son entrée en musique et, sans que Géricault manifestât la
moindre résistance, se lança sur la piste circulaire dans un « galop
coulant » pour offrir au Tout-Paris ébaubi une voluptueuse série de
pirouettes, appuyers et changements de pieds. Au salut final, les
d’auristes quittèrent le Cirque en piteux état et, pendant que
l’orchestre jouait La Parisienne, Baucher fut ovationné par la foule qui
consacrait ainsi la victoire des libéraux et des romantiques sur « les
perruques ». »
« Jamais
Bartabas, dissimulé sous les voiles de soie, les éventails et d’amples
bliauds tel Franconi derrière son masque de cuir – seul le génie de la
monte le distingue -, n’était allé si loin dans la rigueur et l’ascèse.
« Je suis, confesse-t-il d’ailleurs, à un moment délicat de mon
existence. Ma relation avec le cheval est devenue tellement intime,
tellement secrète, que je me demande si je ne suis pas parvenu au stade
de l’incommunicable. Je ne me pose plus la question de savoir si ce que
je fais est réussi ou non. Je me sens, dans ma recherche personnelle,
constamment en avance sur ce que peut réaliser la compagnie Zingaro.
Tout ce que je voudrai inventer avec le cheval, une vie n’y suffirait
pas. »
Jerôme Garcin
« Les
chevaux ont beaucoup plus à nous apporter si on les écoute que nos ne
pouvons leur donner. Ils ont gardé l’instinct, qui est un langage du
corps infiniment varié et précis. Nous, pauvres humains, nous avons
complètement délaissé l’instinct par fierté d’avoir découvert un langage
parlé. Ce langage humain est une grande chose, mais il est amputé d’un
bon nombre de nuances que nous n’avons pas su garder. Nous avons
humblement beaucoup à réapprendre des animaux, et il est préférable de
l’écouter.
On
ne sait pas grand chose de l’autre si on parle tout le temps, si on lui
dit comment il doit être, et si on ne le laisse pas s’exprimer. »
Dominique Giniaux – Les chevaux m’ont dit (essai d’ostéopathie équine)
« Le
cheval n’a jamais dit un « OUI » définitif à l’homme, mais un « OUI, à
condition que… ». Il garde sa marge de liberté, et de révolte si besoin
est. C’est peut-être ce qui fait toute sa noblesse et tout son attrait.
Si l’on trahit sa confiance, on la perd définitivement la plupart du
temps. Parfois ce n’est, comme nous le disions, que maladresse, ou
méconnaissance de cet animal. C’est pourquoi il est important de
comprendre comment il « fonctionne » physiquement et psychologiquement
avant de savoir à quoi sert une jambe isolée ou un cinquième effet de
rêne.
Trop
de cavaliers venus à l’équitation pour le cheval lui-même et pour le
mieux connaître s’en repartent très vite, déçus ; trop de chevaux bien
constitués, qui auraient pu être excellents, vont grossir la masse de
gâchis qu’entraîne l’ignorance de leur psychisme et les erreurs
indélébiles qu’elle entraîne. Il serait par conséquent indispensable que
les enseignements prennent sérieusement en compte la psychologie du
cheval dès les premières leçons, ce à quoi ne les incitent pas des
manuels et examens d’équitation qui continuent de considérer l’animal
comme une machine dont il suffit de bine connaître les boutons. Il
serait temps de s’apercevoir que c’est un peu plus compliqué et plus
passionnant que cela, et qu’il est pour le moins illogique que ce qui
constitue la grande originalité de l’équitation comparée aux autres
sports, à savoir la nécessité de s’entendre avec un être vivant d’une
autre espèce, soit officiellement passé sous silence. »
« Psychologiquement
non seulement il ne faut pas faire d’erreurs – car avec l’animal cela
pardonne rarement – mais il faut savoir où l’on veut aller et pourquoi
on fait choix de tel moyen plutôt que de tel autre, qui semblerait
parfois plus direct et d’un effet plus immédiat. Et de deux procédés
également efficaces physiquement, l’un peut être psychologiquement à
éviter absolument avec tel cheval à tel moment. Le cavalier doit monter
surtout avec sa tête, et jamais avec ses impulsions, notamment en
compétition où l’excitation du moment risque de lui faire oublier que le
cheval n’a pas laissé son psychisme au paddock, et que la moindre
erreur se paie tôt ou tard. »
« Dans
la nature ou au pâturage, les chevaux vivent en groupe hiérarchisé.
Cependant, ils ne se tiennent pas à proximité les uns des autres comme
les moutons en troupeau, gardant – sauf exceptions que nous indiquerons
plus bas – une distance minimum de plusieurs mètres entre eux. On dira
donc que les chevaux sont des animaux grégaires mais non proxémistes.
[…] du reste, dans un espace suffisant (>14m x N chevaux), chaque
cheval évite de pénétrer par inadvertance dans la bulle d’un autre,
excepté en cas d’agression volontaire, et chaque animal a tendance à
s’écarter toute naturellement lorsqu’un autre membre du groupe risque
d’effleurer involontairement sa bulle. Cela évite aux membres d’un
groupe animal de s’épuiser à d’inutiles conflits.
Lorsqu’on
s’approche du box d’un cheval et y pénètre, on franchit successivement
la distance personnelle, la distance critique et la distance d’attaque
(celle où, même dominé et vaincu d’avance, tout animal sauvage acculé
fonce sur l’intrus et l’agresseur). Habitué à l’homme dès sa naissance,
et si celui-ci s’y prend bien, le cheval peut l’adopter comme compagnon,
voire comme compagnon préférentiel, donc accepter sa proximité, et même
la souhaiter. »
« L’univers
du cheval est si peu varié, les conditions de sa domestication, sont
telles, il est à ce point privé de jouets (source d’imagination et de
créativité), de contacts avec des réalités multiples et avec le langage
humain qu’il a bien du mérite à n’être pas aussi idiot qu’il devrait
normalement le demeurer !
Plus
vous lui consacrerez de temps en dehors du travail et plus vous le
verrez s’éveiller et vous étonner par des comportements de plus en plus
pensés et élaborés. Par contre, l’inaction est à la fois une cause
d’oxygénation insuffisante, d’un manque d’exercice de la mémoire et de
l’attention qui, comme nous l’avons vu, sont des éléments indispensables
au développement de l’intelligence. »
« Après
une quinzaine d’années d’observations en ce domaine, je peux dire que
les chevaux dont on punit les fautes, fût-ce avec modération, alors
qu’on ne récompense jamais les actions correctes ne sont pas très
obéissants ; on en trouve même qui, comme certains enfants, désobéissent
pour qu’on s’occupe d’eux puisque seule la désobéissance suscite une
réaction de la part de l’utilisateur. Par contre, un enfant ou un animal
dont on valorise l’attention, la compréhension, l’obéissance et la
bonne exécution cherchent à renouveler les occasions de récompenses et
de plaisir en étant attentifs, dociles et appliqués.
Aussi
(mis à part la gaule de dressage qui sert d’indication par
attouchements, qui ne punit jamais et que le cheval ne craint absolument
pas), je n’utilise ni cravache ni chambrière ; mais j’ai toujours des
éloges, des récompenses et des caresses de réserve ; de cela le cheval
ne se blasé jamais ; mieux : il en a besoin, au point qu’il cherche sans
cesse à comprendre, à s’appliquer, à réussir pour les obtenir. »
« En
bref, vous voulez un cheval obéissant ; soyez simplement ferme, sachant
ce que vous voulez, dans les plus petits détails de ce qui est
nettement à sa portée ; mais, surtout, récompensez-le dans toutes les
circonstances suivantes :
-
attention
-
application (même si la réussite n’est pas encore parfaite ; il suffit alors de récompenser un peu moins que si elle l’était)
-
compréhension
-
progrès, même infime
-
réussite
-
effort
-
initiative heureuse.
Evidemment,
plus le sujet est indocile, inattntif, rétif au départ, plus il faut le
récompenser quand, simplement, son défaut n’apparaît pas. […]
l’absence
de récompense est en elle-même une sanction dès que l’on sort de
l’extrême facilité. Le cheval n’est pas contrariant de nature, il le
devient par la maladresse, l’ignorance, l’absence de psychologie ou de
pédagogie de l’utilisateur. Il faut alors changer sa façon de voir les
choses en adoptant une attitude plus amicale et astucieuse, tout en
restant le meneur de jeu. »
« Le
rétif est un cheval qui fait des défenses. Il faut donc lui prouver
qu’on ne l’attaque pas, ce qui va lui occasionner une grande surprise ;
profitons-en pour lui demander quelque chose de très simple qu’il va
exécuter machinalement ; tout aussitôt nous allons le récompenser d’une
caresse douce et d’une flatterie dont un passé d’affrontements lui avait
fait oublier l’existence. Contre quoi se défendrait-il alors qu’on ne
le comprime ni dans la main ni dans les jambes, qu’on ne lui demande
qu’un travail simple et peu prolongé, se contentant de lui faire
tranquillement refaire un mouvement un peu moins précis, le récompensant
d’avoir mieux réussi ou simplement d’avoir donné satisfaction ? Il va
rentrer à l’écurie sur une bonne impression, ayant compris que l’homme
n’est pas forcément un ennemi et qu’il y a plus d’agrément à collaborer
qu’à être en conflit avec lui. »
« Rappelons
que les relations entre chevaux sont de deux types : la relation
hiérarchique dominant-dominé et la relation de campagnonnage sélectif.
Si le premier type de relation s’instaure entre le cheval et le
cavalier, ce dernier peut être dominant ou dominé. Celui qui est dominé
n’obtient pas grand-chose et prend des risques. Celui qui veut dominer
obtient une obéissance contrainte, qui se maintient par une certaine
peur préjudiciable au climat de confiance que nécessitent la
compréhension et la bonne volonté de l’animal. La domination est un
modèle certes naturel mais il est illusoire de croire qu’il s’applique
parfaitement au travail car, dans la nature, le dominé ne partage aucune
activité avec le dominant, se tenant au contraire à distance de
celui-ci.
Rousselet
calquait son pacte sur celui, tout aussi naturel mais plus approprié,
qui unit à vie deux chevaux amis. Ceux-ci broutent côte à côte, se
toilettent et se chassent mutuellement les mouches (position tête-bêche,
queue balayant le corps du congénère), jouent ensemble, se protègent
parfois mutuellement des agresseurs. Ils ont constamment le souci de ne
pas contrarier l’autre ; la hiérarchie est inutile et abolie entre eux :
ils on confiance en eux-mêmes et en l’autre et ont spontanément une
respectueuse affection l’un pour l’autre. »
« Voilà
pourquoi, avec les poulains très craintifs, on a tout intérêt à
utiliser ce qu’on nomme le « maître d’école », qui n’autre qu’un cheval
confirmé sur lequel le poulain ne tardera pas à aligner sa conduite, ce
qui amènera la confiance et l’amélioration de la qualité du travail. Car
la nervosité comme la décontraction sont infiniment communicatives. Le
jeune cheval doit faire connaissance avec tous les objets de son
environnement dont les couleurs et les formes ont tôt fait de l’affoler ;
mais lorsqu’il verra son aîné passer à côté d’eux sans manifester la
moindre réaction, il se rassurera.
Quand
aux exercices, il lui sera plus facile au début de les copier que de
les comprendre. On les fera donc exécuter par le « maître d’école » en les
lui demandant. »
« L’homme
garde aussi pour le cheval une part d’inconnu. Non seulement il fait
partie des espèces prédatrices, mais son comportement, mû par d’obscures
raisons aux yeux de l’animal, est d’une trop grande variété pour ne pas
l’inquiéter.
Etant
complexe, il ne lui paraît pas toujours logique. Et il y a trop de
calcul et pas assez d’innocence chez l’homme pour que l’animal, quel
qu’il soit, ne conserve pas une certaine méfiance à son égard.
D’instinct, le cheval se méfie moins des enfants qui sont plus proches
de lui par leur spontanéité et la logique simple de leur attitude ; il
les craint moins, et se montre même tolérant, presque protecteur à leur
endroit. »
« Mis
à part quelques sujets héréditairement caractériels, ou victimes de
mauvais traitements, d’un débourrage hâtif, de maladresses,
d’imprudences, le cheval se montre, avec l’homme, davantage un émotif
qu’un agressif. Et, s’il faut se montrer ferme dans les premières
minutes avec un dominant qui « tâte le terrain », c’est la douceur
patiente mais sans faiblesse qui convient le mieux et assure la
meilleure sécurité avec cet animal sensible, que la peur pourrait
éventuellement amener à se défendre préventivement.
Non
seulement sa peur, mais la vôtre, qui modifie l’odeur de cotre
transpiration, l’électromagnétisme de votre peau, la tension de vos
muscles. Autant de messages d’alerte qu’l perçoit à distance. Tout comme
le chien mordeur qui épargne dix passants indifférents, et se jette sur
le onzième qui le craint. J’ai côtoyé un certain nombre d’animaux
agressifs ; et s’ils m’ont épargnée, c’est parce que j’ai la chance de
réagir spontanément à l’agression par un brusque et total relâchement,
un abandon qui déroute l’agresseur. Devenue chose inerte, privée de
sensations et de tout sentiment sauf l’amitié, je ne me sens pas
concernée.
Le
corps produit alors des inhibiteurs perçus par le corps de l’animal qui
en produit à son tour (phénomène de résonance biochimique à faible
distance, précédé d’un processus olfactif à champ plus étendu). La
douceur de la voix peut également jouer un rôle. »
Il
est utile d’aborder n’importe quel cheval inconnu en ami relaxé et
confiant, et ce peut-être une question d’entraînement préalable. »
Danièle Gossin – Psychologie et comportement du cheval
« Mon
émotion la plus forte est de surprendre à la sortie d’un van plutôt
trivial et sale une cavale nue, dont les mouvements de cou ont des
préciosités de danseuse noire. Un rien agite cette machinerie d’orage
qu’est un cheval de race juché haut sur ses pattes et fraîchement sortit
de sa prison roulante. Le lad impur, dans son vêtement banal, à l’air
de promener un grand bijou frémissant. La bête tressaute sur ses jambes
fragiles. Et son ventre se creuse, miroite au milieu des branches, des
pigeons, dans l’odeur amoureuse du fumier et des fleurs. »
Patrick Grainville – Le paradis des orages
« La perfection dans un cheval consiste à réunir le plus de force possible dans le plus petit espace possible. »
Duc de Gramond
« Monter
en amazone a longtemps été une obligation pour les femmes qui ne
pouvaient adopter une tenue vestimentaire les autorisant à chevaucher à
califourchon. Cependant, pendant des siècles, les selles de demandes
restèrent des sortent de petits fauteuils, les jambes, qui ne
permettaient à leur utilisatrices que d’être assises en travers du
cheval tenu en main, leurs pieds reposant sur une sorte de marchepied.
Ce
n’est que beaucoup plus tard, probablement au XVIe siècle, que les
premiers modèles de selles à « corne » et à étrier, ancêtres de nos selles
actuelles, firent leur apparition mais celles-ci ne possédaient pas
encore la fourche inférieure qui, nous le verrons, assure la solidité de
l’amazone. Les femmes étaient donc réduites à faire de tranquilles
promenades sur de douces montures et elles devaient, si elles désiraient
participer aux parties de chasse, se limiter à suivre doucement et de
loin. Elles portaient, pour monter à cheval, les toilettes encombrantes
conformes à la mode de l’époque.
Les
plus hardies d’entre elles montaient « en homme », plus ou moins en
cachette, portant des robes fendues afin de pouvoir pratiquer une monte
plus sportive.
Ce
n’est que vers 1830 que l’invention de la fourche inférieure, telle que
nous la connaissons actuellement, donne à l’amazone une solidité en
selle suffisante pour lui permettre de pratiquer une véritable
équitation dans les fourches. Cette amélioration, coïncidant avec une
démocratisation toute relative de l’équitation, entraîne une
augmentation du nombre d’amazones dont certaines s’illustreront en haute
école ou dans les cirques. […]
C’est
après la Grande Guerre que les femmes osèrent, sans retenue, la monte à
califourchon et que, progressivement, les amazones disparurent. »
« Ce
n’est qu’avec un peu de pratique que l’on découvre que l’amazone,
au-delà de l’aspect esthétique, est une forme d’équitation passionnante.
L’une des premières constatations que l’on est amené à faire lorsque
l’on s’initie à la monte dans les fourches est que l’on est rapidement
solide en selle et assise confortablement donc en position d’effectuer
un travail de bonne qualité.
L’amazone
est aussi une forme d’équitation qui incite à analyser sa pratique
équestre. L’obligation de modifier ses habitudes, tout au moins lorsque
l’on était un tant soit peu une cavalière confirmée ; amène à réfléchir
sur l’utilisation que l’on faisait de ses aides. Le fait de « remplacer
l’usage de la jambe droite par celui de la cravache » implique de bien
savoir où l’on plaçait sa jambe et dans quel but.
Monter
dans les fourches oblige à travailler moins avec le physique et plus
avec le mental. L’amazone ne peut rien obtenir en force et fois donc se
donner les moyens de résoudre les difficultés autrement. C’est parfois
un peu long mais récompensé par un résultat de qualité. Le fait de ne
pas pouvoir contraindre le cheval par une « pince » énergique oblige à
développer l’usage de l’assiette, à travailler plus en finesse et
développe le tact équestre. »
Isabelle Groslambert – L’équitation en amazone
« Le respect du cheval, c’est le fondement de la liberté. »
Alexis Gruss
« La
connaissance du naturel d’un cheval est un des premiers fondements de
l’art de monter, et tout homme de cheval doit en faire sa principale
étude. »
Robichon de la Guérinière
« Ça
fait dix mille ans que les humains tentent de dresser les chevaux, dix
mille ans qu’on tombe, dix mille ans qu’on se relève, qu’on invente des
voitures, des avions. Et pourtant, on continue de monter à cheval. Vous
savez pourquoi ? »
Valérie Guignabodet
« Tout
travail demande un peu d’effort, mais il devrait toujours être fait
avec bonheur. De la façon dont je le vois, être avec les chevaux est une
joie constante, libre de toute frustration. Le prérequis le plus
important pour cela est : laisser complètement de côté toute ambition et
à la place, Écouter et Ressentir. »
« L’obsession
pour un objectif ne peut pas être la fondation d’un voyage vers les
étoiles, car un tel voyage est marqué par une excitation constante,
vivre et expérimenter totalement de seconde en seconde, d’un moment à
l’autre. »
« Admettons,
apprendre peut être un difficile, très difficile travail mais la chose
la plus importante est que ce soit toujours associé au plaisir, à
l’évolution et le progrès. »
« Permettons-nous
d’entreprendre ce voyage qui nous amène à vivre entièrement dans l’ici
et maintenant – juste comme les chevaux nous l’enseignent. »
« Quel est en fait l’entièreté, l’essence de l’équitation ? De façon très simplifiée, c’est la communication et l’équilibre. »
« Ce
n’est pas tant apprendre quelque chose de nouveau mais plutôt
désapprendre beaucoup de choses de façon à retrouver le chemin vers ce
que vous possédiez : un sentiment instinctif de votre corps, une forme
basique de communication archétypale, la capacité à sentir et exprimer
le tempo, le rythme et l’équilibre. C’est aussi une redécouverte et un
développement de votre assurance naturelle, de votre autodétermination
et de votre instinct de survie. L’interaction avec un cheval est l’une
des choses les plus naturelles, c’est pourquoi nous devons retourner à
notre propre naturel, notre moi originel. Ce n’est pas si compliqué et
si nous le faisons, des choses qui nous semblent impossibles deviennent
réalisables. »
« Mais le comportement du chien est entièrement cohérent parce que quiconque sait comment être son dominant est aussi aimé.
Le
comportement du chat, d’un autre côté, est l’opposé exact. Presque
personne n’envisage d’entraîner ou d’éduquer un chat. Vous ne gagnez pas
l’affection ni la confiance d’un chat en étant son dominant. Au
contraire, vous l’approchez avec gentillesse et amour, et vous vous
adaptez à ses souhaits. Celui qui montre de la patience, de la
gentillesse et de la tolérance sera aimé par un chat. »
« […]
C’est ce qui distingue les chevaux des autres animaux vivant en
troupeaux. Le cheval recherche la protection au sein d’un grand troupeau
mais a aussi une relation personnelle et confiante avec habituellement
un seul compagnon. »
« Si
un cheval n’est pas dominé vraiment – et nous en trouvons très peu qui
le soient – il se trouve en conflit psychique perpétuel. Sa génétique le
pousse à se battre, encore et encore, même si c’est seulement sous la
forme de désobéissance occasionnelle. Si nous sommes avec un cheval
c’est essentiel pour son bien-être psychique que nous soyons son
dominant ! Alors seulement il peut s’occuper de toutes les questions
secondaires de la vie, être dans un état-d’esprit calme, et trouver sa
stabilité et son équilibre. »
« Le
magnétisme, la présence, la dignité, la supériorité, la prévenance,
l’expérience, l’intelligence, ce sont les qualités qu’un animal de
haut-rang hiérarchique doit posséder. Ces armes psychologiques
naturelles sont de loin supérieures aux armes strictement physiques. »
« Quand,
aujourd’hui, dans notre monde réglementé et technologique, jamais
autant de gens n’ont été attirés par les chevaux, ce n’est pas parce
qu’ils voient le cheval comme un équipement sportif de plus, ou un autre
jouet passe-temps, mais plutôt, j’en suis convaincu, parce qu’il
reconnaissent intuitivement que le cheval peut leur montrer le chemin
vers un monde dont toutes les autres entrées semblent fermées. »
« Nous
ne pouvons pas nous attendre à ce qu’un cheval apprenne notre langage,
bien que j’ai souvent l’impression que beaucoup de cavaliers n’attendent
que cela. Nous, par contre, sommes parfaitement capables d’apprendre le
langage des chevaux pour créer une base fantastique de compréhension
mutuelle. »
« Les
chevaux sont souvent brusques et brutaux entre eux mais, ils
n’expriment jamais ni colère ni rancœur ; ce sont des qualités
typiquement humaines qui n’ont pas de place dans l’interaction avec un
cheval. La plus grande des impressions est un signal corporel distinct
qui, sans aucune émotion, transmets néanmoins clairement le message
voulu. Nous donnons au cheval une récompense amicale dès sa première
réponse, et on reprends ensuite comme d’habitude. »
« Si
nous voulons vraiment parvenir à l’unité avec nos chevaux, nous devons
être vraiment conscients que chaque, même minuscule, mouvement de notre
corps, contient des informations extraordinairement puissantes, que l’on
soit à cheval ou au sol. Si nous voulons communiquer avec nos chevaux
nous devons d’abord apprendre cela, pour eux, chaque expression de notre
corps a un contenu et une signification. Chaque mouvement devient un
mot, une phrase, un paragraphe : de l’information. Tout l’état
énergétique d’une personne peut être connu et même transmis au cheval. »
« Nous
devons apprendre à séparer clairement les informations du bavardage.
C’est comme avoir un voisin bavard : il peut nous dire quelque chose
digne d’intérêt mais c’est enterré profondément dans le bavardage et les
absurdités que nous le perdons après la deuxième phrase pour suivre nos
propres pensées. C’est exactement ce que font les chevaux. Cela ne veut
pas dire qu’il ne sont pas concentrés, ils sont simplement noyés dans
notre bavardage inutile. Communiquer efficacement avec le corps requiert
d’éplucher nos mouvement et nos gestes pour ne garder que le plus
simple nécessaire. »
« Les
chevaux sont souvent punis pour avoir répondu exactement et promptement
aux signaux que les gens n’ont pas réalisé qu’ils donnaient. »
« Habituellement,
les gens bougent sans y penser quand ils sont proches des chevaux.
Leurs mouvements sont agités, brusques et incontrôlés. Un cheval non
apprivoisé paniquerait dans cette situation, parce que ses récepteurs de
mouvement lui signaleraient constamment des alarmes. Nos chevaux,
cependant, se sont habitués à cela. Ils se sont refermés, sont devenus
moins sensibles, même blasés, et de ce fait ils ne peuvent être
travaillés qu’avec des aides plus fortes. C’est exactement ce que nous
ne voulons pas ! C’est pourquoi, lorsque nous sommes proches des
chevaux, nous bougerons toujours avec précautions et lentement. Tous vos
mouvements seront fluides, ronds, presque comme de la danse. Si nous
levons légèrement notre petit doigt, notre cheval répondra immédiatement
parce qu’il devient sensible aux plus fines et subtiles incitations.
Tout
ce que nous faisons, nous le faisons particulièrement lentement, en y
pensant et paisiblement. Ensuite, quand placerons notre hanche d’une
certaine façon, volontairement et presque imperceptiblement, par
exemple, notre cheval reconnaîtra cela comme une information importante
et fera un arrêt complet depuis un bon galop sans avoir besoin
d’utiliser du tout la pression des rênes. »
« Les
rênes ne sont pas une aide pour cela, elles sont en fait une
entrave. Leur utilisation inappropriée créera exactement l’opposé de la
légèreté, de l’équilibre et de l’harmonie que nous désirons. »
« Le
cheval est un animal de proie, un animal de fuite. C’est crucial pour
l’homme de cheval de savoir que dans la nature, la fuite, c’est à dire
la panique est pratiquement la seul raison pour laquelle le cheval
galope vraiment rapidement, tellement rapidement que sans nécessité il
peut travailler contre ses deux principes de base : l’endurance et
l’équilibre. Il dépense son énergie dans un temps très court et sacrifie
son équilibre en mettant son poids sur l’avant-main. Pour comprendre la
suite nous devons garder à l’esprit que la réponse de fuite est
toujours associée avec une peur, une montée d’adrénaline et la panique.
Contrairement
à cela, dans une réponse défensive ce n’est pas l’avant-main qui est
chargée mais les hanches. Ici l’impulsion et le pouvoir de bondir se
développent, ce qui dans dans un combat peut faire la différence entre
la victoire et la défaite. »
« Le
cheval avaient à l’origine 5 vertèbres sacrées. Dans le sport moderne
il en a généralement 7. C’est une sacrée longueur et c’est normal qu’un
cheval plus grand ait plus de difficulté à se rassembler, cela semble
évident. »
« A
partir du moment où je parviens à réussir un arrêt correct, je suis
capable de rassembler le cheval sans l’effet mécanique des rênes. De
rassembler sans freiner ; pas par une perte d’énergie mais bien par une
transformation de l’énergie. La danse commence ! »
« Même
en position de leader vous devez toujours garder vos yeux sur le cheval
et toujours garder votre main de conduite devant votre corps. Le cheval
devrait marcher avec les naseaux toujours aux environs de cette main de
conduite ! Le cheval ne doit dépasser la main de conduite dans aucune
circonstance car vous vous retrouveriez dans la deuxième zone du cercle
de position, à l’emplacement exact où l’homme de cheval a le moins de
dominance. »
« Un
signal n’est donné qu’une seule fois. Je vois souvent des amoureux des
chevaux occupés, concentrés à longer en cercle, donnant leur consigne
encore et encore en rythme régulier. Finalement, après le vingtième
« galop », le cheval ne galope toujours pas. Probablement que le signal du
galop est donné aussi souvent en selle. Un cheval (dés)entraîné ainsi
ne pourra naturellement jamais être capable de répondre à une
demande subtile des aides parce qu’il a appris qu’après le premier
signal vingt autres allaient suivre, donc il a tout le temps d’y
penser. »
« Avec
une grande tolérance nous oublierons les erreurs qu’ils feront, mais
nous garderons les yeux ouverts pour les bonnes choses qu’ils font et
les récompenseront énormément. De cette façon les images négatives
disparaissent par manque d’attention, pendant que le positif est
favorisé et augmenté. Si l’on agit de la sorte, chaque cheval est
victorieux à nos yeux parce que nous nous sommes entraînés à voir le
positif et à laisser le reste de côté. Le travail se fait dans une
énergie bien plus amicale. »
« Nous
pouvons seulement attendre de la part du cheval le même degré de
sensibilité que nous lui montrons. Nous pouvons seulement attendre le
même degré de concentration que nous lui offrons. Le travail avec le
cheval commence par là, par nous-même. »
« Apprendre est un processus cyclique naturel auquel le cheval est entièrement soumis. Apprendre arrive par vagues. »
« L’apprentissage
se fait sur deux niveaux, le conscient et l’inconscient. Une fois que
le niveau conscient a fait sa part et absorbé les principes
élémentaires, alors ce qui a été appris doit continuer à pénétrer dans
d’autres niveaux de conscience. Cela nécessite une période de repos –
une pause créative. »
« La
peur est l’expérience la plus primaire et élémentaire pour tout être
vivant. La peur bloque toute autre expression ou action. Dans le pire
des cas je peux forcer un cheval en le mettant dans un état de peur,
mais, dans ces circonstances je ne peux ni l’éduquer raisonnablement et
significativement, ni lui apprendre ni le développer. »
« La
punition est liée à l’émotion ; contrariété, colère, rage, perte de
contrôle, manque de jugement, tomber le masque, etc. L’expérience prouve
que la simple apparition de ces émotions est interprétée comme une
punition, une oppression, parce que le cheval lui-même ne connaît pas
ces émotions ! Il emploie juste des méthodes de dominance avec
lesquelles il protège son espace personnel mais, comme pour tout ce
qu’il fait, il le fait avec son raisonnement et non ses émotions. Donc,
si vous êtes en colère ou de mauvaise humeur envers tout et n’importe
quoi, alors chaque aide même bien intentionnée ou même positive devient
une punition. […]
Si
vous avez frappé votre cheval dans une telle situation, il se mettra
immédiatement à reculer et si vous montrez alors de la colère ou pire,
si vous le frappez à nouveau, vous allez plus que certainement ruiner de
nombreuses semaines de travail. «
« Lorsque
je dois me protéger en frappant mon cheval (comme cela arrive assez
souvent), non seulement je ne le fais pas avec colère mais, à la place,
je deviens vraiment amical dans le même instant et je caresse
immédiatement le cheval à l’endroit où je viens de le frapper. Quand
vous agissez ainsi vous vous comportez comme un animal de haut rang
hiérarchique, et les résultats sont étonnants. Votre cheval n’est pas
effrayé ou aigri mais reconnaît avec confiance votre dominance et votre
espace personnel. »
« Un
yogi expérimenté enseignait à un étudiant la merveilleuse réalité du
monde. Il lui dit finalement, après plusieurs semaines : Et maintenant
continue exactement comme tu l’as toujours fait ! La grande plante qui
représente le côté sombre de ta vie a grandit en un arbre puissant. Si
tu essaies de l’arracher et de le déraciner cela te coûtera une quantité
infinie de force et tout ce que tu gagnera par ces efforts sera un
large et douloureux trou béant. Le chemin de l’homme sage est différent.
Il plante les graines de bonté en lui sans se préoccuper de l’ombre
projetée par l’arbre du mal. Son intérêt et son amour vont aux nouvelles
graines. C’est celles qu’il va nourrir et dont il va s’occuper. Ainsi
les graines vont pousser, et au fur et à mesure cela s’épanouira à la
lumière et ensoleillera l’arbre du mal. Donc, tu va faire une transition
progressive qui ne te coûtera pas d’inutiles dépenses de force et
surtout, sera une garantie de succès. »
Klaus Ferdinand Hempfling – Dancing with horses (traduction de l’anglais par moi-même…)
« Ma
rencontre avec mon second maître et ami Nuno Oliveira, voici trente
ans, fut l’événement de ma vie équestre. C’est avec lui que je découvris
la réalisation de mes ambitions les plus romantiques et que la poésie
des écuyers auteurs du XVIIIème siècle qui m’enchantait et me frustrait à
la fois, devint sous mes yeux réalité.
C’est
pour répondre au besoin de partage de l’émerveillement que j’ai souvent
pris la plume, sans prétendre jamais être son porte-parole ou
l’expression de sa pensée.
C’est
par contre dans le respect de sa philosophie, forgée sur les principes
des grands classiques, que j’ai toujours raisonné l’entraînement de mes
chevaux.
Je
n’ai jamais cessé pour autant de parcourir le monde cavalier, des rives
brûlantes du Tage ou du Guadalquivi aux calmes contrées nordiques, de la
rigoureuse Allemagne à l’instinctive Russie, de l’efficace Amérique à
l’académique Vienne. J’ai conservé de chacun ce que j’ai discerné de
meilleur et oublié le reste. »
« L’art
équestre se distingue de la pratique courante en ce qu’il enseigne
davantage qu’il ne routine, qu’il suscite et indique plus qu’il ne
contraint. Il s’apparente à la musique et à la danse ; comme elles, il
s’accomplit sans laisser subsister d’autres traces que celles d’un
sentiment, d’une vision. Il disparaît en se réalisant.
Ce
jeu à deux acteurs qui fusionnent jusqu’à n’être plus qu’un n’est
admirable que par le dépouillement des moyens, la discrétion des touches
utilisables, la subtilité des nuances qui conduisent à l’harmonie
gestuelle d’une danse classique. La présentation du ballet équestre est
une tragédie chaque fois revécue en ce qu’elle doit exprimer des
sentiments partagés par ce couple qui communique par contacts infiniment
ténus. C’est de là qu’il peut tirer sa grandeur, c’est à défaut de cela
qu’il s’anéantit. »
« Le
premier élément de la technique équestre est la capacité de se
maintenir dans une position dynamique épousant toutes les modifications
de l’équilibre juste du cheval. Le corps de l’écuyer doit constamment le
partager ou ne s’en dissocier délicatement que s’il recherche, par
variation de l’équilibre, à varier l’allure, l’air ou la cadence.
Ces principes forment une base qui s’étend à toutes les disciplines de l’équitation. »
« Les rênes dites allemandes ou coulissantes :
Elles
ne doivent être utilisées que par des cavaliers très adroits et dans
des cas cliniques. Leur action doit être fugitive et presque toujours
d’un côté à la fois, celui de la résistance et de la flexion recherchée.
Leur efficacité dépend de la rapidité de la cession de la main qui
reprend aussitôt le contact avec la rêne du filet. Les effets prolongés
enferment les chevaux et les mettent définitivement en arrière de la
main. »
« Les éperons :
Je
confesse avoir tenté trois fois de résoudre des problèmes d’impulsion
avec des éperons à molettes pointues ; il s’agissait de chevaux très
froids et d’un cheval rétif : ce fut sans aucun succès ni amélioration.
L’éperon dur contracte plus qu’il ne propulse. »
« Préparer,
dresser un cheval est une aventure, laquelle, si tout se passe bien,
dure cinq à six ans. Six ans d’exercices quotidiens, de soins,
d’investissement de soi-même, de beaucoup de déceptions, de petits
éclairs de joie et d’espoir qui en font, si l’on y attache de
l’importance, une aventure à haut risque. »
« La
meilleure image que l’on puisse donner du rassembler est celle du fauve
qui va bondir sur sa proie : il est parcouru par une vibration qui
gagne toutes les parties de son corps, préalablement disposées pour
pouvoir instantanément les développer dans une action foudroyante. »
« Le
maître Oliveria m’a dit un jour : Lorsque je monte un poulain pour la
première fois, j’ai déjà le rassembler dans la tête. » Cela ne signifie
pas qu’il le recherchait dès le débourrage, mais qu’il le préparait dès
les premières leçons. Il ne s’agit pas de forcer, mais de favoriser par
des couches délicates la mise en équilibre du jeune cheval qui
débouchera des années plus tard sur le rassembler. »
« Le
ramener, qui tend à placer la tête du cheval le plus près possible de
la verticale, n’est qu’un élément du rassembler. Il ne peut être
envisagé en dehors de lui. Ce faux principe fait actuellement des
ravages, la plupart des chevaux d’école se présentant au ramener sans
être rassemblés. Cela résulte de la triste génération des rênes
coulissantes complétées par le cisaillement à plein bras de la bouche
par le mors. Nous sommes en présence de ce que le colonel Podhajsky
stigmatise comme le faux rassembler provoqué par la traction d’avant en
arrière, l’équitation emboutie. »
« Un
cheval ne peut tenir le rassembler que si son cavalier se rassemble
lui-même, position qui tend à rapprocher chacune des parties de son
corps au centre de gravité, par l’engagement profond du rein et la
tonicité vibrante de tout son être. »
« Les
déplacements de poids dans l’assiette s’effectuent par variation de
l’inclinaison du buste, de son inflexion ou de sa légère torsion autour
du bassin, jamais par glissement de l’assiette dans la selle. »
« A
ce niveau de subtilité, on atteint la perfection de l’art et le
véritable bonheur équestre. L’usage des mains et des jambes n’a plus
qu’une valeur subsidiaire. »
« Une
verticale partant de la nuque [du cavalier] doit frôler la première et
la dernière vertèbre et d’éventuels éperons. Une verticale tombant du
genou doit frôler le pouce du pied. On doit être assis sur le triangle
périnée-ischions. »
« C’est
lorsqu’elle est plus un moyen de contact qu’un moyen de tenue que
l’assiette devient une aide primordiale. En effet, tant qu’elle est
nécessaire à la tenue par raccrochage des cuisses et des jambes, elle
est neutralisée en tant qu’aide : un musicien ne pourrait à la fois
jouer et se cramponner à son instrument… »
« La
gaule ou la cravache : Pour être utiles, la gaule et la cravache
doivent avoir au moins 1m10 et toucher ainsi n’importe quelle partie du
cheval sans déplacement des poignets. Elle complète la jambe et s’y
substitue dans le travail à pied. Elle est plus indicative que
corrective, elle doit agir par tacts délicats sur les parties du corps
que le cavalier ne peut atteindre avec sa jambe, elle est indispensable à
l’écuyer.
Il
est difficile de comprendre pourquoi, classée comme une aide par les
maîtres alors que l’éperon n’est pas cité comme tel par le généra
Decarpentry, elle est interdite en compétition et l’éperon autorisé ! »
« La
voix : La voix est précieuse parce qu’elle ne provoque par les
contractions des aides physiques. Elle prend sa valeur avec les chevaux
nerveux ou détraqués que l’approche d’une main ou d’une jambe trouble.
[…]
Elle est mal vue, interdite même, sans doute parce que trop « cérébrale ». »
« La notion de contact :
Cette question importante est délicate entre toutes.
Sa conception et son enseignement, généralement erronés, sont responsables d’une véritable altération de la pratique équestre.
La
très discutable instruction équestre recommande sans nuance une
recherche de la « tension sur la main ». Le cheval doit « courir après son
mors ». Quant aux jurys de dressage, ils ne manquent pas de sanctionner,
même dans des épreuves élémentaires, les jeunes chevaux « insuffisamment
tendus ».
Ils assisteront ensuite sans sourciller au spectacle de cavaliers de tous niveaux, arc-boutés sur la bouche de leurs chevaux.
Le
contact franc et mesuré procède d’un travail délicat et prolongé. Il ne
s’impose pas par la force, mais amène le cheval à chercher l’appui léger
sur son mors, comme un enfant cherche la main de sa mère. »
« La
mise au point définitive de l’épaule en dedans au XVIIIème siècle a
marqué un progrès dans l’utilisation du cheval de combat au moins aussi
grand que l’invention de l’étrier. »
« Précisons
le soin à apporter aux foulées de pas qui précèdent et engendrent le
trot. N’omettez jamais de revenir à l’arrêt régulier dès que l’équilibre
est perturbé, quels que soient l’allure et l’exercice. Baucher appelait
ça décomposer la force et le mouvement. Disons, plus clairement,
rétablir l’équilibre perturbé dans le mouvement par l’immobilité sur des
bases régulières. »
« En
ce qui me concerne, je tiens mes rênes de bride ajustées, d’un
centimètre plus long que celles de filet. Dès que le cheval m’oppose une
force, je lâche le contact du filet en conservant le réglage de la
bride sur laquelle vient se « perdre » cette force. J’ai aussitôt une
cession ou un retrait de la force. Dans le même instant, je reviens au
réglage précédent sur le filet, et ainsi de suite à chaque résistance ou
pesée volontaire de la bouche qui finit par se méfier et respecter le
filet auquel elle prête le pouvoir de la bride, qui n’a fait que s’y
substituer une seconde.
La
règle absolue demeure que jamais la puissance de la bride ne soit
utilisée, mais seulement et brièvement la menace qu’elle représente. Si
la sensibilité et le bon sens ne suffisent pas à vous convaincre, sachez
que la bride utilisée en effet bloquant n’aura que deux résultats
possibles : cabrer et renversement pour les animaux à la bouche délicate
et insensibilisation par coupure de la circulation, sur les autres. »
« On
part d’un pas lent dont la rectitude, le léger relèvement et la
vibration commune cheval-cavalier contiennent déjà le galop. »
– Gymnase et dressage –
« La
passion équestre est cette impulsion spirituelle sans laquelle on ne
franchira aucune des passes parfois désespérantes de difficultés, qui
attendent l’écuyer toute son existence. Cet enthousiasme mêlé aux
moments de doute témoigne de la découverte d’une partie inconnue de
nous-mêmes et permet la mise à l’épreuve de réflexes et de moyens que
nous mettons rarement en jeu dans la vie ordinaire. »
« Ne
jamais se battre sur des résistances, c’est un principe. Mais par
contre, y revenir, un quart d’heure après ou le lendemain. »
« Le
cheval pâtira longtemps de cette absence de distinction entre l’être
animé et l’objet technique. Le corps de l’animal est vu comme un
ensemble d’articulations et de ressorts dont le principal est la chaîne
vertébrale à laquelle se rattachent quatre membres flexibles et
propulsifs. […] Cette vision est parfaitement logique lorsqu’il s’agit
de pièces mécaniques, mais la manipulation d’un être vivant, souffrant
et – on l’admettra bien plus tard – pensant, va provoquer avant ou
pendant les effets recherchés, des réactions de protection et
d’échappement.
Vont
intervenir les moyens instrumentaux destinés à dominer, voire à écraser
défenses et réflexes déstabilisants. Les nouveaux maîtres italiens,
suivant un schéma technique assez semblable, vont systématiser les
moyens de domination et de forcements. Caveçons de fer en dents de scie
sur le nez, assortis d’un arsenal de mors aux bras de levier redoutables
hérissés de pointes, canons torsadés aux arrêtes tranchantes. »
« Dès
le début du XVIIème siècle, La Broue et ses disciples vont chercher à
améliorer l’efficacité du cheval-ressort en rejetant les outils les plus
cruels et en multipliant, pour les remplacer, les leçons de flexions
combinées aux mouvements latéraux, aux rotations d’épaules et de
hanches. Ayant réduit les contractions et les réflexes de douleur et
introduit les premiers gestes rationnels, l’affrontement homme-cheval
évolue vers une gymnastique qui permet de disposer ses parties flexibles
et dynamiques pour en exploiter plus facilement les détentes.
L’objectif reste le même, les moyens s’affinent, les résultats sont évidents. »
« Nous
venons de mettre en scène l’Instruction du Roy sous la gaule magistrale
de Pluvinel ; nous le créditons volontiers de sa parfaite maîtrise,
mais nous savons par l’histoire et nos expériences l’étendue des ravages
infligés aux malheureux chevaux rivés aux piliers et propulsés avec
force et frayeur.
Dans
l’idéal, le principe du pilier est acceptable, appliqué à des chevaux
préparés, c’est-à-dire déjà travaillés sur des courbes et des droites
aux trois allures, calmes et droits dans leurs arrêts, mobilisables
latéralement et confiants aux aides de leur écuyer tant à pied qu’à
cheval.
Cette
heureuse évolution récompensera, dit Pluvinel, « le prudent et judicieux
chevalier (qui) peut juger de quoi son cheval est capable ». Il passe
sous silence la destruction de nombreux chevaux en des mains moins
expertes. »
« La
Broue qui s’est attaché à une équitation large et dynamique, à base de
flexions en place, en marche et de mise en main, annonce et inspirera La
Guérinière et les modernes. Son influence sur ce dernier éclate vingt
fois dans L’école de cavalerie. »
« La
Broue, qui a fait connaissance en Italie de l’arsenal considérable des
mors diaboliques, des caveçons dentelés ou torsadés aux arêtes
tranchantes, pense maintenant qu’avec l’évolution des moyens : « L’art
mieux entendu, on doit moins user de diversités de brides puisqu’on
s’est enrichi de meilleures règles. » Magnifique considération ! »
« C’est
pourtant à Pluvinel que l’on doit la plus ravissante des maximes
équestres : « Prenons garde de ne pas l’ennuyer, si faire se peut et
d’étouffer la gentillesse car elle est aux chevaux comme la fleur sur le
fruit, laquelle ôtée ne revient jamais. »
« En
vérité, cette dissension entre deux très grands cavaliers d’origine
sociale et de formation équestre totalement différentes, n’eut jamais
aucun sens : elle fut provoquée par la malveillance réciproque de leurs
entourages et la poursuite par chacun de fins spécifiques ne pouvant
être atteintes par la méthode de l’autre.
Baucher
va d’abord rechercher les moyens de « s’emparer des forces instinctives
du cheval pour les subordonner aux forces transmises par le cavalier »
jusqu’à ce qu’il ne soit « plus entre nos mains qu’une machine passive
attendant pour fonctionner l’impulsion qu’il nous plaira de lui
communiquer. » Conception d’une forme d’équitation académique où la
priorité est réservée à l’éclat énergique des mouvements dans la
soumission à des aides intransigeantes.
D’Aure
recherche « une équitation toute naturelle » permettant une pratique
libre et perçante, le franchissement des obstacles et la franchise des
allures. Au lieu d’éteindre « les forces instinctives », il veut les
utiliser, quitte à les opposer dans les transitions, mais toujours dans
l’impulsion extrême.
Avec
Baucher, le but est l’assouplissement total de toutes les parties, la
juste répartition des forces pour exécuter toutes les difficultés de
l’art.
Le
public équestre divisé en deux camps fut rejoint par des membres de la
société mondaine, des lettres, des arts, de la politique. »
Michel Henriquet – Les grands maîtres expliqués –
« Le cavalier s’oppose au
piéton. A cheval, les pectoraux ont peu d’utilité, les jambes ne servent
pas à se déplacer… et le piéton que nous sommes tous, doit s’oublier,
au profit d’un homme nouveaux appelé le cavalier.
Pénible transformation, qui
prend des années, durant lesquelles il faut sans cesse lutter contre des
réflexes que l’on adopte… tout le reste du temps. »
« Cela
semblera évident à tous, pour garder le contrôle permanent de sa
monture, le cavalier doit conserver un contact constant avec la bouche
de son cheval. Dans le cas contraire, c’est à dire quand les rênes sont
longues, non seulement le cavalier ne peut avoir de contrôle (comme tout
cycliste qui n’a pas les mains sur le guidon) mais le dialogue avec le
cheval est de surcroît impossible. » (Ah ah… Ces citations que je relève pour en rire)
Guillaume Henry – L’usage des mains
« Après
la guerre, l’utilisation des chevaux se limita bientôt au sport et aux
loisirs. L’élevage réagit promptement. Aujourd’hui, les éleveurs
proposent des chevaux d’une telle morphologie et d’une telle qualité que
même les grands cavaliers d’antan n’auraient pu en rêver. Des cavaliers
et des entraîneurs hautement qualifiés présentent des performances
inimaginables dans le passé. Mais ces succès – surtout en dressage – ne
doivent pas nous leurrer : des irrégularités de locomotion et
d’attitude, même chez les chevaux les mieux classés, laissent supposer
des méthode de formation dommageables à la santé du cheval. Les
prédispositions de ces chevaux incitent à la facilité et l’on force les
apprentissages. Malheureusement, on semble considérer de plus en plus
que la « voie traditionnelle », qui demandait un long travail de base
approfondi, est aujourd’hui dépassée. Or la physiologie, l’anatomie et
la biomécanique des chevaux n’ont pas changé depuis. »
Préface du Professeur Ulrick Schnitzer
« Seul
celui qui connaît parfaitement les chevaux sait orienter ses actions en
fonction de la nature propre de l’animal et de sa morphologie, et
favoriser ainsi son épanouissement. »
« Le
livre du Dr Heuschmann nous apprend aussi, page après page, à regarder
l’animal en premier – car les chevaux sont aussi des objets de prestige,
de réussite, d’élevage ou un capital financier. Et ils ne doivent être
considérés comme tels que secondairement, dans la mesure où l’on
continue d’abord à les respecter en tant qu’animaux. »
« Dans
les sociétés industrielles, l’intérêt pour les animaux augmente très
rapidement et les défenseurs de tous les animaux vont soumettre
l’équitation à une surveillance approfondie, qui donnera lieu à des
réactions d’autant plus rapides et vigoureuses qu’ils tomberont sur des
faits préjudiciables à l’animal. Si des doutes s’éveillent sur le
bien-être des chevaux, l’équitation aujourd’hui considérée comme ne
occupation épanouissante avec des animaux exceptionnels, perdra le
respect bienveillant dont elle bénéficie, y compris chez ceux qui ne la
pratiquent pas. En cas de conflit, la plupart des non-cavaliers se
rangeront intuitivement du côté du cheval et contre les cavaliers, les
juges et les éleveurs. Les effets secondaires de vraies ou prétendues
« tortures infligées aux animaux » seront catastrophiques pour toutes les
personnes qui ont à faire plus intensément avec les animaux. »
Discours de bienvenue du Prof Kunzmann
« Pour
toutes ces personnes [impliquées dans le monde du cheval], le motif
d’une occupation liée au cheval ou de l’intérêt qu’ils lui portent est
certainement en premier lieu l’esthétique de ce merveilleux animal. La
plupart d’entre eux recherchent la proximité du cheval pour se détendre,
se changer les idées ou tout simplement pour le plaisir de côtoyer des
animaux, et ils s’intéressent peu à la performance et au profit. Mais
avec le temps, certains d’entre eux sont amenés petit à petit à
s’intéresser au succès sportif mais aussi économique. Il semblerait que
dans notre société actuelle guidée par le succès, les raisons et les
valeurs qui ont poussé les sportifs à choisir les sports équestres se
soient déplacées. La course au succès et à la reconnaissance ne laisse
plus guère de place à une relation calme et posée avec le cheval ainsi
qu’à une formation inspirée par la nature. Il s’est développé une
mauvaise pratique de la formation des chevaux, dans lequel les
réparateurs – en particulier les vétérinaires – ont une place
prépondérante. Suivant le dicton « on ne fait pas d’omelette sans casser
des œufs », on met beaucoup d’assiduité en selle à tirer, écraser,
arracher et bien plus encore. Avant tout, parce que les images
véhiculées par les médias sur le sport de haut niveau et les
compétitions laissent à penser que cette équitation-là serait
exemplaire. Ce n’est pas le cas ! Il est grand temps d’élever la voix et
de partir en guerre contre cette société d’écraseurs ! »
« J’ai
le temps – voilà ce que je voudrai lancer à tous les cavaliers qui se
retrouvent subitement confrontés à des difficultés avec leurs montures
et ont du mal à trouver une entente avec elle. « J’ai le temps », chaque
dresseur devrait s’en souvenir et surtout se remémorer le principe que
ce n’est que par une progression constante et graduelle que les plus
hautes marches de l’art équestre peuvent être atteintes. »
« En
équitation classique les aides sont comprises uniquement en tant que
telles, elles ne servent qu’à aider le cheval à comprendre les demandes.
Lorsque le cheval les a comprises et les exécute, le cavalier peut
alors s’en passer. »
« Seul
le cheval avec ses aptitudes naturelles, et non l’homme, dicte le
rythme et la manière de sa formation. Ceci a été formulé dans les
principes éthiques de la FN en 1995 : « L’emploi du cheval dans les
sports équestres doit s’orienter en fonction de ses prédispositions, ses
capacités et ses disponibilités. Une influence sur les capacités du
cheval par l’administration de médicaments ou par toute autre action
allant à l’encontre de son bien-être, doit être rejetée et punie. » »
« Les
chevaux ont un odorat presque aussi développé que les chiens, ils
voient bien mieux que les hommes, mais leur champ visuel et leur
perception des couleurs sont complètement différents. Leur système
sensoriel et réactif est basé sur la vie en troupeau dans les steppes et
la reconnaissance rapide des dangers potentiels (un prédateur par
exemple) afin de pouvoir prendre la fuite rapidement. Arriver à faire
coopérer une créature aussi étrange et à relever en commun avec lui des
défis importants, demande non seulement de l’empathie, mais aussi des
connaissances concrètes sur la nature même des chevaux et leur
perception totalement différente du monde. C’est uniquement de cette
manière que l’on arrive à partager avec les chevaux le plaisir de les
monter ou à les amener au succès en tant qu’athlètes, sans qu’ils en
pâtissent. »
« Une
grande partie du poids du cheval est constitué par l’abdomen qui est
accroché « librement » à la colonne vertébrale. On peut ainsi comparer le
squelette d’un cheval à l’édifice d’un pont dont les membres antérieurs
et postérieurs constitueraient les piliers et le segment dorso-lombaire
représenterait le plateau. »
« Un
cheval correctement monté en lui faisant adopter l’attitude d’extension
« vers le bas et vers l’avant » est donc capable, par la seule
« contraction supérieure », de porter le poids de son tronc alourdi par
celui du cavalier, sans devoir abuser pour ce faire de son muscle long
dorsal. D’autre part, le jeune cheval apprend très vite, dans cette
attitude, à employer son arrière-main de façon dynamique (propulsion des
postérieurs) et à laisser passer l’impulsion à travers le dos et la
nuque jusqu’au contact de la main. C’est l’unique moyen pour créer le
bon contact indispensable de l’arrière vers l’avant. »
« Grâce
aux liaisons des fascias, les différents groupes musculaires forment un
ensemble fonctionnel. Les tensions ne peuvent donc jamais être limitées
à un seul groupe musculaire spécifique. »
Gerd Heuschmann – Dressage moderne, un jeu de massacre ?
« Je
ne m’étais plus appartenu, j’avais déposé dès les premières saccades de
la course, en regard des émotions nouvelles, ma peur. Ma monture
s’était échappée loin devant le groupe de chevaux liés à des adultes et
des adolescents, nous étions seuls, et ce trouble merveilleux, prendre
de vitesse la vie, foncer vers ma destinée, la précipiter et
l’assaillir, me procurait une jouissance première qui effaçait tout ce
que j’avais pu connaître. Dès lors, comment ne pas vouloir devenir
cavalier, moitié homme, moitié animal, en partie oiseau, guerrier,
rapace, forcené, exalté ? »
Homéric – Dictionnaire amoureux du cheval
« Vous
rencontrerez certainement beaucoup de gens, vous aurez de nombreuses
relations, mais les vrais amis sont rares et précieux. En revanche, chaque cheval que vous montez peut devenir votre ami, et cela simplement parce que vous le lui demandez. »
« Quand l’homme appelle le cheval idiot, têtu, etc. Ils travaillent depuis là où ils se placent, pas depuis là où le cheval est. »
“You
need to do less sooner; you’re always doing too much, late.” (Vous
devriez faire moins, plus tôt. Vous faites toujours trop, trop tard. »
Ray Hunt
« Les
praticiens de soins naturels des sabots ont mis du temps à comprendre
que les systèmes de pensions actuels sont contre-nature (un box fermé,
des pâtures vertes, et une mauvaise alimentation) et sapent nos efforts
pour former et stimuler des sabots sains vers une forme naturelle. Ces
systèmes de pension contre-nature ne sont pas favorables pour des corps
et des esprits sains. Bien que beaucoup reconnaissent que les chevaux
sont des proies, nous avons créé dans notre ignorance des systèmes
d’enfermement qui s’appliquent aux prédateurs. Par exemple, un
enfermement étroit, « la vie dans une cave », tels un box ou un paddock –
est parfait pour le couguar, un ennemi naturel du cheval dans le monde
naturel. Le couguar demande un tel mode de vie (des murs autour de lui,
et si possible dans le noir) pour se sentir et être « normal ». Mais les
mêmes conditions de vie mettent en danger le cheval, le transformant en
un paradoxe paresseux, névrosé et affaibli de sa véritable identité : un
candidat primordial pour des boiteries. Il doit être naturellement
libre de bouger constamment, son état mental et physique en dépendant
pour être bien dans sa tête et apte à la monte. »
« De
ces observations, je me suis rendu compte que la différence essentielle
entre les chevaux sauvages et les chevaux domestiques peut être réduite
aux termes simples d’une santé optimale et des pieds sains. Par rapport
aux chevaux sauvages, les chevaux domestiques ne sont pas en bonne
santé et n’ont pas de pieds sains. Ils sont des parodies frêles de leurs
homologues sauvages, et peu de propriétaires de chevaux et de
professionnels le savent. Et c’est notre faute. »
« Étonnement
assez simple dans son architecture (bien qu’il soit peut-être un peu
bizarre pour l’œil humain accoutumé aux systèmes d’enfermement
conventionnels des paddocks ou des pâtures), le Paddock Paradise met les
chevaux dans un environnement naturel simulé. Son intention est de
stimuler le mouvement naturel et les comportements de socialisation qui
sont essentiels pour un cheval sain dans sa biodynamique. Comme exemple,
le Paddock Paradise est intrinsèquement l’endroit le plus parfait pour
la guérison ou la prévention du syndrome naviculaire, et de la
fourbure : les tueurs les plus populaires aujourd’hui de nos chevaux
domestiques. Également, il encourage les comportements naturels
d’alimentation qui sont cohérents à part entière avec le système
digestif du cheval. Et il facilite la mise en œuvre d’un régime sain
(anti-fourbure) dans un environnement de distribution de nourriture
contrôlable. »
« Il
suffit de dire que la promesse et l’intention du Paddock Paradise est
toujours de livrer un cheval sain du corps et sain des pieds. Exactement
comme son cousin sauvage ! »
« Pour
un œil humain inexpérimenté, il semblera que les déplacements des
bandes sont aléatoires, et que la pâture n’a pas de « frontières » pour le
cheval. Mais ce n’est pas le cas. L’espace est bien défini et les
déplacements bien structurés dans cet espace. »
« Au
cœur du domaine du Great Basin se trouvent un ou plusieurs points
d’eau. Tous les déplacements du troupeau se font autour d’eux. Les
pistes partent de ces points d’eau, pour y revenir par la suite en
fonction de la température extérieure et de la soif. »
« Les
responsables du Bureau de Land Management pendant l’administration
Reagan ont vite appris que les familles de chevaux sauvages parcourant
leurs pistes n’aimaient pas quitter leurs propres pâtures. Les chevaux
s’accrochaient avec ténacité à leurs pistes familières, malgré les
efforts des rangers gouvernementaux à cheval ou en hélicoptère pour les
diriger vers des aires distantes de regroupement. A la moindre réduction
de pression des rangers, les troupeaux repartaient dans le sens inverse
comme des morceaux de métal attirés par des aimants. […] Nous allons
nous rendre compte que les chevaux sont des « sédentaires » qui se
plaisent dans leur environnement et leur routine familiale. »
« Nous
en savons très peu sur le régime alimentaire du cheval sauvage et tant
que les chercheurs ne se décident pas à entrer dans le monde naturel du
cheval sauvage pour faire une étude systématique, cela restera un grand
mystère. Nous avons appris indirectement par des études sur leurs sabots
que ce régime alimentaire ne provoque pas la fourbure. Des herbes et
des plantes herbacées, et probablement une grande variété de légumes du
désert sont les composants de ce régime. Quelques chercheurs ont
constaté que les chevaux sauvages passent la moitié de leur journée à
manger ! »
« Dans
le monde naturel du cheval sauvage, il y a des endroits préférés pour
dormir loin des menaces perçues, dans des endroits ouverts ou pas trop
ouverts où le mouvement d’un prédateur est facilement détectable. C’est
une autre « leçon de la nature », et nous devons faire des efforts pour
simuler les mêmes sanctuaires pour dormir dans le Paddock Paradise. »
« Alors
même que la soif et la faim régissent l’amplitude des déplacements au
point d’eau, la disponibilité de fourrages et d’autres nutriments
vitaux, la rivalité entre étalons, et la peur des prédateurs, ont un
impact sur la vitesse de déplacement sur la piste. Ces menaces dans les
pâturages vont pousser les bandes à augmenter ou à diminuer la rapidité
de leurs déplacements. Telles sont les forces de l’adaptation. Par
exemple, une pâture plus abondante va absorber plus l’attention du
troupeau qui va ralentir son déplacement sur la piste, qu’une pâture
avec moins de végétation. En résumé, les vicissitudes de la vie équine
dans le monde naturel règlent par nécessité les déplacements, leur
vitesse, et leur concentration. »
« Pendant
cette période [soins à l’élevage Pasos péruviens] j’ai beaucoup appris.
D’abord, que le modèle du cheval sauvage pouvait être adapté aux soins
du sabot pour chevaux domestiqués. Deuxièmement, que le parage naturel
avait une valeur préventive et curative. Et troisièmement, que les
chevaux pouvaient être montés pieds-nus. »
« Les
chevaux et les humains ne traitent pas les informations de la même
façon. Et sur ce point, s’accroche l’entière prémisse du Paddock
Paradise : notre challenge est de créer un espace vivant pour l’esprit
équin, et pas pour le nôtre. Plus précisément, un environnement qui
déclenche chez le cheval des réponses pour un comportement naturel. Je
crois que le problème avec beaucoup de systèmes de confinement
aujourd’hui est qu’ils empêchent de tels comportements, ou récompensent
le cheval de ne pas en avoir. De toutes les façons, le cheval ne se
comporte pas naturellement et une pléthore de problèmes, de son esprit
jusqu’à ses pieds, survient petit à petit. »
« La
beauté du Paddock Paradise se trouve dans la possibilité de l’appliquer
(dans les limites du raisonnable) à tous types de terrains et de
climats. La taille, la forme et l’endroit où se trouve le terrain où
vous gardez vos chevaux sont moins importants que son utilisation. »
« Nous
avons plusieurs objectifs pour commencer. D’abord, nous voulons simuler
le territoire naturel du cheval sauvage, avec une « piste ».
Deuxièmement, nous voulons donner au cheval beaucoup de choses à faire
le long du chemin, des activités qui stimulent le déplacement naturel
lorsqu’il est sur la piste. »
« La
bonne nouvelle ici, c’est que votre cheval n’a besoin que de marcher,
manger et dormir la plupart du temps pour développer un corps sain avec
des beaux sabots sains naturellement formés ! Une petite partie du temps
(5%) est passée en faisant des comportements vigoureux. Et avec cela,
vous n’avez vraiment pas besoin de le monter, car il peut faire son
exercice sans vous avec ses copains équins. »
« J’encouragerais
les propriétaires des installations publiques ou privées utilisant les
boxes et le réseau de paddocks de ne pas paniquer mais de considérer les
mérites de ce que nous essayons d’accomplir ici, puisque les terrains
entourant la plupart de ces installations se transforment aisément pour
faciliter l’architecture et les dynamiques de la piste de Paddock
Paradise. »
« Bien
que nous n’ayons pas encore commencé à étoffer les caractéristiques
possibles du Paddock Paradise, des expériences antérieures ont montré
que les chevaux commencent immédiatement à avancer sur la piste, et
toujours dans le sens des aiguilles d’une montre ! »
« Ceci
peut surprendre beaucoup de propriétaires de chevaux, mais les chevaux
passent la plupart de leur temps à manger, et non à se reposer : manger
en marchant, rarement stationnaire comme nous avons l’habitude de le
voir chez trop de chevaux domestiques qui sont gardés en confinement
contre-nature. Des études chez les chevaux sauvages confirment mes
propres observations, les chevaux passent plus de la moitié de leur vie
en se nourrissant. »
« Les
chevaux vont profiter d’un foin d’un mélange d’herbe, de l’avoine (sans
sucre) en petites quantités, des minéraux, du sel et de l’eau. »
« Le
camping est accepté, mais il ne doit pas être basé sur un comportement
pour se nourrir. Je le comparerais au syndrome opportuniste des pâtures
vertes. Dès que nous les faisons entrer dans le Paddock Paradise, nos
chevaux vont commencer à explorer la piste en sa totalité, soit par la
curiosité, soit pour chercher à manger. Alors qu’ils découvrent une
nouvelle « poignée » de foin, ils voudront avancer pour trouver la
prochaine, et avant qu’ils aient terminé ce qu’ils sont commencé. Bien
sûr, la concurrence pour le fourrage des autres membres de la bande va
aider à entraîner ce syndrome. Donc tout le monde a la pression pour
avancer pour trouver à manger. Et c’est bon pour eux. L’alternative, la
gloutonnerie – mangeant de gros repas sur place – est à mon avis une
ordonnance pour la colique et la fourbure. »
« Je
vous recommande de casser en gros morceaux le sel, les minéraux et le
calcium pour enterrer les morceaux rassemblés juste en dessous de la
surface du sol. L’idée est d’encourager le comportement de gratter le
sol – pour stimuler le cheval à creuser pour aller le chercher. Nous
voulons que les sabots travaillent autant que possible dans le Paddock
Paradise. Creuser le sol pour des nutritifs vitaux fait partie du télos
du cheval, et nous devons essayer de trouver des moyens intelligents
pour l’inciter à « gagner sa vie ». »
« Comme
avec le foin, les graines, le sel et les minéraux, nous voulons fournir
l’eau à même le sol. Il y a plusieurs façons de le faire, mais
probablement la solution la plus naturelle serait que le cheval puisse
se tenir dans l’eau lorsqu’il boit. D’ailleurs, en poussant plus loin,
il faut prévoir de créer un « point d’eau » assez grand pour que vos
chevaux puissent y patauger et s’y baigner. »
« Les
chevaux dans le Paddock Paradise doivent pouvoir se reposer et dormir
dans la journée. Et s’il y a des multi-bandes rivales sur la piste, ou
sur une piste ségrégée, il faut s’attendre à des rugissements de telles
sortes dans la nuit. […] Nos chevaux n’ont pas besoin de bouger
constamment pour générer de beaux sabots. Ils préfèrent camper dans des
endroits différents comme les chats domestiques (pas les chiens) des
endroits préférés, je dirais. En conséquence, je créerais plusieurs
endroits plus larges pour camper le long de la piste. Je recommande un
endroit dans une forêt et un autre endroit dans une clairière, à une
altitude plus haute que le reste de la piste. Vos chevaux pourraient
choisir un autre endroit pour camper, et dans ce cas, il faudrait
élargir cet endroit pour que tout le monde puisse y entrer
confortablement. »
« A
partir du moment où il est né, le poulain doit vivre sa vie sur la
piste, en se déplaçant avec le nouveau « courant » du mouvement établi par
les juments alpha et les mâles alpha. Quelques heures après leur
naissance, les poulains sont prêts à partir. C’est ainsi que la nature
le prévoit. En séparant les poulains des autres membres de la bande,
incluant leurs pères ou leurs remplacements mâles, en d’autres mots,
casser l’unité familiale équine, est probablement une invitation à des
comportement agressifs ou animaux et à des modèles de socialisation
contre nature. Le Paddock Paradise encourage l’interaction sociale saine
en fournissant l’environnement correct pour les familles équines. »
« L’idée
est de convaincre nos chevaux qu’il y a une menace de prédateur, sans
que nous les mettions dans la situation réelle. Les chasseurs de gibier
utilisent des sons et des odeurs pour attirer leur proie. Au contraire,
nous avons besoin de l’odeur du couguar pour inciter nos troupeaux à
faire des formations défensives et de fuite lorsqu’ils sont sur la piste
pour réagir aux mouvement basés sur la peur. Ces stimulants doivent
être utilisés judicieusement, peut-être une ou deux fois par mois, afin
de réveiller les sens d’odeur et d’ouïe du cheval. »
« Dans
le monde naturel, les chevaux forment des relations basées sur la
dominance et la coopération. Comme chaque humain sur la planète ne va
pas s’entendre avec tout le monde, il va de même dans le monde des
chevaux. Nos chevaux doivent avoir le droit de choisir leurs amitiés,
leurs alliances, et les positions relatives dans l’ordre hiérarchique
nature de la bande ou du troupeau. Ce n’est pas quelque chose que nous
choisissons pour eux. »
Jaime Jackson – Paddock Paradise
« Il est facile de monter sur ses grands chevaux, mais essayez donc d’en descendre gracieusement ! »
Franklin P. Jones
« Une merveille de galop, qui réconcilie avec la terre et le ciel. »
Guilhem Jouanjordi – Histoires d’amour (et de chevaux)
« Chaque
demande du cavalier oblige le cheval à une certain attention. Il en
résulte une fatigue des facultés psychiques beaucoup plus rapide que la
fatigue physique. Cette fatigue conduit à l’énervement et, de là, aux
défenses que l’on a tort de prendre pour un « mauvais vouloir ». Il est
donc nécessaire de donner des repos fréquents et de savoir récompenser
dès que le cheval a bien exécuté. »
Jousseaume
« Considéré
comme une spécialité, le dressage n’a de sens que s’il résulte d’une
recherche des procédés les plus justes, c’est-à-dire à la fois efficaces
et doux, parce que conformes à la nature du cheval. »
« Depuis
quelques années, sous la pression des éthologues et autres
« chuchoteurs », les manuels de dressage ont consenti à quelques pages sur
les aspects psychologiques de l’équitation.
C’est
ainsi que les « principes d’équitation » du Livre I, rappellent
judicieusement les traits dominants de la « nature du cheval » et en
tirent des prescriptions générales :
« Le
dressage d’un cheval ne se juge pas seulement à la qualité de ses
allures sous le cavalier, mais aussi à la sauvegarde de son naturel et
de sa personnalité. Ce sont ces chevaux, épanouis et prêts à livrer le
meilleur d’eux-même dans le travail quotidien, qui réalisent une stable
et harmonieuse relation entre l’homme et le cheval. Ces bases sont
fortifiées et développées par la patience, le sens de la psychologie et
de fréquentes récompenses. » »
« Le
cheval ne nous doit rien, c’est nous qui devons nous en faire
comprendre. « Un relais est indispensable entre les gestes du cavalier et
ceux du cheval ; ce relais n’est autre que l’intelligence du cheval et
son consentement moral. » [M.Hontang – Psychologie du cheval] »
« Schéma d’apprentissage type :
-
Langage des aides > S’assurer que le cheval possède bien toutes les aides nécessaires à l’apprentissage envisagé.
-
Objectif > Déterminer
le plus petit progrès possible, compte tenu des acquis du cheval. Des
exigences déplacées ou excessives constitueraient autant d’agression
-
Préparation > Concentrer l’attention du cheval sur les exercices réunissant les conditions favorables à l’exercice à venir.
-
Évaluation > Mettre
le cheval dans une situation nouvelle (position, équilibre, locomotion) à
laquelle il réagira naturellement et à coup sûr, ne serait-ce que par
une amorce du comportement recherché.
-
Récompense > Récompenser immédiatement pour confirmer au cheval qu’il a bien fait.
-
Répétition > En
reproduisant l’évaluation et sa récompense, on confirme, fixe et
perfectionne le nouveau comportement. Nécessaire à toute acquisition, la
répétition amène souvent le cheval à répondre par anticipation, durant
la séquence préparatoire.
Ce
comportement relève de la bonne volonté, et même du zèle… Ne jamais
réprimender le cheval. En revanche, reprendre fréquemment la
préparation, et la maintenir sans exécution de la réponse. Récompenser
tout autant ce résultat qu’une réponse parfaite. Ainsi le cheval apprend
à rester attentif au cavalier et attendre une demande qui viendra…
peut-être.
-
Perfectionnement >
Plus le comportement nouveau s’imprime dans le psychisme du cheval, plus
la préparation s’estompe au profit des aides déterminantes. A terme les
aides d’exécution se suffisent à elles-mêmes, et se miniaturisent
jusqu’à devenir quasi-invisibles. Il semble qu’il suffise au cavalier de
penser un mouvement pour que le cheval l’exécute. Le mythe du centaure
n’exprime rien d’autre.
-
Bilan > Un acquis n’a
de réelle valeur que s’il s’inscrit dans un tout cohérent, bonifiant
les étapes antérieures, et servant de référence aux expériences à
venir. »
-
« Éviter
de répéter et prolonger inutilement un exercice ou un air. Le dressage
« kilométrique » use le capital physique du cheval, en anesthésiant son
attention et en atrophiant son intelligence. »
« Du
fait même de leur conception, les épreuves de dressage font la
promotion de la mécanisation et de la routine. Les cavaliers peuvent
répéter à satiété les mêmes programmes dans le milieu intangible et
aseptisé du rectangle réglementaire. […] Imagine-t-on ce qu’il
adviendrait du saut d’obstacle, travail des chevaux et intérêt du public
tout à la fois, si les épreuves se déroulaient constamment sur des
terrains identiques et parcours semblables : mêmes obstacles, aux mêmes
cotes et aux mêmes distances ? Ce serait désastreux. »
« On
pourrait envisager qu’à chaque niveau le cavalier sache quels exercices
et quels airs sont à son programme, mais n’ait jamais connaissance ni
des figures ni des enchaînements.
Un
jury compétent livrerait son texte de reprise comme on affiche un
parcours d’obstacles… au dernier moment. Textes dictés au cavalier,
bien entendu. »
« Dès
la naissance, en raison de la position fœtale dans laquelle il s’est
développé, le poulain se trouve dissymétrique… plus court d’un côté
que de l’autre. Tous les chevaux ne sont pas pliés à droite, loin s’en
faut. Que le phénomène résulte de la génétique ou du hasard, peu
importe… statistiquement, on doit tourner autour d’une proportion 50 –
50% »
« Redressement par la rêne d’appui : le cheval creux à droite apprend d’abord
à refouler la masse vers l’épaule droite sous l’action d’une rêne
d’appui gauche pour tourner vers la droite dans le contre-pli. Par la
suite, un léger pli à gauche assorti d’un appui de la rêne gauche contre
l’encolure suffiront à redresser le cheval. »
« Bâti pour la fuite et la vitesse, le cheval est naturellement établi sur les épaules. »
« Tout
son travail consistera en une gymnastique progressive tendant vers une
répartition plus équitable du poids entre l’avant et l’arrière main.
Seul « l’équilibre instable » peut garantir une mobilité immédiate en tous
sens. De ce point de vue, le cavalier se rapproche de l’équilibriste.
Le concept équestre du rassembler correspond à cette recherche de
l’équilibre instable.
On peut dire que toute l’équitation tient dans cette capacité à modifier à volonté l’équilibre du cheval. »
« Comment
réaliser cet équilibre instable, gage de mobilité et d’aisance ? Par le
relèvement de la base de l’encolure, sa verticalisation au-dessus des
appuis antérieurs, et par le raccourcissement du polygone de
sustentation. »
« L’équilibre
ne s’améliore que si l’engagement des postérieurs est associé à un
maintien de la verticalité de l’antérieur à l’appui. Le cheval se trouve
ainsi réellement en équilibre horizontal. L’expression est employée à
tort pour désigner le cheval dans une attitude étendue. Dans ce cas, sa
silhouette est certes horizontale, nullement son équilibre. L’équilibre
horizontal est la condition minimum nécessaire à un piaffer correct. »
« Le
cavalier est satisfait, il juge son cheval « décontracté » et « en
équilibre », car pensant moins sur la main. En fait, il est fort établi
sur les épaules et très mal à l’aise, et ne pèse moins sur l’embouchure
que dans la mesure où il passe derrière la main. Equilibre et contact se
trouvent ainsi découplés, et coupés de la réalité.
Le
cheval apprend à ne plus tendre les rênes, en se rétractant. Ce passage
« en arrière de la main » contient en germe un risque de passage « en
arrière des jambes », voire de rétivité. »
à propos du Rollkur
« Le
règlement FEI recommande aussi : « le chanfrein légèrement en avant de
la verticale. » Pourtant, on voit se classer et gagner même à haut
niveau, des chevaux régulièrement enfermés, qui amblent en guise de pas
rassemblé et piaffent sous eux du devant. A quoi rime une discipline
quand son règlement n’est pas appliqué ? Elle érige la faute en norme et
le pire en exemple. »
« Seule
l’extension d’encolure permet d’étirer et d’arrondir la ligne du
dessus, de gérer l’équilibre naturel et le mouvement en avant dans des
conditions optimales de confort pour le cheval débutant.
Les
insertions antérieures des ilio-spinaux avancent, ce qui met ces
muscles en élongation. Le segment dorsolombaire remonte et se tend. Le
cheval s’arque sous la charge et porte mieux.
Les brachio-céphaliques se rapprochent de l’horizontale en s’étirant. Ils peuvent ainsi tirer les épaules loin en avant.
Étendre
l’encolure, c’est apprendre au cheval à tendre les rênes dans la
direction du mouvement, chanfrein restant toujours en avant de la
verticale. Une encolure longue pour des allures naturelles étendues…
quoi de plus normal !
Une
encolure étendue gagne en flexibilité latérale. Elle sera plus aisée à
ployer et participera pleinement aux ondulations périodiques de la tige
vertébrale, nécessaires à des allures amples. Le pas sera préservé,
voire amélioré.
L’extension
d’encolure est un facteur déterminant du mouvement en avant, car elle
avance le centre de gravité, favorise les gestes étendus et fait tendre
les rênes. »
« Si
le cheval est amené en pli prononcé de l’encolure, splénius, complexus
et brachio-céphaliques du côté concave se raccourcissent, tandis que
ceux du côté convexe s’allongent.
Anatomiquement,
mécaniquement, il y a incompatibilité entre le pli prononcé de
l’encolure et son renversement d’une part, son encapuchonnement d’autre
part. »
« Si
le cavalier sait comment ployer amplement l’encolure, il donne au
cheval des assouplissements latéraux qui déterminent rapidement son
extension, sans force parce que naturellement. »
« Donc,
limiter le pli de l’encolure aux possibilités du segment dorsolombaire
revient à ne presque pas la ployer, car ce dernier est très peu
flexible, et sur moins de la moitié de sa longueur. Dans ces conditions,
comment parler d’exploitation maximale de la flexibilité ?
Comment
assouplir l’ensemble sans utiliser et développer la flexibilité de la
partie la plus libre de la tige vertébrale, au bénéfice des autres ? »
« La
Guérinière : « Il faut donc lorsqu’on tire la rêne droite pour plier un
cheval à droite, que le sentiment de la rêne du dehors reste dans la
main gauche, afin que le pli vienne du garrot et non du bout du nez, qui
est une vilaine action. »
« Les
entraîneurs, tous sports confondus, savent qu’il n’est de travail
musculaire prudent et utile qui ne commence par des séances
d’élongations : stretching. Le cheval est un athlète, et le cavalier
doit se comporter en entraîneur compétent. Il se gardera bien de figer
l’encolure et de la raccourcir, mais l’utilisera pour étirer la
musculature du cheval… une moitié après l’autre, par des flexions
latérales prononcées et répétées. Ce qui amènera inéluctablement une
élongation longitudinale (extension d’encolure), par une gymnastique et
sans aucun forcement.
Principe à retenir : la flexibilité longitudinale résulte du développement de la flexibilité latérale. »
« Montant
un cheval neuf et donc dans une attitude naturelle, le cavalier qui
tient ses rênes tous doigts serrés et fixe ses mains basses l’incite
immédiatement à se défendre.
Ainsi
établie, la main oppose à la bouche un point fixe et lui impose un
contact très dur. Quel doigté avoir à partir d’un point fermé sur les
rênes ? Aucun. On peut jouer de la grosse caisse ou du clairon avec des
gants de boxe, de la guitare ou du piano… impossible.
Résultat,
le cheval cherche désespérément à passer au-dessus de la main. Une
logique de confrontation s’instaure d’entrée de jeu. »
« Qu’elle
résiste ou qu’elle agisse, plus la main se trouve basse, plus ses
effets portent sur la langue. Or, c’est un organe très vascularisé, très
innervé, tapissé de tissus muqueux… et donc hypersensible. Pour
protéger sa langue des agressions que cette main lui fait subir, le
cheval va selon les cas, la remonter dans le fond de la gorge, la sortir
de côté, la passer par-dessus l’embouchure, etc.
Solution :
emploi de muserolles spécialement conçues pour être verrouillées à
bloc. On les trouve, simples, doubles… sans doute triples un de ces
jours !
Elles
n’ont d’autre office que d’étouffer les protestations du cheval, de
masquer les effets pervers d’une main qui agresse la bouche : logique de
contrainte par le recours à des instruments de contention… encore une
fois !
Curieux dialogue que celui dans lequel l’un exige grossièrement et l’autre se trouve condamné au bâillon ! »
« Le
cavalier qui force la flexion de la nuque à l’aide d’enrênements et
verrouille la bouche avec des muserolles spéciales n’agit guère mieux
qu’un éducateur qui bâillonne un enfant et le ligote sur sa chaise pour
le réduire au silence et lui imposer le calme. »
« Expérience :
Prenez un cheval ayant résisté à tous les acharnements possibles, et
demeurant mordicus au-dessus de la main, nuque et encolure tétanisées.
Montez-le et, à l’arrêt, cherchez à le faire céder en fixant vos mains
de chaque côté du garrot et de toutes vos forces. Résultat : Rien.
Maintenez vos mains dans cette position « réglementaire ». Puis demandez à
un aide de venir desserrer la non moins réglementaire muserolle, et de
donner quelques morceaux de sucre au cheval. Pour les prendre le cheval
va déverrouiller les mâchoires… pour les déguster et les déglutir, il
va mobiliser sa langue et saliver.
Pendant
tout ce temps il va aussi jouer avec son embouchure, puis arrondir la
nuque de lui-même… vous donnant l’exquis sentiment d’une bouche
vivante, en aimable et totale adéquation avec votre main.
C’est
le cheval « galant de la bouche » de la Guérinière, et la « manifestation
de légèreté » fruit de la « cession de mâchoire » chère à Baucher. En tout
cas, cela veut dire, sans conteste, que le siège des problèmes n’est pas
au niveau de la nuque, mais de la relation entre la main et la bouche. »
« Quand
l’action de l’embouchure porte fortement sur la langue, organe
hypersensible, le cheval appréhende la main comme vous craignez la
douleur chez le dentiste.
Filons
la métaphore : si par maladresse le praticien vous pince fort la langue
avec son davier… vous allez réagir brutalement en arc-boutant tout le
corps, nuque renvoyée en arrière.
Si
de plus, loin de s’excuser, il conclut : « Vous avez des problèmes de
nuque ! » vous allez hurler à l’incompétence et à la mauvaise foi.
Il ne restera plus au charlatan qu’à vous bâilloner pour ne plus subir vos protestations ! »
« La
langue, le pharynx, le larynx sont greffés sur une pièce
ostéo-cartilagineuse, l’hyoïde, situé entre les branches du maxillaire
inférieur.
Or,
la mobilisation de la langue dépend de muscles reliant l’hyoïde au
sternum (sterno-hyoïdien) à la tête (occipital) et aux épaules
(aponévroses scapulaires).
L’hyoïde
et la langue se trouvent donc être un carrefour de tout ce qui concerne
l’avant-main… Rien ne se fait qui ne passe par là.
Mains
basses résistant ? C’est maltraiter la langue et provoquer un blocage
de l’hyoïde avec contraction généralisée des mâchoires, de la nuque, de
l’encolure et des épaules.
Plus le cavalier résiste, plus le cheval a mal, plus il se contracte, plus le cavalier doit résister… cercle vicieux. […]
A
l’inverse, le sucre amène une mobilisation du maxillaire inférieur et de
la langue. Cela libère l’hyoïde et décontracte par conséquent la nuque,
l’encolure et les épaules. Décontracté, le bout de devant redevient
flexible, et le cheval n’a plus les raisons ni les moyens de lutter
contre la main. »
« Un
mors de bride : embouchure conçue en bras de levier et dont l’action
puissante s’exerce sur les barres, mais surtout sur la langue… d’avant
en arrière, et ce, quelle que soit la position de la main.
C’est
donc par nature une embouchure rétroactive, agressive et facteur de
contraction. D’où, évidemment, la nécessité de pouvoir à tout moment
interrompre son action, le bridon prenant le relais pour décontracter,
etc. Une fois admis et compris, le mors de bride ne contribue
valablement à fléchir la nuque et fixer la tête que si le cheval ne
cesse pas de livrer sereinement sa bouche.
Bien
compris, le bridon et le mors de bride ont donc des effets
diamétralement opposés et complémentaires : l’un est par nature
releveur-extenseur, l’autre fléchisseur-abaisseur… si tant est que le
cheval les accepte et les comprenne.
Sachant
cela, travailler sur quatre rênes tendues, celles du bridon tenues plus
bas dans la main que celles du mors, relève du grossier contresens. »
« Tout
cela signifie que, pour changer de direction, l’aide la plus naturelle
consiste à pousser l’encolure vers l’épaule du dedans tout en la ployant
vers le dehors… C’est par définition ce qu’on appelle : une rêne
d’appui. »
« Le
dressage officiel se porte en gardien du temple de l’équitation
classique, sacrifiant au culte de La Guérinière et brûlant le faux
dieu : Baucher.
Or,
de bout en bout, la question fondamentale de l’emploi de la main montre
qu les préceptes de La Guérinière se trouvent en flagrante adéquation
avec les derniers enseignements de Baucher, et en total désaccord avec
les manuels de dressage.
Le cumul de tant de contrevérités relève de l’imposture. »
« Le
cheval en main : La définition doit autant à La Guérnière qu’à
Baucher : c’est un cheval qui livre moelleusement sa bouche et
accompagne fidèlement la main dans tous ses déplacements. La mise en
main ne peut se réduire à une position, fût-elle correcte… sa
définition est à géométrie variable. »
« En
conséquence, la fameuse main fixe doit d’abord l’être par rapport à la
bouche, et non au dos. Elle ne se fixe par rapport à ce dernier que dans
la mesure où les progrès de la mise en main stabilisent la tête.
Ce
n’est pas la main qui cherche à imposer la fixité de la tête, mais la
tête qui autorise le cavalier à fixer progressivement la main. Monter
son cheval avec une main fixe constitue donc un objectif, mais ne doit
en aucun cas être un moyen de dressage. »
« Chronologie de la mise en main :
-
Décontracter en provoquant une cession de mâchoire.
-
Rendre le cheval flexible en ployant son encolure à volonté
-
et en déduire la flexion de la nuque et l’extension d’encolure.
Une
fois confirmé ce premier stade de la mise en main, le relèvement
progressif de l’encolure, et la flexion accrue de la nuque,
accompagneront les progrès de la gymnastique d’ensemble. »
« La main peut agir :
-
par serrement des doigts et lente élévation des deux mains, pour la cession de mâchoire
-
par élévation lente d’une seule maine pour la flexion latérale d’encolure
-
par soutiens vifs et répétés pour des transferts de poids vers l’arrière : demi-arrêts, arrêts, reculers…
-
par des effets latéraux : se portant contre l’encolure ou s’en écartant pour des transferts de poids entre les deux épaules.
La
main cède par desserrement des doigts et retour à sa position initiale
(descente de main). Elle rend en s’avançant vers la bouche ou en
laissant les rênes s’allonger. »
« Le
cavalier qui use « plus fort » de ses jambes quand son cheval ne réagit
pas convenablement se met dans la position du professeur qui hurle un
mot parce que son élève ne le comprend pas… Il ajoute le grotesque à
l’inefficace ! »
« Méthode appliquée à la leçon de jambe :
-
Toute légère pression du bas
des jambes (au maximum de quoi écraser une mouche) doit se traduire par
une accélération franche et immédiate.
-
En cas de carence, la pression
des jambes est prolongée, dans la seconde, d’une intervention
déterminante de la cravache (touches à fréquences et intensités
croissantes, jusqu’à l’obtention d’une réaction vive)
-
Laisser le cheval s’exprimer,
le cavalier cessant toute action : descente de jambes. Après un tour de
manège, maximum, l’arrêter, le flatter. Repos complet, les rênes libres.
-
Répéter l’opération jusqu’à ce que le cheval anticipe l’effet de la cravache. Pas de cravache, et récompenser d’abondance.
-
Tout ralentissement non sollicité doit être l’objet d’un rappel immédiat, non de la jambe, mais de la cravache.
En
agissant de la sorte, on fait partir au galop, de l’arrêt et par le vent
de la botte, en quelques minutes, des chevaux réputés insensibles et
paresseux invétérés. Mais […] la compréhension du cheval et sa totale
fidélité à la jambe imposent que le cavalier ne marque aucune opposition
de la main à ses effets. »
« Un cheval ne peut à la fois se mouvoir et maintenir sa tige vertébrale dans une position, quelle qu’elle soit. »
« En
mouvement, dans les faits, le cavalier n’a strictement aucun pouvoir de
maintenir incurvé le corps du cheval avec ses pauvres petites jambes.
Qu’il oublie ses prétentions !
S’il
peut maintenir à volonté le pli de l’encolure, pour le reste, il
interviendra de la jambe intérieure au cas où le cheval cherche à se
traverser vers le dedans, et de la jambe extérieure s’il tente de porter
ses hanches vers le dehors… c’est tout !
Autrement
dit, les jambes du cavalier n’incurvent pas le cheval, elles canalisent
ses hanches pour les garder dans l’exacte ligne des épaules. C’est déjà
une belle ambition ! »
« Au
final, le cavalier use bien plus souvent de ses jambes pour contenir,
réduire, ou annuler le mouvement en avant que pour le produire. D’où la
débauche d’éperons, de cravaches et d’assistance à pied quand il s’agit
d’enseigner le piaffer. Cela donne une équitation musculaire et
laborieuse, travaillant le cheval en force et par compression. Il n’est
pas étonnant que ces conceptions œuvrent à la sélection de chevaux
exceptionnels d’aptitude et de bonne volonté… eux seuls ont une petite
chance de surmonter ces « épreuves ».
« La
gravité universelle et l’équilibre des corps superposés l’imposent : le
centre de gravité du cavalier doit se porter dans le sens du
déplacement réclamé au cheval. Le pli d’encolure n’a rien à voir
là-dedans… et la flexion costale encore moins, puisqu’elle est une
illusion. »
« Il
faut choisir : ou bien le cavalier se sert de la nuque comme d’un frein
à main (au mépris de l’équilibre), ou bien il use de l’encolure comme
d’un balancier. »
« Cette
image du reculer, obtenu en faisant rebondir le mouvement en avant sur
une « main active », est séduisante pour les esprits mécaniciens, mais se
heurte à deux problèmes :
Elle
ne correspond à aucune réalité pour le cheval. Le reculer n’est pas du
mouvement en avant transformé en mouvement rétrograde. Le cheval se
propulse vers l’avant par extension du postérieur à l’appui, passant en
arrière de la verticale. Il se tire vers l’arrière par flexion du
postérieur à l’appui, passant en avant de sa ligne d’aplomb. En terme de
locomotion, ce sont donc deux mécanismes diamétralement opposés.
Enfin,
le cheval n’a rien à voir avec une automobile : le cheval que vous
dressez au reculer n’a pas de marche arrière. Et si une voiture n’a pas
de marche arrière, vous pouvez toujours essayer d’accélérer en première
et d’actionner en même temps le frein à main ! Vous casserez tout, mais
jamais elle ne reculera ! »
« Pourquoi
faudrait-il qu’un cheval recule sur des aides d’assiette et de jambes
fondamentalement dévolues au mouvement en avant ? Le cheval qui recule
de la sorte apprend à douter du rôle impulsif des jambes, et s’en
souviendra à l’heure de l’étude du rassembler, du piaffer en
particulier. »
« Le
cavalier n’envisagera pas le reculer tant qu’il ne se sera pas donné
les moyens de provoquer l’extension d’encolure par les mains seules. »
« Reculers élémentaires pour les chevaux aptes à remonter la base de l’encolure :
Prolonger
les aides utilisées pour le ralentissement, au-delà de l’arrêt : le
cavalier se grandit, efface ses épaules et place ses jambes en retrait
(simple code). Par soutien de la main, il augmente le relèvement de
l’encolure jusqu’à obtenir un début de reculer. »
« Métaphore de la pâte à modeler :
Pour
transformer un bloc durci de pâte à modeler (cheval brut) en masse
aisément mobilisable en tous sens (cheval bien mis), vous devrez en
tirer une masse en équilibre instable (rassembler). Pour ce faire, vous
commencerez par ployer et pétrir ce bloc jusqu’à le rendre malléable
(décontraction et flexibilité). Puis, vous le roulerez progressivement
en tous sens… de droite et de gauche (courbes et deux pistes)… en
avant et en arrière (transitions et reculer)… jusqu’à en tirer une
sphère quasi-parfaite, d’une immédiate et totale mobilité (piaffer).
Aussi
équipé et habile que vous soyez, par compressions successives entre
deux planchettes, vous dépenserez beaucoup d’énergie sans jamais
atteindre un résultat comparable. »
« La
compétition de dressage est par nature subjective car elle dépend d’un
jugement humain. Sujette à manipulations, elle a généré le monopole
absolu d’une seule conception. En revanche, en CCE et CSO, disciplines
plus objectives car dépendant surtout de l’obstacle et du chronomètre…
il n’y a pas de domination écrasante et les résultats sont riches de
diversité. »
« Les résultats sont là, mais à quel prix ?
La
proportion de chevaux que le système ruine irrémédiablement dans les
premières années de leur exploitation est énorme. Les instances
officielles prétendent ne pas disposer de données chiffrées sur le
sujet. On en est réduit aux sources privées. Par exemple, une étude
présentée à Giessen en 1977 par le Dr. H. Gutekunst sous la direction du
Professeur Dr. J. Nassal, livrait les éléments suivants :
-
Statistiques de la société
fédérale des Assureurs de biens matériels, et concernant les chevaux de
selle en République d’Allemagne, entre les années 1971 et 1974… Etude
portant sur 6 464 cas.
-
Durée moyenne d’utilisation des chevaux de selle et de compétition : 5,54 années.
-
Âge moyen de réforme : entre 8 et 9 ans
-
Causes principales de
réforme : maladies de l’appareil locomoteur (usure prématurée liée à une
utilisation précoce et irrégulière) […]
Il
est de plus en plus fréquent que des personnalités, parmi lesquelles des
vétérinaires, émettent de sérieuses réserves… pour l’heure sans
effet. Il serait éclairant que des autorités compétentes réalisent des
statistiques sur les 20 ou 30 dernières années, car une rumeur
persistante circule disant même que les chevaux de dressage auraient la
durée moyenne de vie la plus courte. »
« Seule
référence en matière de formation au dressage, la compétition du même
nom pèse lourdement sur la culture équestre mondiale. Elle gomme les
spécificités en tirant l’ensemble vers le bas. A des degrés variables,
mais sans exception, les dérives du dressage moderne polluent gravement
toutes les grandes écoles d’Europe. Si elle ne se remet pas radicalement
en question, la compétition de dressage se condamne à n’être qu’une
spécialité à finalités économiques, générant ses propres règles, repliée
sur elle-même, coupée aussi bien des autres disciplines que de la
Culture équestre… et donc inapte à former des enseignants valables.
Censée
être le tronc commun à toutes les disciplines équestres, le dressage
est la base de la formation des cavaliers. Or, les enseignants sont
formés à un dressage qui se résume à la recherche de résultats en
compétition de dressage… système oblige. »
Philippe Karl – Dérives du dressage moderne
« Pour
l’étalon, son allure tenait moins de la course que du vol. Suspendu,
étendu dans l’air, il ne touchait le sol que pour s’en détacher d’un
seul battement. Et Ouroz, le visage contre la crinière flottante, le
corps léger, délié, comme fluide, n’avait point d’autre vœu que de
flotter ainsi qu’il le faisait au-dessus de la steppe et si près d’elle
que cette terre, cette herbe et sa propre essence lui semblait
confondues. »
Jospeh Kessel – Les cavaliers
« En
octobre 1983, j’ai déménagé mes animaux (12 chevaux, 20 bovins, 2
paons, 9 poules, 5 chiens) passant du climat doux du Sussex à l’île
sauvage et froide de Mull. La première chose que j’ai pu constater,
c’est que les chevaux, comme les enfants, ont une faculté d’adaptation
phénoménale. Ici, ils grimpent comme des chèvres de montagne et nagent
comme des poissons, bien qu’ils n’en aient jamais eu l’expérience
auparavant. »
« Ce
livre est volontairement contestataire. A la lumière de la connaissance
que nous avons acquise du comportement animal, il devient de plus en
plus évident que la plupart des installations équestres modernes
semblent toutes désignées pour engendrer des troubles du comportement
chez les chevaux. »
« Mais,
me direz-vous, le cheval a tellement changé durant tout le processus de
domestication, aussi bien du point de vue physique que comportemental,
que le comportement du cheval sauvage n’a plus rien à voir avec celui du
cheval domestique. Il est vrai que le physique du cheval a beaucoup
changé : certains sujets, comme le cheval de trait, sont sensiblement
plus grands que l’Equus Caballus, le Preswalski ou le Tarpan, alors que
d’autres, comme le Shetland, sont plus petits. Il y a une énorme variété
de couleurs de robes et de tempéraments qui vont du pur-sang
hyper-réactif au placide cheval lourd. En dépit de tous ces changements
évidents, que nous pourrions comparer à la décoration d’un gâteau, tous
les chevaux ont gardé la même structure et la même physiologie. Ils ont
la même structure osseuse, la même dentition et le même appareil
digestif, etc. Si tout le système de base est resté inchangé, pourquoi
leur comportement aurait-il dû tellement se transformer ? Mais en fait,
a-t-il vraiment changé ?
La
réponse est que, chez le cheval comme chez n’importe quel autre
mammifère domestique étudié jusqu’à présent, l’organisation sociale de
base comme le mode de communication n’ont pas changé. Cette assertion
est prouvée par l’étude comparative de l’organisation sociale chez
divers groupes de chevaux vivant dans des habitats différents. »
« Chez
le cheval monté, les cellules les plus intéressantes sont celles qui
appartiennent à un groupe de cellules réceptives, appelées
« nocicepteurs ». Il existe de très nombreux types de ces cellules, et
toutes ont un seuil placé très haut. Lorsqu’un cavalier exerce une
pression avec ses jambes, il active ce type de cellules lesquelles ont
la particularité de moins réagir si le stimulus est répété à des
intervalles de moins de 30 secondes. Ainsi lorsqu’on voit un cheval
promener son cavalier, insouciant de l’action pressante de ses jambes,
on peut facilement conclure que le cheval n’est probablement plus en
mesure de ressentir quoi que ce soit !
Devoir
répéter ou intensifier l’action d’une aide (ou stimulus) en l’absence
de réponse du cheval ets une idée communément admise, or il est
important pour chacun de réaliser à quel point cela est faux.
En
fait, c’est plutôt le contraire qui se produit : plus le message que
l’on veut transmettre au cheval est faible en intensité, plus le cheval
devient sensible, facile et agréable à monter. Il faut donc que les
stimuli soient à peine perceptibles. Augmenter le stimulus en l’absence
de réponse pourrait être comparé à quelqu’un qui, pour essayer de se
faire comprendre d’un étranger, se mettrait à hurler ! »
« Il
est probable que les chevaux aient une tête très allongée afin de
laisser suffisamment d’espace à leur muqueuse olfactive (membrane
détectant les odeurs). »
« Chez
beaucoup d’espèces, y compris le cheval, ce champ visuel périphérique
est aiguisé par rapport au champ visuel central dont la zone la plus
sensible est la fovéa. Ainsi, même les objets familiers, s’ils
apparaissent à la périphérie de son champ visuel, peuvent surprendre le
cheval, puisqu’il ne le voit pas clairement. Les mêmes objets
apparaissant dans le milieu du champs visuel ne provoquent aucune
réaction. On peut vérifier ce phénomène en agitant avec précaution un
bras derrière l’œil d’un cheval – attention aux réactions !
Le
champs visuel binoculaire restreint doit être pris sérieusement en
compte lors du saut d’obstacle, par exemple. Il est vivement conseillé
de laisser au cheval la liberté de détendre son encolure lorsqu’il
aborde l’obstacle, pour lui permettre d’estimer correctement la distance
et de déterminer le moment où il décollera du sol. En effet,
l’estimation de la distance est effectuée par le cerveau qui compare les
images renvoyées par les deux yeux. »
« Nous
verrons que le cheval apprend extrêmement vite et qu’il peu souvent
exécuter un exercice après une seule « explication ». Ainsi, nous ne
devrions pas sous-estimer le bon usage qu’ils font de leur cerveau
antérieur. Nous devrions aussi formuler l’hypothèse qu’il se passe dans
leur tête beaucoup de choses que nous ne comprenons pas, voire que nous
ne soupçonnons même pas. Je suggérerais de se montrer prudents lorsque
nous rabaissons les chevaux au rang d’animaux stupides. Il se pourrait
bien que les stupides soient ceux qui ne sont pas en mesure de les
comprendre. […] Nous sommes beaucoup moins efficaces qu’eux dans la
compréhension des langages en général. En effet, ils nous comprennent
mieux que nous ne les comprenons. »
« Chez l’homme, il existe un centre spécialisé dans la parole qui se trouve dans l’hémisphère gauche, appelé « aire de Broca ».
Les
chiens et les chats ont été étudiés en détail pour savoir s’il leur
manquait des muscles ou des nerfs, les empêchant ainsi de parler. Cela
ne semble pas être le cas. Même les chimpanzés en sont incapables. Les
Kellogs (1933) élevèrent un chimpanzé avec leur propre enfant, passant
de nombreuses heures chaque jour à essayer d’apprendre au singe à
prononcer des mots. Au bout de plusieurs années, ils ne parvinrent
péniblement à lui faire articuler que deux mots.
Il
est donc probablement juste de dire que si beaucoup d’espèces sont
pourvues de tous les organes nécessaires à l’usage de la parole, leur
cerveau ne peut néanmoins en assurer le contrôle. »
« En
fait, Clever Hans interceptait les messages subliminaux (de très
légères contractions musculaires) que les personnes présentes aux
expériences lui envoyaient, inconsciemment, lorsqu’il avait atteint le
nombre de coups correspondant à la réponse exacte. A ce moment-là, les
spectateurs devaient imperceptiblement se raidir ou se détendre. Le
cheval avait appris cette technique par lui-même, son entraîneur n’ayant
pas pu la lui enseigner puisqu’il ne comprenait pas lui-même comment
son cheval faisait. De plus, ces mouvements musculaires étaient si
subtils que les humains (non spécialisés dans ce mode de communication)
ne pouvaient absolument pas les déceler. […]
Cette
histoire illustre à quel point les chevaux sont surdoués dans la
perception des signaux visuels. Elle démontre aussi que le cheval a
vraisemblablement un système de communication visuelle extrêmement
complexe et élaboré, sans doute beaucoup plus sophistiqué que le nôtre.
L’homme, s’étant spécialisé dans la communication verbale, a moins
développé et perfectionné les autres moyens dont il aurait pu disposer. »
« Quel
que soit le niveau ou la discipline équestre, la communication marche
dans les deux sens. Il ne s’agit pas seulement de donner un ordre qui
doit être exécuté, il faut également apprendre à devenir aussi sensible
que le cheval. Une fois qu’il y parvient, le cavalier peut réagir au
moindre mouvement musculaire de sa monture, ce qui l’aidera à repérer le
bon moment pour formuler une demande et avoir en retour une réponse
positive du cheval. Une mauvaise compréhension de ce phénomène d’échange
conduit, au mieux, à de l’obéissance, mais quelle que soit la forme
d’équitation ou d’approche du cheval, elle ne mène qu’à des résultats
médiocres. En effet, obtenir une obéissance passive n’a jamais grand
intérêt.
La
raison fondamentale qui nous pousse à monter à cheval, c’est justement
de sentir cet échange entre nos deux espèces dont ne peut plus se passer
après y avoir goûté. »
« Dans
l’hémisphère nord, la jument peut donc concevoir au printemps et en été
(du mois d’avril au mois de septembre) mais en est incapable en automne
et en hiver. Ce qui semble logique puisque la gestation dure onze mois.
Ainsi, le poulain naît quand le climat est plus clément et la
nourriture plus abondante, pour que la mère, devant nourrir sa
progéniture, puisse satisfaire des besoins alimentaires accrus.
Contrairement
au veau, le poulain est un « suiveur », il suit sa mère partout. Si elle
se met à brouter par un temps froid, dans un endroit exposé aux
intempéries, le nouveau-né encourt de gros risques. Tous ceux qui ont
vécu l’expérience d’une naissance automnale gardent cette image
pitoyable d’une petite créature frêle et tremblante de froid, résolue à
demeurer en dépit de tout auprès d’une mère indifférente qui broute
tranquillement sous une pluie glaciale, alors qu’il y a de nombreux
abris dans les parages.
A l’opposé, le veau, qui ne suit pas sa mère, reste blotti dans l’abri avec les compagnons de son âge.
Ainsi,
pour que le poulain ait des chances de survivre, selon la stratégie que
l’évolution de l’espèce équine a sélectionné, il doit naître dans des
conditions climatiques favorables. C’est la raison pour laquelle les
naissances sont saisonnières. […]
De
nos jours, le monde des courses et, par un effet pervers, le milieu de
la compétition, voient leur intérêt à faire naître leurs poulains plus
tôt dans l’année, avant la période biologique souhaitable. Les poulains
doivent naître à la date la plus proche possible du 1er janvier. A cette
fin, les biologistes ont mis au point un véritable arsenal
pharmaceutique pour provoquer l’œstrus chez les juments en plein hiver
(Dawson 1984). »
« Nous
avons remarqué que, chez les chevaux et les vaches (au pré ou en
stabulation), les comportements pacifiques étaient plus nombreux que les
comportements agressifs. […]
Cependant,
lorsque les conditions changent, par exemple lors d’un conflit pour un
rationnement de nourriture ou d’espace, les manifestations agressives
augmentent. Dans ce cas, on peut voir apparaître une hiérarchie de
dominance. »
« En
fait, le cheval n’est pas agressif de nature, mais il peut le devenir
après un dressage plus basé sur un rapport de force – quand on veut
montrer « qui est le chef » – que sur une véritable connaissance de
l’organisation sociale équine plutôt complexe et pacifique.
Les
préférences que les chevaux montrent envers certains de leurs
congénères sont de première importance, car ce phénomène peut s’étendre à
l’homme. La première chose à faire est donc de chercher à s’en faire un
ami plutôt que de vouloir le dominer ! »
« Les
relations entre chevaux sont aussi complexes que celles entre les
humains. Les résumer à un simple rapport de « dominant à dominé » serait
inadéquat et arbitraire. »
« Il
est bien connu que l’appareil digestif du cheval est conçu pour digérer
et extraire les substances nutritives d’une nourriture riche en fibres
et relativement pauvre en substances tels que les protéines et les
féculents. Il existe donc, dans cette espèce, certaines caractéristiques
bien spécifiques à la digestion, à commencer par les dents. Elles sont
faites pour broyer les plantes afin que la cellulose puisse être
écrasée. A cet effet, le cheval a beaucoup de dents plates et une tête
allongée pour pouvoir les loger. Leur utilisation intense fait qu’elles
subissent une érosion très importante ; elles s’usent beaucoup plus que
les dents humaines par exemple. L’évolution a remédié à ce problème en
permettant aux dents du cheval de pousser tout au long se sa vie. »
« Renforcement continu :
Lorsqu’on
entreprend un nouveau conditionnement, il est important de récompenser
systématiquement. On appelle cela le renforcement continu. Il a été
démontré chez les rats (à qui l’on doit la plupart de nos connaissances)
que le renforcement continu aboutit à un conditionnement plus rapide,
jusqu’à ce que la réponse soit bien établie (c’est à dire quand environ
90% des stimuli conditionnés provoquent une réponse conditionnée).
Renforcement partiel :
Par
la suite, c’est le renforcement partiel qui semble donner les meilleurs
résultats. Le renforcement partiel consiste à ne récompenser que
certaines réponses, généralement choisies au hasard, afin que le cheval
ne sache pas exactement quand il recevra la friandise. Il s’efforce
alors de faire de son mieux, au cas où…
Extinction :
Lorsqu’on
n’obtient plus aucune réponse conditionnée à un stimulus, on a affaire à
ce que l’on appelle l’extinction. Ce phénomène se produit surtout quand
une réponse n’est pas suivie d’un renforcement, qu’il soit positif ou
négatif. Quand un cheval se décide enfin à monter dans un van qu’il
trouve effrayant, on lui donne une récompense (friandises et caresses).
Mais si après plusieurs répétitions il n’obtient aucune récompense, il
pourrait bien estimer que le jeu n’en vaut pas la chandelle et refuser
d’y monter une nouvelle fois. Quand cela se produit, son propriétaire,
ou la personne qui s’en occupe, se fâche, ne comprend pas la raison de
ce refus ; il embarquait si bien jusqu’à présent ! […]
Généralisation :
Lorsqu’une
réaction conditionnée à un stimulus se produit à l’occasion d’autres
stimuli, il y a généralisation. Les chevaux y sont sujets. C’est
pourquoi il n’est pas conseillé d’apprendre au cheval un mouvement
élaboré avant que son apprentissage de base ne soit bien établi. »
« Une
partie de ce qui constitue « l’attitude » d’un individu dépend de son
état émotionnel qui se répercute sur l’apprentissage. Fiske (1979) a pu
noter que les chevaux excitables, à sang chaud, apprenaient plus
difficilement à sortir d’un labyrinthe que les chevaux placides. Les
chevaux excitables et émotifs passent aussi plus de temps dans le
labyrinthe parce qu’ils sont méfiants et distraits. Autrement dit, ils
sont moins motivés pour accomplir leur tâche, mais cela ne veut pas dire
qu’ils ne sont pas capables de faire aussi bien. »
« L’école
classique d’équitation, en particulier celle de Vienne, soutient que
tout ce qu’elle enseigne aux chevaux est issu des mouvements naturels
qu’ils accomplissent normalement en liberté. Elle revendique une nette
différence entre les mouvements qu’elle enseigne (équitation classique)
et ceux que l’on peut voir au cirque (comme le pas espagnol), qu’elle
considère comme des « tours » et donc qu’elle méprise.
Les
chevaux à l’état libre ne font jamais de levade, ni de cabriole, ni de
piaffer, encore moins de palissade ou de courbette. Si un cheval
exécutait certains mouvement de la même façon qu’il les accomplit en
liberté, il obtiendrait à peine un point dans un concours de dressage…
En effet, lorsqu’ils décrivent une courbe au galop, les chevaux
tournent naturellement la tête vers l’extérieur. Leur corps n’est pas
incurvé vers l’intérieur du cercle ; c’est pourtant cela qui est
considéré comme correct et qui est enseigné. A l’état naturel le cheval
accomplit tous ces mouvements, ou bien d’autres encore, y compris le pas
espagnol, mais d’une façon très différente de celle à laquelle il est
conditionné à les effectuer pour satisfaire l’homme.
L’apprentissage de ces mouvements est donc un processus hautement conditionné qui s’établit pas à pas. »
« Avant
de qualifier votre cheval de stupide lorsqu’il semble ne pas vous
comprendre, souvenez-vous de deux choses : premièrement, pourquoi
devrait-il s’embêter à coopérer avec vous ? Après tout rien ne l’y
oblige : il est plus grand que vous, plus fort et pourrait même vous
tuer s’il le voulait. Deuxièmement, ne serait-ce pas plutôt vous qui
seriez stupide et incompétent alors que lui sait parfaitement se
soustraire à vos demandes, et pour des raisons qui lui sont propres ? »
« La
nature n’a-t-elle pas prévu que les sabots restent remplis de terre,
gravillons, etc quand personne n’est là pour les curer ? Les chevaux
vivant à l’état sauvage développent rarement des pathologies aux pieds
dues à l’humidité, même dans les lieux marécageux et humides. Leurs
sabots se sont adaptés à ces conditions. Le cheval n’est certes pas fait
pour rester longtemps sur les substances acides contenues dans l’urine
et le crottin ; si l’on cure les pieds d’un cheval au box, ils se
remplissent inévitablement des excréments qu’il piétine. C’est du fumier
qui sera en contact avec la sole, et non de la terre et de la boue. »
« les
poulains mangent les crottins frais de leur mère et il n’y a rien de
préoccupant à cela, car il s’agit d’un comportement normal.
En
effet, le poulain, en ingérant les fèces de sa mère, absorbe les
bactéries nécessaires à la constitution d’une microflore qui l’aidera à
digérer la cellulose et les fibres. »
« Les
chevaux en stabulation libre qui forment des noyaux familiaux bougent
considérablement plus que ceux qui sont rentrés au box, même si l’espace
alloué à chacun est identique. Ce facteur est un autre avantage de la
stabulation libre, lorsqu’on désire que les chevaux soient à
l’intérieur.
L’anatomie
même du cheval est conçue pour qu’il bouge quasiment en permanence. Un
de ses problèmes physiques majeurs que l’on rencontre surtout chez les
chevaux de concours ou de course, c’est leur tendance à s’ankyloser ;
leurs jambes enflent lorsqu’ils restent trop longtemps confinés au box.
Ce phénomène est la conséquence d’une alternance d’immobilité trop
prolongée et d’exercices de courte durée mais qui demandent tout de même
d’intenses efforts physiques. Ce procédé n’est certainement pas le
meilleur pour garantir une bonne santé et une longue vie aux chevaux.
En
tant que cavalière d’endurance, je me suis rendue compte qu’il était
essentiel d’assurer au cheval une liberté constante de mouvement. Dans
un grand box, il ne bougera pas plus, sauf s’il est en compagnie d’un
congénère. »
« la
règle d’or est de ne jamais demander à un cheval une chose que l’on
n’est pas en mesure de lui faire faire, ou pour laquelle on ne dispose
pas du temps nécessaire pour attendre qu’il la fasse. »
« Si
les chevaux sont nourris avec des aliments concentrés pauvres en fibres
et servis sous une forme qui leur permet de consommer la totalité de
leur ration journalière en une ou deux heures, une question demeure :
« Comment vont-ils occuper les 14 heures restantes durant lesquelles ils
devraient normalement continuer à manger ? »
« Les
pires ennemis du cheval sont les personnes trop traditionalistes qui
ont réponse à tout et qui, refusant d’emblée toute argumentation
rationnelle, ont des opinions bien arrêtées qui demeurent
inébranlables. »
Marthe Kiley-Worthington – Le comportement des chevaux
« Nous
nous devons de comprendre la nature du cheval et de respecter sa
personnalité profonde sans jamais chercher à l’éradiquer par le
dressage. Il n’y a qu’ainsi que le travail est juste. »
Reiner Klimke – Dans le Dressage avec la méthode Tellington
« A
un cavalier qui me demande conseil, je réponds souvent qu’il faut de la
patience et de l’écoute. Les chevaux, particulièrement les jeunes, ont
soif de sécurité : ils doivent savoir que leur cavalier est là pour eux,
pour les guider et leur apporter cette sécurité dont ils ont tant
besoin. »
« Votre
cheval s’inquiète d’une situation inhabituelle ? Ne l’obligez pas à
avancer coûte que coûte : rendez-lui les choses plus gérables, pour lui
donner confiance en vous. Ainsi, le moment d’angoisse passé, vous y
aurez survécu ensemble sans nuire à votre relation. Le cheval a besoin
de pouvoir faire confiance à l’homme. Confronté à l’inconnu, paniqué ou
simplement hésitant, il a besoin de réconfort et non de sanction. De
même, il a besoin de savoir qu’il a bien travaillé, il a soif de
reconnaissance et de félicitations, même au beau milieu d’un concours. »
Ingrid Klimke – Dans le Dressage avec la méthode Tellington
« L’animal
ne doit jamais faire son travail par soumission, mais par plaisir et
par envie. C’est l’homme qui doit s’adapter aux traits de caractère de
son cheval. Car chaque cheval a son caractère et doit être traité
individuellement en fonction de ce caractère […]. S’il y a réticence,
c’est que c’est la méthode qui est défectueuse. Et c’est la méthode
qu’il faut corriger. Et non imposer au cheval une méthode défectueuse
[…]. »
« Une
seule réaction incontrôlée (de notre part) peut anéantir en quelques
secondes un travail de dressage qui a pris des mois […]. L’homme est
alors impuissant face aux débris de son travail, et il ne peut s’en
prendre qu’à lui-même et à son absence de maîtrise. »
Frédy Knie JR – Les chevaux de Frédy Knie
« Les
chevaux demandent de l’authenticité à chaque instant. Pour y arriver,
les cavaliers doivent développer un état mental alerte et cependant
méditatif, une approche créative de la résolution des problèmes et une
capacité à fixer un but à long terme sans montrer d’impatience face au
défi ni d’attachement à des préjugés sur la manière d’atteindre cet
objectif.
Les
chevaux réagissent à l’intégrité personnelle, à l’équilibre physique et
mental, à la cohérence émotionnelle, à la flexibilité, à la
réceptivité, à la clarté des intentions et à la gestion subtile de
l’énergie.
Ils
récompensent leur cavalier, même pour la plus infime des approximations
concernant ces vertus, par une attention accrue, la coopération et
l’affection, en agissant comme un baromètre infaillible dans le travail
du développement des personnes. »
Linda Kohanov – Le tao du Cheval
« Des
hommes ont compris qu’une équitation fondée sur la compréhension du
cheval et de sa vraie nature (celle d’une proie toujours prête à fuir à
la moindre alerte) était bien mieux appropriées qu’une domination
physique. »
« Avec
un horseman, le cheval apprend à devenir plus calme, plus futé, plus
courageux et plus athlétique, et réciproquement, grâce au cheval,
l’homme développe toutes les caractéristiques du leader : avoir une
patience infinie, être plus affirmé tout en étant moins agressif, être
stable sur les plans mental et émotionnel, être responsable de ses
décisions. »
« Savez-vous
comment les chevaux pensent ? Comment ils apprennent ce qui est
important pour eux ? Comment ils communiquent ? En les comprenant, vous
allez les aider à exploiter tout leur potentiel.
Les
résultats naturels s’obtiennent non en recourant à des principes
mécaniques, à la crainte, à l’intimidation, mais grâce à la
communication, la compréhension et à la psychologie. »
« Chaque
technique utilisée doit présenter les ingrédients suivants : la bonne
attitude, le focus, le feel, le timing et l’équilibre. La force n’a pas
sa place dans ce bouquet qui permet au cheval de réfléchir et de choisir
sa réponse. »
« Posez-vous la bonne question : Le cheval est une récréation pour moi, mais suis-je une récréation pour lui ?
Comme
nous, le cheval a fortement tendance à éprouver de l’ennui et de la
frustration quand on lui fait faire toujours la même chose. Même en
apprentissage, il faut qu’il s’amuse. Il a véritablement besoin d’être
stimulé de façon positive sur trois plans ; mental, émotionnel et
physique. C’est l’imagination qui fait la différence et, à en faire
preuve, vous vous attirez la gratitude et l’intérêt de votre compagnon. »
« Les
humains ont beaucoup de difficultés pour être fermes sans s’énerver ou
devenir méchants. C’est pourtant ce que vous allez apprendre à faire
car, lorsque le cheval perçoit qu’à l’action sont associées des
émotions, il réagit par peur ou agressivité. De plus, s’il est un tant
soit peu futé, il identifie rapidement ces émotions à des signes de
faiblesse et il ne tarde pas à faire en sorte que vous perdiez le
contrôle de vous-même.
Si
vous sentez monter la colère, caressez votre cheval, excusez-vous auprès
de lui et laissez-le ! Vous ferez une nouvelle tentative après avoir
retrouvé votre calme pour pouvoir appréhender les choses sous un autre
angle. »
« Revenons-en
au fameux : « Il faut montrer au cheval qui est le chef. » Voici comment
Parelli le reformule : « Montrez-lui que vous êtes meilleur que lui selon
ses propres critères : plus calme, plus intelligent, plus en forme aux
plans mental, émotionnel et physique. Si vous faites preuve des qualités
du leader et que vous lui offrez votre amitié, la sécurité et
l’opportunité de jouer, le cheval vous respectera et vous obéira sans
conditions. »
« N’oubliez
jamais que, dans tout cheval sauvage il y a un gentil cheval qui
sommeille, et dans tout gentil cheval il y a un cheval sauvage qui
sommeille ! » [Ronnie Willis]
« Si
vous marchez sur un ligne et que vous voulez tourner à droite, sur quel
pied allez-vous vous appuyer pour tourner ? Sur le gauche ! Le poids de
votre corps étant déporté à gauche, votre pied droit va pouvoir
facilement se lever et changer de position pour prendre la direction
souhaitée. C’est exactement la même chose pour le cheval ! »
« Mettez-vous
dans la peau d’un cheval : Imaginons que vous partez en voyage en
Amazonie, que votre avion s’écrase et que vous vous retrouvez avec un
groupe d’amis dans une région peuplée de cannibales. […] Hé ! Bienvenue
dans le monde des proies !
Supposons
maintenant qu’un de vos amis soit le leader de ce groupe : il est
taillé comme un athlète, il est calme et confiant. A chaque fois que
vous entendez quelque chose d’inquiétan, vous surveillez ses réactions :
s’il reste calme, vous vous apaisez mais, s’il se contracte et ouvre
grands les yeux, vous y lisez clairement un « sauve qui peut ! ».
Et
voilà que des cannibales sortent des bois et vous capturent. Une fois au
camp, ils vous isolent les uns des autres. Vous avez le triste
pressentiment que vous allez y passer et la peur vous torture ! Vos sens
sont tellement en éveil que vos terminaisons nerveuses semblent
hurler : vous entendez exagérément, vous ressentez exagérément, vous
voyez exagérément ! Cette montée d’adrénaline vous aide à survivre. Vous
avez une force et une endurance surhumaines et, si un cannibale vient à
votre portée, vous êtes bien résolu à ne pas vous laisser faire : ce
sera lui ou vous !
Il y
en a bien un qui a essayé de sympathiser avec vous, mais vous restez
sur vos gardes car vous savez que c’est un mangeur de chair humaine ! Il
essaie de vous amadouer, mais impossible de vous convaincre de rester
calme. C’est alors qu’il va chercher une corde et vous attrape par la
cheville pour vous neutraliser ; C’est la panique : vous vous débattez,
vous utilisez vos mains, vos dents, vos pieds, tout ce que vous pouvez
pour vous échapper. Vous luttez pour votre survie, par pur instinct.
Vous n’avez pas une seconde à consacrer à la réflexion.
Finalement,
il vous ligote et, une foi que vous êtes sans défense, il s’approche de
vous. Dans un sursaut, vous essayez de le mordre, de crier, d’appeler,
mais le cannibale vous sourit, lève son bras et son fouet dans votre
direction et voilà que… gentiment, il vous caresse !
Combien
de temps vous faudra-t-il pour vous ôter de l’esprit qu’il veut vous
manger ? Avouez qu’il vous faudra peu de choses pour détruire cette
confiance ! »
« Même
si la plupart de nos chevaux n’ont jamais connu le véritable état
sauvage et qu’en général ils ont été manipulés dès la naissance,
imaginez ce qu’ils vivent !
Même
s’ils ont appris que l’humain pouvait être sympathique, apporter des
pommes ou faire des caresses, des millions d’années pèsent sur eux et
leur souffle : « Méfie-toi ! » A n’importe quel moment, la proie peut
réapparaître chez n’importe quel cheval domestiqué. On le constate tous
les jours avec ces chevaux qui tirent, s’emballent, ruent, cassent leur
longe, tirent au renard, trépignent… […]
Maintenant vous savez que c’est à vous de faire en sorte que votre cheval ne se retrouve jamais dans cet esprit là ! »
« Pour
comprendre la psychologie du cheval, il est nécessaire d’intégrer ce
rapport à la survie. Gravez à jamais dans votre esprit qu’un cheval qui
s’effraie a peur, non pas d’être blessé, mais bien d’être tué ! »
« Dès
qu’il sait que sa vie n’est pas en danger, le cheval concentre ses
efforts dans la recherche du confort. S’il dispose à la fois de la
sécurité et de ce bien-être, il va jouer car, même si beaucoup
l’ignorent, le cheval est un animal très joueur. Puis il s’inquiétera de
sa nourriture.
En
schématisant on peut dire qu’il existe chez cet animal quatre choses
importantes classées par priorité décroissante : la sécurité, le
confort, le jeu et la nourriture. »
« Les chevaux ne comprennent par la punition. Elle est une agression, un acte de prédateur souvent lié à la colère.
Tant
que l’homme punit le cheval ou se montre coléreux ou agressif, le
cheval le considérera toujours comme un prédateur en qui il ne peut pas
avoir confiance. Doté d’une bonne mémoire, il se souviendra et craindra
ses actions émotionnelles, ce qui affectera forcément une relation ! »
« Le
réflexe d’opposition est une attitude instinctive qui pousse le cheval à
faire l’inverse de ce que souhaite un prédateur. C’est une réaction
d’auto-défense que l’on observe en cas de peur, de douleur, de colère,
de mauvaise compréhension ou par manque de respect. Ces manifestations
peuvent être très diverses : il peut mordre, donner des coups de pieds,
se cabrer, partir brusquement, ruer, fouailler de la queue, grincer des
dents, coucher les oreilles, refuser de bouger, tirer à gauche quand on
attend de lui qu’il aille à droite… On a toujours tendance à prendre
ces manifestations pour des attitudes vicieuses ou des désobéissances.
Elles sont en fait nettement plus liées à la relation et au manque de
confiance en l’homme. »
« La
crainte de l’homme est innée chez le cheval. Pour lui, il n’existe pas
de grand ou de petit prédateur, il n’existe que des prédateurs qui
peuvent le tuer et le dévorer à tout instant ! »
« S’il
utilise son hémisphère droit, le cheval n’est pas capable de penser et
réagit comme à l’état sauvage. Pour une proie en danger de mort, il n’y a
pas une seule seconde de réflexion, et c’est précisément ce type de
réactions instinctives qui lui sauve la vie. Vous pouvez redouter que le
pire se produise en une fraction de seconde : vous n’êtes pas forcément
la cible, mais seulement sur la mauvaise trajectoire !
A
l’inverse, le cheval utilisant l’hémisphère gauche du cerveau est calme
et apte à penser : il est confiant, n’a pas peur et agit de façon
délibérée, que vous perceviez son acte comme positif ou négatif. »
« Il y a trois choses à se rappeler quand vous apprenez quelque chose de nouveau à votre cheval :
-
Il faut que le cheval fasse ce que vous lui demandez sans hésitation
-
Qu’il le fasse en utilisant son hémisphère gauche
-
que vous répétiez l’exercice
jusqu’à ce que vous ayez atteint ces deux premiers objectifs. Cela peut
prendre une minute comme deux heures ! »
-
« Quatre responsabilités pour l’humain :
-
N’agis pas en prédateur !
-
Acquiert une assiette indépendante
-
Pense comme un horseman
-
Exploite la puissance naturelle du focus
Quatre responsabilités pour le cheval :
-
N’agis pas en proie
-
Ne change pas d’allure
-
Ne change pas de direction
-
Regarde où tu mets tes pieds
Si
vous prenez sous votre coupe les responsabilités dévolues au cheval et
que vous négligez vos propres responsabilités, vous créez un tel
contexte qu’il ne peut pas y avoir de partenariat. Vous êtes plus
dominant, mais aussi moins efficace, et la situation est complètement
débilitante pour le cheval. »
« Les
quatre phases sont un instrument de justice : elles vous évitent d’agir
par excès ou insuffisance ! Elles constituent une conséquence graduée.
Le cheval doit apprendre qu’à petite faute, petite conséquence, mais
qu’à grosse errer, grosse conséquence.
N’oubliez
jamais : un cheval réagit à un renforcement, qu’il soit positif ou
négatif, mais la punition est un acte qu’il ne comprend pas ! »
« Agissez
comme si vous étiez sous calmant, autrement dit en veillant à la
lenteur de vos mouvements. Vous devez être maître de la lenteur dans
l’accentuation du feel, pour laisser au cheval un laps de temps lui
permettant de réfléchir à ce que vous souhaitez. Très vite il
n’éprouvera plus le besoin de s’arc-bouter ou de résister. »
« Les
chevaux ont des tempéraments de suiveurs, ils recherchent leur leader
naturel. C’est en jouant ce rôle que vous pourrez dissiper leur peur et
les rendre plus confiants, plus calmes et plus à l’écoute. »
« Apprenez
à utiliser les phases en actionnant les articulations de votre bras les
unes après les autres. (Doigt, poing, coude, épaule) »
« Pour
que le cheval devienne plus léger et plus alerte, il faut absolument
que vous arrêtiez de le stimuler au moment où il commence à répondre
dans le sens que vous souhaitez ! C’est à ce moment là que le cheval va
apprendre qu’il fait bien ! »
« Quand
un cheval les bouscule, la plupart des humains réagissent en esquivant
ou en frappant le cheval : deux réponses inefficaces !
Si
vous esquivez, le cheval croit que c’est un nouveau jeu de dominance. Si
vous le frappez, ou bien vous l’effrayez s’il est peureux, ou bien il
tourne ça en jeu et tente de vous mordre avant de s’esquiver !
Avec
une obstruction, le cheval ressentira votre énergie et comprendra votre
intention : « N’envahis pas mon espace personnel ». Faites ces
obstructions trois fois en rythme et sans bouger les pieds. Non
seulement le cheval ne va pas pénétrer dans votre espace, mais cette
répétition va vous empêcher de réagir avec énervement. Il est en effet
difficile de faire la même chose trois fois de suite quand on est sous
l’effet de la colère. »
« L’approche
des prédateurs est directe, avec les yeux posés sur ce qu’ils désirent.
Lorsque le cheval observe ce comportement, ses signaux d’alarme se
mettent à sonner car il sait que ce type de prédateur va essayer de le
capturer ! Pour certains, il s’agit d’une petite sonnette ais pour
d’autres, c’est l’alarme !
Dans tous les cas, nous ne devons pas les approcher de cette façon.
L’une
de nos responsabilités est de veiller à ce que jamais un cheval ne
ressente le besoin de s’éloigner : il vous appartient de le convaincre
que, dorénavant, et en aucune circonstance, jamais vous ne vous
conduirez comme un prédateur ! »
« Mon
cheval tape ou essaie de mordre quand je le touche à certains
endroits : N’essayez pas de prévenir ses réactions et surtout ne le
culpabilisez pas d’être sur la défensive. Faites preuve de cette
persévérance passive. Utilisez la technique de l’approche et du retrait
pour gagner sa confiance. Gardez des mouvements fluides et rythmés.
Restez calme e souriez jusqu’à ce que le cheval ne se sente plus menacé.
Dès
qu’il change de comportement, arrêtez toute action et relaxez-vous.
Laissez-le mâchouiller puis recommencez en partant d’un endroit accepté
par le cheval en progressant dans un mouvement de flux et de reflux vers
l’endroit sensible. Si vous restez calme et amical, sans le blâmer,
vous serez surpris de voir à quelle vitesse les chevaux cessent d’être
sur la défensive. »
« Souvent,
cela semble une éternité alors qu’en réalité, il ne s’agit que de
quelques secondes. Les chevaux savent bien que les humains abandonnent
souvent rapidement ! A vous d’adopter cette nouvelle perspective : « Ça
ne prendra jamais plus de deux jours ! »A partir de là, deux minutes vous
paraîtront vraiment bien courtes et puis, jour après jour, cela prendra
de moins en moins de temps pour vous et votre cheval ! »
Les savoirs d’équitation éthologique 1 et 2
« Rien
ne justifie qu’un cheval subisse la brutalité, la contrainte ou la
force mécanique ; rien ne justifie non plus que l’homme soit exposé aux
frustrations et aux dangers qui en résultent.
Si
vous n’éprouvez pas pour les chevaux un amour véritable, si vous ne
souhaitez pas changer dans l’intérêt de votre monture, aucune technique
ne parviendra à faire de vous un héros aux yeux de votre cheval. »
« Les
sept jeux représentent une approche systématique fondée sur les jeux
que pratiquent les chevaux entre eux pour se prouver leur amitié ou
déterminer la domination de l’un d’entre eux. »
« Quand
un cheval est engagé, il a beaucoup de force dans ses postérieurs, il
est prêt pour l’action. A l’inverse, quand un cheval se désengage, sa
puissance diminue nettement. Le désengagement s’avère donc tout indiqué
pour contrôler un cheval qui veut s’échapper, ruer ou se cabrer. Ce
désengagement de l’arrière-main s’obtient en utilisant une rêne
indirecte. A un stade supérieur, une fois que le contrôle ne vous posera
plus de problème, vous l’utiliserez pour préparer le cheval à des
tâches plus complexes. »
« L’erreur
la plus fréquente que font les cavaliers lorsqu’ils veulent diriger
leur cheval est de le faire tomber dans la direction où il tourne. Pour
vous en convaincre : mettez tout votre poids sur votre pied droit.
Maintenant essayez de le lever : c’est dynamiquement impossible ! Si
vous voulez le lever, vous devez enlever du poids ! »
« Vos jambes font ce que vos mains font !
Cela
veut dire que si votre bras vient contre votre corps, votre jambe fera
la même chose du même côté, et comme votre autre main est relaxée, c’est
ce que fera votre autre jambe. »
« Imaginons
que vous ayez un poignard entre les mains. Pour la rêne d’arrêt
d’urgence, vous planteriez ce poignard dans votre cuisse ! Pour la rêne
indirecte, il viendrait se planter dans votre nombril. Quand à la rêne
directe, c’est un peu comme si vous vouliez poignarder un géant ! »
« Ne regardez pas votre cheval sans cesse pour voir s’il va changer de couleur ! »
« Lorsque
votre cheval veut faire demi-tour et s’enfuir, l’action la plus
efficace est de le tourner pour qu’il se retrouve face au danger. Dans
cette position, il a encore la possibilité de s’échapper en reculant
même s’il est moins rapide qu’en avançant. Ce mouvement de recul lui
fera utiliser l’hémisphère gauche de son cerveau. Vous gardez ainsi le
contrôle tout en restant détendu.
Votre cheval a réellement peur alors ne le blâmer pas pour ça ! »
« Veillez
à lui accorder une bonne longueur de corde en tenant la corde de 3m70
par l’extrémité. Si cela ne lui suffit pas pour se déporter autant qu’il
a besoin, utilisez une corde de 7m. Plus vous tenez le cheval court,
plus vous déclenchez ses réactions claustrophobes, ce qui augmente sa
peur. Faites ce que vous pouvez pour faciliter sa dérive, mais sans
perdre le contrôle de la zone 1 : autrement dit, ne le laissez pas se
détourner du danger. »
« Rappelez-vous que passer du normal au naturel ne va pas toujours de soi. »
« Pour
qu’un cheval réponde à un contact léger, il faut savoir relâcher la
pression au moment précis où le cheval commence à répondre. C’est ce
supplément de confort qui lui apprend à réagir vite et oriente sa pensée
et ses actes dans le sens que nous désirons. L’humain doit réussir à
penser en phase avec le cheval.
A
l’inverse, si l’on tarde à relâcher la pression, le cheval va perdre un
peu de sa vivacité parce qu’en dissociant la conséquence de la cause,
nous ne lui montrons pas de façon explicite pourquoi nous lui provoquons
du bien-être. »
« Supposons
que vous souhaitiez que le cheval pose un pied sur un objet, saute un
obstacle, ou entre dans un van. Pour y parvenir, il faut que vous
fassiez semblant que l’action attendue ne constitue pas le point le plus
important de l’exercice. Concentrez-vous sur le principe, sur les jeux
qu’il implique, sur la qualité de la réponse du cheval et sur son niveau
de respect pour vous : c’est par ce biais que vous obtiendrez ce que
vous voulez, bien plus rapidement que si vous cherchiez absolument à
demander au cheval un mouvement spécifique. »
« Une
fois que vous avez pris le pas sur les réflexes d’opposition, il s’agit
d’aller au-delà et d’obtenir des réflexes positifs. Le cheval doit non
seulement cesser de résister, mais aussi répondre sans hésitation, et
cela aussi bien à pied que monté. »
« Vous
ne serez plus ce cavalier qui interdit à son cheval de faire ceci ou
cela, mais vous allez devenir celui qui sait demander de telle sorte que
sa réponse soit toujours affirmative. Vous êtes là non pas pour le
juger, mais pour l’aider ! »
« Trop
de gens perdent patience au bout de quatre minutes et les chevaux le
savent : ils apprennent à en jouer puisque pour être gagnant, il leur
suffit de résister plus de quatre minutes. »
« S’il
se met à tourner autour de vous, vous pouvez vous adosser à un mur pour
l’empêcher de faire des cercles. En ayant à changer très souvent de
côté, il aura tendance à revenir côté gauche du cerveau. »
« A Cheval City, c’est celui qui bouge les pieds de l’autre qui est le gagnant ! »
Les savoirs d’équitation éthologique 3 et 4
Manuels La Cense – Pat Parelli
« Heureusement
Crin-Blanc s’arrêta, et, inquiet, se retourna pour voir ce qui le
suivait ainsi partout. Il vit ce petit sauvage tout noir de boue qui le
regardait comme on regarde un ami. Et lorsque Folco se leva et
s’approcha de lui, Crin-Blanc se laissa caresser pour la première fois. »
Albert Lamorisse – Crin Blanc
« Lorsque dans un avenir fort
lointain l’étude de la psychologie du cheval fera partie de l’éducation
des écuyers, le dressage deviendra une opération beaucoup plus simple et
beaucoup plus rapide qu’aujourd’hui. »
« Le cheval léger est une notion aussi vague que celle de la température avant l’invention du thermomètre. »
Gustave Le bon
« Au contact de l’homme, le
cheval garde son langage et devient vite perturbé s’il s’aperçoit qu’il
n’est pas compris. Imaginez-vous projeté dans un lieu inconnu où
personne ne comprendrait rien à vos paroles ni à vos gestes ! Vous
tendez la main pour dire bonjour et vous recevez un coup de poing en
pleine figure ! »
« Criez, gesticulez,
frappez et jamais vous n’entrerez en communication avec un cheval,
celui-ci vous considérera comme un prédateur hostile et dangereux et
vous n’obtiendrez de lui qu’une soumission craintive ainsi qu’une
hostilité permanente. On peut rencontrer des chiens rampants aux pieds
d’un maître stupide et brutal, pas un cheval ! »
« Les chevaux éduqués et dressés
par un honnête homme de cheval progressent méthodiquement du connu à
l’inconnu et du simple au compliqué. Quand votre élève butte sur un
exercice revenez tout de suite en arrière pour le rassurer dans ses
compétences. Redevenu sûr de lui vous pourrez alors reformuler votre
demande en faisant tout votre possible pour être clairement compris. »
Jean-Max Lecaille – Le paradis est à cheval
« Tu
dois te fondre dans ton cheval, ne faire qu’un, jusqu’à sentir en toi
le sol au bout de ses pieds. Alors tu deviens cavalier. »
Elodie Lefebvre
« Toutes
les fois que le cheval est placé dans les conditions naturelles
l’éclairant sur ce qu’il a à faire, le seul instinct de l’animal devient
pour l’emploi de ses forces un guide autrement plus sûr que les aides
du cavalier. »
« Point
n’est besoin, d’ailleurs, d’allures artificielles pour perfectionner le
talent de l’écuyer. Cette perfection s’acquerra, pour beaucoup moins de
danger pour le cheval et bien plus de profit pour son emploi, en
faisant usage des seules allures naturelles. Pouvant être nuancées, pour
ainsi dire à l’infini, elles suffisent à alimenter l’intérêt chez
l’écuyer. »
« Rien
chez le cavalier ne doit faire pressentir l’effort ni mettre en
évidence ses moyens de conduite : le cheval devant obéir à
l’effleurement des aides, qui toujours discrètes, doivent même devenir
secrètes. Le cavalier doit se faire oublier en quelque sorte en ne
faisant qu’un avec le cheval dans lequel il doit se fondre. »
« Les
livres traitant de l’équitation n’ont vraiment d’utilité que pour le
cavalier déjà complètement familiarisé avec la pratique du cheval. L’art
ne s’apprend pas dans les livres, qui n’instruisent guère que ceux qui
savent déjà. »
« Pour
diriger le cavalier d’une manière constante dans sa pratique, il lui
faut d’autres guides plus simples. Il les trouvera dans la succession
des buts à poursuivre, parce que , simples à envisager et peu nombreux,
ils peuvent être toujours présents à son esprit.
Quant aux moyens à employer pour les atteindre, il varient à l’infini et comprennent presque tout l’art équestre.
Ces
buts peuvent s’exprimer en trois mots : Calme, en avant, droit. Pour le
cavalier peu habile, au lieu de droit, je dirai : direction.
L’ordre,
dans lequel ces trois buts doivent être poursuivis, est invariable,
absolu, et il ne faut rechercher le suivant qu’après avoir atteint le
précédent. »
« Chacun
n’a qu’à faire appel à ses souvenirs, pour être assuré que tout travail
entrepris sur un cheval irrité, impatient, inquiet, préoccupé de ce qui
l’entoure ou en crainte de son cavalier, ne peut être que mauvais. »
« Pour
l’écuyer, tout travail juste, aisé et brillant, repose sur le cheval
droit et les hanches vibrantes, donnant finalement ce résultat qui doit
être constamment ambitionné : le cheval allant et se maniant comme de
lui-même. »
« D’une
manière générale, les conséquences du manque d’impulsion s’étendent à
toutes les actions du cheval, qui ne se présentent plus qu’appauvries, à
tous ses moyens de conduite, quels qu’ils soient, et qui bientôt ne
trouveront même plus sur quoi s’exercer. Pour tout dire en deux mots :
plus d’impulsion, plus de cheval. »
« La
marque de la haute-école, de l’équitation savante, artistique, haute
équitation, comme on voudra l’appeler, se trouve donc, non dans des
mouvements plus ou moins extraordinaires, mais dans la parfaite
légèreté ; que les mouvements soient simples ou compliqués. »
« Certainement,
on domine et dirige le cheval en agissant sur ses deux bouts , mais des
faits, qui se présentent journellement, prouvent que ce sont les
hanches, bien plutôt que le bout de devant, qui impriment la direction. »
« En
raison du mode de rapport existant entre le cavalier et son cheval,
toute résistance du bout de devant est aussitôt perçue par le cavalier ;
sa main l’en avertissant dès qu’elle se manifeste. Mais il n’a pas
toujours dans son assiette le sentiment nécessaire pour se rendre
compte, avec la même évidence, des résistances émanant des hanches.
Il
en résulte que, souvent, l’impression ressentie par sa main, trompant le
cavalier et lui faisant prendre l’effet pour la cause, le porte à trop
concentrer ses efforts sur la mâchoire et sur l’encolure. Qu’il
interroge aussi les hanches, leur demandant de s’actionner, de dévier à
droite, à gauche, en se détachant nettement avec légèreté, et il verra
combien de fois les résistances perçues par sa main avaient leur source
dans l’inertie des hanches. »
« C’est
ainsi qu’à l’aide de son seul instinct, que la nature lui donne pour
guide, le cheval peut atteindre, pour lui-même, une adresse que l’écuyer
le plus habile, avec tout son talent, serait impuissant à lui faire
jamais acquérir.
La
nature est le premier des maîtres. Son livre est le plus juste, le plus
savant des livres, le plus utile à consulter. Des effets qu’enregistrent
ses pages, il nous conduit aux causes qui les engendrent. Mieux que les
plus séduisantes théories, les plus belles dissertations, il nous
éclaire et nous guide dans notre pratique. »
Général L’Hotte – Questions équestres
« La bonne main peut et doit se cultiver jusqu’à ce qu’on ai l’impression d’avoir les mains dans la crème, ou dans la plume… »
« L’équitation est du savoir-faire. On ne peut bien faire que quand on sait. Savoir d’abord, essayer de bien faire ensuite. »
« Pas de chevaux qui tirent :
des cavaliers qui tirent. Pas de chevaux qui ont la bouche dure : des
cavaliers qui ont la main lourde. Pas de chevaux désobéissants : des
cavaliers qui ne font pas ce qu’il faut. »
Commandant Licard
« Ma
deuxième parenthèse est une espèce d’avertissement, une mise au point.
[…] Un cheval n’est pas un animal de compagnie, ce n’est ni un chien, ni
un chat. Un cheval ne joue pas, il travaille. Un poulain cajolé, choyé,
tripoté comme une grosse peluche devient un danger public. […] Mes
chevaux ne jouent pas, ils s’intéressent à leur travail, c’est bien
différent. Et jamais je ne les laisse déborder de ce cadre. »
« Il
n’y a pas de honte à reconnaître ses limites ; au contraire, j’ai
toujours considéré ça comme une belle preuve d’intelligence. »
« J’espère
avoir été assez clair, mais, de toute façon, rien ne peut remplacer un
on maître, qui rectifie les erreurs et aide à résoudre les problèmes au
fur et à mesure qu’ils se présentent. Car un livre parle de certains
chevaux que l’on a dressés et d’une certaine expérience, mais non du
cheval que vous montez, vous. Vous le savez déjà, je ne vous apprends
rien : il n’y a pas de secret en matière de dressage, seulement du
travail. »
Mario Luraschi – Mes secrets de Dressage
« Mon cheval est extrêmement
poli : il a attendu, pour faire tout ce qu’il savait déjà faire, que je
sois capable de le lui demander. »
« Votre cheval vous ressemble comme votre reflet dans un miroir. »
John Lyons
« Communauté
de hasard, de tous âges et horizons sociaux, les cavaliers ont de
bonnes raisons de s’entendre : en plus de l’amour des chevaux, ils ont
choisi des vacances rustiques, sans confort. Tous sont logés à la même
enseigne : que le soleil cogne ou que la pluie se prolonge, chacun
participe aux tâches du camp, met la main à la pâte, donne le meilleur
de lui-même et reçoit le meilleur des autres, une vraie fratrie. On ne
se reverra peut-être plus, mais pendant la randonnée chacun a une
famille et des amis.
En
même temps que le hâle sur la peau, la patine et l’odeur de fumée sur
les vêtements, naît une symbiose palpable entre humains, chevaux et
nature. Les sentiments sont vrais : joie, camaraderie, amitié,
tendresse ; j’ose dire « bonheur ». »
« Les
chevaux ne sont pas pris en main avant trois ans afin que chaque animal
puisse développer pleinement son tempérament propre. En réalité ils
gardent toujours un côté indompté.
En
Islande, on ignore le pansage, on laisse les chevaux se rouler, et le
vent, ou la pluie, fait le reste. La première fois que j’ai vu une selle
prête à être posée sur un dos crotté de boue, j’ai demandé : « Vous ne
brossez pas le dos ? » Le guide a eu un moment d’hésitation, a soufflé
sur le dos et a posé la selle. Je ne me souviens pas d’avoir vu en
Islande des blessures de harnachement. » (Islande)
« Un
cheval est désigné par le nom de sa robe, qui le distingue de tout
autre dans un troupeau. Il existe plus de trois cent noms de robes de
chevaux. La préférée est l’alezan brûlé avec une étoile en tête, le
khongor. » (Mongolie)
« Il
faut savoir que le cheval proposé au cavalier en Patagonie, en Islande
ou au Mali, ne connaît pas le vocabulaire des traités d’équitation : les
effets de rênes ou d’assiette, le vent de la botte et autres
raffinements des équitations élaborées leur sont inconnus. Il est
toujours prudent de se faire expliquer le langage auquel le cheval est
habitué. En Ethiopie, la mise en selle s’effectue par la droite et le
cavalier dispose d’une seule rêne ; attention à l’effet levier du
hackamore ou à la brutalité du mors arabe ; en Mongolie, le galop se
demande à la voix par un « Tchou ! » énergique, impossible d’avoir un
contact du mollet avec les selles kazakhes ou westerns, etc.
A
voyager à cheval par le monde, on se rend compte qu’en matière de
pratique équestre et de soins aux chevaux, on fait là-bas presque le
contraire de ce qui se pratique ici et que cela fonctionne aussi bien
partout ! A ce petit jeu, une fois encore, les chevaux font preuve d’une
sacrée dose d’adaptabilité et de bonne volonté. »
Anne Mariage – Chevaux d’aventure
« J’essaie
de donner à mon cheval le meilleur de moi-même et de le convaincre de
me rendre la politesse. Parfois, j’y arrive ; parfois moins. Je ne me
glorifie de rien. Je travaille. Et, à 74 ans, je découvre tous les jours
que je n’ai aucune certitude définitive, que ce qui est ma vérité
aujourd’hui pourrait bien être erreur demain… Je récuse toutes les
chapelles, surtout celles où les sectaires tiennent le maître-autel.
Mais je continue à croire à la sagesse des chevaux et je les écoute avec
de plus en plus d’attention, maintenant que l’âge m’a fait don de la
patience et de l’humilité. »
Bernard Mathié
« Nouer
et dénouer cheveux et crins, comme une promesse, une union entre le
sacre et le souffre. Le temps d’une absence, d’une petite mort, d’une
étreinte, d’un galop. Devenir lui, posséder et pénétrer son âme, jouer
de son corps pour appartenir à l’absence, combler les manques, se
soustraire à la pesanteur, semer la mort en chemin.
Que
drôle de sentiment que cette sensation d’appartenance au monde lorsque
les frontières s’estompent, lorsque les liens qui nous retiennent à ce
que nous sommes se rompent. C’est dans le clair-obscur du temps des
rêves que je suis lui et qu’il devient moi. C’est dans cet espace, niché
peut-être dans l’inconscient, peut-être dans la glaise d’une enfance
sauvage, que les sens s’exacerbent, que la fusion s’opère et me font
craindre la lumière crue du réveil. »
Karine Lou Matignon – Eros & Hippos
« Je me glissai dans un
massif où je demeurai accroupi, contemplant toujours ce défilé de mes
meubles, car ils s’en allaient tous, l’un derrière l’autre, vite ou
lentement, selon leur taille et leur poids. Mon piano, mon grand piano à
queue, passa avec un galop de cheval emporté et un murmure de musique
dans le flan […] »
Guy de Maupassant – Qui sait ?
« Le
concept de soumission est donc directement lié à l’ordre hiérarchique
et à l’obéissance. Dans toutes les disciplines, les entraîneurs
compétents savent reconnaître la soumission ou le manque de soumission,
et savent comment la rétablir et la maintenir. Mais la base
comportementale de la soumission est un aspect de la psychologie équine
que tout cavalier devrait connaître, et qui devrait faire partie de la
formation professionnelle de tout enseignant. Il est réellement
atterrant de constater que ce phénomène est encore si peu compris,
malgré les nombreuses incursions faites par la science dans divers
domaines équestres.
Nous
sommes par exemple devenus si obsédés par la mécanique équestre que
nous ne voyons plus le couple cheval-cavalier que comme un système
musculaire, et ne réussissons pas à enseigner aux cavaliers des
techniques d’éducation du cheval adéquates; nous échouons également
souvent à reconnaître la tendance à contracter des habitudes que
présente le cheval, excepté quand ces habitudes sont mauvaises. »
« La
relaxation qui se crée chez le cheval lorsqu’il adopte, de manière
correcte, une attitude longue et basse dans son dos et son encolure n’a
pas pour origine première l’extension des muscles tout au long de sa
colonne vertébrale, mais est en fait une conséquence directe du port de
tête lui-même. Il s’agit d’une attitude de soumission, et cette posture
est universellement répandue dans le règne animal. Quand le cheval
abaisse sa tête ou que celle-ci est baissée manuellement par le
cavalier, il devient plus calme, et ainsi, progressivement, l’abaisse
encore plus. »
« Les
chevaux apprennent dès leur naissance que la tête en position basse est
associée au calme et à la soumission, et qu’en position élevée elle
l’est à la peur et à l’adrénaline. La posture entraîne l’adoption du
comportement (A supposer que le cheval soit libéré de toute pression
quand il baisse la tête.) et vice versa. Il faut environ 30 secondes
pour atteindre la relaxation à partir du moment où le cheval a abaissé
sa tête, même s’il venait auparavant d’avoir une montée d’adrénaline.
Cela
ne veut pas dire que le cheval de sport n’est pas heureux de faire son
travail; il l’est en raison de sa tendance à contracter des habitudes.
Un cheval heureux est un cheval ayant des habitudes claires, solides et
cohérentes. On pourrait dire à la limite qu’un poney au fond d’une mine
de charbon est heureux dans ses habitudes, parce que toute routine, s’il
n’y a pas de conflit, l’amène au contentement une fois que les
habitudes sont acquises. »
« Ceci
nous amène à la présomption incorrecte suivante, qui est que les
chevaux ne peuvent être satisfaits que s’ils sont égaux. Cette
supposition est elle aussi purement romantique. Le cheval est le plus
heureux quand il vit dans une hiérarchie stable, comme cela a été le cas
depuis des millions d’années, et comme cela l’est toujours pour tous
les animaux vivant en ordre hiérarchique. »
« Quand
deux chevaux donnent l’impression qu’ils sont en train de devenir
égaux, des comportements conflictuels ne tardent pas à émerger; les
animaux deviennent anxieux et commencent à manifester des comportements
dominants afin de sortir de l’impasse. Ces comportements vont en
s’intensifiant, passant des gestes aux menaces, pour finalement
déboucher sur des comportements agressifs si la situation n’a pas encore
été clarifiée, la paix réelle ne pouvant régner de nouveau que par le
retour à une hiérarchie structurée. Donc, à tous égards, l’égalité dans
l’ordre hiérarchique est étrangère au cheval et est pour lui une source
d’anxiété. En résumé, on peut dire que le cheval a besoin de savoir qui
commande, mais qu’il lui importe peu que ce soit vous ou lui, à partir
du moment où l’un de vous deux détient clairement l’autorité. »
« La
confiance réelle ne peut être établie solidement que sur des bases de
respect, à savoir que votre cheval doit vous respecter en tant que chef
de harde, exactement de la même manière qu’il le ferait dans la nature
vis-à-vis d’un cheval dominant. Toute interaction cheval-humain implique
la hiérarchie sociale. »
Andrew Mc Lean
« Pour
savoir quel genre de phase 4 utiliser avec un cheval, il faut se
demander comment il se comporte lorsqu’il joue avec d’autres chevaux :
est-ce que c’est plutôt un cheval très physique ou plutôt discret ? Avec
un cheval physique, qui monte facilement sur les autres chevaux, on
utilisera une phase 4 beaucoup plus physique. Avec un cheval plus
discret, notre phase 4 sera également plus discrète. Il faut toujours
caler notre énergie sur l’énergie du cheval. »
Aurélie de Mevius
« L’hiver venu, Gardefort prétendit enseigner à son épouse des rudiments de la haute école : elle ne dépassa pas les appuyers.
– Les chevaux ne sont pas faits pour s’en aller de côté, comme des crabes, gémissait-elle.
– Tu n’as donc pas de point d’honneur ?
– Non. Je préfère faire comme tout le monde.
– Tout le monde fait mal.
– C’est trop difficile.
– Tu n’es pas digne d’être ma femme. C’est une honte !
[…]
Ce fut le divorce. Il fit défaut en conciliation. « Elle refuse
d’engager les postérieurs sous la masse », écrivit-il à l’avoué. »
« Il
sentait vivre sous lui cet être qui le prolongeait, qui était lui-même,
qui, chaque fois qu’il s’engageait en avant, le secouait, l’aidait à
quitter le sol, comme un dieu, l’emportait dans sa lente ou rapide
cadence, comme une femme enceinte emporte son enfant… »
« Laissez-vous faire, monsieur ! N’intervenez donc pas et, à votre insu, Milady vous apprendra peut-être à monter à cheval ! »
« – Mais enfin, mon cher commandant, qu’est-ce-que c’est, selon vous, que monter à cheval ?
–
C’est promener un certain nombre de kilos de bidoche humaine et
chevaline d’avant en arrière, ou inversement. Voilà tout. Un cheval,
c’est une balance.
– Bref, que peut-on faire, selon vous, de plus difficile ?
–
[…] Un cheval travaillé sur le cercle (à moins naturellement, d’être
monté par un fantassin ou par un marin) on peut toujours en faire
quelque chose. Ce qui est beau, monsieur, c’est de le tenir à sa merci,
entre la fuite et la révolte, c’est de l’avoir tout entier, de rester en
scène malgré ses défenses et de l’obliger alors à quelque chose
d’extraordinaire. Je ne connais que Milady qui soit capable de ça…
Mais il faut que je la reprenne en main. […] Ce que j’entends faire,
monsieur l’écuyer amateur ? Reprit-il, très exalté : Mar-cher droit ! Je
vais vous montrer, moi, comment on marche droit, monsieur Grumbach ! »
« – Fracture du bassin et fracture du crâne, déclara le médecin. Je ne crois pas qu’il en réchappe.
– Une chute de trente mètres ! Fit Grumbach.
– Comment n’a-t-il pas été tué net ? Demanda le chef de la gendarmerie.
– Sa jument a amorti le choc : elle est d’ailleurs morte sur le coup.
– Mais aussi, quelle folie !
–
Il l’avait très bien passé, son aqueduc, dit Gumbach. Il l’avait
traversé au pas, posément, assis dans sa selle. Son cheval n’avait pas
eu un instant d’hésitation en s’engageant sur le parapet ; il était
là-dessus comme sur une route ; ils marchaient tous deux, vrais
somnambules, sans voir le vide sous leurs pas, les yeux fixés sur la
ligne droite… […] Il touchait au but. Il n’avait plus qu’à laisser
aller les rênes sur le cou et sa monture l’aurait déposé tout doucement
dans la forêt. Au lieu de ça, il s’est arrêté. […] Mais j’ai nettement
l’impression qu’il a jeté sa jument dans le vide. Il l’a forcée à
appuyer sur la droite ; elle résistait. »
Milady
« Un
célèbre écuyer avait coutume de dire à ses élèves : « Il y a deux sortes
de cavaliers, les pommes cuites et les pommes crues ; mettez une pomme
cuite en selle : aux premiers mouvements du cheval, elle s’aplatit ;
plus les réactions sont vives, mieux elle adhère pour ne pas tomber ;
une pomme crue, au contraire, rebondit comme la balle sur la raquette et
s’en va rouler au fond du manège ; le bon cavalier, le cavalier
pomme-cuite, descendra dans sa selle au premier trot et au premier galop
multipliera les points de contact avec le cuir ; le cavalier pomme-crue
tendra les muscles, creusera le rein, accusera les effets à chaque
cabriole sans en absorber aucune et ne tardera pas à mordre la
poussière. »
Paul Morand
« Le
cheval est la projection des rêves que l’homme se fait de lui-même :
fort, puissant, beau, magnifique. Il nous offre la possibilité
d’échapper à la monotonie de notre condition. »
Walt Morey
« Il
ne faut jamais oublier que quand on monte sur un cheval, on monte sur
un être qui a son histoire, des sentiments, des sensations, des rêves,
des souffrances, des peurs… »
« Comprendre
et communiquer avec un cheval, signifie aussi savoir accepter que,
certains jours, il n’est pas en mesure de donner ce qu’on lui demande ;
il faut donc pouvoir attendre le jour suivant, en respectant ses temps à
lui. »
« Nous
avons souvent tendance à nous faire plaisir, à oublier que l’équitation
n’est pas seulement un sport, tout du moins pas un sport comme les
autres. […] Dans l’équitation il y a une donnée qui change tout : nous
avons affaire à un être vivant. Nous pouvons choisir notre rapport avec
l’animal : prendre l’option de communiquer avec lui, ou décider de le
rendre esclave. Communication ou esclavage, voilà les deux seules
solutions que nous avons à notre disposition. C’est à nous de choisir. »
« L’art
est un rêve, la poésie est un rêve, un tableau est un rêve comme toute
choses qui est créée par le côté le plus noble existant dans l’âme
humaine. On est loin de la rationalité et des idées schématiques. Écrire
un livre est un rêve, car il s’agit d’idées que l’on a envie de
communiquer et de partager avec le monde. »
« L’équitation
prend son véritable sens quand le cavalier devient un véritable leader
pour le cheval et quand ce dernier le reconnaît comme tel. Pour
pratiquer l’équitation, notre force réside dans la volonté et le
leadership. Si notre comportement est juste, le cheval va apprendre,
comme il l’a fait, poulain, avec sa mère. Tout est très simple. Ce sont
les hommes qui ont compliqué la situation ! »
« Un
décalage important se creuse désormais entre les rythmes de vie des
animaux et ceux des hommes modernes. Les animaux regardent la vie
pressée de l’homme, mais l’homme ne s’arrête jamais pour observer le
calme de certains animaux, comme le cerf.
Le
fossé s’aggrave car nous n’avons même plus le temps de transmettre
l’importance et les valeurs de la nature à nos enfants. Nous ne savons
plus leur dire à quel point la nature est belle, faite d’un ensemble
d’équilibres très complexes qui sont reliés les uns avec les autres, que
la nature est une source d’énergie sans fin pour les être humains et
que tout vient de la nature, même nos médicaments. Nous ne sommes plus
capables de dire ce genre de choses, parce que nous ne les savons plus. »
Alessandra Moro-Buronzo – Savoir écouter les chevaux
« Beaucoup
de cavaliers montent à l’extérieur sans but, sans direction bien
définie et sans travailler de façon précise. Il n’y a pourtant pas tant
d’heures à gaspiller inutilement en selle ! »
« Les
mains et le poids du cavalier doivent à mon avis rester aussi passifs
et discrets que possible de l’appel à la réception, et ils ne doivent
interférer en aucune manière au planer.
Le
cheval doit être parfaitement libre une fois en l’air et, chose plus
importante encore, rien ne doit détourner son attention du travail qu’il
accomplit à ce moment là, à savoir, sauter. »
« Il
y a deux sortes de remises de main : la longue et la petite. La longue,
nous l’avons vu à propos des débutants, suppose que l’on déplace les
mains environ du tiers à la moitié de l’encolure. Elle procure ainsi au
cheval un maximum de liberté pendant le saut, et au cavalier, un minimum
de contrôle. La petite remise de main, à l’inverse assure le maximum de
contrôle pour un minimum de liberté, bien que le cheval ne doive à
aucun moment sentir d’à coup sur la bouche lorsqu’il saute.
Dans
la remise de main dite « longue » les mains appuient sur le haut de
l’encolure tandis que dans la « petite », elles se placent seulement à
quatre ou cinq centimètres en avant du garrot. »
« Avant
d’aller plus loin, sachez qu’il y a une différence essentielle entre
apprendre à un cheval à sauter un obstacle inquiétant ou difficile et le
lui montrer ouvertement.
Personnellement,
je préfère conditionner mes chevaux à sauter d’emblée, aussi bine que
possible et sans hésitation majeure, tout ce qui se présente devant eux.
On prend un risque, à mon avis, en permettant aux chevaux d’examiner un
obstacle avant de sauter et à sauter seulement après. […] En un sens,
en marchant jusqu’à l’obstacle et en s’arrêtant, on a provoqué un
refus. »
« un
cavalier entretient et améliore sa technique à force de monter toutes
sortes de chevaux, chacun avec ses problèmes et son niveau de dressage
spécifiques. Un cavalier compétent ne l’est tout à fait que s’il est
capable de contrecarrer toutes les résistances qu’un cheval peut lui
opposer SANS AFFECTER ni son tempérament ni son système nerveux. Un
cavalier qui punit ses chevaux outre mesure et les monte en force n’est
pour moi qu’un « boucher ». Et un boucher produit automatiquement un
cheval nerveux, tendu, rigide et insensible aux aides fines et subtiles.
Ce
genre de cheval n’est jamais suffisamment libre mentalement et
physiquement pour travailler au mieux de ses possibilités ou donner le
meilleur de lui-même. »
« La
compétition : un simple test. A partir du moment où la victoire a plus
d’importance que l’apprentissage, le vrai but se trouve perdu de vue. »
George H. Morris – Équitation – Style et CSO
« Dès le moment où mon cheval veut me suivre pour aller là où je vais, je peux commencer son éducation, pas une seconde avant. »
HJ Neuhauser
« Souvent les gens comme moi
participent aux compétitions avant de savoir faire du cheval, et nous
faisons du cheval avant de comprendre le cheval. Cela doit changer. »
David O’Connor
« Du ciment si le cheval résiste et du beurre dès qu’il cède. »
« Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup. »
« On
a tendance, de nos jours, à oublier que l’équitation est un art. Or,
l’art n’existe pas sans amour. Mais celui qui n’a pas la discipline
nécessaire et qui ne possède pas la technique ne peut prétendre à l’art.
L’art, c’est la sublimation de la technique par l’amour. L’amour, afin
qu’après la mort du cheval, vous ayez gardé en votre cœur le souvenir de
cette entente, de ces sensations qui ont quand même élevé votre esprit
au-dessus des misères de la vie humaine. »
« L’art
équestre commence par la perfection des choses simples. Délaissez un
peu la technique et montez avec votre cœur. Il faut sentir et aller
jusqu’à l’émotion. Le tact équestre, c’est non seulement la délicatesse
des aides, mais aussi le sens du choix des aides à employer, et c’est le
velouté dans l’action d’ensemble. Faites en sorte que le cheval se
livre volontiers à l’exercice et non sous la contrainte. »
« Faites du cheval un compagnon et non un esclave, vous verrez quel ami extraordinaire il est. »
« Avec les chevaux, de la douceur, est-ce que ça en vaut la peine ? … Oui, toujours ! »
« Je
demande aux cavaliers qui me lisent et qui dressent leurs chevaux de
regarder leur monture lorsqu’ils mettent pied à terre après une séance
de travail, de contempler son œil et de faire un examen de conscience
pour se demander s’ils ont bien agit envers cet extraordinaire être
vivant, ce compagnon adorable : le cheval. »
« C’est en travaillant son cheval avec l’idée qu’il soit heureux, qu’on devient moins égoïste et plus généreux. »
« Finalement,
dresser un cheval, ce n’est pas en faire un robot ni une machine
quelconque mais, en lui gardant sa fraicheur, un collaborateur
obéissant. »
« Le
cheval est le meilleur juge du bon cavalier, pas le spectateur. Si le
cheval a une haute opinion du cavalier, il va se laisser guider, si ce
n’est pas le cas il résistera. »
« Il faut monter beaucoup, tout en ne laissant pas les livres se couvrir de poussière sur les étagères. »
Nuno Oliviera
« On ne peut prétendre maîtriser un cheval tant qu’on est pas capable de se maîtriser soi-même. »
« C’est simple mais ce n’est pas facile pour autant. »
« Sois aussi doux que possible,
mais aussi ferme que nécessaire. Si tu es ferme, ne cède pas à
l’énervement ou à la méchanceté ; si tu es doux n’agis pas en couard. »
« La seule différence entre un cheval et un écureuil est de l’ordre de 400 kilos. »
Pat Parelli
« Franchissez l’obstacle avec votre cœur, et le reste suivra. »
Norman Vincent Peale
« Très
souvent, je m’aperçois que l’on parle pour soi, le langage est un peu
utilisé pour exprimer une certaine tension personnelle. On entend
souvent, « Ne fais pas ceci, ne fait pas ça », ce qui exprime une crainte,
un stress, et c’est dans ce moment là qu’il faut tirer la sonnette
d’alarme : si parler c’est ça, effectivement, mieux vaut ne pas parler
car ça ne sert à rien. Si c’est pour communiquer votre stress, non, ne
parlez pas à vos chevaux !
Mais
dans des moments où le cheval a peur, si l’on est capable de se
contrôler, si le langage est raisonné, si la voix est capable de se
poser, alors le langage a un intérêt. »
« Parler c’est communiquer, il faut donc rester attentif à comment le cheval reçoit notre ordre vocal. »
« Je
suis persuadé que les chevaux apprécient qu’on leur parle car ils sont
intéressés à communiquer de toutes les façons possibles avec nous. »
Article dans Cheval pratique
« Le
cheval porte un rêve car, malgré sa puissance physique et son
indépendance de caractère, il accepte une forme de collaboration avec
nous. Dans l’imaginaire collectif, j’ai l’impression que se rejoue là le
grand lien originel entre les espèces, une union, une alliance entre
l’homme et la nature. Notre lien est comme une fenêtre ouverte sur le
paradis perdu. »
« Bien
que le cheval se soit adapté aux exigences de l’homme de bien des
façons, il semblerait que son instinct de fuir devant le danger soit
resté une constante de son comportement. C’est pour cela que mon premier
objectif est de devenir un refuge vers lequel le cheval se tourne
naturellement, ou vers lequel il retourne, quand sa nature lui intime de
s’échapper.
Des
heures et des journées de travail avec lui réduiront, progressivement,
la fréquence de ces accès de panique où il est tenté de s’enfuir. »
« Le
cheval a étonnement bien accepté le mode de vie et les exigences de
l’homme. N’est-il pas temps que l’homme reconnaisse ce qu’il a pris au
cheval et qu’il se demande ce qu’il pourrait lui donner en retour ? Nous
avons obligé le cheval à se plier à nos besoins et à nos désirs ;
serions-nous capables de nous plier aux siens ? Nous devrions consacrer
nos vies de cavaliers à nous y efforcer tout en essayant de parvenir à
nos fins – du moment qu’elles sont raisonnables. »
« Nous
lui procurons donc une écurie, un pré où il peut brouter et passer du
temps avec quelques congénères. Globalement, nous assurons sa survie en
le mettant à l’abri des diverses menaces – faim, soif, froid,
prédateurs… Est-ce suffisant ? Je suis convaincu que non. Rien ne peut
remplacer ce que le cheval a perdu, mais si nous pouvions au moins
apprendre à le traiter avec le respect qu’il mérite, nous ferions un pas
dans la bonne direction. Le traiter avec respect signifie renoncer à
employer la coercition avec lui – c’est la principale source de stress.
Pour y parvenir, il nous faut le comprendre mieux que nous ne le faisons
pour l’instant. Quand on aborde l’équitation, on devrait apprendre à
bien traiter un cheval et à décrypter ses besoins avant d’apprendre à
donner des jambes, à tenir les rênes et à adopter une bonne position. »
« Dans
le monde des hommes, les dirigeants deviennent souvent arrogants et
abusent de la confiance qu’on a placée en eux. Je pense que ce genre
d’arrogance n’a pas d’équivalent dans le monde des chevaux, qui se
concentrent simplement sur le maintien de leur position hiérarchique
jusqu’à ce qu’un autre animal prenne de l’importance et finisse par les
défier et se poser en leader. »
« Un
cheval domestique qui a une existence protégée est moins stressé qu’un
animal sauvage qui est responsable de sa survie. Au lieu de substituer
au stress de la vie sauvage une autre forme de stress en cherchant à le
soumettre, à le dominer, ou à le contraindre, nous devrions adopter le
rôle de « décideur ». Nous devrions aussi nous efforcer de garder à
l’esprit que les règles varient en fonction de chaque cheval. »
« Les
chevaux ne font jamais l’erreur de se croire complètement à l’abri du
danger. Ils cherchent toujours celui ou celle vers qui ils pourront se
tourner en cas de situation incompréhensible ou menaçante. […] C’est
l’une des principales raisons – peut-être la principale – pour laquelle
nous pouvons convaincre un cheval de nous faire confiance et peut-être
même de s’attacher à nous : il souhaite avant tout se libérer de la peur
et du stress ; les sucres et les carottes ne sont pas des arguments
suffisants. Si nous lui procurons ce sentiment de sécurité qu’il
recherche, il se livrera volontiers à nous. »
« Il
n’existe pas, dans les relations humaines, d’équivalent exact de la
relation entre l’homme et le cheval ; mais celle qui se développe entre
un parent et sa progéniture est par bien des aspects comparable.
Précisons que je pense à un bon parent ! Car un bon parent est toujours
prêt à apprendre de son enfant, et nous devons toujours être prêts à
apprendre du cheval. Un bon parent souhaite être un refuge pour son
enfant sans pour autant vouloir l’enfermer ou l’empêcher de s’exprimer.
Un bon parent respecte son enfant et, en retour, espère mériter son
respect. »
« Les
enfants sont, en général, très ouverts au monde imaginaire. Si vous
proposez à un jeune enfant un pique-nique sur la Lune, il pourrait bien
accepter sans tiquer. Un cheval est un peu comme ça. Mais les humains,
en grandissant, opposent de plus en plus le raisonnement à
l’imagination. A tel point qu’à moins qu’on y prenne garde, il n’est pas
rare que cette dernière soit complètement étouffée. »
« Nous
savons aussi que, quand nous travaillons avec un cheval, nous obtenons
des résultats si nous nous concentrons sur un mouvement ; sinon, le
mouvement attendu n’est pas bien fait, ou n’est pas fait du tout. Le
cheval semble sentir si notre esprit est impliqué ou non sur ce que nous
lui demandons. C’est l’un des cadeaux qu’il nous fait : il nous montre
l’importance de la concentration. »
« Plus
je vis avec les chevaux, plus je sens ma capacité à communiquer avec
autrui se développer, et plus j’apprécie le respect, l’absence de
jugements hâtifs, la tolérance, la compassion. Voilà le cadeau que me
fait le cheval. »
« Chaque
jour qui passe me fait avancer un peu plus dans ma quête d’une
meilleure compréhension des mystères de la communication avec le cheval.
Au fur et à mesure que je progresse, je m’aperçois que je compte moins
sur le langage corporel et de plus en plus sur la force de la pensée. »
« Il
[Corky Randall] m’a appris à devenir très important dans l’univers de
mon cheval ; pour y parvenir, je devais libérer beaucoup d’énergie et la
moduler en permanence. Suivant les principes de Corky, il faut
s’adapter à chaque cheval, ne lui demander ni plus ni moins que ce qu’il
est capable de donner, et éviter d’en évaluer un par rapport à un
autre. »
« Chaque
cheval doit être traité comme un individu et votre approche doit
s’adapter à cet individu en particulier. On peut aspirer au même
objectif avec tous les chevaux – mais il faut être prêt à y arriver par
des chemins différents, ne jamais partir du principe qu’on peut employer
la même technique d’un cheval à l’autre. Il faut d’abord apprendre à
connaître le cheval avec lequel on travaille, puis adapter pour lui ce
qu’on sait déjà, ou innover en essayant autre chose. Pour cela, il faut
observer le cheval, l’écouter, lui permettre d’acquérir de l’assurance
pour être confiant et détendu ; enfin – et seulement enfin – on peut
définir les règles qui permettront d’atteindre notre objectif avec lui. »
« Nous
avons fini par comprendre, à travers divers signes, que Templado nous
invitait à le suivre, il nous offrais son leadership : mais il nous
disait aussi qu’il était hors de question qu’il se soumette jamais à
nous. C’est là que j’ai commencé à changer d’attitude. Je réagissais aux
plus minuscules concessions de sa part – ce que je n’aurais pas fait si
j’avais continué à croire que je parviendrais à le persuader de changer
de comportement. Une fois que j’ai eu admis que le moindre geste
pouvant évoquer une tentative de domination de ma part suscitait chez
lui un déchaînement incontrôlable, et que j’ai eu établi clairement que
je n’essaierai même pas, nous avons commencé à faire des progrès. »
« Je
m’efforce de ne jamais déroger à mes principes, même avec un cheval que
je ne connais pas, et même s’il s’avère très difficile. Je sais que dès
que je commencerai à obtenir sa confiance et son respect, les problèmes
se résoudront. Je dois avant tout le comprendre : et plus il a subi
auparavant de traitements inappropriés, plus la dose de compréhension et
de compassion nécessaires est importante. Il ne faut pas vouloir lui
demander quoi que ce soit avant de l’avoir compris. »
« J’observe
toujours le cheval avec chaque fibre de mon être : je ne me contente
pas de le capter avec mes sens – la vue, l’ouïe, l’odorat – je me
concentre pour essayer de lui communiquer mes pensées et d’écouter les
siennes. Je me concentre tellement que cela exclut toute autre pensée.
La
plupart des gens admettent que diverses situations de la vie quotidienne
nécessitent une concentration absolue : curieusement, ces mêmes
personnes n’ont pas l’air de comprendre que, lorsqu’on s’occupe d’un
cheval, il en va de même. […] Nous autre humains, nous sommes parfois
capables de déplacer notre attention, de passer d’un sujet à l’autre
rapidement, mais le cheval n’est pas aussi souple. S’il a décidé de vous
accorder toute son attention et que vous le laissez tomber pour quelque
chose qui vous semble plus important, il se pourrait bien qu’il n’ait
plus envie de prendre le risque de vous accorder ce même degré
d’attention. »
« Que
ce soit en liberté ou monté, l’essentiel est qu’il n’y ait pas de
tension, d’une part comme de l’autre. La tension est négative. Lorsqu’un
exercice suscite des tensions, le répéter ne fait que les additionner :
les crispations deviennent alors de plus en plus importantes et
l’exercice semble de plus en plus pénible. »
« Trop
souvent, les cavaliers se contentent de caresser le cheval d’une main
distraite, sans vraiment penser à ce qu’ils font. Selon mon expérience,
les chevaux n’apprécient pas particulièrement ce genre de contact
négligeant : leur propriétaire en déduit que les caresses sont une perte
de temps. Mais ce n’est pas le cas ! Soyez persévérant et
concentrez-vous sur l’idée de procurer du plaisir au cheval, mettez plus
ou moins de force dans vos gestes : vous ne tarderez pas à sentir ce
qu’il aime ou ce dont il a besoin. L’intention est, là encore, très
importante : faites-le vraiment Pour lui. »
« Toute
réaction à un comportement inacceptable du cheval, pour être juste,
doit être faite sans agressivité ni colère ; sinon, notre énergie
devient négative et on se met en conflit avec lui. »
« J’ai
essayé un grand nombre d’approches différentes et je suis plus
convaincu que jamais que tout mon travail repose sur l’idée du plaisir
et du jeu, sans stress. […] Avec de la patience, du temps et de la
douceur, tout peut devenir ludique – des airs de dressage les plus
difficiles aux balades rênes longues en forêt. En transformant ce qui
pourrait être un travail solennel en activité ludique, on permet au
cheval de s’épanouir tout en devenant plus proche de nous. »
« Le
mot « jouer » est devenu la mode et il est souvent employé pour évoquer
autre chose que l’expérience agréable et partagée que je désigne ainsi.
Trop souvent, il s’agit d’un jeu pour le cavalier et non pour le cheval.
Il ne faut pas que le « jeu » revienne, pour le cheval, à se soumettre en
devenant notre « jouet ». Un véritable jeu nécessite un respect
réciproque et implique que les règles soient acceptées par les deux
parties.
S’ils
sont bien mis en place et bien utilisés, les jeux peuvent contribuer à
améliorer la motivation, la concentration et la mémoire, et favoriser
une meilleure compréhension entre nous et notre cheval. Ils peuvent
aussi inciter le cheval à faire plus et mieux que ce qu’il a fait jusque
là. Parvenir à se dépasser renforce son plaisir et développe son
intelligence. Ce qui l’aide à mieux surmonter ses peurs et à acquérir
une grande force physique et mentale. »
« Lorsqu’il
est bien habitué à la longe, j’attends qu’il s’oriente dans une
direction et, tout en marchant avec lui, j’exerce une très légère
traction dans une direction un peu différente, et je la relâche dès
qu’il fait la plus infime concession à ma demande. L’idée est d’arriver à
un compromis : S’il veut aller vers le nord, par exemple, et que je lui
demande d’aller vers l’est, nous devons finir par mettre le cap sur le
nord-est. »
« Le
cheval veut aller Nord. Toi tu veux aller Est. Fais Nord-est, et vous
aurez un bon compromis. On n’arrive pas à faire des compromis avec les
chevaux. On n’est pas habitués et la culture équestre ne nous a pas aidé
à faire des compromis. Les gens disent toujours « Oui mais alors il va
gagner », et bien s’il gagne, tant mieux, et s’il gagne et qu’on gagne
avec lui, c’est encore mieux. » (autre version..)
« Les
chevaux sont curieux de nature. Hélas, beaucoup de cavaliers
découragent cette disposition naturelle. L’appétit de découverte, qui
peut devenir – s’il est alimenté – une véritable soif d’apprendre, est
souvent tué dans l’œuf. Non seulement j’autorise la curiosité, mais e
l’encourage ; loin de chercher à la tempérer, je la stimule. »
« Aujourd’hui,
on assiste couramment à des démonstrations de « dressage » quasi
instantané des jeunes chevaux qui sont « chassés » en liberté dans un rond
de travail jusqu’à ce qu’ils viennent d’eux-même vers le dresseur et
acceptent alors de se plier, apparemment docilement, à ses demandes.
Mais les résultats de ce tpe de travail sont parfois trompeurs. Trop
souvent, le cheval « libre » est en fait soumis à un stress plus ou moins
intense et, n’ayant aucun moyen de fuir réellement, finit par capituler –
comme une proie réduite à merci par son prédateur. Il n’a pas appris à
dire « oui », il se résigne à son sort.
L’expérience
m’a appris que le stress induit par cette volonté de résultats
« rapides » peut provoquer des dommages dans notre relation, car le cheval
apprend à devenir obéissant à travers diverses manipulations adroites
du dresseur, sans prendre une part active et volontaire au processus. Je
crains qu’on ne fasse fausse route en utilisant ces méthodes qui
conduisent à la résignation et détruisent partiellement la personnalité
du cheval. A mon avis, c’est un abus de notre part. »
« La
joie que procure l’apprentissage est une flamme qui doit être
précieusement entretenue et non étouffée – et ce n’est possible qu’en
prenant tout le temps nécessaire. Il ne faut pas se laisser bluffer par
des résultats qui semblent quasi « magiques » mais qui sont souvent
superficiels. »
« Personnellement,
pour travailler un cheval un peu inquiet, pour lui enseigner le
b.a-b.a, je préfère employer la longe : les risques de confusion et de
panique sont moins grands. L’invitation à rester près de nous, à nous
dire « oui », est plus claire, et il est plus facile de le réconforter, de
l’aider à dominer ses peurs. Si le travail en longe est fait
correctement dès la première séance, le cheval peut s’arrêter sur le
cercle et venir vers nous : on le félicite et on le récompense en le
caressant et en grattant ses zones préférées. L’idée est qu’il se dise :
« C’est bon, je veux bien devenir ton ami. » IL faut atteindre cet
objectif Avant d’aborder le travail en liberté. Si le cheval est bien
avec nous, il restera ensuite avec nous sans longe. »
« Nous
concevons notre travail comme une quête, une recherche toujours en
cours. Nous ne sommes donc pas en mesure de proposer une « méthode » de
communication ou de dressage. Mais au fil des années et de l’expérience,
nous avons dégagé six grandes règles de conduite qui sont au cœur de
notre démarche.
-
Favoriser une relation plus
équitable, fondée sur la confiance et le respect, et dans laquelle
l’homme et le cheval apprennent l’un de l’autre.
-
Ne pas adopter des méthodes de
dressage « standardisées » et rigides, mais au contraire admettre que
chaque cheval est un individu qui a développé une personnalité propre,
et que chacun réagit d’une façon différente à un même stimulus.
-
Réduire le stress et devenir un « refuge » sûr et fiable pour le cheval.
-
Se montrer toujours patient, ne jamais aller trop vite ni insister trop lourdement – tout en stimulant l’intérêt du cheval.
-
Ne jamais faire usage de la force, ne jamais s’énerver.
-
S’efforcer d’établir un mode
de communication plus naturel, aussi réciproque et intime que possible,
afin d’obtenir une adhésion profonde du cheval. »
« Dans
nos échanges avec les autres humains, nous apprenons à tenir compte de
leurs désirs et de leurs réactions à nos propos ou à nos actes. Nous
devons faire de même avec les chevaux, à ceci près que nous ne parlons
pas le même langage et qu’il faut au préalable apprendre à les écouter
et à nous en faire entendre. Quand les gens ont affaire aux chevaux, ils
oublient trop souvent cette vérité première, perdant du coup le bon
sens le plus évident. Ils suivent une méthode qu’on leur a enseignée ou
dont ils ont entendu parler et l’appliquent sans prêter attention aux
réactions du cheval. Ils ne cherchent pas à évaluer si l’animal apprécie
ou non ce qu’ils font avec lui. Mettez-vous à la place du cheval : ça
vous plairait d’être traité comme ça ? Manipuler quelqu’un en suivant
une méthode préconçue, sans tenir aucun compte de l’effet que ça lui
ferait, serait un comportement quelque peu autiste. Est-ce si différent
quand il s’agit d’un cheval ? »
« Dans
toutes les situations de nouveauté susceptibles de susciter un stress,
l’idéal est de créer une atmosphère détendue, et d’éviter d’insister.
[…] Se sentir à l’aise et détendu durant l’entraînement est une
récompense bien plus appréciable, pour les chevaux, que toutes les
carottes du monde. Souvent, je ne fais rien du tout pendant un moment ;
je savoure simplement leur compagnie – et réciproquement. Je peux vous
assurer qu’ils sont conscients de ce plaisir partagé, qui est très
rassurant pour eux. »
« Je
vois parfois des élèves de tel ou tel instructeur connu reproduire
aveuglément les exercices qu’ils ont appris. Ils n’ont pas une
compréhension assez fine du « pourquoi » des ces exercices, ou de leurs
objectifs, pour les adapter lorsque des problèmes surgissent. Cela
revient à appliquer une méthode aveuglément. Or, on devrait toujours
conserver nos facultés d’analyse et notre esprit critique. »
« Il
n’y a pas de formule magique pour accéder à ce à quoi on aspire – un
rassemblé parfait, par exemple. Il faut apprendre et accepter de
continuer à apprendre au fur et à mesure qu’on acquiert de l’expérience.
Il faut recommencer avec chaque cheval comme si c’était une feuille
blanche. Nous avons de l’expérience, mais cette expérience ne doit pas
nous dicter notre démarche : il faut regarder observer ; il faut être
prêt à changer d’idée ; il faut devenir capable d’écouter le cheval et
prendre en compte ce qu’il veut faire. »
« Le
temps – je veux dire : beaucoup de temps – est un élément tellement
fondamental dans le dressage du cheval que toute méthode qui prétend
obtenir des résultats rapides, en quelques minutes ou en quelques
heures, ne nous intéresse tout simplement pas. Avec de la patience et du
temps, on peut parvenir à des choses extraordinaires, sans employer la
contrainte. […] Notre démarche ne permet pas d’obtenir des résultats
spectaculaires du jour au lendemain. Mais ce qu’on obtient découle d’une
compréhension réciproque profonde et non pas seulement d’une technique
efficace pour transmettre des instructions. »
« Je
vous souhaite d’obtenir un jour un rassembler parfait, des pirouettes
idéales, des parcours d’obstacles superbes – si tel est votre objectif.
Mais avant d’y parvenir, vous devez apprendre à lire dans l’esprit de
votre cheval et à lui ouvrir le vôtre. Le succès n’est pas qu’une
question de rapidité et d’efficacité ; il nécessite une compréhension
acquise peu à peu, un respect toujours plus grand et profondément
gratifiant pour vous et pour le cheval. »
« Il
faut rester constamment attentif aux petits changements qui
interviennent dans le comportement du cheval de jour en jour ; rien
n’est jamais figé. Nos connaissances ne sont que l’armature de cette
œuvre toujours vivante qu’est notre relation au cheval, et que nous
devons modeler et remodeler sans cesse en fonction de nos émotions, de
notre sensibilité et de celles du cheval. »
« La
plupart des méthodes classiques de dressage sont globalement opposées à
l’idée d’expérimentation. Je crois au contraire qu’envisager
l’entraînement comme une suite de tentatives est la seule bonne façon de
procéder, car il est inévitable de faire des erreurs. « Une personne qui
n’a jamais commis d’erreurs n’a jamais tenté d’innover » disait
Einstein. »
« Il
semble impossible de cacher au cheval que nous sommes énervés – et
notre énervement a pour seul résultat de semer la confusion dans son
esprit. Je le sais parce que, quand j’étais moins expérimenté, je me
suis parfois laissé aller à mon énervement lorsqu’un numéro s’était mal
passé. Même si on ne manifeste pas vraiment son mécontentement, le
cheval le sent – mais comme il ne peut pas faire la relation avec un
geste ou une action précise, il devient lui-même plus tendu. Il ne sait
pas gérer notre agacement et le perçoit comme une forme de punition.
Bref : s’énerver ne résout rien – au contraire, ça rend les choses plus
difficiles.
Si
quelque chose se passe mal et que vous avez déjà exprimé votre
désapprobation sans résultat, mieux vaut interrompre l’exercice concerné
et y revenir plus tard. »
« Comme
le chien, le cheval ne peut associer une action et sa correction que si
cette dernière survient instantanément. Quelques secondes plus tard,
l’animal ne fait plus la relation entre son propre geste et sa punition –
qu’il a alors tendance à comprendre comme une menace ou une agression
de votre part. Cette punition que le cheval n’associe pas à sa faute
provoque un ressentiment et une perte de confiance durable. »
« Pourquoi
les gens ont-ils autant de mal à se fier à leur sens de l’observation
et à leur propre jugement – acquis à travers leur expérience – quand il
s’agit des chevaux ? Souvent, quand un cavalier a affaire à un cheval,
il semble cesser de l’observer et se met à compter presque aveuglément
sur le savoir des différents entraîneurs qu’il a eus. Il essaie de se
conformer à telle ou telle méthode. Il vise une « fin » précise et, quelle
que soit la sévérité de la méthode, il pense que la fin justifie les
moyens. Cette fin, c’est d’obtenir un cheval obéissant, qui accepte
d’exécuter toutes sortes de mouvements sur commande. Comme je l’ai dit
auparavant, pour moi, la fin ne justifie jamais les moyens. Chaque
progrès du cheval, chaque étape de notre relation avec lui, doivent être
obtenus dans le respect d’un code de comportement qui exclut la
punition, la cruauté et l’usage de la contrainte ou de la force. »
Au galop vers la liberté
« Nous
cherchons à créer des moments, car les chevaux fonctionnent par
moments : on broute, on broute, et puis tout à coup on pète en l’air à
cause d’une mouche et tout le troupeau galope, puis on se remet à
brouter comme si rien ne s’était passé, puis c’est le moment grooming,
puis le moment sieste, etc. Donc avec nous, c’est pareil, on créé des
moments : on joue, puis on s’arrête, on revient au calme, puis on bosse,
etc. »
« Quand vous voulez changer quelque chose sur votre cheval, changez vous-même, vous verrez comme cela aide. »
« Ce
qui est important c’est de savoir créer l’envie. Si l’on donne l’envie à
un cheval de piaffer, passager, etc, si on lui donne cette envie, on
n’a pas besoin de le dresser. C’est facile. Si on ne lui donne pas
l’envie, on va se battre contre son gré. »
« Le
talent des cavaliers, c’est peut-être juste de rassurer son cheval,
plutôt que le dresser. Parce que quand on sait rassurer son cheval, on
en fait beaucoup. Il y a beaucoup de cavaliers qui savent bien dresser
mais qui font souvent peur au cheval. C’est peut-être bien de commencer
par rassurer son cheval si l’on veut travailler avec lui. »
Vidéos de stages
Frédéric Pignon
« Tom
Dorrance : Qu’ils soient élevés de façon domestique ou de façon
sauvage, leur naturel apparaît, explique-t-il. Le fait d’étudier leurs
actions et leurs réactions m’a aidé à comprendre comment me présenter
moi-même aux chevaux de telle sorte qu’ils puissent répondre à mes
sollicitations. » Le résultat de ces observations, c’est que le cheval
est mû avant tout par son instinct de survie personnelle : « La plupart
du temps, les problèmes viennent du fait que les gens ne comprennent pas
ce besoin de préservation, et cela empêche le cheval d’avoir
confiance. »
« Tom
Dorrance : J’essaie d’écouter le cheval, de découvrir ce qu’il tente de
nous dire. Je tâche de ressentir ce qu’il ressent, et d’agir depuis
l’endroit où il se trouve. »
Ce
dernier concept est essentiel chez Tom Dorrance : agir depuis l’endroit
où se trouve mentalement le cheval, et non pas le cavalier, c’ets en
quelque sorte abolir notre position d’être humain pour mieux communiquer
avec le cheval. Pour cela, il faut renoncer à une part de nous-mêmes,
et notamment à notre attitude de supériorité envers lui. »
« Monty
Roberts : « L’homme et le cheval se situent aux deux extrémités de
l’éventail des espèces, l’un parmi les plus combatives, l’autre parmi
les plus fuyardes, constate-t-il. « S’il veut gagner la confiance du
cheval et susciter sa bonne volonté, l’homme doit parcourir au moins la
moitié du chemin. C’est à lui, et à lui seul, de prendre l’initiative de
ce rapprochement, de franchir la barrière qui les sépare. Mais il ne
peut y parvenir qu’en méritant la confiance qu’il cherche à obtenir, et
en se gardant bien de profiter du fait que le cheval est un animal
peureux. »
« Dans
son ouvrage Lyons on Horses, Lyons raconte une anecdote : un cheval
entier donnait tellement de fil à retordre à son propriétaire que ce
dernier fit appel à un horse psychic – terme qu’on pourrait traduire en
français par « médium équin ». Il s’agissait, en l’occurrence, d’une femme
soit-disant réputée pour « parler » aux chevaux difficiles, et résoudre
ainsi les problèmes de comportement. Ne pouvant se déplacer chez le
propriétaire, elle demande à parler au cheval au téléphone (portable) !
Après une longue « conversation », elle dit au propriétaire : « Vous avez
deux étalons, et vous préférez l’autre. Celui-ci est jaloux. Il me dit
qu’il vous a déjà mordu un doigt, est-ce vrai ? » Le propriétaire répond
par l’affirmative. « Eh bien, votre cheval me dit que si vous continuez à
être plus attentif à l’autre étalon, il vous mordra l’autre. » Sic !
Espérons qu’en France, on ne tombera pas dans de telles aberrations qui
consistent à prendre au premier degré l’expression de « chuchoteur »… »
« John
Lyons : Si je vous demande de résoudre un problème de maths et qu’en
même temps je vous donne des coups de règle sur les doigts,
pourriez-vous vous concentrer sur ma question ? C’est la même chose pour
un cheval qu’on martelle de coups d’éperons. La douleur prend la place
de l’apprentissage, et doit absolument être évitée. »
« John
Lyons : Si un cheval a peur, nous devons faire comme si nous trouvions
une petite fille de cinq ans en larmes, perdue dans une ville. Est-ce
que nous allons lui crier dessus pour qu’elle s’arrête de pleurer ? Lui
dire de se taire ? Non, nous essaierons de la calmer et de lui redonner
confiance. »
« Pat
Parelli : Avant de demander à votre cheval d’être en harmonie avec
vous, demandez-vous si vous êtes capable d’être en harmonie avec votre
cheval. Êtes-vous capable d’aller où il va, de ralentir quand il
ralentit, de faire des zigzags quand il fait des zigzags ? »
Natalie Pilley-Mirande – Le secret des chuchoteurs américains
« Le
changement de sens de l’équitation : Après avoir été pendant des
millénaires une discipline inspirée par l’art de la guerre, elle est
devenue, dans un temps extrêmement court à l’échelle historique, un
sport inspiré par l’art de vivre et ouvert à un large public, d’ailleurs
majoritairement féminin. »
« Le
Maître Nuno Oliveira disait aux moniteurs qui suivaient ses cours :
« N’oubliez pas que nous faisons un métier d’acteur ! » L’acteur n’exprime
pas sur scène ses propres sentiments mais ceux qui font comprendre au
public le sens de la pièce, et l’enseignant doit faire de même. »
« Nous
ne pouvons nous expliquer la plupart des fautes du cheval si nous ne
comprenons pas que l’économie de l’effort est une loi fondamentale. Dans
la nature un individu qui dépense inutilement son énergie se met en
danger. »
« Tirer
sur les rênes pour ralentir le cheval équivaut pour le passager d’une
voiture qui va trop vite à appuyer sur le plancher à la place d’une
pédale de frein inexistante ; c’est un réflexe idiot mais auquel
personne n’échappe. »
« Pour
exécuter un mouvement quelconque, il faut donner au cheval une position
préalable qui favorisera, ou déterminera, le mouvement envisagé. Cette
notion est primordiale. La préparation est la phase la plus importante
dans la réalisation de n’importe quel exercice. »
« Je
pense que les premiers mots prononcés par l’hominidé qui a eu accès à
la parole ont été certainement : « Ah, les jeunes d’aujourd’hui, ma brave
dame ! » … »
« Nous
avons eu des certitudes et nous les avons abandonnées, nous avons fait
des erreurs et nous en ferons encore. Celui qui est certain de détenir
la vérité est à plaindre car il se ferme toutes les possibilités de
progresser encore.
Et
pour ceux qui comme moi sont d’un âge avancé, n’embellissons pas trop
nos souvenirs ; la seule chose qui était certainement mieux avant, c’est
que nous étions plus jeunes ! »
« Progresser
ce n’est pas nécessairement faire des choses plus difficiles, c’est
d’abord faire les mêmes choses avec moins d’aides ! »
« Il
y a beaucoup de similitudes entre l’éducation des chevaux et celle des
adolescents. Il n’y a pas de raison, l’adolescent est aussi un être
sensible et relativement intelligent !! Les uns comme les autres ont un
impérieux besoin de repères, l’incertitude concernant les tolérances ou
les exigences les mettent mal à l’aise et sont source de conflits. »
Luc Pirick – Guide du moniteur d’équitation et facebook
« Attention à ne pas bousculer la gentillesse d’un cheval. Comme la fleur du fruit, abîmée, elle ne revient jamais. »
Pluvinel
« Le cheval enseigne à l’homme
la maîtrise de soi et la faculté de s’introduire dans les pensées et les
sensations d’un autre être vivant. »
Aloïs Podhajsky
« C’est
notre incapacité, en tant qu’humains, à regarder les choses du point de
vue des chevaux qui est la cause de la plupart des problèmes que nous
rencontrons avec eux.
Nous
les croyons dangereux parce que nous les mettons dans des situations
effrayantes où leur instinct leur dicte de sauver leur propre vie.
Nous
pensons qu’ils sont incapables d’apprendre quoi que ce soit parce que
nous manquons d’habileté pour leur apprendre. Enfin, nous les croyons
incapables d’éprouver des sentiments ou des émotions parce que nous
sommes incapables de penser comme ils le font et d’avoir des rapports
avec eux en respectant leur culture.
Comprendre
les chevaux comme les composants d’une culture – une existence
entièrement indépendante – nous donne la capacité de les voir comme des
individus, chacun comme un élément séparé mais important du tout.
Une
fois que nous avons changé notre perception du monde du cheval, nous
devenons capables d’utiliser ce qu’il comprend naturellement pour lui
enseigner ce que nous voulons qu’il apprenne. »
Sam Powell – Juste un murmure
« L’extension
d’encolure se traduit par une surcharge de l’avant-main, et allègement
correspondant de l’arrière-main. Elle met donc provisoirement le cheval
sur les épaules. Pour retrouver équilibre et locomotion, le cheval est
dans l’obligation de prendre une attitude extrême et de faire travailler
tous les muscles qui assurent sustentation et motricité, d’une manière
évidement paroxysmique. C’est cette gymnastique qui est le but de
l’extension d’encolure.
L’attitude
se traduit par un grandissement obligatoire, un voussement du dos que
l’on constate surtout sous la selle, la croupe et les postérieurs
participant à un nécessaire surcroît d’engagement. Au niveau
articulaire, toute la tige vertébrale, de la nuque à la queue, subira
ainsi un assouplissement longitudinal très important « décoinçant » les
vertèbres, leurs apophyses, libérant si besoin les trous vertébraux,
sorties des nerfs. »
« les
chevaux tournent naturellement par déplacement des épaules, les hanches
faisant pivot ; en d’autres termes, il ne leur est pas naturel de
mobiliser latéralement leurs hanches, qu’il va être nécessaire au début
de véritablement décoincer, apprenant à l’animal à chevaucher un membre
sur l’autre. »
« L’appuyer :
Le cheval, placé du côté où il va, se déplace parallèlement à lui-même
et obliquement par rapport aux pistes des antérieurs et des postérieurs
qu’il suit, les épaules précédant les hanches. Au galop, l’appuyer n’est
possible, bien entendu, qu’à la main du galop.
Il
est, je crois, important de préciser que le cheval dans l’appuyer ne
sera jamais incurvé mais droit et uniquement placé, c’est-à-dire le
cavalier lui « voyant l’œil ». Toute incurvation rendrait le travail de
l’antérieur et du postérieur externes plus difficiles, réduisant les
amplitudes. »
« La
foulée, lors du passage de l’épaule en dedans à l’appuyer est la plus
intéressante, la plus bénéfique puisque, là encore, le cheval sera
contraint d’abaisser sa hanche pour faire chevaler le postérieur externe
sur l’interne préalablement engagé ; d’où l’intérêt primordial des
balancers d’appuyer en particulier des balancers rapprochés. Ils vont, à
ce stage, donner naissance aux premiers balbutiements des allures
d’école. C’est un exercice fondamental. »
« Curieusement, le début du travail monté doit être considéré comme sans doute le plus important du dressage. C’est en effet
ce début qui va mettre en place chez le jeune cheval ses impressions
initiales, agréables ou désagréables, qu’il gardera toute sa vie et qui
détermineront, ou non, son obligatoire adhésion au travail ; car dresser
un cheval pourrait aussi se définir comme la démarche amenant un cheval
à aimer le travail. »
« L’arrêt,
le reculer et le galop présentent un caractère commun, à savoir leurs
difficultés, et de ce fait, ils ne doivent être demandés que lorsque le
cheval a suffisamment de force pour les faire. De nombreux problèmes
récurrents sont le résultat de demandes prématurées. […] L’immobilité
est débourrage, l’arrêt est déjà dressage. »
« Le
galop à droite est caractérisé par l’avancée que prend le bipède
latéral droit sur le gauche. Toutes les aides qui vont concourir à
mettre le cheval dans la position favorisant cette avancée ou retardant
le bipède opposé sont :
-
le poids du corps ou la pesée sur l’étrier externe retarde le postérieur gauche.
-
La jambe isolée gauche favorise l’avancée du postérieur droit en raccourcissant ce côté
-
la main droite, indicatrice,
sans fermeture des doigts, place le cheval à droite de telle sorte
qu’elle favorise l’avancée de l’antérieur droit.
Ce
sont les aides préparatoires. La demande du départ, aide d’exécution,
sera la jambe droite agissant à la sangle qui provoquera l’avancée du
postérieur droit. »
« Il
serait bien, je crois, que dans la cour d’honneur des plus grandes
écoles d’équitation, il y ait une statue du Cheval d’Instruction, cet
obscur, ce sans-grade et sans-gloire, dont on ne parle jamais,
auxiliaire évidement bien indispensable à la formation des cavaliers. »
« sachant
pertinemment qu’une part importante des acquis de l’élève se feront par
imitation de sa propre personne et de sa manière, l’instructeur est
dans l’obligation d’une position irréprochable, n’utilisant que les
procédés et la progression qu’il souhaite voir employer par ses élèves,
avec le calme, la discrétion et l’absence de brutalité désirés. »
« Si
d’évidence l’Instructeur doit exiger dans ses reprises le calme et le
silence indispensables à la concentration des élèves et à la délivrance
de son message, il doit aussi créer une atmosphère joyeuse traduisant le
bonheur de monter à cheval, sa propre joie d’être là et de transmettre.
Cette ambiance décontractera les élèves, évitera bien des blocages
psychologiques, favorisant une certaine émulation. Il faut fabriquer des
cavaliers gais, qui ensuite monteront gaiement »
« On ne demande pas un départ au galop, on l’espère. »
Pierre Pradier – Mécanique équestre et équitation et dans une vidéo des Henriquets
« Le paradis de la terre se trouve sur le dos des chevaux,
Dans le fouillement des livres,
Ou bien entre les deux seins d’une femme. »
Proverbe arabe
« Le cheval court, le cavalier se vante. »
Proverbe Kurde
« Si tu dois choisir entre la
femme et le cheval, choisis toujours le cheval. Parce que si tu as le
cheval, tu pourras attraper la femme. Mais si tu choisis la femme, tu ne
pourra pas attraper le cheval. »
Proverbe Mongol
« De
la parole à d’autres formes de communications bien plus raffinées,
légères, profondes et subtiles et qui ont le pouvoir de créer et donner
de grandes émotions, nous n’avons que l’embarras du choix. Le cheval,
maître dans cet art de la communication subtile, aide l’être humain à
aller vers la découverte d’un monde merveilleux qui existe à l’intérieur
de sa personne. »
Renatto Recardi
« Le cheval attire mes
pensées de même que l’abîme attire celui qui s’y penche, comme s’il
avait des secrets à révéler. […] Dans son hennissement, dans le moindre
frémissement de ses naseaux, j’entends son âme. »
Jacqueline Ripart
« Le cheval était un moyen de se montrer, puis il est devenu un moyen de se trouver. »
« Le
message que je souhaiterai faire passer, c’est que l’équitation, le
sport et la vie en général sont plus beaux lorsqu’il existe une
véritable recherche de l’harmonie entre le corps et l’esprit. »
« L’ancêtre de chaque action est une pensée. »
« Recherchez les personnes qui vous encouragent et n’écoutez pas les autres. »
« Les
excuses font partie de tout ce processus négatif qui bloque la
progression. Lorsque l’élève commence à tricher, vous le détectez
rapidement, généralement cela commence par : « Oui mais… » Pour ma part,
je préfère le « Mais oui. »
« Se
concentrer, c’est donc rester dans le présent. Ne pas laisser le doute
et la peur s’installer en référence à des événements passés ou à venir :
« La dernière fois j’ai fait 4 points sur le même obstacle… Mon cheval
a toujours peur de l’eau, je suis sûr qu’il va s’arrêter… »
« Un
parcours [d’obstacles] doit être comme une reprise de dressage avec des
barres d’obstacles. Tout est programmé : la qualité des allures, les
transitions, la vitesse, la qualité du tracé… »
« Imaginez
que vous jouez le rôle d’un grand champion. Vous êtes filmé et la prise
de vue se focalise uniquement sur vous. Préoccupez-vous de votre
attitude sans vous soucier du résultat. Que le cheval saut correctement
l’obstacle ou non, importe peu. » […] Les cavaliers se croient souvent
plus mauvais qu’ils ne le sont. »
« Notre
corps est bien la seule chose que l’on est sûr de garder jusqu’à la fin
de notre vie. Alors, autant en prendre soin le plus longtemps
possible. »
« Comme dit un proverbe : Celui qui se cherche des limites en trouve sans limite. »
Secrets et méthode d’un grand champion
« Les gagnants ont un plan. Les perdants ont des excuses. »
« La
détermination est un ingrédient indispensable à la réussite. Les
chevaux y sont d’ailleurs particulièrement réceptifs. C’est même ce
qu’ils respectent en premier lieu lorsqu’ils ont affaire à un véritable
homme de cheval. La détermination s’entretient et se travaille selon les
mêmes principes que l’éducation d’un cheval. C’est-à-dire en commençant
par le plus simple… pour ne pas se « casser » le moral. »
« Bien
sûr, les embûches, les désillusions, les échecs sont nombreux. Mais
plus vous leur donnerez d’importance, plus ils se multiplieront.
N’oubliez jamais que le plus grand ennemi de la détermination est notre
tendance à nous laisser mener en bateau par les pensées négatives : « Je
suis nul… Je n’y arriverai jamais… etc…etc » Vous avez le choix.
Soit vous parvenez à dominer votre discours intérieur, soit c’est lui
qui vous domine. D’où l’intérêt d’avoir une détermination suffisamment
forte pour croire en votre plan jusqu’au bout, quoi qu’il arrive, envers
et contre tout… et tous ! »
« Personne n’est content de faire des erreurs. Elles ont pourtant tellement à nous apprendre !
Le
plus difficile, c’est que nous avons tous la fâcheuse tendance à mettre
en jeu notre égo, que ce soit dans l’échec ou dans la réussite. »
« Avec
mes élèves, je passe de plus en plus de temps à travailler sur
l’élimination de l’inquiétude. A mon sens, les défauts de
fonctionnement, d’assiette ou autres sont essentiellement dus à
l’appréhension. Sans décontraction mentale et physique, il est donc
totalement inutile de travailler sa position pendant des heures. »
« Chaque
geste, chaque parole peut être source de bien-être ou de mal-être pour
votre cheval. Je crois qu’aujourd’hui nous n’en sommes qu’aux
balbutiements de la communication avec les chevaux. Je l’observe tous
les jours, certains sont d’emblée en confiance avec l’homme et très
ouverts à la communication. D’autres peuvent être, au contraire,
totalement hermétiques, soit par nature, soit parce que mal compris, ils
ont fini par tirer le rideau. C’est avec ces derniers que les
transformations peuvent être les plus spectaculaires. Si nous prenons le
temps de les comprendre, les voir s’extérioriser, devenir beaux et
reprendre goût à la vie est un véritable bonheur. »
Michel Robert – Carnet de Champion
« Plus les conditions de vie
modifient son emploi du temps naturel, plus on a des risques que le
cheval développe des troubles du comportement. »
« Une
étude a montré qu’avec un nombre croissant d’ouvertures, la fréquence
de certains tics diminues (agiter la tête de haut en bas et tic de
l’ours). Encore mieux : le tic de l’ours disparaissait chez dix chevaux
placés dans des boxes avec quatre ouvertures. Offrir une possibilité
d’observation semble importante. »
« Il
est malheureusement fréquent de rencontrer des chevaux qui, sur le
papier, ont tout ce qu’il leur faut et présentent une condition
corporelle correcte. Pourtant, dans leur vie, leurs comportements
alimentaires sont très pauvres, je dirais que ces chevaux sont carencés
sur le plan comportemental. Pour leur bien-être, on devrait penser
l’alimentation comme une somme de besoins nutritionnels et
comportementaux. »
« Une
trop faible quantité de foin donnée est reconnue comme constituant un
facteur causant l’apparition de stéréotypies (tic à l’appui, tic de
l’ours…) et de coliques. Le seuil critique se situe à moins de
6kg/jour. A l’inverse, le nombre élevé d’heures passées dans un pré ou
la mise à disposition de foin possède un effet protecteur. »
« On
appelle « concentré » un aliment dont la valeur énergétique est apportée
sous un faible volume. Disons que ce serait pour nous l’équivalent d’une
barre chocolatée ou énergisante : beaucoup de calories mais peu de
remplissage de l’estomac ! Pour les chevaux, il s’agit des céréales et
de leur transformation : floconnés, mash, granulés. Ils sont mangés en
quelques minutes, remplissant rapidement l’estomac puis le laissent vide
pendant de longue heures, l’exposant à une quantité d’acides produite
pour digérer de l’herbe 12h à 18h par jour… Couplées à de l’exercice
physique, ces conditions favorisent le développement d’ulcères
gastriques. »
« La
consommation quotidienne d’eau pour un cheval est estimée à 2 à 7
litres pour 100kg, soit entre 10 et 35L pour un cheval de 500kg. A
l’état naturel, l’abreuvement se fait une ou deux fois par jour ou tous
les deux jours. Les chevaux peuvent même s’abstenir de fréquenter le
point d’eau s’il pleut et que l’herbe est mouillée. Pour nos chevaux en
conditions domestiques, l’alimentation comparée à de l’herbe, est très
sèche, et les poussent davantage à boire. De même, l’exercice engendre
des pertes en eau par la transpiration qu’il faudra compenser. »
« Travailler
immédiatement après une ration de concentrés est déconseillé : la
digestion demande un effort au système cardio-vasculaire qui sera
concurrentiel avec l’exercice, donc la digestion et l’exercice en
pâtiront. Le travail devrait donc s’effectuer avant le repas de
concentrés. Mais n’oubliez pas qu’il faut éviter de travailler un cheval
l’estomac vide pour les risques d’ulcères que cela provoque. La
solution est donc de donner un peu de foin avant le travail. »
« Une
étude rapporte un pic du tic de l’ours environ une heure avant la
sortie du paddock. Une autre constate que plus un cheval travaille dans
la semaine, plus il est exposé au risque de manifester ce tic. Comme
pour l’augmentation du nombre de repas l’agitation des chevaux croît car
ils attendent ces événements. Le tic de l’ours marquerait une
anticipation des activités. »
« Une
étude américaine rapporte aussi des difficultés plus grandes à
manipuler de jeunes chevaux au débourrage s’ils sont seuls au box par
rapport à d’autres détenus en groupe. Le problème ne venait pas de
l’agressivité des poulains, ni de leur énergie excessive (tous étaient
lâchés au paddock), mais de tentatives de jeu avec l’humain ;
bousculades, morsures de jeu. L’hypothèse est que dans ce contexte, les
jeunes chevaux cherchaient à satisfaire leurs besoins de contacts
sociaux avec l’homme, ce qui interférait avec le travail et se révélait
dangereux. »
« Dans
la mise en liberté, les séquences de jeu sont assez longues, pouvant
durer 20 ou 30 minutes. Or dans la nature ou au pré, ces séquences de
jeu chez le cheval adulte existent mais sont rares et durent seulement
quelques minutes. Constatant que chez nos chevaux d’écurie ces jeux
étaient quasiment systématiques lors des mises en liberté, des
chercheurs de Rennes se sont penchés sur la qualité de vie de ces
animaux. Ils notent que les chevaux les plus joueurs sont ceux qui
présentent le plus de signes de stress chronique. Le jeu chez le cheval
adulte pourrait bien marquer un état de mal-être… »
Hélène Roche – Mon cheval est-il heureux à l’écurie ?
« L’encolure
et la tête du cheval changeant de position suivant les allures, les
rênes doivent constituer un lien élastique entre la bouche du cheval et
le cavalier. Les rênes n’étant pas élastiques, l’élasticité doit venir
des bras et des mains du cavalier. »
Jean-Louis Rouchy
« Prendre les rênes du bout des doigts,
C’est tenir un oiseau dans le creux d’une main,
Sans trop serrer pour ne point l’étouffer,
Sans trop l’ouvrir pour ne pas le voir s’envoler. »
Manolo Ruiz
« Que
pour leur malheur, le créateur n’ait pas donné aux chevaux la
possibilité de s’exprimer ainsi ne doit en aucune façon excuser les
cavaliers d’ignorer ou de prétendre ignorer ce qu’ils leur font
ressentir lorsque, faute d’un dressage insuffisant, ils ont recours aux
actions de force pour se faire obéir. »
« Toute action du cavalier aura
un effet sur son cheval. Soit elle améliorera son dressage, soit elle le
confirmera, ou l’altérera. »
Jean Saint-Fort Paillard – Comprendre l’équitation
« Il
faut laisser le stagiaire, l’élève, le cavalier expérimenter et éviter
en tant qu’enseignant de nous mettre dans une posture de jury au
quotidien : lorsque nous jugeons, nous ne formons pas. Lorsque nous
passons notre temps à évaluer, à juger, nous en oublions le temps
d’enseigner. »
« Nous
posons souvent des questions dites fermées qui induisent les réponses
des élèves. Des questions de ce genre sont trompeuses parce qu’elles
contiennent tout ou partie de la réponse. Nous risquons alors d’orienter
les réponses dans une direction qui ne correspond pas nécessairement à
la pensée de notre élève. Souvent ces questions dites fermées
sollicitent des réponses par oui ou par non qui ne nous renseigneront
pas vraiment sur la compréhension de l’élève. »
« Poser
des « vraies » questions, c’est aider l’élève dans la compréhension de sa
propre action, de son propre apprentissage. Ces vraies questions sont
des questions dites ouvertes qui sollicitent des réponses que
l’enseignant ne connaît pas a priori. […]
A
partir de vraies réponses, que nous n’aurions jamais obtenues
autrement, nous allons pouvoir ajuster notre message, notre enseignement
au plus proche de l’apprentissage de notre élève. L’idéal est d’arriver
à créer un climat de confiance. »
« L’important ce n’est pas ce que l’on dit, mais ce que l’élève entend. »
« La
relation pédagogique ne peut s’épanouir que dans ‘l’égalité’. Il ne
s’agit pas d’être l’identique de l’autre mais au contraire d’accepter la
différence de l’autre. Instaurer une relation « d’égal à égal » : c’est
avoir la volonté de s’enrichir de la différence de l’autre. Cherchez à
exclure toute relation de dépendance, toute subordination. Le cavalier
que nous formons n’est ni maître ni esclave, ce n’est pas « Notre
cavalier ». »
« L’humiliation
est à distinguer de la colère ou de l’autorité. Humilier désigne la
manière dont une personne dévalorise une autre personne en la
rabaissant. L’humiliation est d’autant plus puissante que l’humiliant a
autorité sur l’humilié, comme c’est le cas dans la relation
moniteur-élève, entraîneur-entraîné ou encore formateur-stagiaire.
Luttons
contre une certaine idée qui consisterait à penser que plus on est dur
et humiliant mieux on enseigne. […] Ne commettons pas l’erreur
d’attribuer l’efficacité de son enseignement à ce type d’agissements
alors qu’en réalité il compromet sa performance.
En
général, les élèves des enseignants qui pratiquent volontairement
l’humiliation ne disent rien parce qu’ils ont peur. Ils consacrent toute
leur énergie à éviter la colère ou les moqueries du moniteur plutôt
qu’à résoudre réellement leurs difficultés. »
« En tant qu’enseignant nous devons être les garants du respect inconditionnel des élèves et des chevaux en montrant l’exemple. »
« L’humiliation
est un frein important à l’apprentissage, alors que les encouragements
et le respect sont des pratiques beaucoup plus efficaces pour faire
progresser. »
« Si vous n’avez rien de positif à dire ne dites rien, ne critiquez pas quels que soient vos sentiments. »
« Le perfectionnisme n’est pas la recherche de l’excellence, mais celle de l’inaccessible.
Si
vous cherchez la perfection chez vos élèves, vous pouvez être assurer
d’engendrer des problèmes d’apprentissage et de relation. La recherche
du toujours mieux est l’ennemie du bien. Sachez arrêter avant l’échec en
agissant localement et concrètement sur ce qui vous paraît essentiel
dans la situation du moment. »
Nicolas Sanson – 36 exercices de pédagogie
« Monter
à cheval, le travailler et participer à des concours sont tout d’abord
des fonctions du corps. Par contre, monter à cheval, le travailler et
participer à des concours avec succès sont avant tout des fonctions de
l’esprit. Si votre condition physique est suffisante et votre
coordination raisonnable, vous pouvez devenir un bon cavalière. Ce qui
différencie le bon cavalier du grand cavalier, c’est le mental. »
« Le
subconscient est une partie de l’esprit humain qui n’est pas
« totalement conscient, mais peut le devenir ». Il comporte notamment un
mécanisme de contrôle et de régulation impersonnel, incapable de
discernement. Il fait de son mieux pour atteindre les objectifs bien
définis que vous lui soumettez. Peu lui importe que cet objectif soit
positif ou négatif (c’est à dire un succès ou un échec). Quelle que soit
sa nature, le subconscient fera de son mieux pour l’atteindre. »
« Visualisez
votre objectif comme s’il existait déjà, et vous serez à deux doigts de
le réaliser. Pour vous amener progressivement de plus en plus près de
votre objectif, établissez des objectifs précis à court terme. Planifiez
votre stratégie et, à mesure que vous vous concentrerez sur chaque
étape, ne vous préoccupez de la suivant qu’une fois le moment venu. »
« Se
fixer des objectifs consiste aussi à vous préparer à négocier les
inévitables vicissitudes auxquelles vous vous retrouverez confronté.
Lorsque vous êtes face à un échec, fixez-vous rapidement d’autres
objectifs. N’abandonnez pas complètement votre objectif initial, mais
contentez-vous d’établir une stratégie de remplacement temporaire. Dans
le cas contraire, votre échec serait frustrant parce que vous vous
seriez fixé un objectif inaccessible. Donc, lorsqu’une porte se ferme
cherchez d’autres possibilités. Plutôt que de subir la défaite,
développez une attitude qui laissera place à d’autres occasions
meilleures ou comparables, face aux déceptions. »
« Ne
vous laissez pas submerger par les déconvenues. Soyez suffisamment
souple pour envisager d’autres possibilités, jusqu’à ce que vous
puissiez revenir à votre objectif de départ ou à un autre encore
meilleur. »
« Une
bonne partie de ce que vous percevez comme état de la chance ou de la
malchance est le résultat des efforts que fait votre esprit pour
atteindre vos objectifs. Le mécanisme qui régit votre désir de Gagner
est si efficace qu’il a pratiquement le pouvoir d’attraction d’un
aimant. Il vous amène à faire ce qui est nécessaire pour atteindre vos
objectifs. Malheureusement, au lieu d’en tirer le bénéfice qu’il mérite,
le travail de l’esprit est trop souvent pris pour de la chance.
Par
la prise de conscience de soi-même et avec un peu de pratique, vous
pouvez reconnaître et profiter de toutes les occasions qui se trouvent
sur votre chemin. La meilleur définition de la chance que je n’aie
jamais entendue est la suivante : c’est la conjonction de l’opportunité
et de la préparation. « Ce ne sont pas les occasions qui manquent, mais
seulement les gens prêts à les saisir. Si vous êtes prêt, vous avez de
la chance. Si vous n’êtes pas prêt, vous êtes malchanceux. »
« Puisqu’une
partie de l’esprit cherche à atteindre vos objectifs, il est important
de bien faire la distinction entre objectifs et aspirations. Se
contenter de souhaiter les choses ne suffit pas à les rendre réelles.
[…] Les souhaits sont la première étape, mais il faut les renforcer par
du travail. »
« Parfois
votre capacité à rêver est handicapée par les doutes, les tracas de la
vie et les réactions des autres qui, en vous décourageant, vont inhiber
vos rêves. Lorsque cela se produit, il faut prendre des mesures
volontaristes pour vous encourager à rêver à nouveau. »
« Tant
qu’à rêver, autant rêver grand. « Ne voyez pas petit car alors la magie
nécessaire à l’exaltation de vos sens n’existera pas. » Il est difficile
de s’enflammer à l’idée d’acheter une nouvelle selle. Mais pourquoi ne
pas imaginer de l’inaugurer durant le National d’élevage ?
Certains
n’osent pas rêver grande de peur d’être déçus. Leur logique est la
suivante : « Si je ne m’attends pas à gagner, je ne serai pas déçu si je
perds… et si vraiment je gagne, ce sera un plus. »
Il
n’est pas nécessaire de vous protéger de cette manière. En fait, ce
type de protection ne fonctionne pas. Si vous n’espérez pas gagner, vous
ne gagnerez sûrement pas. De temps à autre, vous gagnerez malgré vous
ou parce que votre attitude vous aura permis de rester détendu. Mais
imaginez le nombre de fois où vous auriez pu réussir si vous aviez
bravement décidé de gagner. Laissez tomber votre armure protectrice.
Engagez-vous à fond dans la poursuite de votre objectif, et travaillez
avec ardeur dans ce sens. »
« Selon
le défi, faire tout ce qui est nécessaire pour réaliser votre objectif
peut prendre des formes variées et pas toujours agréables. Toutefois,
c’est l’intensité de votre engagement qui transformera souvent l’échec
en succès. »
« La
conviction est une autre qualité qu’il vous faut posséder pour réaliser
votre rêve. Ayez une sorte de foi aveugle. Après tout, si vous ne
croyez pas en vous-même, qui le fera ? Et si vous croyez en vous, cette
confiance finira par payer. »
« Comme
Kelli l’a découvert, le conscient, avec ses doutes et ses incertitudes,
peut miner la confiance en soi. Le conscient pose des questions
parfaitement raisonnables du genre :
Qu’est-ce-qui
te fait penser que tu peux le faire ? Ne sais-tu as que ton cheval
n’est pas aussi bon que ceux des autres concurrents ? Ne te rends-tu pas
compte que toi, un amateur, tu affrontes des professionnels ?
Il
faut apprendre à ignorer ces interférences provenant du conscient, et
mettre votre confiance dans l’efficacité du mécanisme qui régit votre
désir de Gagner. »
« En
visualisant sans cesse ce que vous désirez, votre esprit croit que vous
l’avez vraiment fait. En réalité, peut-être avez-vous obtenu vingt
mauvaise départs au galop avec votre cheval, mais puisque vous avez
pratiqué mentalement 200 bons départs, vos transitions vont
s’améliorer. »
« Il
se produit des changements comportementaux et physiologiques chez ceux
qui peuvent se représenter des images vivantes, alors que ce n’est pas
le cas pour ceux qui ne voient que des images approximatives ou floues.
La création d’images vivantes est une capacité qu’il est possible de
développer. »
« En
plus de l’implication de vos cinq sens lors de la visualisation de vos
objectifs, il faut que vous rendiez vos images encore plus vivantes en
faisant surgir des émotions positives et fortes. (Vu négativement, c’est
de cette manière que les phobies se développent). Les émotions fortes
s’associent à un objet ou une situation. […] Tout ce dont vous avez
besoin, c’est d’une émotion forte que vous pourrez utiliser à votre
avantage. Ensuite mémorisez ce sentiment profond, et utilisez-le pour
renforcer l’effet de vos images. »
« Soyez
persuadé que dans la lutte qui oppose la volonté à l’imagination, c’est
toujours cette dernière qui prévaut. Si par exemple vous vous voyez
comme quelqu’un de gros, la volonté vous permettra peut-être de suivre
un régime efficacement à court terme. Mais ensuite votre corps reviendra
à la taille et la forme que vous voyez dans votre miroir intérieur.
Vous
n’avez pas à tenir compte de la volonté. Pourquoi se battre pour
dominer la puissance de l’imagination ? Puisque c’est la force de nos
images mentales qui déterminent largement nos actions, allez droit à la
source et changez tout le programme. Tout ce que vous croyez et imaginez
de manière vivante et réaliste finira de toute manière par arriver.
Imaginez les possibilités infinies qui s’ouvriront à vous lorsque vous
aurez enfin appris à Gagner. »
« Je
ne dis pas qu’il ne faut jamais rien dire de négatif. Mais s’il le
faut, arrangez-vous pour que cela vous aide au lieu de vous desservir.
Par exemple, ne dites pas que vous avez du mal à contrôler votre
position de jambes. Dites plutôt : « J’avais du mal à contrôler ma
position de jambes, mais j’ai travaillé et elle s’améliore. » Il y a
encore mieux. A la place du mot « problème », utilisez le mot « défi ». En
disant que le contrôle de la position de vos jambes est votre défi, vous
suggérez que vous travaillez quelque chose que vous êtes sûr de pouvoir
maîtriser. »
« Faites
un peu le ménage dans votre vocabulaire et éliminez-en certains mots.
Proscrivez des mots comme « déprimé », « découragé » et « frustré ». Ils ne
peuvent que vous faire du mal. Ce faisant, non seulement vous
améliorerez votre technique équestre de manière importante, mais vous
embellirez aussi votre vie. […]
De
même, éliminez le mot « essayer » de votre vocabulaire. Lorsque vous
« essayez » de faire un effort, on dirait que vous le faites à contrecœur.
N’essayez pas de faire de votre mieux. Faites de votre mieux. N’essayez
pas d’obtenir une bonne épaule en dedans, obtenez une bonne épaule en
dedans.
« Si »
est aussi un petit mot qui peut faire beaucoup de dégâts. Il dénote un
manque de conviction et de confiance en soi. Lorsque vous sentez qu’un
« si » risque de s’échapper, substituez un « lorsque » à la place. […]
« Ne
pas pouvoir » est encore une expression à bannir. Ce n’est pas parque
vous n’avez pas réalisé quelque chose jusque là que vous en êtes
incapable. Rappelez-vous que si vous ne pensez que vous ne pouvez pas,
vous ne pourrez pas. Une telle expression peut faire beaucoup de mal. »
« Certains
mots dits au hasards nous affectent. Par conséquent, contrôlez votre
langage. Ne vous diminuez jamais. Votre image de soi écoute toujours ce
que vous dites de vous-même. »
« Vous vous sentez mal à l’aise de parler de vous en bien ? Et alors ? Si cela marche et que vous vous sentez mieux, faites-le.
Pensez-vous
commettre un péché d’orgueil à dire de telles choses ? Vous avez tort.
Comprenez que non seulement vous avez une grande responsabilité envers
vous-même dans la mesure où vous devez être le meilleur possible, mais
que, par ailleurs, vous ne vous vantez pas de quelque chose que d’autres
ne peuvent pas faire. Il sont aussi libres que vous de mettre en
pratique les mêmes principes. »
« Aimeriez-vous
mettre en valeur tous les moments passés avec votre cheval ? C’est
simple : devenez quelqu’un d’enthousiaste. L’enthousiasme est une
qualité merveilleuse et un outil efficace. Vous dites que par nature
vous êtes quelqu’un de tranquille et discret ? Eh bien développez votre
enthousiasme en faisant « comme si » vous étiez quelqu’un d’enthousiaste. »
« Les
attentes enthousiastes deviennent des prophéties gratifiantes. Si vous
n’attendez rien d’une leçon ou d’un concours, c’est tout ce que vous en
obtiendrez : rien. Si vous espérez vous amuser, c’est ce qui se passera.
Ce que vous retirez du temps passé et des expériences partagées avec
votre cheval sera directement proportionnel à votre enthousiasme. »
« En
tant qu’entraîneur patient, vous agissez et réagissez au comportement
de votre cheval avec tolérance et compréhension. Votre leitmotiv est :
« J’ai tout mon temps ». Vous êtes satisfait et encouragé par des petites
succès mesurables, parce que vous savez que ce sont ces petits succès
qui, ajoutés les uns aux autres, vous permettent de faire de gros
progrès. Vous ne vous mettez pas en colère parce que vous vous rendez
compte que la « violence est le dernier recours de l’incompétence ». […]
Avec le temps, à force de faire « comme si » vous étiez un entraîneur
patient, vous découvrirez que vous en serez devenu un. Votre cheval ne
deviendra pas une innocente victime de votre ego et de votre manque de
contrôle. Vos séances deviendront de plus en plus agréables et
satisfaisantes pour vous deux, et vous les conclurez avec un sentiment
de réussite. »
« Le
concurrent calme « fait comme si » tout se passait en douceur et suivant
un plan bien établi. Vous savez que les concours occasionnent des
contrariétés, comme des retards sur l’horaire ou un mauvais enchaînement
des épreuves, mais tout cela vous dérange un peu. Les autres
concurrents ne vous gênent pas non plus. Vous êtes capable de vous
réjouir de leurs victoire parce que ce qu’ils font a peu de choses à
voir avec vos progrès personnels et ceux de votre cheval. La compétition
consiste juste à montrer où vous en êtes dans votre évolution.
Montrez-le avec fierté et plaisir. En « faisant comme si » vous étiez
calme, vous le deviendrez vraiment et vous vous amuserez encore plus en
concours. »
« Penser
négatif, c’est comme une maladie. C’est très contagieux. Refusez d’être
infecté. Éloignez-vous des gens qui vous mettent le moral à zéro.
Recherchez plutôt ceux qui ont une conception enthousiaste et positive
de la vie. »
« Une
autre méthode consiste à visualiser un tableau noir. Dessinez-y les
pensées en images négatives qui vous passent par la tête.
Visualisez-vous en train de prendre un effaceur pour essuyer le tableau.
Puis regardez-le vide, et remplissez-le d’images ou de mots positifs et
utiles. »
« Si
vous voulez débarrasser plus activement votre esprit de tous les
parasites qui s’y déversent, essayez d’écrire noir sur blanc toutes vos
pensées négatives, vos doutes et vos angoisses sur un morceau de papier
que vous jetterez à la poubelle. C’est là que toutes ces bêtises doivent
finir en dernier lieu. Vos actions sont symboliques de votre changement
d’état d’esprit. »
« Pour
préserver votre état d’esprit, il faut bannir l’angoisse de votre vie.
« L’angoisse résulte d’un mauvais usage de l’imagination. » L’angoisse est
une émotion non productive. Elle serait utile si elle vous permettait
de modifier une situation. Mais elle ne parvient qu’à vous déprimer et à
contrarier votre créativité. L’angoisse engendre l’échec. »
« Souvent
les critiques non constructives des autres proviennent de leurs
problèmes personnels. Parce que la plupart du temps les gens négatifs ne
sont ni passionnés ni bien dans leur peau, leur cadre de référence est
biaisé. Ils essaient de montrer qu’ils ont du pouvoir en vous tirant
vers le bas, à leur niveau. « Il n’y a aucun moyen d’améliorer ce
cheval. » « Vous ne vous qualifierez jamais pour les championnats ».
Peut-être est-ce vrai pour eux, parce qu’ils pensent être à ce niveau
là. Ne laissez personne d’autre décider de ce que vous pouvez ou ne
pouvez pas faire, ou bien encore du plaisir que vous aurez ou non avec
votre cheval. »
« Si
vous décidez d’échouer avant même de vous mettre en selle, mieux
vaudrait laisser le cheval au box. Comprenez qu’à chaque fois que vous
utilisez une excuse, celle-ci prend de plus en plus d’ascendant, au
point de s’enraciner de plus en plus profondément dans votre
subconscient. « Les pensées négatives ou positives deviennent de plus en
plus fortes lorsqu’elles sont entretenues par une répétition
constante. » »
« Là où la violence apparaît, l’art disparaît. Là où la connaissance s’efface, la violence le remplace. »
« L’absence
de récompense constitue une punition. Lorsque vous apprenez un nouveau
signal ou un nouveau mouvement à votre cheval, il est capital de
récompenser à chaque fois que vous appliquez l’aide et que vous recevez
une réponse correcte, voire meilleure. S’il n’est pas nécessaire de vous
répandre en grandes démonstrations d’affection, il suffit de
reconnaître ses efforts par une caresse ou un « bien ! ». Lors du
processus de mise en place d’une nouvelle habitude, l’absence de
récompense équivaut pratiquement à une punition. Si vous ne récompensez
pas, vous éliminez vous-même le comportement que vous voulez faire
apparaître. »
« La
formation d’un couple harmonieux (deux corps, un esprit) commence par
le respect mutuel et l’envie de montrer sa satisfaction pour tout
effort. Après tout, c’est vous qui voulez monter. Votre cheval
préférerait certainement paître au pré avec ses congénères. C’est à vous
qu’incombe la tâche de faire naître chez lui l’envie de travailler. La
motivation du cheval ne vient pas de l’intérieur comme pour l’être
humain. Il fait des choses pour vous parce que vous les lui demandez. Le
moins que vous puissiez faire est de le récompenser pour sa
coopération, afin qu’il aime travailler et soit désireux de vous faire
plaisir. »
« Ces
techniques de visualisation vont ajouter une dimension passionnante à
vos séances de travail. En programment votre esprit, vous sentirez avec
le temps des résultats positifs et tangibles lorsque vous monterez. De
plus, vous acquerrez une plus grande capacité de concentration à mesure
que vous pourrez maintenir vos images tout au long de votre séance de
travail, en dépit des distractions. Puisque l’équitation est
essentiellement cérébrale, cette capacité acquise est donc sans prix.
Enfin, votre anxiété à cheval diminuera beaucoup. Il est impossible de
penser à deux choses à la fois. En d’autres termes, il vous sera
matériellement impossible de vous préoccuper de la manière dont votre
cheval va ou de ce qu’il pourrait faire, si vous êtes très concentré sur
la création et le maintien de vos images positives. »
« Si
dans votre cœur vous croyez vraiment que tout effort, même le plus
petit, peut être prétexte à réjouissances, vous n’aurez que de bonnes
séances. Peut-être votre satisfaction sera-t-elle simplement due à
l’obtention, enfin, de l’immobilité au montoir. Si vous le ramenez au
box en étant satisfait, il le sentira. L’insatisfaction ne mène qu’à la
frustration, qui elle-même conduit à la tension et la colère. Ces
dernières peuvent engendrer une atmosphère d’affrontement tout à fait
contraire à l’esprit d’entente. »
« Rien
n’attire plus le succès que le succès. Pour travailler de manière
positive, accrochez-vous à vos succès et repassez-vous les sans cesse
mentalement. […] Confortez votre moral avec vos succès passés, et vous
serez assuré de mieux monter ! »
« Refusez
de voir les défis posés par le travail comme des problèmes. Voyez-les
plutôt comme des occasions d’améliorer votre technique. Choisir de ne
voir que le côté positif de toute situation demande des efforts au
départ, mais ensuite cela devient un mode de vie. »
« Les
gens « deviennent » comme nous croyons les voir. Leur comportement
s’ajuste à nos attentes. Un jour, dans une classe de cours élémentaire,
on dit à l’enseignante que le tiers de ses élèves avait une intelligence
bien supérieure à la moyenne, un tiers dans la moyenne, et un tiers
bien au-dessous. Cette classe fut divisée en trois groupes distincts. On
lui expliqua le niveau auquel correspondait chaque groupe, et elle
traita les élèves en conséquence. Elle materna et encouragea les
étudiants « brillants » qui excellèrent absorbant avec zèle des cours
difficiles. Elle avait peu confiance dans les capacités des étudiants
« lents » et ils eurent des difficultés, étant à peine capables de
satisfaire les exigences les plus élémentaires. Les étudiants moyens ne
firent dans l’ensemble rien de remarquable. Ils n’excellèrent pas, mais
n’échouèrent pas non plus. Ces trois groupes répondirent totalement aux
attentes de l’enseignante, en dépit du fait que ces groupes avaient été
fabriqués complètement arbitrairement, ce qu’elle ignorait !
Cette
étude montre que non seulement nous traitons les gens en fonction de la
manière dont nous les voyons, mais de plus, en fonction de notre
comportement, ils finissent par se comporter de cette manière. Ce
phénomène s’applique aussi aux chevaux. »
« La
technique de visualisation est un outil performant. Vous pouvez créer
votre propre « magie cinématographique » en produisant et en mettant en
scène jusqu’au moindre détail. Dans votre film, ignorez le fait que
durant le départ au galop en M, votre cheval a tendance à se retenir.
Visualisez plutôt une transition parfaite, fluide, en avant et sur la
main. En cross, oblitérez la partie où votre cheval hésite à aborder une
rivière. Imaginez-le sautant dans l’eau avec enthousiasme et confiance.
Pour le saut d’obstacles, votre film ignorera le fait que votre cheval
fonce vers la sortie. Montrez-le plutôt en train de galoper gentiment
vers l’obstacle suivant.
Amusez-vous
avec votre film. Essayez différents angles. Utilisez une caméra
plongeante. Voyez-vous de la cabine du juge ou de derrière le cheval.
Visualisez la reprise parfaite en selle, ou regardez-vous comme sur un
écran. Utilisez toute approche qui vous permettra de compléter les
détails avec le maximum de réalisme. Avec de la pratique, vous
deviendrez de plus en plus adroit dans la recherche des détails. Si vous
êtes capable de vous imaginer en train de voler (sans avion), vous
pouvez également visualiser la reprise parfaite. Donc, regardez chaque
foulée, chaque coin et chaque transition exécutée avec grâce et
légèreté. Faites chaque parcours avec style et décontraction. Vivez
intensément avec votre corps l’état de relaxation qui permet l’existence
de cette harmonie entre vous et votre partenaire. Si les choses
commencent à se détériorer lorsque vous êtes réellement à cheval,
accrochez-vous résolument à votre image cinématographique parfaite. Vous
ne pouvez changer ce qui s’est déjà produit, mais vous pouvez revenir
sur les rails, sans être décontenancé, en continuant à faire comme si
tout allait bien. »
« Utilisez
vos capacités de visualisation pour vous isoler encore plus des
distractions. Lorsque vous vous trouverez dans une ambiance fébrile ou
inquiétante, réduisez votre centre d’intérêt jusqu’à ne plus y voir que
vous et votre cheval. Essayez de vous imaginer, avec votre cheval
beaucoup plus grands que les autres, au point qu’ils en deviennent
minuscules. Ou bien rendez cette image de vous et de votre cheval claire
comme du cristal, et floue celle des gens qui vous regardent.
Puisqu’ils sont si petits ou si flous que vous êtes incapable de les
distinguer, vous n’avez absolument pas à vous soucier de ce qu’ils
pourraient bien penser. Kim Walnes, médaille de bronze aux Championnats
du Monde de complet en 1982 a mené ce concept à un stade encore plus
développé. « Je créé un vide autour de mon cheval et moi, dit Kim, un
espace où nous seuls existons et où je crée l’atmosphère que je veux.
Sur un cheval mou, j’y construis une atmosphère électrique. Sur un
cheval nerveux, j’imagine que je monte dans le cocon de mes propres
installations. »
« Voici l’opinion de Kathy Connolly en la matière :
Vous
pouvez maîtriser votre trac en vous programmant pour le succès. Le
succès est un comportement acquis. Le succès est une habitude. C’est de
la concentration plus de la technique. Apprenez à créer une
concentration sans faille, ne laissant place à aucun autre choix, à
aucune marge. En concours, tout le monde se concentre. Les gagnants se
concentrent sur ce qui leur permet de faire une bonne performance. Ceux
qui ne font pas une bonne performance se concentrent aussi ,mais sur des
choses qui vont nuire à cette performance. »
« Gardez
bien ce principe de Psychocybernétique à l’esprit : les erreurs, les
échecs ou les tracas constituent une part importante du processus
d’apprentissage. Ils sont un moyen permettant d’atteindre une fin.
Lorsqu’ils ont joué leur rôle, oubliez-les parce que si vous vous
appesantissez dessus, c’est l’erreur qui devient l’objectif. »
« Donc,
fixez-vous des objectifs, veilliez à acquérir la connaissance et la
technique nécessaires, établissez un plan, conduisez soigneusement vos
préparatifs et assurez-vous de prendre la bonne attitude. Ne permettez à
personne, surtout pas à vous-même, de vous dicter des limites. En
avant, et agissez ! »
Gagner en concours – Jeanne Savoie
« Tous
les chevaux sont extraordinaires. Tous les chevaux méritent d’être
aimés pour ce qu’ils sont. Tous leurs efforts méritent d’être reconnus.
Aimez votre cheval autant qu’il vous aime et protégez-le des jugements
hâtifs de ceux qui ne savent pas voir au-delà de son apparence. »
Laure Souquet
« Si
le cheval connaissait sa force, serait-il assez fou pour accepter le
joug comme il le fait ? Mais qu’il devienne censé et s’échappe, alors on
dira qu’il est fou. »
August Stindberg
« Le
dressage est à la fois question de logique et de ressenti, mobilisant
le cerveau gauche et cerveau droit, et si l’on peut affiner la
compréhension du cheval grâce à eux, on peut aussi s’en servir pour
mieux se comprendre soi-même. Si le cavalier irradie joie et plaisir à
l’idée de la séance qui l’attend, le cheval n’en sera que plus heureux
et en meilleure santé – et croyez-le ou non, le monde autour n’en sera
aussi que plus beau. »
« L’équitation
est déjà en elle-même une cascade de petits miracles. C’est un miracle
que ce puissant animal vous tolère sur son dos. C’est un miracle qu’il
choisisse (dans la plupart des cas, disons) de vous obéir, de chercher à
gagner votre amitié, vos félicitations et votre loyauté avec une
intensité rarement observée chez d’autres animaux. Mais le miracle ne
s’arrête pas là : chaque fois que vous demandez le plus précis des
mouvements, chaque fois que vous vous concentrez sur la plus subtile des
aides, chaque fois que vous effleurez son flanc de votre jambe et qu’il
vous répond avec douceur et fluidité, vous vivez un petit miracle dont
vous deviez être reconnaissant. Remercier le cheval et lui exprimer sa
gratitude devraient faire partie des efforts quotidiens de tout
cavalier. Je me le rappelle chaque matin quand le soleil se lève et
chaque soir avant de partir pour le pays des songes. »
« Aimer
le cheval, faire montre de gentillesse envers lui, mettre en pratique
le concept de heART dans son équitation n’interdit pas pour autant de
marquer des limites franches et justes. C’est, je pense, la clé de tout
travail avec les chevaux. […] Les chevaux ne sont pas des enfants. Ils
ne dorment pas dans votre lit, ne posent pas leur tête sur vos genoux.
Si vous vous accordez vraiment une minute pour y réfléchir, désirez-vous
que votre cheval se comporte comme un enfant ? Non, vous voulez qu’il
agisse en être intelligent et autonome capable de prendre soin de vous
dans certaines situations, et non toujours l’inverse. Il doit apprendre à
réfléchir par lui-même selon les orientations que vous lui indiquez. »
« La
science nous a beaucoup appris en termes de compréhension de la
biomécanique du cheval et du cavalier, nous offrant de précieux outils
d’éducation animale et nous enseignant les comportements à tenir en
fonction des situations.
Mais
la spiritualité est au cœur de tout. Sans elle, il n’y a ni vie ni but à
votre quête ; avec elle, votre équitation peut prendre un essor tout
neuf. La science équestre dit « Main gauche, jambe gauche, poids du corps
à l’intérieur » là où la spiritualité dit « En avant vers le ciel ! Soyez
centaure. Pensez élévation. Pensez amour. Amusez-vous ! »
Par
la théorie quantique des champs, la science prouve que vous sommes tous
connectés. La spiritualité est la foi en cette connexion, et donc la
capacité à monter avec le corps, le cœur, l’esprit et l’âme en parfaite
harmonie avec ceux du cheval. Quand la science et la spiritualité
s’allient, on obtient la perfection du mouvement, le brio de l’exécution
et cette « étincelle » dont j’ai déjà parlé. »
« Vous
devez être à l’écoute de son corps [celui du cheval] pour être capable
de repérer quand il a peur ou mal. N’essayez pas de masquer sa peur ou
sa douleur sous des pansements de fortune ; cherchez la cause du
problème et éliminez-la pour garantir sa confiance et la justesse de son
travail pendant de nombreuses années encore. »
« Sachez
aussi vous comprendre vous-même. Le cheval vous donne le moyen de mieux
vous connaître, quelle que soit la discipline équestre que vous
choisissez. Il est le miroir de vos émotions : il sent votre stress,
votre déprime ou votre confiance en vous, et traduit ces sentiments en
mouvements, exprimant l’un en rebond et beauté ou l’autre en manque
d’amplitude et de franchise, par exemple. En vérité, beaucoup de gens
ont besoin d’une démonstration visuelle de leurs sentiments pour les
reconnaître et les affronter si nécessaire. Le cheval tend un miroir où
contempler son reflet et se comprendre. »
« Quantité
de livres et de DVD n’abordent l’équitation que du point de vue
technique ou, à l’autre bout du spectre, dans une optique exclusivement
spirituelle. Pour ma part, j’estime que ce n’est pas rendre service au
cavalier, inhibé et anxieux à l’idée de s’aventurer trop loin dans une
contrée ou l’autre. Mon ambition avec ce livre est de les mêler
inextricablement l’une et l’autre. J’aimerai que vous vous interrogiez :
la science sans quête spirituelle ou la spiritualité sans fondement
scientifique ont-elles un sens ? Vos performances physiques,
émotionnelles et mentales à tous deux ne peuvent que sortir grandies de
leur union. »
« La
plupart des gens savent que vous avons « deux cerveaux », en réalité deux
hémisphères cérébraux. On entend souvent dire que le cerveau gauche
contrôle la logique et le langage et que son fonctionnement est
séquentiel et linéaire (entre autres), tandis que le droit régit
l’intuition et la créativité et que son fonctionnement est aléatoire et
holistique. Mais il faut aussi savoir qu’on apprend différemment selon
l’hémisphère dominant (et il en va de même pour n’importe quel individu
de quelque espèce qu’il soit). Le gauche absorbe les mots, les traite et
les assimile une fois qu’ils sont compris ; le droit assimile les
couleurs, les sons et les formes.
Dans
l’idéal, une expérience d’apprentissage et une compréhension optimale
impliquent les deux hémisphères. Bien que chaque côté traite des
informations précises, ils sont complémentaires et communiquent
constamment de sorte qu’ils génèrent ensemble votre perception du monde.
Ils s’équilibrent. Si vous n’utilisez que le gauche, vous êtes cantonné
à une réalité newtonienne (où la matière est limitée et
tridimensionnelle). Mobilisez également votre cerveau droit et votre
potentiel devient infini. »
« Les
Ttouch Tellington sont une palette de manipulations manuelles. Ils
peuvent être circulaires, soulevants ou lissants et sont pratiqués avec
les mains et le bout des doigts sur diverses parties du corps. Le
contact est appliqué de façon à activer la fonction des cellules et à
stimuler le potentiel de guérison et d’apprentissage du corps.
L’utilisation de Ttouch sur votre cheval est un moyen de :
. Renforcer la confiance
. Relâcher la tension
. Améliorer la stabilité
. Surmonter les schémas corporels habituels conduisant à la résistance
. Aider un cheval à récupérer d’une maladie ou d’une blessure. »
« J’espère
vous aider vraiment à construire d’inébranlables fondations de
bien-être pour que, quel que soit votre palmarès au final en concours
(si la compétition est votre objectif), vous vous serviez un partenaire
heureux et en bonne santé au fil des ans – un partenaire qui soit non
seulement fort et physiquement vibrant, mais aussi présent et volontaire
dans tout ce que vous faites ensemble, en selle et ailleurs, au manège
ou en dehors.
Mais
cela signifie que vous pourriez très bien devoir revoir votre
équitation. Et par équitation, je n’entends pas le timing de vos aides
ou votre tenue des rênes (quoique). Je parle de ce que vous amenez dans
la selle au niveau émotionnel tout autant que sportif. Chacun de nous a
en son corps des ressources (habituellement) inexploitées qui, une fois
identifiées et explorées dans l’optique d’une meilleure communication
avec son cheval, peuvent nous ouvrir de tous nouveaux horizons. »
« Pour
mettre l’intention à profit dans votre équitation, vous devez être
pleinement présent à chaque foulée de votre cheval, sans distractions ni
facteurs de stress venus d’autres sphères de votre vie ou même du
cheval lui-même. Vous devez avoir conscience des sensations que génère
votre environnement (la douceur du cuir des rênes entre vos doigts,
l’aboiement d’un chien dans la cour d’écurie, le vent dans les arbres,
la chaleur du soleil ou son reflet sur une clôture blanche, le bruit
étouffé des sabots de votre cheval dans le sable du manège, la leçon qui
se déroule dans la carrière voisine), mais vous devez les accepter sans
jugement. Reconnaissez-les, touchez-les et laissez-les partir. Dès que
vous sentez une opinion se former (« Qu’il est ennuyeux ce chien qui
aboie », « Le maréchal-ferrant doit être arrivé en avance »), laissez-la
partir. N’interprétez pas la situation, contentez-vous d’exister en
elle. »
« J’ai
puisé cette métaphore de la gourde dans une histoire de juge Dee à
propos d’un samouraï aveugle du XIVè siècle, jamais vaincu car il
« savait vider sa tête comme une gourde qu’on aurait vidé de son eau », ce
qui, selon l’histoire, lui permettait de voir bien plus clair que ne
l’auraient pu ses yeux. Je pense qu’imaginer sa tête comme une gourde
qu’on vide est une excellente méthode de visualisation pour se
débarrasser du bavardage indésirable du cerveau gauche, des doutes, de
la négativité, laissant ainsi la place pour une issue positive et un
réel espace ouvert à d’infinies possibilités. »
« Laissez
la pensée du résultat s’éloigner. Comme quand vous avez appris à être
dans l’instant, reconnaissez le résultat, touchez-le du doigt et
laissez-le s’éloigner. Votre équitation doit aligner une série de
petites intentions conduisant à une intention ultime, celle du dressage
en tant qu’art. Vous ne pouvez vous permettre de vous laisser consumer
par les échecs, les erreurs, les faux pas. Ce ne sont que de simples
coups de pinceau sur votre toile, dont chacun ajoute profondeur, couleur
et sens à votre portrait final. »
« Les
chevaux sont sensibles aux champs énergétiques du cœur humain, et vice
versa, ce qui suggère que les pratiquants de la méthode Tellington dans
leurs interactions quotidiennes avec leurs chevaux ont en fait un
dialogue « à cœur ouvert », littéralement, avec leurs amis quadrupèdes. »
« La
cohérence cardiaque : Les états émotionnels positifs donnent de la
cohérence aux systèmes humains, ce qui peut apporter une amélioration
spectaculaire à votre efficacité dans vos tâches, qu’elles soient
mineures ou de grande ampleur. […] Un état émotionnel positif, dans ce
cas fruit d’une exposition à l’amour et à la tendresse, donne de la
magie à la banalité et aplanit la difficulté. […] Selon l’Institute of
HeartMath, la recherche à montré que « des émotions positives pérennes
conduisent à un fonctionnement hautement efficace et régénératif associé
à une cohérence accrue des courbes du rythme cardiaque et à une plus
grande harmonie entre les systèmes physiologiques ». En d’autres termes,
quand on manipule le cheval ou qu’on le monte en mettant ses émotions
positives dans la balance, le corps va réagir à son mouvement et aux
exigences du travail avec plus de fluidité, de cohésion et de talent que
lorsqu’on est anxieux ou en colère, par exemple. Et, mieux encore, la
recherche a aussi montré que les êtres humains pouvaient réguler leur
propre cohérence cardiaque en générant activement des émotions et des
intentions positives. On peut créer un état plus propice à la
performance par des pensées positives. »
« Il
y a des raisons physiologiques justifiant de sourire à cheval. Selon
Eckart Meyners, spécialiste d’équitation et de cinétique depuis plus de
30 ans, qui donne souvent des conférences au nom de la Fédération
équestre allemande, le sourire « mobilise des chaînes musculaires qui
courent du visage aux pieds, en passant par le cou et le pelvis. Un
cavalier qui sourit épouse naturellement le mouvement du cheval. »
« Ce
livre parle de transformation. Il parle de changer votre esprit pour
changer votre cheval – la façon dont il pense, dont il ressent, dont il
se comporte et dont il travaille. Et vous devez vous souvenir que le
changement est de fait possible, et peut-être plus facile que vous ne le
croyez ! Quand vous montez à cheval avec des idées préconçues, en
pensant par exemple qu’il rompt toujours l’allure dans tel coin, qu’il
déteste les changements de pied au temps et qu’il n’aimera jamais ça, ou
qu’il n’est pas très doué, vous supposez le changement trop difficile
et donc improbable. Vos pensées portent un coup sévère à l’éventualité
d’une amélioration dans la problématique de votre cheval, et vous
empêchent tous les deux de réaliser pleinement votre potentiel.
En
outre, le cheval est votre professeur. Les défis que vous rencontrez
avec lui sont autant d’opportunités d’affûter votre vision ou vos
compétences. Croyez en une possibilité de changement pour le mieux, de
la part du cheval et de la vôtre, et vous risquez d’être agréablement
surpris par la relation qui vous attend. »
« J’avais
lu récemment dans un livre sur le comportement des éléphants d’Afrique
que, si l’on se retrouvait face à face avec un éléphant nerveux dans la
brousse, on avait cinquante pour cent de chances que la poussée
d’adrénaline en résultant l’incite à charger. Toutefois, il suffisait de
se décaler sur le côté pour qu’il ne charge jamais. Je supputais que
cette tendance à l’attaque était directement liée à sa préparation à la
fuite : directement face à la source du danger, l’éléphant devait se
tenir suffisamment aux aguets pour pouvoir faire volte-face en un éclair
et fuir mais si le danger était sur le côté, il lui suffisait de fuir
droit devant lui, une option plus simple, et donc moins inquiétante.
Tout
cela m’est revenu en tête alors que je regardais Gaspacho sur la piste,
et je suggérai donc de le monter avec une Rêne d’équilibre puis, au
lieu de le contraindre à faire face à la source de sa peur ou à passer à
côté, de l’autoriser à se tenir parallèlement à elle. Avec ce simple
changement il est resté tranquille, tournant la tête vers l’objet pour
le regarder pendant que je le rassurais avec des Touch sur la crête de
l’encolure jusqu’à ce que, allongeant l’encolure, il passe de son plein
gré l’objet de sa peur sans faire d’écart. Depuis cette expérience, au
lieu d’obliger un cheval sur l’œil à faire face à un objet menaçant,
pour me retrouver en général avec un cheval planté et figé par la peur,
je le fais passer à côté, tête légèrement détournée par une rêne
indirecte. Je me suis rendu compte que ce plan d’action très simple
aidait le cheval à surmonter sa peur bien plus vite que si je le forçais
à faire directement face à l’objet jugé effrayant. »
« La
technique de dressage classique insiste sur la nécessité de laisser les
muscles contractés de l’encolure et du dos s’étirer périodiquement. A
l’occasion de mes voyages et dans mon travail avec des chevaux et des
cavaliers de haut à très haut niveau, je me suis rendu compte que si les
cavaliers parlent beaucoup d’allonger le cadre, en réalité ils laissent
rarement à leur cheval suffisamment de longueur de rênes ou de temps
pour récupérer entre des exercices rassemblés. Les muscles n’ont pas
loisir de se décontracter et de se réoxygéner, ils se raccourcissent et
se contracturent jusqu’à ce que finalement la circulation et la
respiration en soient affectées. »
« Une
jument ovarienne se caractérise par divers comportements : elle peut
couiner, rentrer les fesses, émettre de fréquents jets d’urine (d’où
leur surnom de « juments pisseuses ») et coucher les oreilles durant les
chaleurs. Elle peut présenter une sensibilité extrême aux aides, voire
une résistante, ce qui marque une douleur ou un inconfort. Elle peut
être contracturée, tendue et colérique avant l’ovulation – certaines
manifestent même des signes classiques de coliques, suées, coups de pied
vers les flancs, tentatives pour se rouler. […]
Un
examen vétérinaire peut s’imposer quand les sautes d’humeur d’une
jument deviennent extrêmes, persistantes, ou si elles gênent ses
performances, afin de confirmer ou de réfuter la présence d’un kyste
ovarien ou d’une tumeur, d’un corps jaune persistant ou d’autres
facteurs physiologiques, et déterminer les niveaux d’hormones
reproductives. »
« Le
Dr Juliet Getty, experte en nutrition équine, conseillère spéciale à la
Equine Science Academy et auteur de l’ouvrage de référence Feed your
Hore like a Horse, dit :
« Pour
de nombreuses raisons, un approvisionnement régulier et constant en
fourrage garde le système digestif de votre cheval en bonne santé en
général, mais il a un rôle tout particulièrement important dans la
prévention des ulcères. » A l’encontre de l’estomac humain,
explique-t-elle, l’estomac du cheval sécrète en permanence de l’acide,
même à vide. Le mâchonnement crée de la salive, un anti-acide naturel.
Même sans nourriture, un cheval mâchera tout ce qu’il a à sa portée pour
neutraliser l’acide ; et s’il n’y a rien à mâcher il développera
communément les ulcères. Le Dr Getty explique que c’est le régime et le
mode de vie que nous imposons à nos chevaux qui sont à blâmer de cette
situation, car les chevaux sauvages n’ont pas d’ulcères. »
« Un
miroir incassable dans le box de votre cheval peut aussi alléger son
stress et son ennui. Des recherches du groupe Animal Behavour, Cognition
and Welfare à la Lincolnshire School of Agriculture, en Angleterre, ont
montré que lorsqu’on plaçait des miroirs en acrylique dans le box de
chevaux affligés du tic de l’ours, ceux-ci arrêtaient de se balancer et
se tournaient face aux miroirs pendant près d’un quart de leur temps au
box. Le miroir imitait le contact visuel avec des congénères, minimisant
ainsi l’isolement social courant dans les écuries, tout en fournissant
des stimuli additionnels dans un espace par ailleurs visuellement
monotone. »
« Face
à du rouge, le cheval voit une couleur terre avec une faible nuance de
jaune et de bleu. Le magenta et sa couleur complémentaire, le bleu-vert,
sont vus comme du gris. […] Bien que le cheval voie le bleu et le jaune
comme des couleurs distinctes, quand on leur présente du bleu-jaune,
l’image est perçue comme du gris ou du blanc. […]
Les
singes de l’ancien monde (c’est-à-dire les singes originaires d’Afrique
ou d’Asie) ont une vision chromatique similaire à celle des hommes ; on
peut penser qu’ils ont besoin de repérer les fruits rouge vif dans le
feuillage vert des arbres, explique Timney. En tant qu’herbivores, les
chevaux n’ont pas autant besoin de distinguer les couleurs. Ils voient
ce dont ils ont besoin. »
« Il
faut comprendre qu’un pansage calme et apaisant, cherchant à relaxer le
cheval, à favoriser une respiration profonde et à stimuler sa
circulation tout autant qu’à le nettoyer est précieux. Le pansage ne
devrait pas être une affaire courante vite expédiée, mais être pensé
comme une partie intégrante de la détente ou de la récupération, avec un
cheval attaché de façon à garantir son confort et votre sécurité, le
mieux étant bien évidemment de pouvoir le panser en liberté au box, afin
qu’il soit à même de vous montrer quelle pression et quel tempo il
apprécie le plus. »
« Je
ne peux croire que quiconque jugerait très sensé de faire
volontairement trois pas en arrière avant d’essayer d’en faire un en
avant, mais c’est à cela que revient, fondamentalement, une technique
d’attache et de pansage inappropriée. Avec le « Pansage conscient », il
est possible d’échauffer le cheval et de le relaxer de façon à le rendre
réceptif et dans les aides dès que vous vous mettez en selle. A
l’inverse, provoquer des tensions de l’atlas au sacrum et de
l’irritabilité par une attache trop haute ou trop courte et un pansage
brutal ou pressé, c’est rallonger d’autant votre détente et vous
retrouver très probablement avec une monture inattentive et raide. Au
fil du temps, la tension et l’inconfort peuvent s’accumuler, causant une
réactivité extrême et un cheval anxieux au point de finir parfois
catalogué « dangereux » ou « immontable ». »
« De
nos jours, on monte couramment les chevaux de dressage avec une
muserolle et une sangle très serrée. Parfois, les cavaliers utilisent
même des artifices mécaniques pour serrer plus quand leur propre force
leur fait défaut, d’où un problème majeur : un cheval de dressage a
besoin de souplesse et de fluidité, mais la muserolle et la sangle trop
serrées inhibent le libre jeu de la mâchoire et le mouvement des côtes.
Et lorsqu’une articulation est limitée dans son mouvement, quelle
qu’elle soit, toutes les autres s’en trouvent affectées, de sorte que le
cheval ne peut s’incurver, se ployer et atteindre les allures franches
qu’on attend de lui. »
« Avec
une muserolle serrée, le cheval ne peut plus respirer, ne peut se
fléchir au niveau de la nuque de façon confortable et est incapable de
se situer dans l’espace. Je pense pouvoir dire sans risque de me tromper
que ce n’est pas souhaitable quand on essaie de tirer une performance
optimale d’un cheval, et encore moins en dressage. »
« Il
est donc d’autant plus aberrant d’attendre autre chose [que la
préférence du confort] des chevaux. Beaucoup de gens les saucissonnent,
compriment leur chair tendre, les coupent au milieu, avant de les
détendre… Puis de resserrer encore un peu tout ça, parfois même en
s’aidant d’artifices mécaniques.
Après
quoi ils demandent aux chevaux d’alterner allongements et rassembler
dans la fluidité, de rebondir avec légèreté, d’écouter leurs aides les
plus discrètes et d’exécuter des mouvements ardus sur des laps de temps
prolongés.
Cela
revient à vous habiller de vos bottes neuges et raides, de votre
chemise trop serrée, d’une brassière de sport trop petite et d’une bombe
qui ne vous va pas, puis de vous demander de trotter assis 45 minutes
d’affilée (avec une position parfaite, évidemment) en récitant
l’alphabet à l’envers. Pour corser l’affaire, quelqu’un vous pique avec
une itge de métal dans les côtes chaque fois que vous vous tassez ou que
vous ne savez plus quelle lettre vient ensuite.
On dirait une forme raffinée de torture, non ?
Je
l’ai dit bien souvent et en de bien nombreux endroits, mais je vais le
redire ici. La tendance qui veut à toute force travailler et faire
concourir les chevaux de dressage en les saucissaunnant est inutile et
cruelle. Comme je l’ai démontré, elle va à l’encontre des
recommandations de la médecine vétérinaire et de votre propre bon sens
d’athlète. »
« Je
suis intimement convaincue que l’attitude d’un cavalier est au final
plus importante que ses qualités purement techniques. Le cavalier le
plus fin du monde limitera le potentiel du cheval s’il ne reconnaît pas
son individualité et ne lui rend pas hommage. A l’inverse, si vous
faites preuve avec lui d’une empathie qui lui offre le confort et lui
permet de faire entendre son propre son de cloche dans votre histoire,
vous êtes bien partis pour une relation gratifiante.
Changez
de façon de penser, ouvrez votre cœur – autorisez-vous à ressentir de
la gratitude et à atteindre la cohérence cardiaque et vous pourrez
transformer votre cheval. »
« L’attitude
que vous amenez avec vous à l’écurie et dans l’univers de votre cheval
affecte ce dernier d’une myriade de manières. A l’état sauvage, les
chevaux en troupeau communiquent entre eux via leur langage corporel et
une forme d’intention si subtile qu’elle est imperceptible à
l’œil humain. Ces formes de langage silencieux ont permis aux équidés de
survivre des milliers d’années, de sorte qu’elles ont été peaufinées et
affûtées au fil du temps.
Il
s’ensuit que le cheval sent tout ce que vous amenez avec vous, que ce
soit de la joie ou de la tristesse, de l’anxiété ou de l’excitation. Il
lit votre port de tête et les inflexions de votre voix. Que vous en ayez
conscience ou non, certains mots et certaines phrases ont presque
toujours un son déplaisant, même si vous les utilisez pour rire. »
« J’ai
rencontré des chevaux avec des surnoms idiots qui n’ont rien à voir
avec leur stature et les démoralisent de fait, d’autres qui infèrent une
nature à problème ou un « côté sombre ». Un nom comme « Mouse » implique
insignifiance ou manque de courage, tandis que « Diablo » fait préjuger
d’une nature explosive et d’un mauvais caractère. Le nom d’usage du
cheval est une vraie leçon en matière de prophétie autoréalisatrice,
c’est une prédiction qui directement ou indirectement cause sa
concrétisation. Donnez-lui un nom dont il puisse être fier et que vous
pouvez utiliser sans hésitation, sans penser à rien d’autre qu’à lui et à
la joie que vous partagez dans l’équitation. »
« En
2001, le livre du Dr Masaru Emoto, un scientifique japonais, Les
Messages cachés de l’eau a fait sensation sur la scène internationale.
En utilisant la photographie à haute vitesse, le Dr Emoto a démontré que
les cristaux que forme l’eau en gelant changent en fonction des pensées
qui leur sont adressées. Le Dr Emoto et son équipe ont ainsi emballé
des bouteilles d’eau congelée dans des papiers où ils avaient
dactylographié des mots dans différentes langues, puis pris des
photographies des cristaux formés à la surface dans les 20 à 30 secondes
après que la température ait suffisamment monté pour faire fondre la
glace. « Merci » dans différentes langues produisait des cristaux
magnifiques aux formes variées, tandis que « Idiot » donnait naissance à
des cristaux mal-formés et fragmentaires. « Faisons-le ! » engendrait des
cristaux séduisant, tandis que « Fais-le ! » n’en engendrait quasiment
pas.
Dans
le bref laps de temps entre les deux états – solide et liquide – l’eau
exposait comment la « vibration » des mots positifs avait un effet positif
sur le monde, tandis que la vibration des mots négatifs avait le
pouvoir de détruire.
On
argue que, nos cellules étant composées d’eau à près de 90%, les mots
ont un effet similaire sur nous. Depuis que j’ai pris connaissance de
cette théorie il y a plus de dix ans, je suis devenue très attentive à
mon choix de mots, parce que je sais qu’ils peuvent avoir des
répercussions sur ma santé, celle de mes chevaux et celle de mes amis. »
« J’ai
découvert l’immense utilité de la musique pour soulager les chevaux
affichant des stéréotypies au box – ceux qui marchent en cercle par
exemple. Il y a quelques années en Allemagne, j’ai fixé un petit
magnétophone passant de la guitare classique sur le licol d’un entier
affligé de ce vice et scotché les écouteurs près de la base de ses
oreilles. Étonnamment, le cheval a immédiatement cessé ses allées et
venues et s’est tenu immobile, tête basse. En observant ses yeux, on
pouvait les voir changer selon les variations de rythme, de tempo et de
volume de la musique. Tout le temps qu’elle a duré, l’entier n’a pas
marché dans son box. »
« Si
vous intégrez de petits jeux et des tours à votre répertoire de
travail, entretenez l’enthousiasme de votre cheval et reconnaissez son
intelligence en limitant le nombre de répétitions. D’ailleurs, cette
règle est tout aussi valable pour votre pratique du dressage. Il est
important d’identifier l’instant où le cheval comprend la leçon. Il est
loin le temps où l’on considérait obligatoire de répéter un exercice
cinquante fois. »
« L’un
des éléments les plus importants du dressage avec le corps, l’esprit et
l’âme est l’usage que vous faites du temps. Comme je l’ai déjà dit, la
société contemporaine n’alloue pas le temps comme elle le devrait ; elle
ne donne plus aux gens ce sens d’un temps qui joue pour eux. D’où ce
que j’appelle l’était de « permanurgence », cette activation constante des
hormones de stress et qui conduit à un trop-plein d’adrénaline, avec
divers effets secondaires physiques et mentaux.
Indépendamment
de leur condition domestique, les chevaux n’ont pas été victimes comme
nous de ce raccourcissement, de cette accélération du temps. Ils n’ont
pas évolué au rythme de la technologie moderne, soucieux de ne jamais
rester à la traîne. Ils exigent du temps et de la patience, et c’est ce
que vous pouvez apporter de plus important à votre travail et de fait à
votre relation quotidienne avec votre cheval : le temps. »
« Le
cheval « lit » vos images mentales, et la visualisation est
inextricablement liée à votre pouvoir d’intention ; c’est donc une
facette importante de la Méthode Tellington. Je suis intimement
convaincue qu’il est impossible d’obtenir une meilleure performance et
un meilleur comportement de la part de vos chevaux de dressage à moins
d’être capable de visualiser ce que l’on attend d’eux – la cadence de
l’appuyer, la perfection de l’arrêt, la tranquillité de la queue pendant
une transition au galop, la souplesse du cercle au trot moyen…
Beaucoup de cavaliers ont du mal à visualiser ; en fait, ils n’essaient
même pas parce qu’ils se jugent trop logiques, trop axés sur leur
cerveau gauche pour se compromettre dans de telles absurdités. Mais,
comme je l’ai expliqué dans ce livre, la visualisation est un élément
important de l’équilibre entre hémisphères qui manque aujourd’hui dans
la performance de nombreux cavaliers de dressage. Cultiver votre faculté
de visualisation est indispensable à votre recherche d’une bonne
équitation. »
« Le
Dr Len travaillait sur l’idée résponsabilité totale (l’idée que où que
vous vous trouviez et quelle que soit votre vie, vous l’avez créée par
la personne que vous êtes et les choix que vous avez faits) mais avec
une variante rendant ce concept de « psychologie populaire » moins axé sur
le « moi » et plus axé sur l’autre, et tous les autres d’ailleurs. Le Dr
Len pense que la responsabilité totale dans votre vie signifie que tout
ce qui se trouve dans votre vie, par sa simple présence dans votre vie,
est de votre responsabilité. Petite ou grande, lointaine ou proche, tout
ce dont vous faites l’expérience et que vous ressentez comme mauvais ou
que vous n’aimez pas, il vous incombe de le soigner, parce qu’il
n’existe sous la forme que vous connaissez qu’en tant que projection de
quelque chose en vous.
Soigner
les autres, pour le Dr Len, signifiait donc regarder à l’intérieur de
soi et se guérir soi-même, ce qu’il faisait au moyen de la pratique
hawaïenne du ho’oponopono. S’aimer soi-même est la meilleure façon de
s’améliorer, et par ricochet d’améliorer le monde qui nous entoure. »
« J’ai
incorporé à ma vie un mantra de quatre lignes, qui peut servir
d’affirmation positive et même de prière. Quand je me sens frustrée,
sans espoir, ne serait-ce qu’un instant, je répète simplement les
phrases suivantes, que j’adresse à mon être intérieur, à mon âme, encore
et encore :
Je t’aime.
Pardonne-moi.
Je suis désolée.
Meci. «
« Si
vous vous pardonnez de penser que le cheval est incapable de vous
donner un changement de pied aux deux temps, vous pouvez changer l’issue
en changeant votre attente du mouvement. Si vous vous aimez même quand
vous répétez immédiatement une erreur que vous venez de commettre, vous
la compensez facilement et vous l’évitez à l’avenir. J’ai cessé de me
dire : Oh mon Dieu Linda, c’était complètement idiot – le jour où j’ai
lu les études de l’Istitute of HeartMath démontrant comment une attitude
négative vis-à-vis de vous-même nuit à votre bon fonctionnement
cellulaire. J’ai commencé à penser aux quelque 50 billions de cellules
qui composent mon corps et qui, à l’autre bout de la chaîne, reçoivent
ce sentiment hostile. Aujourd’hui, cette exclamation désobligeante peut
se frayer un chemin jusqu’à mes lèvres voire s’en échapper à moitié,
mais je suis maintenant aguerrie dans l’exercice de l’arrêter net pour
la remplacer par Ho’oponopono. Mon corps, mon esprit et mon âme en sont
d’autant plus joyeux, et j’ai l’impression que le monde qui se reflète à
moi est devenu lui aussi meilleur. »
« Mon
travail pour aider chevaux et cavaliers à parvenir au plus haut niveau
de la compétition tout en approfondissant leur confiance mutuelle, leur
assurance et leur unicité m’imprègne d’une profonde gratitude. Chaque
jour où nous remplaçons la peur par l’harmonie et la résignation par la
joie dans nos relations quotidiennes avec nos chevaux et avec autrui,
nous faisons une différence que nous avons peine à imaginer. »
« Nous
recevons autant ou plus du cheval que nous lui donnons. Il en a
toujours été ainsi. Il nous incombe, à nous, l’homme, l’être qui a
domestiqué le cheval, l’a arraché aux grandes plaines, l’a mis dans des
écuries, l’a harnaché et l’a soumis à notre volonté, de le rendre aussi
heureux que possible, ce qui signifie pour le cheval de vivre dans des
conditions aussi proches de ses conditions naturelles que faire se peut
dans notre civilisation moderne : mise au pré, socialisation, lumière,
du bon air à respirer, en faisant attention à ce que nous exigeons de
lui lui soit demandé de façon juste, au bon moment, et avec suffisamment
de préparation. En outre, l’équipement, l’utilisation qui en est faite,
les différentes réponses que nous apportons aux besoins physiques et
mentaux du cheval – ferrure, soins vétérinaires, sources alternatives de
travail corporel et stimulation mentale – sont fondamentaux pour rendre
au cheval ce que son espèce nous a offert au fil du temps. »
« Le
message que je fais passer au corps du cheval pendant la séance est
plutôt « Rappelle-toi de ta perfection » et non pas « Comme tu souffres !
Je vais te soulager. » »
« On ne veut pas contrôler le cheval. On veut l’aider à se contrôler lui-même. »
« Il faut trouver une façon de comprendre le cheval, d’avoir de la compassion et de la gratitude. »
« Quand
vous voyez ou sentez un problème très visible sur votre cheval, ne
dites pas « Oh mon Dieu ! », dites « Super ! Je vais pouvoir faire quelque
chose et changer en beaucoup mieux ! »
Linda Tellington Jones – Le dressage avec la méthode Tellington – et vidéos de stages
« Le
charme irrésistible du beau ténébreux (si possible au regard
chavirant), mystérieux et distant, reste un des classiques récurrents
dans les clichés de relation amoureuse. Le cheval, c’est un peu ce bel
indifférent. Il faut l’aimer sans attendre pour autant d’être aimé en
retour, le séduire sans jamais savoir s’il éprouve réellement une
attirance pour vous ou si, simplement, il vous tolère. Pour arriver à
cela, il est nécessaire d’interpréter chaque réaction et d’y trouver un
encouragement pour continuer cette aventure. Ce type de relation
unilatérale, les femmes y sont habituées : la plupart avouent que dans
leur vie amoureuse, elles ont toujours « la sensation d’en donner plus »
qu’elles ne reçoivent. La relation au cheval ne les déroute pas, elles y
retrouvent des schémas familiers. »
Catherine Tourre-Malen – Eros & Hippos
« On demande toujours en évitant
de brusquer le cheval mentalement car une crispation mentale donne
toujours une crispation physique, ce que l’on cherche à éviter. »
« Lorsqu’on veut bouger
une partie du cheval, on doit toujours penser dans le même ordre :
esprit, flexion, poids, pieds. On doit d’abord attendre le mental, puis
la tête peut donner une flexion pour aider le mouvement, le poids du
corps se déplace dans la direction voulue et finalement les pieds
bougent. »
Silke Valentin
« Etre aimé par un cheval ou par un autre animal doit nous remplir d’humilité et de reconnaissance, car nous ne le méritons pas. »
Laurent du Viver
« Monter
à cheval c’est établir la communication entre notre système nerveux et
celui du cheval et les deux doivent organiser et autoriser les
mouvements. »
François de Vliegen – Comm facebook
« On
oublie trop vite combien les chevaux sont des créatures
extraordinaires. D’une certaine façon, leur capacité d’adaptation les a
desservis. Ils peuvent être, et ont été au fil des siècles, manipulés de
mille manières. Ils parviennent à survivre aux traitements les plus
cruels comme les plus doux. »
« Ce
que les gens ne mesurent pas bien, c’est que chaque fois que l’on
soumet un cheval par la contrainte, qu’elle soit subtile ou grossière,
il s’en trouve diminué. La majorité des cavaliers qui parviennent à leur
fins en soumettant leur cheval n’ont aucune conscience de ce qu’ils ont
fait. La triste réalité est qu’on peut amener un cheval à exécuter un
grand nombre de choses en brisant sa volonté. Mais si on sait obtenir
son consentement libre et joyeux, au lieu de le contraindre à céder à la
pression ou à diverses techniques, il n’est pas amoindri. »
« Peu
importe ce qu’on pratique : course, saut d’obstacle, dressage,
randonnée ou loisir. Ce qui compte, c’est de parvenir à communiquer dans
la perspective de mettre en place une relation symbiotique, une
connexion réciproque entre nous et notre cheval. »
« Le
temps est essentiel; le temps, la patience, l’amour, l’empathie, le
courage, la sensibilité, et bien d’autres qualités qu’il vous faudra
prodiguer à votre cheval et qui vous permettront de voir, de comprendre,
pour finalement atteindre les objectifs auxquels vous aspiriez. »
« Le cheval n’appartient pas à l’homme, mais à la liberté. »
David Walser – Au galop vers la liberté
« On
doit avoir la même sensation que si l’on prend la main de quelqu’un
pour aller se promener. On a un contact permanent mais qui ne demande
rien, qui n’impose rien. On suit la bouche du cheval sans rien
demander. »
Mickey Wanzenried
« Je
préfère aussi de loin l’humilité du cavalier débutant qui est prêt à
tout apprendre et qui a souvent un sentiment inné de respect envers le
cheval. Ce bon sentiment doit absolument être préservé et non terni par
un engrenage pervers. Ça aussi c’est une responsabilité de
l’enseignant. »
Isabelle Wisniewski – Comm facebook
« Lorsque le moment sera venu de
mettre pied à terre, c’est à l’endroit même où il est contraint de
travailler que le cheval doit trouver le soulagement. »
« Seule une main gentille peut calmer un cheval énervé. »
« La plupart des exercices
équestres se font avec plaisir. Si l’on envie le vol de l’oiseau, il
n’y a rien dans les actions des hommes qui y ressemble davantage. »
Xénophon
« Mon cœur suit le rythme de tes foulées, si tu ne t’arrête plus je deviendrai immortelle. »
« J’ai donné de l’or aux hommes, ils m’ont rendu poussière.
J’ai donné poussière au cheval, il m’a rendu de l’or. »
« Même sans cavalier, un cheval sera toujours un cheval. Tandis qu’un cavalier sans cheval n’est qu’un homme. »
« Il en est des hommes comme des chevaux, ceux qui piaffent le plus sont en général ceux qui avancent le moins. »
« Le meilleur cheval n’est pas
celui qui t’as mené où tu voulais alors que tu étais en selle, mais
celui qui a fait voyager ton cœur alors que tu l’écoutais respirer. »
« L’équitation est une progression régression et non une imposition destruction. »
??? (Source perdue)